Jean-Paul Didierlaurent

Jean-Paul Didierlaurent

Le liseur du 6h27

Le livre 5'50

Dans ce premier roman Jean-Paul Didierlaurent, le Liseur du 6h27, il a un nom et un prénom ; il s'appelle Guilain Vignol. Forcément on a envie de l’appeler Vilain Guignol, comme tous ses copains d'enfance.
Et il a un métier bien particulier, c'est qu'il travaille au pilon. Alors le pilon, on rappelle ce que c'est, lorsqu'il y a trop de livres, et ben voilà ils partent dans une sorte de déchetterie et il y a une machine qui broie les livres.
Quelle drôle d'idée, vous qui n'étiez pas du tout dans le monde de l'édition au préalable, de parler du pilon. C'est quelque chose qui vous a toujours intrigué ça, le sort d'un livre qui ne se lit pas ?
C'est surtout, la machine qui m’intéressait, en tant qu'entité malfaisante. Mais le pilon, j'ai même pas pensé au moment où l'écriture du roman est venue, que ça aurait pu éventuellement gêner une maison d'édition de parler du pilon.
Parce que c’est quand même un sujet relativement tabou, je me suis documenté sur internet, je suis allé voir, il n'y a rien sur le pilon, on ne trouve quasiment rien, il n'y a pas d'infos, c'est pour ça que je voulais vraiment l'inventer la machine, l'inventer de A à Z.
Une machine monstrueuse.
Oui. J'ai pris un grand plaisir à créer une entité malfaisante, de toute façon une machine qui détruit comme le fait le pilon je ne l'imaginais pas autrement que très laide.
Je me permets juste de résumer, donc Guilain Vignol, travaille dans cette entreprise avec cette machine qui broie les livres. Mais chaque jour il récupère quelques feuilles, quelques pages dans cette machine.
Et il déclame les pages qu'il récupère dans son train du matin, ce train qui le conduit sur son lieu de travail à 6h27. C'est devenu une habitude, les passagers sont au rendez-vous et écoutent chaque jour Guilain déclamer tout cela et un jour il va trouver une clé USB.
Il va chercher la propriétaire de cette clé USB et il va en découler tout un tas d'aventures. Ce personnage de Guilain, il est très poétique. Est-ce qu'il vous ressemble ?
Je serais plutôt... Je suis un contemplatif – passif, j'adore regarder les autres vivre. Pierrot lunaire peut être pas. Je suis rêveur quand même, je suis assez rêveur, mais je garde les pieds sur terre.
Je suis déchiré un peu entre les deux, entre la terre et le ciel. Mais en même temps je suis poissons alors c'est peut être l'eau mon milieu.
Guilain à un petit peu de mal avec le monde qui l'entoure.
Oui, il a surtout du mal avec... déjà à la naissance il n'a pas été aidé avec ce patronyme qui malheureusement le poursuit. Et pour échapper à cela, il a décider de ne plus exister tout simplement, de ne pas être.
On a envie de le sortir de sa condition, de lui dire : « Soit ! Existe ! Devient celui que tu devrais être. » On a envie de l'aider. Je parle souvent des invisibles et c'est un livre beaucoup sur les invisibles en fait.
La jeune femme aussi qu'il va rencontrer, qui est une sorte de Cendrillon. Cette jeune femme dont on retrouve la trace dans cette clé USB. On peut le dire puisque ça arrive assez vite dans le roman. Cette jeune femme est dame-pipi, donc c'est aussi une invisible.
Guilain, lui est invisible volontairement et totalement, si je puis dire, alors que elle, au mieux ce sont des personnages que l'on voit pour leur fonction mais pas pour leur être.
Moi ce qui m’intéressait, justement, c'était de montrer que les gens ordinaires, ils ne sont jamais ordinaires. Ca n'existe pas les gens ordinaires.
Il y a trois grand thèmes, finalement, dans votre roman. Il y a l'univers de l'édition, et puis il y a cet échange avec Guilain, qui déclame dans son train tous les matins quelques extraits.
Il y a donc l’histoire d'amour qui va naitre avec cette jeune femme dame pipi et puis il y a aussi la troisième thématique, tout ces petites gens que l'on ne voit pas et qui ont aussi leur propre existence.
Ce sont finalement les trois grands thèmes, ce sont les clés de voute de votre roman.
Le thème principal, on pourrait dire, c'est l'amour des mots, il y a les mots lus, les mots écrits, les mots déclamés. Ca tourne beaucoup autour de ça et après les personnages, c'est tous des personnages un peu cabossés, des cabossés de la vie.
Et c'est ce qui m’intéressait. Ils sont quand même tous plus ou moins pittoresques même très pittoresques. Moi j'ai eu beaucoup de plaisir à les inventer, à les manipuler et à le faire d'une manière plus ou moins humoristique parce que la vie de Guilain n'est pas drôle du tout,
donc si j'étais resté sur ce registre de morosité, le livre il tombait des mains et là ce qui m’intéressait c'était amener quelque chose de pétillant et de frais.
Vous savez que les journalistes aiment bien classifier, on dit de votre roman, que c'est un roman qui fait du bien. Il fait partie de cette série de livres...
Feel good books !
Voilà, vous l'avez dit en anglais, je préférais le dire en français.
Ces romans qui font du bien, ça vous énerve un peu ce genre de classification ? Parce que quelque part, c'est vrai que c'est un livre qui fait du bien. Y'a pas de honte à ça.
Je suis très fier que ce livre fasse du bien. La seule chose qui me gène quand on me parle de ça c'est que c'est pas volontaire de ma part.
C'est simplement ça que je voulais exprimer, c'est que lorsque j'ai écrit ce livre, j'ai pas cherché à faire passer ni de message, ni spécialement à faire en sorte que les gens soient heureux en le lisant. C'est involontaire, tant mieux.
C'est ce qui arrive donc c'est fantastique. Moi je préfère qu'on me traite d'auteur qui produit un livre qui fait du bien qu'un livre qui tombe des mains.
Guilain, vous avez du mal à le quitter ? Vous êtes actuellement en pleine promotion donc il est à vos cotés. Vous pensez que vous allez réussir à lui laisser vivre sa vie ou il va vous accompagner encore un petit moment ?
J'ai vraiment envie de le partager avec plein de gens. C'est ce qui arrive avec les retours de lecture c'est très plaisant, parce que les gens me parlent de lui, me parlent des autres personnages aussi.
Après c'est vrai que j'ai pas envie de m'en détacher pour l'instant, je suis bien avec lui.
Merci beaucoup Jean-Paul Didierlaurent, c'est votre premier roman, on attends avec impatience la suite de votre parcours d'auteur. Le liseur de 6h27 c'est au diable vauvert, c'est un petit bijou.
En tout cas c'est un gros coup de cœur. Vous allez passer un très très bon moment de lecture. N'hésitez pas à le demander à votre libraire car tous les libraires ont aimés ce livre. Vous aussi j'en suis sûr. A bientôt
Merci à bientôt.

Dans ce premier roman Jean-Paul Didierlaurent, le Liseur du 6h27, il a un nom et un prénom ; il s'appelle Guilain Vignol. Forcément on a envie de l’appeler Vilain Guignol, comme tous ses copains d'enfance. Et il a un métier bien particulier, c'est qu'il travaille au pilon. Alors le pilon, on rappelle ce que c'est, lorsqu'il y a trop de livres, et ben voilà ils partent dans une sorte de déchetterie et il y a une machine qui broie les livres. Quelle drôle d'idée, vous qui n'étiez pas du tout dans le monde de l'édition au préalable, de parler du pilon. C'est quelque chose qui vous a toujours intrigué ça, le sort d'un livre qui ne se lit pas ?

C'est surtout, la machine qui m’intéressait, en tant qu'entité malfaisante. Mais le pilon, j'ai même pas pensé au moment où l'écriture du roman est venue, que ça aurait pu éventuellement gêner une maison d'édition de parler du pilon. Parce que c’est quand même un sujet relativement tabou, je me suis documenté sur internet, je suis allé voir, il n'y a rien sur le pilon, on ne trouve quasiment rien, il n'y a pas d'infos, c'est pour ça que je voulais vraiment l'inventer la machine, l'inventer de A à Z.

Une machine monstrueuse.

Oui. J'ai pris un grand plaisir à créer une entité malfaisante, de toute façon une machine qui détruit comme le fait le pilon je ne l'imaginais pas autrement que très laide.

Je me permets juste de résumer, donc Guilain Vignol, travaille dans cette entreprise avec cette machine qui broie les livres. Mais chaque jour il récupère quelques feuilles, quelques pages dans cette machine. Et il déclame les pages qu'il récupère dans son train du matin, ce train qui le conduit sur son lieu de travail à 6h27. C'est devenu une habitude, les passagers sont au rendez-vous et écoutent chaque jour Guilain déclamer tout cela et un jour il va trouver une clé USB. Il va chercher la propriétaire de cette clé USB et il va en découler tout un tas d'aventures. Ce personnage de Guilain, il est très poétique. Est-ce qu'il vous ressemble ?

Je serais plutôt... Je suis un contemplatif – passif, j'adore regarder les autres vivre. Pierrot lunaire peut être pas. Je suis rêveur quand même, je suis assez rêveur, mais je garde les pieds sur terre. Je suis déchiré un peu entre les deux, entre la terre et le ciel. Mais en même temps je suis poissons alors c'est peut être l'eau mon milieu.

Guilain à un petit peu de mal avec le monde qui l'entoure.

Oui, il a surtout du mal avec... déjà à la naissance il n'a pas été aidé avec ce patronyme qui malheureusement le poursuit. Et pour échapper à cela, il a décider de ne plus exister tout simplement, de ne pas être. On a envie de le sortir de sa condition, de lui dire : « Soit ! Existe ! Devient celui que tu devrais être. » On a envie de l'aider. Je parle souvent des invisibles et c'est un livre beaucoup sur les invisibles en fait.

La jeune femme aussi qu'il va rencontrer, qui est une sorte de Cendrillon. Cette jeune femme dont on retrouve la trace dans cette clé USB. On peut le dire puisque ça arrive assez vite dans le roman. Cette jeune femme est dame-pipi, donc c'est aussi une invisible.

Guilain, lui est invisible volontairement et totalement, si je puis dire, alors que elle, au mieux ce sont des personnages que l'on voit pour leur fonction mais pas pour leur être. Moi ce qui m’intéressait, justement, c'était de montrer que les gens ordinaires, ils ne sont jamais ordinaires. Ca n'existe pas les gens ordinaires.

Il y a trois grand thèmes, finalement, dans votre roman. Il y a l'univers de l'édition, et puis il y a cet échange avec Guilain, qui déclame dans son train tous les matins quelques extraits. Il y a donc l’histoire d'amour qui va naitre avec cette jeune femme dame pipi et puis il y a aussi la troisième thématique, tout ces petites gens que l'on ne voit pas et qui ont aussi leur propre existence. Ce sont finalement les trois grands thèmes, ce sont les clés de voute de votre roman.

Le thème principal, on pourrait dire, c'est l'amour des mots, il y a les mots lus, les mots écrits, les mots déclamés. Ca tourne beaucoup autour de ça et après les personnages, c'est tous des personnages un peu cabossés, des cabossés de la vie. Et c'est ce qui m’intéressait. Ils sont quand même tous plus ou moins pittoresques même très pittoresques. Moi j'ai eu beaucoup de plaisir à les inventer, à les manipuler et à le faire d'une manière plus ou moins humoristique parce que la vie de Guilain n'est pas drôle du tout, donc si j'étais resté sur ce registre de morosité, le livre il tombait des mains et là ce qui m’intéressait c'était amener quelque chose de pétillant et de frais.

Vous savez que les journalistes aiment bien classifier, on dit de votre roman, que c'est un roman qui fait du bien. Il fait partie de cette série de livres...

Feel good books !

Voilà, vous l'avez dit en anglais, je préférais le dire en français.
Ces romans qui font du bien, ça vous énerve un peu ce genre de classification ? Parce que quelque part, c'est vrai que c'est un livre qui fait du bien. Y'a pas de honte à ça.

Je suis très fier que ce livre fasse du bien. La seule chose qui me gène quand on me parle de ça c'est que c'est pas volontaire de ma part. C'est simplement ça que je voulais exprimer, c'est que lorsque j'ai écrit ce livre, j'ai pas cherché à faire passer ni de message, ni spécialement à faire en sorte que les gens soient heureux en le lisant. C'est involontaire, tant mieux. C'est ce qui arrive donc c'est fantastique. Moi je préfère qu'on me traite d'auteur qui produit un livre qui fait du bien qu'un livre qui tombe des mains.

Guilain, vous avez du mal à le quitter ? Vous êtes actuellement en pleine promotion donc il est à vos cotés. Vous pensez que vous allez réussir à lui laisser vivre sa vie ou il va vous accompagner encore un petit moment ?

J'ai vraiment envie de le partager avec plein de gens. C'est ce qui arrive avec les retours de lecture c'est très plaisant, parce que les gens me parlent de lui, me parlent des autres personnages aussi. Après c'est vrai que j'ai pas envie de m'en détacher pour l'instant, je suis bien avec lui.

Merci beaucoup Jean-Paul Didierlaurent, c'est votre premier roman, on attends avec impatience la suite de votre parcours d'auteur. Le liseur de 6h27 c'est au diable vauvert, c'est un petit bijou. En tout cas c'est un gros coup de cœur. Vous allez passer un très très bon moment de lecture. N'hésitez pas à le demander à votre libraire car tous les libraires ont aimés ce livre. Vous aussi j'en suis sûr. A bientôt

Merci à bientôt.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Vous ne le connaissez peut-être pas encore et pourtant grâce à un bouche à oreille efficace des libraires et des lecteurs, Jean-Paul Didierlaurent est en train e devenir le succès surprise de cette année 2014.  Peu habitué aux sirènes de la notoriété, ce discret vosgien de 50 ans, vit tout ça comme un conte de fées. Participant régulièrement à des concours de nouvelles, il rencontre une éditrice lors d'un festival littéraire. Elle est séduite par son écriture et lui propose une résidence d'auteur pour parfaire son...Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Jean-Paul Didierlaurent. Merci d'être avec nous, vous êtes dans l'actualité littéraire, avec « Le liseur du 6h27 », c'est au Diable Vauvert. Quelle belle aventure vous vivez actuellement. C'est un premier roman, vous n'êtes pas du tout dans le milieu de l'édition, vous avez participé à quelques concours de nouvelles mais comment cette aventure a-t-elle commencé ?Jean-Paul Didierlaurent :Ce roman est né d'une frustration du nouvelliste que je suis. C'est-à-dire que je m'était attaché à...Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent - Portrait - Suite
    Dans ce premier roman Jean-Paul Didierlaurent, le Liseur du 6h27, il a un nom et un prénom ; il s'appelle Guilain Vignol. Forcément on a envie de l’appeler Vilain Guignol, comme tous ses copains d'enfance. Et il a un métier bien particulier, c'est qu'il travaille au pilon. Alors le pilon, on rappelle ce que c'est, lorsqu'il y a trop de livres, et ben voilà ils partent dans une sorte de déchetterie et il y a une machine qui broie les livres. Quelle drôle d'idée, vous qui n'étiez pas du tout dans le monde de l'édition au...Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent - Le livre - Suite
    A livr'ouvert171 bis bd Voltaire75011 Paris Nathalie Levieux   C'est plein d'humour. C'est un livre qui est extrêmement vif. Très optimiste. On a une écriture qui fait aller vers l'avant, qui nous entraîne en fait. Peut être qu'on a besoin de ça, peut être qu'on a besoin de ces livres qui font du bien, qui permettent de voir la vie du bon coté, de sourire. Et a travers cette histoire c'est vrai que c'est une bouffée de bonheur, d'air pur. Quand les gens nous demande quelque chose pour aller bien, pour se poser, on peut...Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent - L'avis du libraire - Suite