Emmanuelle Collas

Emmanuelle Collas

Sous couverture

Portrait 00'06'29"

Philippe Chauveau :

Bonjour Emmanuelle Collas.

Emmanuelle Collas :

Bonjour.

Philippe Chauveau :

Vous êtes avec nous aujourd'hui pour évoquer votre premier roman Sous couverture aux éditions Anne Carrière. Et pourtant, le monde de l'édition vous connaît bien puisque vous êtes aussi éditrice pour les Éditions Emmanuelle Collas. Quelle différence faites-vous d'ailleurs entre ces deux casquettes? Êtes vous la même Emmanuelle Collas lorsque vous êtes éditrice, lorsque vous êtes romancière?

Emmanuelle Collas :

On est fondamentalement la même, quoiqu'il arrive. Mais ces deux approches, et par ailleurs, en ce moment c'est particulier puisqu'en fait, il faut passer d'un monde à l'autre. C'est un effet de miroir un peu particulier, mais on retrouve dans l'une ou dans l'autre les mêmes convictions, obsessions, valeurs, désirs, le même regard sur le monde, je pense.

Philippe Chauveau :

Il y a eu, avant les éditions Emmanuelle Collas, l'aventure des Éditions Galaad. Mais j'ai l'impression que le fil rouge, finalement, était le même. Vous parlez de convictions. Vous n'êtes pas éditrice par hasard. C'est que vous avez vraiment une volonté avec les livres que vous publiez. Si vous deviez définir votre propre vision du métier, l'éditrice.

Emmanuelle Collas :

Devenir éditrice a été vraiment un choix. C'était créer un outil pour dire le monde, avec des livres, avec de la littérature et la ligne éditoriale a toujours été la même. Entre le littéraire et le politique, c'est s'intéresser à tout ce qui fait la particularité des grands débats et des grandes questions d'aujourd'hui et de le dire par la littérature.

Philippe Chauveau :

C'est ce qui vous est arrivée à la fin de l'année 2020, avec ce prix Goncourt des lycéens pour votre auteur, Djaïli Amadou Amal. En tant qu'éditrice pourquoi avez vous été séduite par ce par ce texte? Comment vivez-vous ce prix Goncourt décerné à l'une de vos auteures?

Emmanuelle Collas :

Djaïli Amadou Amal, je ne la connaissais pas et je savais qu'elle existait parce que je la suivais par les réseaux sociaux. Je suis toujours en veille sur la question qui nous concerne depuis maintenant vingt ans, la guerre contre l'islamisme. C'est quelque chose qui me concerne, qui nous concerne, surtout quand on est femme. Donc, Djaïli Amadou Amal je l'avais repéré parce qu'elle est présidente de l'Association Femmes du Sahel, qui travaille sur l'éducation donnée aux filles pour les aider à échapper à l'emprise des hommes et aux violences, quelles qu'elles soient, qu'elles peuvent subir. Il se trouve qu'elle a eu le prix Orange du livre en Afrique. Un jour, j'ai reçu un coup de téléphone d'une amie qui était liée au prix Orange et qui m'a dit : "tu connais peut être Djaïli Amadou Amal. J'ai son manuscrit Munyal ou les larmes de la patience, est-ce que tu veux le lire, il n'est pas publié en France". "Ça tombe bien, j'avais envie de le lire. Je vais le dire oui, bien sûr. Je te dirai ce que j'en pense et c'est ce que je peux faire". Et voilà, ça arrive comme ça, je l'ai lu. Je me suis dit qu'un livre comme ça je savais le défendre et c'est comme ça que ça s'est fait. J'ai rencontré Amal dès janvier. On s'est vu. Et là, je lui ai demandé quelle était son histoire. J'avais envie de la voir en vrai. C'est une rencontre entre deux femmes. J'avais l'impression de la connaître.

Philippe Chauveau :

Une rencontre avec un texte, et puis avec une auteure, en l'occurrence. Lorsque l'on dirige une petite maison d'édition, que peut apporter ce prix Goncourt des lycéens? Est-ce que c'est à la fois une récompense? Mais est ce que ça peut être aussi un petit peu vertigineux?

Emmanuelle Collas :

C'est un grand bonheur, une grande joie. On ne va pas bouder son plaisir. C'est vraiment extraordinaire pour Amal et pour moi. C'est se dire qu'on est arrivé là et maintenant, on va faire quoi? On va continuer, mais en étant un peu plus fort. Et en sachant aussi que l'édition, c'est toujours extrêmement fragile et va continuer à défendre nos convictions pour le monde de demain. Et ceci est extraordinaire pour moi et qui me fait un tel plaisir, c'est grâce à la jeunesse puisque c'est le Goncourt des lycéens. Ça veut dire que des jeunes qui sont entre la seconde à la terminale, ont lu ce texte et l'ont trouvé essentiel. Ça les concerne et pour moi, c'est le plus beau cadeau qui soit fait.

Philippe Chauveau :

Ce qui est fascinant, c'est que finalement, quasiment à la même période, en tant qu'éditrice, vous avez cette belle récompense du prix Goncourt des lycéens. Et puis, vous avez aussi ce premier roman que vous sortez aux éditions Anne Carrière. Là, j'imagine c'est une sorte de défi, de challenges aussi que vous relevez.

Emmanuelle Collas :

C'est un challenge parce que chaque heure de jeu bascule. Soit je suis éditrice, soit je suis auteure. À la fois, tout cela marche ensemble, ça résonne, ça fait chambre d'écho. C'est un peu vertigineux mais c'est un moment heureux. Alors j'ai envie de le vivre comme ça. Je suis très heureuse. C'est un moment fort, mais je n'ai pas bien réalisé ce qui se passait autour de tout ça. On va regarder l'avenir.

Philippe Chauveau :

Nous sommes ravis de partager avec vous ce petit instant magique. Sous couverture, c'est votre actualité Emmanuelle Collas, votre premier roman. Vous êtes publiée chez Anne Carrière.

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  • PORTRAIT
  • LIVRE
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