Didier van Cauwelaert

Didier van Cauwelaert

Jules

Le livre 5'47"

Dans ce nouveau titre, Didier Van Cauwelaert, nous allons avoir j'ai envie de dire trois personnages essentiels. Il va y avoir Zibal, Alice, puis Jules. On parlera aussi de Fred qui aura son importance au fil des pages. Il y un joli chien sur la couverture choisie par Albin Michel.
C'est assez rare qu'un auteur fasse d'un chien un personnage central dans un roman. C'est un chien guide d'aveugle puisqu'Alice a perdu la vue dans sa jeunesse, on découvrira comment au fil des pages.
Et ce chien va la guider jusqu'au jour où Alice va recouvrer la vue par une opération, et du coup le chien va se demander à quoi il peut servir. Et c'est là que Zibal entre en scène. Quelle drôle d'histoire !
C'est la pire chose qui puisse arriver à un chien d'aveugle : sa maîtresse recouvre la vue, donc il se retrouve au chômage technique. Et plus que cela, il perd ses repères, sa raison d'être, son fonctionnement quotidien, son empathie, son rôle de dominant altruiste.
Et il ne mange plus, il déprime, à tel point que le vétérinaire dit à Alice « Vous pouvez le garder comme simple animal de compagnie mais il n'est pas fait pour ça. Dans trois mois, il est mort. »
Mais expliquez-nous Didier, pourquoi avoir eu envie de mettre ce chien en personnage principal ? Les chiens guides d'aveugle, c'est quelque chose que vous connaissez bien, vous l'expliquez dans la page de remerciements en fin d'ouvrage.
On sent que c'est un sujet qui vous tenait à coeur. Vous aviez envie d'en parler depuis longtemps.
C'est une vieille passion. J'avais 12-13 ans quand j'ai commencé à faire du théâtre dans des pièces amateurs destinées à financer les chiens guides d'aveugle, parce que ça coûte très cher aujourd'hui, c'est entre 20 et 50 000 euros le coût d'un chien.
La formation du chien seule c'est 20 000 mais comme il y a 40% des chiens qui pendant la première année sont réformés durant l'éducation, si on répercute le coût, on arrive à 50 000. Donc j'ai connu très tôt ce binôme formidable.
Je n'avais pas de chien à la maison donc j'ai fantasmé sur ce couple... Et je suis devenu copain avec des aveugles pour profiter de leurs chiens, c'était un peu filou.
Je me suis dit, il faut vraiment que je raconte une histoire mais je ne voulais pas juste une histoire d'un maître et de son chien, je cherchais une situation que j'ai mis beaucoup de temps à trouver. Et puis un jour, la situation était là.
Pour montrer la force d'un lien, il faut souvent partir du moment où ce lien se brise et quel lien va se reconstruire sur la base du lien perdu. Ce chien d'aveugle... Comment va-t-il réussir à reconquérir sa maîtresse devenue voyante ?
Ce que j'ai apprécié dans votre ouvrage c'est que l'on court à toutes les pages, on suit le chien, on court avec lui. C'est tendre, c'est émouvant. Il y a cette histoire d'amour qui va avoir du mal à se construire, on le découvrira au fil des pages.
Et puis il y a des thématiques un peu plus difficiles que vous souhaitez aborder au fil des chapitres. On sent que vous avez envie de poser des petits cailloux pour que le lecteur, non seulement prenne du plaisir, mais aussi soit interpelé et réfléchisse sur les sujets que vous abordez.
Oui. Je suis un homme de mon époque. Dans mes romans, il y a la vie telle qu'elle est aujourd'hui, mais pas que. C'est à dire à partir de ce décor dans lequel nous évoluons avec des points de repère dans lesquels chacun peut, hélas, s'identifier.
Après, comme vous dites, l'énergie de ce chien va tout bousculer. Et surtout, les fatalités dans lesquelles nous avons tous tendances malheureusement à être enfermés par le monde actuel.
Fatalité du chômage, du handicap ou, lorsque, comme Alice, les progrès de la médecine, de la science vous enlèvent ce handicap, en même temps, vous perdez peut-être quelque chose qui est votre force, votre singularité.
Il y a aussi, j'ai l'impression, dans cet ouvrage, et ça c'est la chance de l'écrivain, l'importance du décor. Il y a une sorte de déclaration d'amour à la Normandie, et notamment à Trouville.
La première partie se passe à Paris mais très vite, on part à Trouville, et on sent que c'est un coin de Normandie que vous aimez, que vous connaissez bien.
Oui, et c'est le paradis d'un chien. Je me suis branché sur Jules pour témoigner. Chaque année, c'est le rituel de vacances avec sa maîtresse, et là, il peut se reposer, parce que quand ils nagent ensemble, c'est beaucoup moins dangereux que sur la route.
Il faut éviter les autres baigneurs, les jet-skis, mais le chien peut jouer tranquillement avec elle. Donc pour le chien, qui va être séparé d'elle juste avant les vacances, c'est un truc terrible.
Vous avez vous même un chien Didier ?
Des chiens m'ont eu. J'ai été choisi deux fois par des chiens errants qui ont passé un bout de temps avec moi. Et ça pose une question intéressante que se pose Zibal dans le roman. Pourquoi moi ? Pourquoi il vient vers moi, pourquoi il tape l'incruste ?
Qu'est-ce qu'il a senti en moi ? Comment gérer ? En plus c'est intéressant, quelqu'un qui ne connait pas du tout les chiens, c'est le cas de Zibal,
il voit un labrador débouler dans sa vie, déjà dans son stand où il bousille tout en lui sautant au cou, donc il lui fait perdre son boulot en 24h, et son logement.
Mais en même temps, ce saccage apparent va être le début d'une reconstruction. Qu'est-ce qu'il reste ? La liberté.
Alors le risque bien sûr, l'éventuelle peur du lendemain, mais l'énergie d'un chien et l'objectif de retrouvailles avec une femme qui les a fait craquer, c'est le début de l'aventure pour lui.
Et l'énergie de Jules est vraiment palpable dans votre roman. C'est un gros coup de coeur en tous cas. Didier Van Cauwelaert, votre actualité chez Albin Michel, Jules. Merci beaucoup.

Philippe Chauveau :
Dans ce nouveau titre, Didier Van Cauwelaert, nous allons avoir j'ai envie de dire trois personnages essentiels. Il va y avoir Zibal, Alice, puis Jules. On parlera aussi de Fred qui aura son importance au fil des pages. Il y un joli chien sur la couverture choisie par Albin Michel. C'est assez rare qu'un auteur fasse d'un chien un personnage central dans un roman. C'est un chien guide d'aveugle puisqu'Alice a perdu la vue dans sa jeunesse, on découvrira comment au fil des pages. Et ce chien va la guider jusqu'au jour où Alice va recouvrer la vue par une opération, et du coup le chien va se demander à quoi il peut servir. Et c'est là que Zibal entre en scène. Quelle drôle d'histoire !

Didier Van Cauwelaert :
C'est la pire chose qui puisse arriver à un chien d'aveugle : sa maîtresse recouvre la vue, donc il se retrouve au chômage technique. Et plus que cela, il perd ses repères, sa raison d'être, son fonctionnement quotidien, son empathie, son rôle de dominant altruiste. Et il ne mange plus, il déprime, à tel point que le vétérinaire dit à Alice « Vous pouvez le garder comme simple animal de compagnie mais il n'est pas fait pour ça. Dans trois mois, il est mort. »

Philippe Chauveau :
Mais expliquez-nous Didier, pourquoi avoir eu envie de mettre ce chien en personnage principal ? Les chiens guides d'aveugle, c'est quelque chose que vous connaissez bien, vous l'expliquez dans la page de remerciements en fin d'ouvrage. On sent que c'est un sujet qui vous tenait à coeur. Vous aviez envie d'en parler depuis longtemps.

Didier Van Cauwelaert :
C'est une vieille passion. J'avais 12-13 ans quand j'ai commencé à faire du théâtre dans des pièces amateurs destinées à financer les chiens guides d'aveugle, parce que ça coûte très cher aujourd'hui, c'est entre 20 et 50 000 euros le coût d'un chien. La formation du chien seule c'est 20 000 mais comme il y a 40% des chiens qui pendant la première année sont réformés durant l'éducation, si on répercute le coût, on arrive à 50 000. Donc j'ai connu très tôt ce binôme formidable. Je n'avais pas de chien à la maison donc j'ai fantasmé sur ce couple... Et je suis devenu copain avec des aveugles pour profiter de leurs chiens, c'était un peu filou. Je me suis dit, il faut vraiment que je raconte une histoire mais je ne voulais pas juste une histoire d'un maître et de son chien, je cherchais une situation que j'ai mis beaucoup de temps à trouver. Et puis un jour, la situation était là. Pour montrer la force d'un lien, il faut souvent partir du moment où ce lien se brise et quel lien va se reconstruire sur la base du lien perdu. Ce chien d'aveugle... Comment va-t-il réussir à reconquérir sa maîtresse devenue voyante ?

Philippe Chauveau :
Ce que j'ai apprécié dans votre ouvrage c'est que l'on court à toutes les pages, on suit le chien, on court avec lui. C'est tendre, c'est émouvant. Il y a cette histoire d'amour qui va avoir du mal à se construire, on le découvrira au fil des pages. Et puis il y a des thématiques un peu plus difficiles que vous souhaitez aborder au fil des chapitres. On sent que vous avez envie de poser des petits cailloux pour que le lecteur, non seulement prenne du plaisir, mais aussi soit interpelé et réfléchisse sur les sujets que vous abordez.

Didier Van Cauwelaert :
Oui. Je suis un homme de mon époque. Dans mes romans, il y a la vie telle qu'elle est aujourd'hui, mais pas que. C'est à dire à partir de ce décor dans lequel nous évoluons avec des points de repère dans lesquels chacun peut, hélas, s'identifier. Après, comme vous dites, l'énergie de ce chien va tout bousculer. Et surtout, les fatalités dans lesquelles nous avons tous tendances malheureusement à être enfermés par le monde actuel. Fatalité du chômage, du handicap ou, lorsque, comme Alice, les progrès de la médecine, de la science vous enlèvent ce handicap, en même temps, vous perdez peut-être quelque chose qui est votre force, votre singularité.

Philippe Chauveau :
Il y a aussi, j'ai l'impression, dans cet ouvrage, et ça c'est la chance de l'écrivain, l'importance du décor. Il y a une sorte de déclaration d'amour à la Normandie, et notamment à Trouville. La première partie se passe à Paris mais très vite, on part à Trouville, et on sent que c'est un coin de Normandie que vous aimez, que vous connaissez bien.

Didier Van Cauwelaert :
Oui, et c'est le paradis d'un chien. Je me suis branché sur Jules pour témoigner. Chaque année, c'est le rituel de vacances avec sa maîtresse, et là, il peut se reposer, parce que quand ils nagent ensemble, c'est beaucoup moins dangereux que sur la route. Il faut éviter les autres baigneurs, les jet-skis, mais le chien peut jouer tranquillement avec elle. Donc pour le chien, qui va être séparé d'elle juste avant les vacances, c'est un truc terrible.

Philippe Chauveau :
Vous avez vous même un chien Didier ?

Didier Van Cauwelaert :
Des chiens m'ont eu. J'ai été choisi deux fois par des chiens errants qui ont passé un bout de temps avec moi. Et ça pose une question intéressante que se pose Zibal dans le roman. Pourquoi moi ? Pourquoi il vient vers moi, pourquoi il tape l'incruste ? Qu'est-ce qu'il a senti en moi ? Comment gérer ? En plus c'est intéressant, quelqu'un qui ne connait pas du tout les chiens, c'est le cas de Zibal, il voit un labrador débouler dans sa vie, déjà dans son stand où il bousille tout en lui sautant au cou, donc il lui fait perdre son boulot en 24h, et son logement. Mais en même temps, ce saccage apparent va être le début d'une reconstruction. Qu'est-ce qu'il reste ? La liberté. Alors le risque bien sûr, l'éventuelle peur du lendemain, mais l'énergie d'un chien et l'objectif de retrouvailles avec une femme qui les a fait craquer, c'est le début de l'aventure pour lui.

Philippe Chauveau :
Et l'énergie de Jules est vraiment palpable dans votre roman. C'est un gros coup de coeur en tous cas. Didier Van Cauwelaert, votre actualité chez Albin Michel, Jules. Merci beaucoup.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Prix Goncourt 1994 pour « Un aller simple », Didier van Cauvelaert a à son actif plus d'une vingtaine de romans, sans compter des récits, des essais ou encore des pièces de théâtre. Ce besoin de l'écriture arrive très jeune, dès 8 ans, il se sent des velléités d'écrivain. Il attendra tout de même l'âge de 22 ans pour concrétiser ce rêve. Mais depuis, il n'a jamais cessé d'écrire avec toujours le même plaisir. Si dans certains de ses livres, l'intrigue flirte avec la légèreté, l'humour, le romantisme, il n'en reste...L'enfant qui sauva la terre de Didier van Cauwelaert - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Didier Van Cauwelaert Didier Van Cauwelaert :Bonjour. Philippe Chauveau :Un nouveau titre de Didier Van Cauwelaert, aux éditions Albin Michel, Jules. En ce qui vous concerne, un nouveau titre, c'est toujours un événement. Lorsque l'on a été primé, lorsque l'on a reçu le Goncourt comme ce fut le cas en 1994 pour Un aller simple. Est-ce qu'à chaque sortie d'un nouveau roman, c'est pour vous une sorte de challenge ? Est-ce que le Goncourt est une sorte d'épée de Damoclès au-dessus de la tête des...L'enfant qui sauva la terre de Didier van Cauwelaert - Portrait - Suite
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    Nathalie Iris Non seulement j'ai aimé le dernier roman de Didier Van Cauwelaert mais je l'ai dévoré. En fait j'ai rencontré des personnes de chez Albin Michel, ils m'ont donné les épreuves, je l'ai commencé en rentrant chez moi et puis je ne l'ai pas lâché. Et ce roman m'a tellement conquise que j'ai demandé à Didier Van Cauwelaert d'être le parrain de la nuit blanche du livre, que j'organise fin juin à La Garennes-Colombes. Je trouve ce livre très drôle, mais derrière cette apparente drôlerie, il y a aussi beaucoup de...L'enfant qui sauva la terre de Didier van Cauwelaert - L'avis du libraire - Suite