Agnès Laurent

Agnès Laurent

Rendors-toi, tout va bien

Livre 00'07'50"

Philippe Chauveau :

Dans ce premier roman, Agnès Laurent, on va faire connaissance avec un jeune couple, c'est un couple d'aujourd'hui. Nous sommes à la fin du mois de juin. Vous allez nous présenter Christelle et Guillaume, et c'est Christelle qui va occuper les toutes premières pages. C'est cette jeune femme que l'on retrouve dans une voiture sur l'autoroute A31. Elle vient de quitter Sète, où son mari travaille sur le port en tant que directeur financier. Et on sent qu'il y a un drame qui se prépare. Qui sont ils, Guillaume et Christelle? J'ai envie de dire que c'est un couple bien sous tous rapports, pour tous ceux qui les côtoient. Qui sont ils?

Agnès Laurent :

Oui, tout à fait. C'est vraiment un couple d'une petite quarantaine d'années qui se sont rencontrés à l'école, qui ont deux enfants. Lui travaille, elle s'occupe plutôt des enfants, elle est à la maison. Et effectivement, ils ont plutôt les moyens donc, une jolie maison. Lui il est issu d'une famille plutôt privilégiée, elle, un peu plus modeste, mais elle n'en parle pas trop donc finalement, ça ne se voit pas. Et ils montent leur petite vie à Sète qui est une petite ville en plus, donc, où tout le monde se connaît. Elle connaît les mamans à la sortie de l'école puisqu'elle va chercher ses enfants à la sortie de l'école. Lui, il est intégré, fait du kayak, donc il a une petite bande de copains qu'il rencontre régulièrement. Et puis, tout d'un coup, ce jour là, fin du mois de juin, il se passe quelque chose. Elle prend sa voiture et elle s'enfuit. Elle part de Sète et elle part vers le nord.

Philippe Chauveau :

Non seulement elle s'enfuit, mais on sent que même au volant, il y a quelque chose. Elle n'est pas dans un état normal.

Agnès Laurent :

Non, elle est dans un état de panique, même vraiment très important. Avant même de prendre le volant, elle va à la banque et elle réclame beaucoup d'argent. Elle, elle veut laisser un mot à ses filles, elle ne sait pas très bien de quoi alors écrire. Après, elle va au garage. Elle récupère cette voiture qui est un peu vieille qui est la deuxième voiture du couple. Elle l'enlève au garagiste qui est en train de la réparer. Et puis, effectivement, elle part sur cette autoroute et au péage, elle perd un peu la tête. On sent qu'il y a vraiment quelque chose de très grave qui se passe.

Philippe Chauveau :

C'est le point de départ de votre roman et c'est cette ambiance qui est très pesante, associée à cela que nous sommes donc aussi dans le sud de la France, qu'il fait déjà beau. C'est le début de l'été, c'est la fin du mois de juin. Et puis, tout ce roman va se passer dans un laps de temps assez court, sur une journée sur cette journée du vendredi. Et on va essayer de remonter le fil de la journée. On va découvrir l'époux Guillaume et très vite, on va se dire mais il s'est passé quelque chose dans le couple.

Et puis, vous allez nous présenter tous les personnages que Christelle et Guillaume vont avoir eu l'occasion de côtoyer dans la journée. Et chacun aura sa propre vision des faits et des personnages. Comment avez vous construit ce roman?

Agnès Laurent :

La scène inaugurale, je peux le dire puisqu'on le sait tout de suite, c'est Christelle a un accident très grave sur l'autoroute et enfin en fin de journée. Et donc, on remonte toute sa journée pour savoir ce qui s'est passé avant. L'autre chose qu'on sait très vite, c'est que Guillaume est arrêté par les gendarmes le matin et emmené à la gendarmerie. Interrogé, mais on ne sait pas pourquoi.

Philippe Chauveau :

Il est arrêté devant pas mal de gens qui le connaissent.

Agnès Laurent :

Tout à fait. Et comme c'est, comme je le disais tout à l'heure, dans une petite ville, ça s'est très vite. Et donc la rumeur s'emballe. Mais mon idée, c'était effectivement de faire raconter toute cette journée par les gens qui croisent Christelle notamment, et qui la connaissent plus ou moins. Il y en a qui la connaissent très bien. Il y a sa belle sœur qui va raconter des choses importantes, détaillées sur elle. Et puis, il y a des gens qui la connaissent à peine et qui vont juste ressentir son angoisse. Il y a par exemple un moment où elle prend un auto stoppeur dans sa voiture. Le type est en panique complète parce qu'il sent qu'il est avec quelqu'un qui perd les pédales à côté de lui. Et ce sont tous ces moments que j'avais envie de raconter parce que mon sentiment c'est que dans la vie, on rencontre plein de gens, on ne sait jamais ce qui leur arrive vraiment. On se raconte des histoires parfois sur eux, on les raconte parfois. Et c'était ça que j'avais aussi envie de montrer.

Philippe Chauveau :

Vous avez choisi une écriture qui se rapproche du thriller dans l'esprit, même si je pense que c'est assez réducteur parce qu'on est vraiment dans le roman psychologique, puisqu'on va vraiment rentrer dans la tête de Christelle et de Guillaume. Il y avait néanmoins cette envie de faire une sorte de page turner. Ce genre de livre qu'on ne peut pas poser avant la dernière page tellement on est pris par l'histoire ? C'était votre envie ?

Agnès Laurent :

En fait, mon envie, c'était surtout de ne pas ennuyer le lecteur. Donc, j'avais envie d'avoir des ressorts de narration qui font que le lecteur va jusqu'au bout et a envie de savoir jusqu'au bout. Et c'est aussi pour ça que l'écriture est assez rapide, assez épurée. En fait, j'ai enlevé beaucoup de choses. J'avais une matière beaucoup plus riche et à chaque fois, je ne sais pas comment dire, mais j'ai enlevé de la matière.

Philippe Chauveau :

Vous alliez à l'essentiel. Et pourquoi le choix de la fin du mois de juin et du décor de la Méditerranée de Sète ? Est-ce que c'était important? Est-ce que c'est finalement anecdotique ou est-ce que ça procède vraiment à l'intrigue?

Agnès Laurent :

Alors pour moi, c'est important parce que mes parents sont originaires de la région, donc c'est une ville que j'aime beaucoup, c'est une ville assez fascinante, c'est pour ça que j'ai choisi cette ville, mais surtout, j'avais aussi envie que ça se passe dans un climat de lumière, très lumineux, de chaleur et qui contraste avec la noirceur de l'histoire, et cette espèce d'écrasement qui prend les personnages, pour moi allait bien avec l'histoire et avec la chaleur qu'on peut trouver dans le Sud à cette période là.

Philippe Chauveau :

C'est aussi un roman sur le mensonge, sur le fait qu'on peut s'abriter derrière derrière des masques, puisqu'on disait Guillaume et Christelle sont un couple, sont une famille sans histoire. Vous vous êtes fait peur avec ces personnages ? Vous avez l'impression aussi qu'il faut toujours se méfier de son voisin ?

Agnès Laurent :

Non, je ne suis pas paranoïaque comme ça. Mais par contre, je suis convaincue qu'on ne sait jamais qui sont les gens qu'on rencontre, mais même les plus intimes, finalement. Alors évidemment, ça va jamais jusqu'à des drames, forcément. Mais en revanche, le nombre de fois où vous dînez pendant dix ans avec des couples d'amis et tout d'un coup, vous apprenez qui se séparent alors que vous pensiez que c'était le couple idéal, etc. Ça arrive très fréquemment. Donc, en fait, on n'est jamais vraiment dans l'intimité des gens et c'est ça qui m'intéressait aussi dans ce livre.

Philippe Chauveau :

Lorsque l'on est lecteur, la tension monte au fil des pages et c'est vrai que lorsque l'on referme le livre, on a un peu le souffle coupé. Vous même, lorsque vous avez mis le point final, vous avez besoin de temps pour peut être vous remettre à l'écriture d'autres choses ou pour digérer cette histoire que vous aviez inventée ?

Agnès Laurent :

Pas nécessairement, d'abord parce que j'ai procédé un peu bizarrement pour l'écrire. Je n'ai pas écrit dans l'ordre, donc j'ai écrit des bouts comme ça me venait. Quand il y avait un personnage qui me plaisait, je l'écrivais et après, j'ai refait un travail de cohérence. Mais donc, je ne sais pas. C'est plutôt quand je l'ai relu après, quand je l'ai envoyé à l'éditeur et qu'on a commencé à en parler, je me suis dit "c'est un ensemble, et ça fuse vers la fin en partant de cet accident de départ" qui était une scène non plus que j'avais vécue il y a quelques années. Donc ça me rappelait des choses et du coup, je me suis dit "Ah oui, là, il y a, il y a vraiment une histoire, ça se tient, ça va jusqu'au bout."

Philippe Chauveau :

Que s'est il passé ce vendredi de la fin du mois de juin sur cette autoroute ? Pourquoi Christelle fuit-elle ? Qui fuit-elle à bord de cette voiture ? Et qui sont Christelle et Guillaume? C'est un thriller mais je le redis, c'est bien plus que ça. C'est un véritable roman psychologique et on va décortiquer ces deux personnages et tout leur entourage. Rendors-toi tout va bien. C'est votre premier roman, Agnès Laurent. Vous êtes publiée aux éditions Plon. Merci beaucoup.

Agnès Laurent :

Merci.

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  • LIVRE
  • Les faits de société ou les faits divers ont toujours été source d’inspiration pour les écrivains. De par son métier de journaliste, Agnès Laurent avait toute matière pour écrire son premier roman. Au sein de la rédaction de « L’Express », elle est en charge des pages consacrées à l’évolution de la société. Mais depuis longtemps, l’envie de l’écriture romanesque était présente. Il fallait juste qu’elle s’y sente légitime. C’est chose faite avec ce roman « Rendors toi, tout va bien », paru aux...Un beau jour d'Agnès Laurent - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Agnès Laurent,   Agnès Laurent : Bonjour   Philippe Chauveau : Votre actualité aux éditions Plon, Rendors-toi tout va bien. C'est votre premier roman de nous dont nous avons parlé. Vous êtes journaliste à la base. Vous êtes aujourd'hui à L'Express. Il y a eu L'usine nouvelle. Il y a eu La Tribune aujourd'hui à L'Express. Vous êtes notamment en charge des faits de société. C'est comme ça que l'on dit. Pourquoi ce goût pour le journalisme ?   Agnès Laurent : Je suis extrêmement curieuse et...Un beau jour d'Agnès Laurent - Portrait - Suite
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