Emmanuelle Collas est une figure bien connue du monde littéraire. Passionnée par l’Antiquité et grande amoureuse du Proche-Orient, elle a fondé en 2005 les éditions Galaade qui, après avoir permis à plus de 130 ouvrages de voir le jour, a dû fermer ses portes douze ans plus tard, faute d’être suivi par les banquiers.
Mais il en fallait plus pour abattre cette femme de caractère qui, en 2018, sous l’impulsion de Stephen Carrière, créée une nouvelle maison d’édition, à son nom cette fois-ci, liant, comme elle le dit...
Sous couverture d'Emmanuelle Collas - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Emmanuelle Collas.
Emmanuelle Collas :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Vous êtes avec nous aujourd'hui pour évoquer votre premier roman Sous couverture aux éditions Anne Carrière. Et pourtant, le monde de l'édition vous connaît bien puisque vous êtes aussi éditrice pour les Éditions Emmanuelle Collas. Quelle différence faites-vous d'ailleurs entre ces deux casquettes? Êtes vous la même Emmanuelle Collas lorsque vous êtes éditrice, lorsque vous êtes romancière?
Emmanuelle Collas :
On...
Sous couverture d'Emmanuelle Collas - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Sous couverture, que cache ce titre? Emmanuelle Collas, c'est votre premier roman aux éditions Anne Carrière. On sait que vous êtes éditrice. On sait que vous êtes chercheuse aussi en histoire de l'Antiquité. On sait que vous êtes amoureuse, passionnée par l'Antiquité et par le Proche-Orient. Myrtho, c'est l'héroïne de votre roman. Elle est éditrice, passionnée par l'Antiquité et est amoureuse du Proche-Orient. Jusqu'où va la réalité? Jusqu'où va la fiction? C'est peut-être pas finalement très...
Sous couverture d'Emmanuelle Collas - Livre - Suite
Emmanuelle Collas
Sous couverture
Présentation 00'02'58"Emmanuelle Collas est une figure bien connue du monde littéraire. Passionnée par l’Antiquité et grande amoureuse du Proche-Orient, elle a fondé en 2005 les éditions Galaade qui, après avoir permis à plus de 130 ouvrages de voir le jour, a dû fermer ses portes douze ans plus tard, faute d’être suivi par les banquiers.
Mais il en fallait plus pour abattre cette femme de caractère qui, en 2018, sous l’impulsion de Stephen Carrière, créée une nouvelle maison d’édition, à son nom cette fois-ci, liant, comme elle le dit elle-même l’intime et le politique. Et dans le catalogue riche et exigeant des éditions Emmanuelle Collas, on trouve notamment le très beau roman de Djaïli Amadou Amal, « Les impatientes », prix Goncourt des lycéens 2020.
Mais si nous évoquons Emmanuelle Collas aujourd’hui, c’est bien pour parler de la romancière. Effectivement, par un heureux concours de circonstances et surtout, par la richesse des échanges et des rencontres, elle a choisi de prendre elle-même la plus pour raconter l’histoire de Myrtho.
Parisienne fascinée par le Proche-Orient d’hier et d’aujourd’hui, la jeune femme se bat pour maintenir à flots sa maison d’édition. Alors, me direz-vous, la romancière a-t-elle choisi de raconter sa propre histoire ? Allez savoir… « Ce roman est sa propre fiction » cette phrase placée en ouverture du roman vous aidera peut-être à avoir la réponse.
Mais finalement, qu’importe car rapidement, c’est bien Myrtho que le lecteur va suivre, cette femme qui se confie à nous, comme à son propre journal intime. Sa battant chaque jour pour son métier et ses enthousiasmes littéraires, elle retrouve par hasard un ancien amour. Et l’histoire qui s’était terminée dans le flou repart de plus belle. Avec Alexandre, Myrtho redécouvre le goût de l’amour. Oui mais voilà, Alexandre malgré ces déclarations est un éternel absent… Que cache-t-il ? Mène-t-il une double vie ou est-il un mythomane s’inventant une existence de businessman ? Mais bien vite, Myrtho, et le lecteur avec, apprend que son homme agit en fait pour les forces spéciales et doit partir régulièrement et inopinément sur les zones les plus sensibles de la planète, notamment ce Proche-Orient qui s’enflamme sans cesse.
Dans ce beau roman à l’écriture fluide, simple et sensible, Emmanuelle Collas nous fait partager ses passions et ses appréhensions pour cette région du monde qui lui a tant apporté. Situant son récit dans l’actualité, nous revivons avec le personnage de Myrtho quelques-uns des épisodes les plus tragiques de ces dernières années. Mais derrière tout cela, les angoisses, les larmes, la fureur de ce monde qui explose, il y a l’amour, celui pour ces pays de l’Orient qui ont fait l’Antiquité, l’amour pour Paris où Myrtho se ressource malgré le sang qui coule sur le bitume parisien, l’amour pour sa fille Lou et son chien Eden et surtout l’amour pour cet homme, énigmatique et absent. Telle une Pénélope des temps modernes, jusqu’à quand Myrtho trouvera-t-elle le courage d’attendre le retour de son Ulysse ?
« Sous couverture » d’Emmanuelle Collas est publié aux éditions Anne Carrière.
Emmanuelle Collas
Sous couverture
Portrait 00'06'29"Philippe Chauveau :
Bonjour Emmanuelle Collas.
Emmanuelle Collas :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Vous êtes avec nous aujourd'hui pour évoquer votre premier roman Sous couverture aux éditions Anne Carrière. Et pourtant, le monde de l'édition vous connaît bien puisque vous êtes aussi éditrice pour les Éditions Emmanuelle Collas. Quelle différence faites-vous d'ailleurs entre ces deux casquettes? Êtes vous la même Emmanuelle Collas lorsque vous êtes éditrice, lorsque vous êtes romancière?
Emmanuelle Collas :
On est fondamentalement la même, quoiqu'il arrive. Mais ces deux approches, et par ailleurs, en ce moment c'est particulier puisqu'en fait, il faut passer d'un monde à l'autre. C'est un effet de miroir un peu particulier, mais on retrouve dans l'une ou dans l'autre les mêmes convictions, obsessions, valeurs, désirs, le même regard sur le monde, je pense.
Philippe Chauveau :
Il y a eu, avant les éditions Emmanuelle Collas, l'aventure des Éditions Galaad. Mais j'ai l'impression que le fil rouge, finalement, était le même. Vous parlez de convictions. Vous n'êtes pas éditrice par hasard. C'est que vous avez vraiment une volonté avec les livres que vous publiez. Si vous deviez définir votre propre vision du métier, l'éditrice.
Emmanuelle Collas :
Devenir éditrice a été vraiment un choix. C'était créer un outil pour dire le monde, avec des livres, avec de la littérature et la ligne éditoriale a toujours été la même. Entre le littéraire et le politique, c'est s'intéresser à tout ce qui fait la particularité des grands débats et des grandes questions d'aujourd'hui et de le dire par la littérature.
Philippe Chauveau :
C'est ce qui vous est arrivée à la fin de l'année 2020, avec ce prix Goncourt des lycéens pour votre auteur, Djaïli Amadou Amal. En tant qu'éditrice pourquoi avez vous été séduite par ce par ce texte? Comment vivez-vous ce prix Goncourt décerné à l'une de vos auteures?
Emmanuelle Collas :
Djaïli Amadou Amal, je ne la connaissais pas et je savais qu'elle existait parce que je la suivais par les réseaux sociaux. Je suis toujours en veille sur la question qui nous concerne depuis maintenant vingt ans, la guerre contre l'islamisme. C'est quelque chose qui me concerne, qui nous concerne, surtout quand on est femme. Donc, Djaïli Amadou Amal je l'avais repéré parce qu'elle est présidente de l'Association Femmes du Sahel, qui travaille sur l'éducation donnée aux filles pour les aider à échapper à l'emprise des hommes et aux violences, quelles qu'elles soient, qu'elles peuvent subir. Il se trouve qu'elle a eu le prix Orange du livre en Afrique. Un jour, j'ai reçu un coup de téléphone d'une amie qui était liée au prix Orange et qui m'a dit : "tu connais peut être Djaïli Amadou Amal. J'ai son manuscrit Munyal ou les larmes de la patience, est-ce que tu veux le lire, il n'est pas publié en France". "Ça tombe bien, j'avais envie de le lire. Je vais le dire oui, bien sûr. Je te dirai ce que j'en pense et c'est ce que je peux faire". Et voilà, ça arrive comme ça, je l'ai lu. Je me suis dit qu'un livre comme ça je savais le défendre et c'est comme ça que ça s'est fait. J'ai rencontré Amal dès janvier. On s'est vu. Et là, je lui ai demandé quelle était son histoire. J'avais envie de la voir en vrai. C'est une rencontre entre deux femmes. J'avais l'impression de la connaître.
Philippe Chauveau :
Une rencontre avec un texte, et puis avec une auteure, en l'occurrence. Lorsque l'on dirige une petite maison d'édition, que peut apporter ce prix Goncourt des lycéens? Est-ce que c'est à la fois une récompense? Mais est ce que ça peut être aussi un petit peu vertigineux?
Emmanuelle Collas :
C'est un grand bonheur, une grande joie. On ne va pas bouder son plaisir. C'est vraiment extraordinaire pour Amal et pour moi. C'est se dire qu'on est arrivé là et maintenant, on va faire quoi? On va continuer, mais en étant un peu plus fort. Et en sachant aussi que l'édition, c'est toujours extrêmement fragile et va continuer à défendre nos convictions pour le monde de demain. Et ceci est extraordinaire pour moi et qui me fait un tel plaisir, c'est grâce à la jeunesse puisque c'est le Goncourt des lycéens. Ça veut dire que des jeunes qui sont entre la seconde à la terminale, ont lu ce texte et l'ont trouvé essentiel. Ça les concerne et pour moi, c'est le plus beau cadeau qui soit fait.
Philippe Chauveau :
Ce qui est fascinant, c'est que finalement, quasiment à la même période, en tant qu'éditrice, vous avez cette belle récompense du prix Goncourt des lycéens. Et puis, vous avez aussi ce premier roman que vous sortez aux éditions Anne Carrière. Là, j'imagine c'est une sorte de défi, de challenges aussi que vous relevez.
Emmanuelle Collas :
C'est un challenge parce que chaque heure de jeu bascule. Soit je suis éditrice, soit je suis auteure. À la fois, tout cela marche ensemble, ça résonne, ça fait chambre d'écho. C'est un peu vertigineux mais c'est un moment heureux. Alors j'ai envie de le vivre comme ça. Je suis très heureuse. C'est un moment fort, mais je n'ai pas bien réalisé ce qui se passait autour de tout ça. On va regarder l'avenir.
Philippe Chauveau :
Nous sommes ravis de partager avec vous ce petit instant magique. Sous couverture, c'est votre actualité Emmanuelle Collas, votre premier roman. Vous êtes publiée chez Anne Carrière.
Emmanuelle Collas
Sous couverture
Livre 00'07'10"Philippe Chauveau :
Sous couverture, que cache ce titre? Emmanuelle Collas, c'est votre premier roman aux éditions Anne Carrière. On sait que vous êtes éditrice. On sait que vous êtes chercheuse aussi en histoire de l'Antiquité. On sait que vous êtes amoureuse, passionnée par l'Antiquité et par le Proche-Orient. Myrtho, c'est l'héroïne de votre roman. Elle est éditrice, passionnée par l'Antiquité et est amoureuse du Proche-Orient. Jusqu'où va la réalité? Jusqu'où va la fiction? C'est peut-être pas finalement très important, tout ça. Lisons le comme l'histoire que vous avez envie de nous raconter. Alors, je plante le décor, Myrtho est cette jeune femme qui est amoureuse de la littérature, qui veut publier des textes de qualité, qui se bat avec les banques pour essayer de faire vivre sa petite maison d'édition. Et puis, il y a cette rencontre un jour, un amoureux qui revient comme ça alors qu'il avait plus ou moins disparu. Il s'appelle Alexandre. C'est ce couple Myrtho et Alexandre que nous allons suivre pendant tout ce roman. C'est un livre qui est né, je crois, un peu d'une colère et d'une belle rencontre avec votre éditeur, Jean-Baptiste Gendarme.
Emmanuelle Collas :
C'est une rencontre comme on les aime. Une rencontre qui se fait sous le signe de la surprise, de l'étonnement et aussi de la colère. C'est le moment ou en octobre dernier, j'étais très en colère avec ce qui se passait au Proche-Orient vis à vis des Kurdes. Et Jean-Baptiste a su trouver le chemin au milieu de ma colère, d'une autre chose qui est lié à une histoire, à une passion, à l'envie de défendre plein de choses. Et il a su trouver le chemin et il a su m'amener à l'écrire.
Philippe Chauveau :
Ce qui veut dire que finalement, vous n'aviez pas prémédité d'écrire ce roman?
Emmanuelle Collas :
Non, pas du tout. Et je n'avais écrit aucune ligne. Je n'avais pas l'intention d'écrire ce texte. Je ne savais même pas que j'écrirai ce texte. C'est lui qui m'a dit : "Tu devrais écrire". Et après, on a échangé et je lui ai dit : "J'aimerais bien raconter une histoire d'amour".
Philippe Chauveau :
C'est une histoire d'amour qui est à la fois belle et dramatique. Parce qu'il y a ce thème de l'absence qui est au fil des pages puisque finalement, telle Pénélope attendant Ulysse, Myrtho attend toujours le retour d'Alexandre. Au départ, on ne sait pas très bien d'ailleurs pourquoi Alexandre est cet amoureux fuyant. Lorsque Myrtho veut le voir, il n'est jamais disponible. Est-ce qu'il a une double vie. Est-ce qu'il s'est inventé une vie de businessman, et ce qu'il est un petit peu mytho? On va découvrir tout cela au fil des pages. Le thème de l'absence est très présent dans cette histoire. Et puis, il y a aussi la grande histoire qui est toujours là en parallèle, que ce soit les événements au Proche-Orient, le terrorisme ambiant, puisqu'il y a une vraie chronologie. Le livre est écrit un peu comme un journal intime, comme si Myrtho au jour le jour, racontait son histoire.
Emmanuelle Collas :
Oui, cette histoire entre Myrtho et Alexandre est l'histoire d'une rencontre au long cours. Le temps est important. Finalement, le livre se déroule sur très peu de temps, de mars 2016 à avril 2017, un temps resserré. Il est sous le signe de la rencontre et de l'attente, de l'absence et de l'attente. Il y a vraiment le temps de l'amour. Il y a le temps du quotidien, et le temps de l'Histoire. Vous voyez, il y a plusieurs histoires.
Philippe Chauveau :
Il y a un côté très sombre, justement, lorsque vous racontez le temps de l'histoire, lorsque dans la chronologie, vous revenez sur des dates qui ont marqué. Que ce soient des événements dramatiques au Proche-Orient, que ce soient des événements dramatiques ici en France et notamment à Paris. Puis il y a aussi le côté très lumineux du livre, avec cette histoire d'amour entre Myrtho et Alexandre, avec les relations très tendre de Myrtho avec sa fille Lou et puis même aussi avec le chien Eden. Il y a cette ambiance, ces paysages de Paris quand Myrtho va promener Eden dans les rues de Paris, on sent qu'elle est très amoureuse de cette ville, même si le sang régulièrement couvre les trottoirs de Paris. Il y a des paysages du Proche-Orient et des paysages de la Grèce qui viennent aussi contrecarrer les drames que peuvent vivre ces territoires. Il y a toujours deux lectures, une sombre, une très lumineuse dans votre histoire?
Emmanuelle Collas :
Tout a fait. Ça s'appelle la vie. L'idée, c'était de rendre ce qu'est la vie quand il y a de belles rencontres, des moments forts, peut-être qu'ils ne dureront pas, mais ils sont là et ils vous enrichissent. Il y a tous ces moments heureux, en effet, entre Myrtho et Lou. Cette Myrtho, elle est passionnée d'antiquité, mais elle est pleine de littérature et de poésie, elle est pleine de tout ça. Sauf que ça ne suffit pas à attendre, à affronter sa propre guerre qui, tout doucement, va devenir de plus en plus difficile à faire puisqu'en fait, elle est aussi éditrice et qu'elle a une maison d'édition à sauver. Et qui lui apporte quelque chose? C'est Lou avec une autre littérature.
Philippe Chauveau :
Ce qui veut dire que Myrtho mène elle même son propre combat en emportant à bout de bras sa maison d'édition. Ce sont ses armes pour faire avancer le monde?
Emmanuelle Collas :
Exactement, c'était l'idée.
Philippe Chauveau :
Vous l'avez dit, la genèse de ce livre, c'est cette rencontre avec votre éditeur, Jean-Baptiste Gendarme, et votre coup de colère. Est-ce que l'écriture de ce premier roman vous a quelque peu apaisé? Ou est-ce que la colère est toujours là?
Emmanuelle Collas :
Je ne sais pas si cela m'a apaisé, parce que tout me laisse toujours être en colère. Mais à la fois les moments heureux, vous voyez, contrebalancent. Il faut savoir être au bon endroit, à la place adéquate pour donner le meilleur de soi même. J'ai essayé dans ce texte de donner le meilleur de moi, en réinventant cette histoire entre Ulysse et Pénélope.
Philippe Chauveau :
Vous nous racontez le fracas du monde, mais surtout vous nous racontez l'amour, certes en pointillé, mais en tout cas une belle histoire d'amour. Sous couverture, c'est votre premier roman, Emmanuelle Collas. Vous êtes publié aux éditions Anne Carrière. Merci beaucoup.
Emmanuelle Collas :
Merci.