Il a été journaliste sportif, grand reporter pour des magazines de voyages mais aussi scénariste pour le cinéma. Alain Gillot a eu mille vies en une, avide de rencontres, d’espaces et d’évasion. Gamin de banlieue élevé dans un milieu aimant mais modeste, Alain Gillot a cherché à concrétiser ses rêves d’enfant. L’enfance, il en est question dans ses romans. C’est en 2015 qu’il publie son premier titre « La surface de réparation », l’histoire d’un entraineur de foot un peu bourru qui se voit confier la garde de son neveu, atteint de la maladie d’Asperger. Joli succès de librairie, le livre est adapté au cinéma sous le titre « M. je sais tout ». Après un second titre « La meilleure chose qui puisse arriver à un homme, c’est de se perdre », nous retrouvons Alain Gillot avec ce nouveau roman « S’inventer une île » paru chez Flammarion. Dani est contremaitre dans le BTP pour des chantiers internationaux. En mission en Chine, il reçoit un coup de fil lui annonçant la mort de son fils, Tom. Agé de 7 ans, le gamin s’est noyé sur une plage de Bretagne, là où il passait ses vacances chez sa grand-mère. Dani rentre en France, retrouve son épouse Nora, vit les premiers jours dans un état second entouré de l’affection maladroite de ses proches.
S’inspirant de sa propre vie, Alain Gillot s’interroge ici sur l’impossible deuil, sur la difficulté de rester un couple uni face à l’épreuve, sur la façon d’accepter la bienveillance de l’entourage quand on aurait envie d’hurler. Dani tente alors de se reconstruire en culpabilisant sur le peu de temps qu’il a consacré à son fils. C’est alors que celui-ci lui apparait et lui parle. Incrédule face à cette apparition aussi mystérieuse qu’inexplicable, Dani l’accepte et entraine le petit bonhomme sur une île, pour réinventer leur relation et poursuivre leur histoire au grand dam de Nora, la maman, exclue de ce duo père-fils.
Sur un sujet douloureux, la perte d’un enfant, Alain Gillot a su construire un roman délicat, pudique qui ne tombe jamais dans la sensiblerie. Par l’insouciance de Tom et la fragilité de Dani, l’histoire réserve même quelques jolis sourires. Quant à Nora sans oublier les personnages secondaires, ils trouvent aussi leur place. Porté par une belle écriture et une atmosphère maritime salvatrice, le nouveau roman d’Alain Gillot touche au cœur et on gardera en mémoire ce proverbe tibétain que l’auteur a mis en exergue « Aussi vrai que l’homme est le père de l’enfant, l’enfant est le père de l’homme ».
« S’inventer une île » d’Alain Gillot est publié chez Flammarion.
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