D'origine hongroise par son père, Theresa Révay a suivi des études de lettres avant de devenir traductrice pour des auteurs anglais et allemands.
Si l"envie d'écrire était bien présente en elle, il faudra pourtant attendre 2002 pour qu'elle publie son 1er roman « Valentine ou le temps des adieux » qui rencontrera rapidement son public.
Passionnée d'histoire, prenant plaisir à effectuer de nombreuses recherches pour faire évoluer ses personnages au plus près de la réalité historique, Theresa Révay s"est spécialisée...
Ce parfum rouge de Theresa Révay - Présentation - Suite
Philippe Chauveau : Bonjour Theresa Révay !
Theresa Révay : Bonjour
Philippe Chauveau : Votre actualité chez Albin Michel s'appelle : La vie ne danse qu'un instant. Sous ce joli titre se cache un beau portrait de femme que nous allons découvrir ensemble mais j'aimerais que l'on discute un petit peu plus, parce que j'aimerais savoir ce goût de l'écriture. Dans quel état êtes-vous lorsque vous êtes à votre table de travail, lorsque vous imaginez tous ces portraits d'hommes et de femmes que vous placez dans des...
Ce parfum rouge de Theresa Révay - Portrait - Suite
Philippe Chauveau : Dans ce nouveau titre Theresa Revay, nous allons faire connaissance avec une femme de caractère, elle est américaine, elle s'appelle Alice Clifford. Elle a choisi d'être journaliste-reporter. Nous faisons sa connaissance à Rome, en Italie, en 1936. On sait déjà les fameux événements qui vont suivre. D'où vient-elle cette fameuse Alice Clifford ? Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire d'elle un personnage de journaliste-reporter ?
Theresa Révay : Alors j'ai voulu rendre hommage à ces...
Ce parfum rouge de Theresa Révay - Livre - Suite
Theresa Révay
La vie ne danse qu'un instant
Présentation 2'38D'origine hongroise par son père, Theresa Révay a suivi des études de lettres avant de devenir traductrice pour des auteurs anglais et allemands.
Si l"envie d'écrire était bien présente en elle, il faudra pourtant attendre 2002 pour qu'elle publie son 1er roman « Valentine ou le temps des adieux » qui rencontrera rapidement son public.
Passionnée d'histoire, prenant plaisir à effectuer de nombreuses recherches pour faire évoluer ses personnages au plus près de la réalité historique, Theresa Révay s"est spécialisée avec succès dans l’écriture de grandes sagas historiques. Après « Livia Grandi ou le souffle du destin » en 2005, son roman « La louve blanche » sur la Révolution russe élargit sa notoriété. Elle est désormais traduite dans une dizaine de langues. Avouant un goût certain pour la première moitié du XXème siècle, elle publie en 2011 « Dernier été à Mayfair », dont l'action se passe en Angleterre entre 1911 et 1919. Puis, en 2013, avec « L'autre rive du Bosphore », elle offre un saisissant roman sur l'émancipation des femmes turques à l’issue du premier conflit mondial.
Alliant avec talent la plume romanesque et la rigueur historique, Theresa Révay est dans l'actualité littéraire avec son nouveau roman « La vie ne danse qu'un instant », où, à travers le personnage d'Alice Clifford, journaliste reporter américaine, la romancière nous raconte les prémices du second conflit mondial, vus de l'Italie, de l'Espagne et de l'Egypte. Emportée par le vent de l'Histoire, Alice parviendra-t-elle à concilier sa vie de femme et son ambition professionnelle ?
Au fil de ses romans, Theresa Révay s'est imposée comme l’une des auteurs majeurs de grandes fresques historiques.
Theresa Révay
La vie ne danse qu'un instant
Portrait 6'58Philippe Chauveau : Bonjour Theresa Révay !
Theresa Révay : Bonjour
Philippe Chauveau : Votre actualité chez Albin Michel s'appelle : La vie ne danse qu'un instant. Sous ce joli titre se cache un beau portrait de femme que nous allons découvrir ensemble mais j'aimerais que l'on discute un petit peu plus, parce que j'aimerais savoir ce goût de l'écriture. Dans quel état êtes-vous lorsque vous êtes à votre table de travail, lorsque vous imaginez tous ces portraits d'hommes et de femmes que vous placez dans des contextes historiques chaotiques ? Comment êtes-vous dans ces moments-là ?
Theresa Révay : Je suis ailleurs. Et je pense que tout romancier dire que ce besoin que nous avons d'écrire, cette volonté que nous avons d'échapper au quotidien, à notre réalité de tous les jours fait que nous partons dans le monde que nous choisissons d'écrire. Moi c'est le 20è siècle, surtout les années 30-40 pour ce livre aussi. Et c'est une liberté, c'est un échapattoire et c'est une autre vie, c'est schizophrénique.
Philippe Chauveau : C'est une façon de se protéger du quotidien, de ce monde dans lequel nous vivons, d'emmener vos personnages dans d'autres périodes historiques ?
Theresa Révay : Alors pour ma part, ce que j'aime, c'est d'essayer de comprendre ce 20è siècle qui me fascine. Donc, c'est pas tant de nier ce que je vis aujourd'hui parce qu'en fait, je trouve que l'on comprend aujourd'hui en travaillant sur hier. Et il y a beaucoup de points communs avec ce qui s'est passé au 20è siècle.Et on ne le comprend aujourd'hui que si l'on comprend les ressorts, les motivations des populations et des dirigeants de l'époque.Donc il y a un lien, et puis c'est mon gôut de l'histoire.
Philippe Chauveau : Justement ce goût de l'histoire, vous le faites partager à vos lecteurs. Si je cite quelques-uns de vos titres : L'autre rive du bosphore, Louve blanche. Ce sont les années 14, les années 30 ou présentement les années 40. Vous aimez l'histoire, mais vous-même, votre famille, ceux qui vous ont précédé ont été liés à la grande Histoire et j'imagine que ce n'est pas un hasard aujourd'huivous avez besoin de retracer ces grands événements. C'est parce que de près ou de loin, vous y avez été confronté d'une façon ou d'une autre.
Theresa Révay : Oui, je pense que d'une façon ou d'une autre, nous avons tous été confronté au passé et aux grands événements histoiriques. Mais c'est vrai que pour ma part, mon père était d'origine hongroise, il est arrivé en 1945, était apatride pendant 10 ans et c'est vrai que depuis que j'étais enfant, ça m'a beaucoup marqué. Cette idée d'être née ailleurs, de pas pouvoir y retourner, d'être en exil et c'est l'un des fils rouge de tous mes romans,, cette idée de l'exil et de cette souffrance. Et bien c'est l'un des moteurs de ma recherche et de ma quête. Parce que tout romancier a un quête, et peut-être que pour moi c'est comprendre le 20è siècle qui a profondément marqué ma famille, du moins du côté paternel, notamment avec bien sûr le rideau de fer, cette Europe coupée en 2.
Philippe Chauveau : Je précise que votre précédent titre : L'autre rive du Bosphore, avait reçu différents prix dont le prix Historia en 2014. Je le précise parce que cela veut dire qu'il y a un gros travail de recherche, qui est salué par des historiens, par des chercheurs. Au-delà de la plume romanesque, vous faites un point d'honneur à respecter la vérité historique. Comment se passe vos journées de recherche ?
Theresa Révay : Alors je commence toujours d'habitude par la Bibliothèque Nationale. Il y a des trésors de livres innombrables. Je commence par lire beaucoup. Pour L'autre rive du Bosphore, j'ai compté que j'avais plus d'une centaine de livres, de mémoires, de journaux intimes... Tout ce qui peut me servir pour la vérité de l'époque que je cherche à reconstituer. Et puis ensuite, je me déplace, pas toujours et pas partout parce que quelquefois je décris des endroits qui ont disparu, par exemple ici Alexandrie qui n'existe plus aujourd'hui. Donc c'était pas la peine que j'y aille. Autrement bien sûr, que ce soit Berlin, Rome, Istanbul... Je me rends sur place et je fais des rencontres lors de documentations, de gens qui ont un lien avec ce que j'ai envie de raconter. Alors là, ils m'accueillent chez eux, ils me racontent l'histoire de leurs parents ou de leurs grands-parents. Et là je trouve des pépites, et je vérifie à chaque fois que la vérité dépasse la fiction.
Philippe Chauveau : Et d'ailleurs à la fin de vos ouvrages, il y a toujours quelques pages de remerciements pour expliquer quels ont été ses rencontres que vous avez pu faire et qui vous ont aidé dans vos démarches. Bien sûr il y a la plume romanesque, il y a ces sagas que vous proposez aux lecteurs, il y a cette véracité historique, et puis ce sont quasiment toujours de grands portraits de femmes. Là c'est le cas aujourd'hui encore avec cette héroïne : Alice Clifford. Des femmes qui à chaque fois doivent se battre, doivent lutter face aux vents de l'Hisoitres qui leur fait face. Il y a une sorte de mlilitantisme dans ces personnalités que vous donnez à vons héroïnes, c'est aussi pour vous une façon de revendiquer la difficulté d'être une femme ?
Theresa Révay : Je ne pars pas du principe que je veux raconter l'histoire d'une héroïne ou d'une femme forte. C'est que je pars souvent de l'idée de raconter l'histoire d'une famille, par exemple les russes blancs, or les hommes étaient souvent à la guerre ou étaient morts, les femmes se retrouvaient alors en effet à jouer un rôle, notamment depuis la première guerre mondiale où elles tenaient les familles. Sinon c'est un roman qui se passe au front où les hommes sont au combat.
Philippe Chauveau : Parce que dans Dernier été à Mayfair, ce sont les suffragettes.
Theresa Révay ; Ce sont les suffragettes parce que là c'est vrai que c'était un élément important de l'époque, et surtout de ces familles aristocratiques britanniques. Je n'avais pas mesuré à l'époque le rôle et le courage physique qu'avait eu ces femmes. Mais c'est pas un choix délibéré. Et alors, c'est vrai que je trouve que ces femmes ont eu à la fois un courage des mots, un courage physique, un courage intellectuel pour traverser ces épreuves. Et je leur rend hommage mais sans volonté de militantisme, c'est tout simplement la réalité des faits.
Philippe Chauveau : Votre actualité Theresa Révay, « La vie ne dure qu'un instant » et c'est chez Albin Michel.
Theresa Révay
La vie ne danse qu'un instant
Livre 7'12Philippe Chauveau : Dans ce nouveau titre Theresa Revay, nous allons faire connaissance avec une femme de caractère, elle est américaine, elle s'appelle Alice Clifford. Elle a choisi d'être journaliste-reporter. Nous faisons sa connaissance à Rome, en Italie, en 1936. On sait déjà les fameux événements qui vont suivre. D'où vient-elle cette fameuse Alice Clifford ? Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire d'elle un personnage de journaliste-reporter ?
Theresa Révay : Alors j'ai voulu rendre hommage à ces correspondantes de guerre, qui étaient une poignée d'américaines à l'époque, donc des années 30-40. Et donc j'ai créé mon personnage d'Alice à partir de leurs traits de caractère et de ce panache qu'elles avaient. Elles ont dénoncé la montée des totalitarismes, elle l'ont écrit, elles l'ont dit à la radio où il y avait 8 millions d'auditeurs et où elles étaient extrêmement écoutées. Elles avaient tout compris avant tout le monde. Donc cela m'a fait plaisir de mettre Alice en scène, qui le sens de d'écouter et de témoigner, avec un courage et un panache fou.
Philippe Chauveau : Vous parlez de ces correspondantes de guerre qui ont joué un rôle primordial pour faire connaître au monde entier ce qui se passait notamment dans les pays où la dictature s'était imposée. Etait-ce uniquement leur travail d'écriture qui comptait ou est-ce que le fait d'être des femmes leur ouvrait peut être d'autres portes ? Est-ce qu'elles jouaient un peu de cette ambiguité ?
Theresa Révay : Alors, elles ont été très courageuses pendant la guerre d'espagne, parce que si elles étaient arrêtées, elles étaient immédiatement soupçonnées d'espionnage... Elles risquaient presque plus leur peau que leurs confrères masculins et donc le fait d'être une femme leur donnait peut-être une vision plus précise des choses, plus humaine si on veut. Elles avaient une ambition d'homme et un cœur de femme, C'est ce qu'a dit d'ailleurs la toute première correspondante de guerre américaine au 19ème qui était à Rome pendant l'occupation. Elle a dit : « c'est difficile d'avoir une ambition d'homme et un cœur de femme ». Donc ça leur donne une sensibilité évidemment et un regard féminin suyr les événements.
Philippe Chauveau ; Comme dans chacun de vos romans, vos personnages sont confrontés à la grande Histoire. Là nous sommes donc avec Alice à Rome en 1936, Mussolini vient de s'emparer de la Vénitie. On sait bien sûr ce qui se passe en parallèle en Allemagne avec Hitler qui a pris le pouvoir . Et puis les événements vont s'enchaîner. Ca va l'envoyer en Espagne, en Egypte, puis bien sûr c'est une femme, c'est une amoureuse, une grande amoureuse et il y aura notamment ce personnag d'Umberto. Elle va être obligée de faire des choix parfois.
Theresa Révay : Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Donc Alice va tomber amoureuse de Umberto qui est l'un des conseillers du gendre de Mussolini, ce qui me permet de mettre en scène le pouvoir, de montrer la réalité d'un couple qui était extraordinaire : celui qui a épousé la fille ainée de Mussolini, qui est un personnage à part entière et extraordinaire et donc j'aime bien placer mes personnages fictifs dans une réalité historique et avec quelque chose qui a trait aux décideurs, les gens qui sont au plus près du pouvoir. D'où le fait de montrer Mussolini qui était un homme à femmes absolument incroyable, qui culbutait un nombre de filles... Je ne sais pas combien de maîtresses il avait eu dans sa vie... Il recevait des trombes de lettres amoureuses à son palais. Le pouvoir rend très séduisant, ça c'est certain. C'était amusant d'ailleurs de monter cette interview entre Mussolini et Alice où elle s'inquiète quand l'oeil du Duce frise. Mais tout ça est basé sur des réalités, car j'invente pas dans mes romans, je mets en scène des choses qui ont existé. Mais c'est vrai que le fait d'être une femme et une amoureuse fait qu'Alice a du tempérament et elle est parfois attirée par les hommes de l'ombre. Elle a du mal à s'en défendre mais c'est ce qui la rend terriblement humaine.
Philippe Chauveau : Ce qui est passionant aussi, c'est qu'au-delà des événements de la grande Histoire, vous faites régulièrement un focus sur les populations : ce qui se passe pour les Ethiopiens lorsqu'ils sont envahis par l'armée italienne, ce qui se passe également en Egypte à Alexandrie lorsque les troupes fascistes approchent la ville. Et là vous dépeignez très bien les sensations, les ambiances. Vous mettez beaucoup d'importance à parler des petites gens.
Theresa Révay : J'essaie de montrer à travers les gens que l'on croise tous les jours, la réalité historique. Donc il y a certes une envie de montrer les gens du pouvoir, car cela permet de décrypter les événements historiques, mais la guerre touche les gens les plus simples, donc il faut les montrer. Cela donne de la sensibilité au texte et fait que le lecteur doit se sentir impliqué,. Tous ces petits détails crée la tapisserie, et la reconstitution d'une époque et souvent dans des moments dramatiques.
Philippe Chauveau : Vous n'oublierez pas les aventures d'Alice Clifford. Vous avez aimé Henri Troyat, vous avez aimé Ken Follett, vous allez aimer vous lancer dans ce nouveau roman de Theresa Révay « La vie ne danse qu'un instant » aux éditions Albin Michel. Merci beaucoup.