Theresa Révay

Theresa Révay

La vie ne danse qu'un instant

Livre 7'12

Philippe Chauveau : Dans ce nouveau titre Theresa Revay, nous allons faire connaissance avec une femme de caractère, elle est américaine, elle s'appelle Alice Clifford. Elle a choisi d'être journaliste-reporter. Nous faisons sa connaissance à Rome, en Italie, en 1936. On sait déjà les fameux événements qui vont suivre. D'où vient-elle cette fameuse Alice Clifford ? Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire d'elle un personnage de journaliste-reporter ?

Theresa Révay : Alors j'ai voulu rendre hommage à ces correspondantes de guerre, qui étaient une poignée d'américaines à l'époque, donc des années 30-40. Et donc j'ai créé mon personnage d'Alice à partir de leurs traits de caractère et de ce panache qu'elles avaient. Elles ont dénoncé la montée des totalitarismes, elle l'ont écrit, elles l'ont dit à la radio où il y avait 8 millions d'auditeurs et où elles étaient extrêmement écoutées. Elles avaient tout compris avant tout le monde. Donc cela m'a fait plaisir de mettre Alice en scène, qui le sens de d'écouter et de témoigner, avec un courage et un panache fou.

Philippe Chauveau : Vous parlez de ces correspondantes de guerre qui ont joué un rôle primordial pour faire connaître au monde entier ce qui se passait notamment dans les pays où la dictature s'était imposée. Etait-ce uniquement leur travail d'écriture qui comptait ou est-ce que le fait d'être des femmes leur ouvrait peut être d'autres portes ? Est-ce qu'elles jouaient un peu de cette ambiguité ?

Theresa Révay : Alors, elles ont été très courageuses pendant la guerre d'espagne, parce que si elles étaient arrêtées, elles étaient immédiatement soupçonnées d'espionnage... Elles risquaient presque plus leur peau que leurs confrères masculins et donc le fait d'être une femme leur donnait peut-être une vision plus précise des choses, plus humaine si on veut. Elles avaient une ambition d'homme et un cœur de femme, C'est ce qu'a dit d'ailleurs la toute première correspondante de guerre américaine au 19ème qui était à Rome pendant l'occupation. Elle a dit : « c'est difficile d'avoir une ambition d'homme et un cœur de femme ». Donc ça leur donne une sensibilité évidemment et un regard féminin suyr les événements.

Philippe Chauveau ; Comme dans chacun de vos romans, vos personnages sont confrontés à la grande Histoire. Là nous sommes donc avec Alice à Rome en 1936, Mussolini vient de s'emparer de la Vénitie. On sait bien sûr ce qui se passe en parallèle en Allemagne avec Hitler qui a pris le pouvoir . Et puis les événements vont s'enchaîner. Ca va l'envoyer en Espagne, en Egypte, puis bien sûr c'est une femme, c'est une amoureuse, une grande amoureuse et il y aura notamment ce personnag d'Umberto. Elle va être obligée de faire des choix parfois.

Theresa Révay : Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Donc Alice va tomber amoureuse de Umberto qui est l'un des conseillers du gendre de Mussolini, ce qui me permet de mettre en scène le pouvoir, de montrer la réalité d'un couple qui était extraordinaire : celui qui a épousé la fille ainée de Mussolini, qui est un personnage à part entière et extraordinaire et donc j'aime bien placer mes personnages fictifs dans une réalité historique et avec quelque chose qui a trait aux décideurs, les gens qui sont au plus près du pouvoir. D'où le fait de montrer Mussolini qui était un homme à femmes absolument incroyable, qui culbutait un nombre de filles... Je ne sais pas combien de maîtresses il avait eu dans sa vie... Il recevait des trombes de lettres amoureuses à son palais. Le pouvoir rend très séduisant, ça c'est certain. C'était amusant d'ailleurs de monter cette interview entre Mussolini et Alice où elle s'inquiète quand l'oeil du Duce frise. Mais tout ça est basé sur des réalités, car j'invente pas dans mes romans, je mets en scène des choses qui ont existé. Mais c'est vrai que le fait d'être une femme et une amoureuse fait qu'Alice a du tempérament et elle est parfois attirée par les hommes de l'ombre. Elle a du mal à s'en défendre mais c'est ce qui la rend terriblement humaine.

Philippe Chauveau : Ce qui est passionant aussi, c'est qu'au-delà des événements de la grande Histoire, vous faites régulièrement un focus sur les populations : ce qui se passe pour les Ethiopiens lorsqu'ils sont envahis par l'armée italienne, ce qui se passe également en Egypte à Alexandrie lorsque les troupes fascistes approchent la ville. Et là vous dépeignez très bien les sensations, les ambiances. Vous mettez beaucoup d'importance à parler des petites gens.

Theresa Révay : J'essaie de montrer à travers les gens que l'on croise tous les jours, la réalité historique. Donc il y a certes une envie de montrer les gens du pouvoir, car cela permet de décrypter les événements historiques, mais la guerre touche les gens les plus simples, donc il faut les montrer. Cela donne de la sensibilité au texte et fait que le lecteur doit se sentir impliqué,. Tous ces petits détails crée la tapisserie, et la reconstitution d'une époque et souvent dans des moments dramatiques.

Philippe Chauveau : Vous n'oublierez pas les aventures d'Alice Clifford. Vous avez aimé Henri Troyat, vous avez aimé Ken Follett, vous allez aimer vous lancer dans ce nouveau roman de Theresa Révay « La vie ne danse qu'un instant » aux éditions Albin Michel. Merci beaucoup.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • D'origine hongroise par son père, Theresa Révay a suivi des études de lettres avant de devenir traductrice pour des auteurs anglais et allemands. Si l"envie d'écrire était bien présente en elle, il faudra pourtant attendre 2002 pour qu'elle publie son 1er roman « Valentine ou le temps des adieux » qui rencontrera rapidement son public. Passionnée d'histoire, prenant plaisir à effectuer de nombreuses recherches pour faire évoluer ses personnages au plus près de la réalité historique, Theresa Révay s"est spécialisée...Ce parfum rouge de Theresa Révay - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau : Bonjour Theresa Révay !   Theresa Révay : Bonjour   Philippe Chauveau : Votre actualité chez Albin Michel s'appelle : La vie ne danse qu'un instant. Sous ce joli titre se cache un beau portrait de femme que nous allons découvrir ensemble mais j'aimerais que l'on discute un petit peu plus, parce que j'aimerais savoir ce goût de l'écriture. Dans quel état êtes-vous lorsque vous êtes à votre table de travail, lorsque vous imaginez tous ces portraits d'hommes et de femmes que vous placez dans des...Ce parfum rouge de Theresa Révay - Portrait - Suite
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