Entrer dans un livre d’Agnès Ledig, c’est se couper du monde, retrouver l’essentiel, s’interroger sur son propre parcours, imaginer une autre façon de vivre le quotidien.Depuis son premier roman « Marie d’en haut » en 2011, suivi de « Juste avant le bonheur », Agnès Ledig est devenue une auteure majeure, fédérant autour d’elle un public fidèle, sensible à ses histoires contemporaines et à son écriture belle et fluide.Pour son 10ème roman, « Un abri de fortune », elle nous entraine dans les Vosges, là où...
Revivez les grands moments du salon d'Agnès Ledig - Présentation - Suite
PhilippeBonjour Agnès Ledig.
Agnès LedigBonjour.
Philippe"Un abri de fortune". C'est votre nouveau titre, Votre nouveau roman. C'est le neuvième. Je précise roman parce qu'il y a aussi d'autres publications, que ce soit dans l'univers jeunesse ou des essais. Mais donc neuvième roman. Une aventure qui a démarré avec "Marie d'en haut". C'était 2011. Et puis après, "Juste avant le bonheur", entre autres. Il y a tous ces livres qui sont maintenant des best sellers et que l'on retrouve dans de nombreuses bibliothèques. Quel regard...
Revivez les grands moments du salon d'Agnès Ledig - Portrait - Suite
PhilippeDans ce nouveau titre, votre neuvième roman, Agnès Ledig. On va retrouver Capucine et Adrien. Je dis on les retrouve parce que c'est un couple que vous nous aviez déjà présenté dans "La toute petite reine", le titre précédent. Mais si on ne l'a pas lu, c'est pas grave, ça n'a pas d'importance. Et d'ailleurs, vous aimez bien de temps en temps faire réapparaître vos personnages au fil de vos romans; Donc, Capucine et Adrien, ils ont fait le choix d'aller s'installer à la campagne dans les Vosges. Ils ont retapé une...
Revivez les grands moments du salon d'Agnès Ledig - Livre - Suite
Agnès Ledig
Un abri de fortune
Présentation 00'02'20"Entrer dans un livre d’Agnès Ledig, c’est se couper du monde, retrouver l’essentiel, s’interroger sur son propre parcours, imaginer une autre façon de vivre le quotidien.
Depuis son premier roman « Marie d’en haut » en 2011, suivi de « Juste avant le bonheur », Agnès Ledig est devenue une auteure majeure, fédérant autour d’elle un public fidèle, sensible à ses histoires contemporaines et à son écriture belle et fluide.
Pour son 10ème roman, « Un abri de fortune », elle nous entraine dans les Vosges, là où elle-même s’est installée avec sa famille il y a quelques temps.
Là, dans cette nature intacte, Capucine et Adrien, ont reconstruit leurs vies, eux que le destin avait confronté au pire. Nous les avions déjà croisé dans le précédent titre d’Agnès Ledig, « La petite reine » mais précisons-le, ce nouveau roman n’est pas une suite. Ensemble, Capucine et Adrien ont retapé une ancienne ferme, et tout en assurant le travail des champs et l’entretien des bêtes, ils ont fait le choix d’accueillir chez eux des personnes en reconstruction. Tout cela sous le regard de Jean, 90 ans, qui a toujours vécu ici et qui, assis chaque jour sur son banc, assiste avec discrétion aux allers et venues des uns et des autres.
Et voilà Clémence, Rémi et Karine. Ils ne se connaissent pas. Tous les trois sont un peu paumés, ont été brinquebalés par la vie, tentent de masquer les maux qui les taraudent et se retrouvent ainsi dans cette ferme isolée des Vosges pour essayer de redonner un sens à leur existence.
Chacun garde jalousement le secret qui le tenaille jusqu’au jour où un secret encore plus grand va leur permettre de déverrouiller leur mal-être.
Avec sa plume douce, délicate et sensible, Agnès Ledig parvient une fois encore à nous toucher au cœur. Au-delà de cette belle histoire de résilience et d’entraide, dans laquelle des thèmes forts et douloureux sont abordés, elle nous rappelle aussi combien la nature, les gestes simples, l’écoute des autres peuvent nous aider à apaiser nos émotions excessives et nos idées noires. Une leçon de vie et d’espoir que chacun pourra interpréter à sa façon.
« Un abri de fortune » d’Agnès Ledig est publié chez Albin Michel
Agnès Ledig
Un abri de fortune
Portrait 00'07'23"Philippe
Bonjour Agnès Ledig.
Agnès Ledig
Bonjour.
Philippe
"Un abri de fortune". C'est votre nouveau titre, Votre nouveau roman. C'est le neuvième. Je précise roman parce qu'il y a aussi d'autres publications, que ce soit dans l'univers jeunesse ou des essais. Mais donc neuvième roman. Une aventure qui a démarré avec "Marie d'en haut". C'était 2011. Et puis après, "Juste avant le bonheur", entre autres. Il y a tous ces livres qui sont maintenant des best sellers et que l'on retrouve dans de nombreuses bibliothèques. Quel regard portez-vous sur sur ce parcours, sur ce cheminement ?
Agnès Ledig
Un regard heureux de toute façon. Et puis assez émerveillée quand même parce que c'est cette aventure qui m'est un peu tombée dessus sans que je m'y attende plus. Et puis, elle dure. Donc j'en suis vraiment très très heureuse. J'ai abandonné le métier de sage-femme pour me consacrer pleinement à l'écriture et j'ai toujours autant de plaisir à le faire.
Philippe
Vous avez très rapidement fédéré autour de vous un large lectorat, avec des gens fidèles qui viennent vous voir sur les salons avec qui vous communiquez. Comment définiriez-vous cette relation à vos lecteurs et à vos lectrices ?
Agnès Ledig
Elle est très bienveillante. En fait, ça me met en joie parce que je retrouve des lectrices et des lecteurs de salon en salon et donc ça me fait très plaisir. Il y a quelques lectrices-lecteurs avec qui j'ai créé un petit lien supplémentaire parce qu'il y avait des histoires parfois très, très touchante. Et puis, j'apprécie toujours beaucoup ce retour que me font les gens par rapport à la lecture de mes livres et qui me nourrissent aussi beaucoup.
Philippe
Justement, puisque vous avez fait le choix avec votre famille de... pas de vous isoler, le terme est sans doute mal choisi parce que c'est une façon différente...
Agnès Ledig
Aussi, un petit peu, aussi.
Philippe
Mais en tout cas, vous êtes au cœur des Vosges. Lorsque l'on suit votre votre parcours, on sent que la nature est de plus en plus présente dans les sujets que vous abordez. Et votre écriture aussi a évolué. Comment définiriez-vous justement cette transition ? Là encore, ce cheminement dans l'écriture ?
Agnès Ledig
La nature est vitale pour moi et elle l'est autant pour moi que pour l'ensemble de l'humanité. Ça rejoint un petit peu les combats que j'essaie de mener pour sauvegarder ce vivant qu'on est en train de détruire. Et je pense que instinctivement, cette problématique s'intègre aussi à mon écriture. C'est-à-dire que c'est ma seule façon d'avoir un porte-voix pour essayer de réveiller les consciences. Donc oui, inconsciemment, je pense que j'ai envie d'ancrer mes histoires dans ce vivant, dans un décor pour - comme le dit Cyril Dion -, changer le récit. C'est-à-dire que là, ça se passe en lisière de forêt, dans une micro-ferme, en bio. Et ce n'est pas ça l'histoire, mais c'est le décor de l'histoire pour que ça devienne quelque chose de naturel et d'appréciable.
Philippe
Vous définiriez-vous un petit peu comme une lanceuse d'alerte ? Justement, en abordant tous ces sujets d'ordre sur la biodiversité, sur le changement climatique ?
Agnès Ledig
J'aimerais bien, mais au même titre que tant d'autres et il y a des gens qui sont bien plus impliqués encore que moi. Je parlais de Cyril Dion, il y a des activistes, Camille Etienne par exemple, que j'admire beaucoup. Et je soutiens vraiment énormément les jeunes qui s'engagent dans ce combat parce que c'est tellement important. Après, on devrait tous être lanceur d'alerte. En fait, on devrait tous l'être et j'ai la chance d'avoir une certaine notoriété et une visibilité. Eh bien je l'utilise pour ça.
Philippe
Est-ce que c'est une façon peut-être aussi de calmer chez vous une certaine anxiété par rapport à ce monde qui change ?
Agnès Ledig
Bien sûr, on parle beaucoup d'éco-anxiété. Ça commence tristement à devenir un mot un petit peu moqué. Je suis éco-anxieuse au même titre que la plupart des jeunes générations. Parfois, on sépare les boomers et les jeunes. Je me mets plutôt du côté des jeunes parce que même si moi, ma vie, elle est... bah je suis encore jeune. Mais si ma vie est un petit peu derrière, je pense à mes enfants. Je pense à tous les autres enfants qui... En plus l'ancienne sage femme que je suis. Quand j'exerçais, j'avais beaucoup de bonheur à accueillir ces bébés. Là, aujourd'hui, je me dis heureusement que je ne suis plus sage-femme parce que je pense que j'aurais de l'inquiétude. C'est pas normal. Donc vraiment, je me mets plutôt... Ça m'énerve beaucoup les personnes un petit peu plus âgées qui disent : "oh, de toute façon, c'est fichu" ou "de toute façon on en a rien à faire". Mince. Ça c'est, Je crois qu'il y a un proverbe indien des Indiens d'Amérique... Je ne ne saurais plus le redire mais qui dit que : "la terre ne nous appartient pas. Elle appartient aux générations futures, qu'on n'a pas le droit de faire tout ça". Voilà. Faut pas me broncher sur ce sujet parce que je peux partir dans des longue tirade,. Mais c'est vraiment important d'ouvrir les consciences et l'écriture - comme d'autres possibilités artistiques, comme la peinture, comme la musique - sont importantes pour ouvrir les consciences.
Philippe
Alors justement, on rappelle que vous êtes entrée en écriture suite à un événement familial qui vous a touché de près. Et puis après, vous avez eu envie d'aborder des sujets thématiques, des sujets sociétaux qui peuvent nous toucher aussi les uns les autres. Et puis, au fil de l'eau, c'est la nature qui a été de plus en plus prégnante dans vos histoires. Ça veut dire que vous vous sentez... Aller, je vais employer un mot énorme, est-ce que vous vous sentez investie d'une "mission" aujourd'hui en écriture, en voulant interpeller nos consciences ?
Agnès Ledig
D'une mission je ne sais pas, mais une responsabilité, oui, ça c'est sûr. Je pense qu'on est tous responsables quand on est auteur de ce qu'on écrit et de ce que ça peut changer. Responsable dans le bon sens par rapport aux violences conjugales, par exemple. Plusieurs femmes ont déjà dit : "vous m'avez sauvé la vie". C'est énorme de se dire ce que j'écris va permettre de réfléchir à sa propre vie . Et j'ai encore eu un message très récent, merveilleux, d'une femme qui disait que : "ça fait 40 ans qu'elle essaye de sortir d'un deuil et que c'est la lecture de "La toute petite reine", le précédent, qui a transformé sa vie. Donc c'est une belle responsabilité et quand j'embrasse des sujets de société, oui, je prends cette responsabilité là. Là, en l'occurrence, dans "Un abri de fortune", c'est aussi les violences conjugales. Je prends cette responsabilité de secouer les consciences.
Philippe
Votre actualité, Agnès Ledig, c'est votre nouveau titre chez Albin Michel "Un abri de fortune".
Agnès Ledig
Un abri de fortune
Livre 00'08'40"Philippe
Dans ce nouveau titre, votre neuvième roman, Agnès Ledig. On va retrouver Capucine et Adrien. Je dis on les retrouve parce que c'est un couple que vous nous aviez déjà présenté dans "La toute petite reine", le titre précédent. Mais si on ne l'a pas lu, c'est pas grave, ça n'a pas d'importance. Et d'ailleurs, vous aimez bien de temps en temps faire réapparaître vos personnages au fil de vos romans; Donc, Capucine et Adrien, ils ont fait le choix d'aller s'installer à la campagne dans les Vosges. Ils ont retapé une ferme, ils s'occupent des champs, ils s'occupent des animaux. Et puis, surtout, ils ont envie d'ouvrir leurs portes à ceux qui sont cabossés par la vie. C'est la définition finalement du quotidien de Capucine et Adrien ?
Agnès Ledig
C'est ça, vous avez tout dit.
Philippe
Ce couple, comment est-il arrivé dans l'esprit, dans l'imagination que vous avez ?
Agnès Ledig
Alors ça, ça vient de "La toute petite reine". C'est toujours difficile pour moi d'expliquer d'où viennent les idées parce que je ne sais pas. Je pense que j'ai tendance à dire que je suis une hypersensible "tour de contrôle", donc je capte tout, tout le temps. Très fatiguant, mais c'est riche aussi. Et donc je pense que j'ai une espèce d'énorme stock au fond de moi, de personnes, de situations, d'expériences. Et à un moment donné, il y a quelque chose qui jaillit et qui va me donner envie d'en faire une histoire.
Philippe
Vous mettez tout ça dans un shaker, vous secouez...
Agnès Ledig
Voilà.
Philippe
Et vous avez les personnages qui arrivent.
Agnès Ledig
J'utilise rarement des personnes de la vraie vie. Là, il y a juste Rémy où je me suis pas mal inspiré avec l'accord de la personne d'un ami que je connais.
Philippe
Ce qui est intéressant, c'est que Capucine et Adrien ressemblent un peu au couple que vous formez avec votre époux, que vous même vous avez fait le choix d'aller vous installer dans les Vosges. Donc ils ont fait ce choix là, Capucine et Adrien. Et puis ils ont fait savoir dans des institutions, dans des hôpitaux, auprès de professionnels de santé, qu'ils pouvaient accueillir des gens cabossés par la vie. Et c'est comme ça qu'arrive Clémence, qu'arrive Karine, qu'arrive Rémi. Trois cabossés de la vie. Et je le dis, il n'y a pas de préjugés derrière ce terme. Ils ne se connaissent pas ces trois là. Ils ont tous les trois des failles, des fêlures, des mots qu'ils essayent de cacher. Ils trimballent un peu leurs casseroles et puis vont essayer de se reconstruire. Alors là encore, on ne va pas trahir leur secret. Mais comment fait-on cohabiter trois personnages qui ne se connaissent pas avec autant de casseroles.
Agnès Ledig
Alors, dans la vraie vie, on pourrait se dire : " C'est un pari, c'est pas évident". Et peut être que ça ne va pas marcher. L'avantage de l'auteur, c'est qu'il choisit ce qu'il écrit comme histoire. Et donc j'ai décidé que ça allait fonctionner. Alors ce n'est pas facile tout de suite. Il y a des frottements, un petit peu au début et en cours de route, d'ailleurs, parce que ce serait trop beau.
Philippe
Entre Clémence et Karine, parce qu'il y en a une qui est très renfermée et l'autre qui est plutôt extravertie.
Agnès Ledig
Oui. Et puis il y a des notions aussi, un petit peu de... Je vais dire de séduction au sens large, pas forcément de sens amoureux, mais ils ont tous besoin de se sentir aimé, respecté, surtout vu leurs antécédents. Mais ce que j'avais envie de montrer, c'est qu'on peut venir d'horizons différents, on peut avoir des caractères différents. En fait, c'est le projet, le contexte et le décor et le vivant - puisque le décor, c'est le vivant - qui va les rassembler. C'est-à-dire qu'à un moment donné, ils vont faire les foins. Et il y a une notion d'urgence, parce...
Philippe
Parce qu'il y a l'orage qui arrive.
Agnès Ledig
L'orage arrive. Et ça, je l'ai vécu depuis toute petite, on faisait les foins chez ma marraine parce qu'ils avaient des chevaux. Maintenant, mon mari agriculteur, voilà, c'est quelque chose que je connais. Vraiment, c'est très fédérateur et je voulais montrer à quel point la nature et le travail de la nature pour se nourrir peut être fédérateur entre les humains. Et on laisse de côté ses soucis, ses préoccupations, son caractère, son ressentiment, etc. Et on y va. Et je trouve ça tellement magique dans la vraie vue que j'avais envie d'en faire un roman.
Philippe
Alors il y a ces cinq personnages, Capucine et Adrien, qui accueillent nos trois cabossés de la vie. Ils vont apprendre à se connaître, ils vont essayer de se reconstruire au contact de la nature. Et puis, il y a aussi le lien intergénérationnel qui est souvent présent dans vos romans. Et là, il est présent par le personnage de Jean qui a un peu plus de 90 ans. On l'avait déjà croisé lui aussi dans le précédent titre. C'est l'observateur, c'est un peu le vieux sage. Il s'assoit sur le banc, le banc qui est un petit peu en hauteur. Et puis il observe un peu tout ce monde. Il n'en pense pas moins, mais il est toujours très important, Jean.
Agnès Ledig
Oui, alors c'est aussi la tour de contrôle.
Philippe
C'est aussi une tour de contrôle ?
Agnès Ledig
Il regarde tout ce qui se passe. Et puis c'est un peu mon trait d'union dans le roman, c'est-à-dire que il sait pas trop ce qui se dit, mais il voit les choses. Et puis il reçoit chaque personnage, l'un après l'autre et il va être le trait d'union sans trop en dire, mais en sachant un certain nombre de choses. Et puis, juste avec une question, juste à écouter les personnes qui viennent se confier à lui, eh bien, il va faire avancer le chemin de chacun. Et il a ses secrets aussi. On n'en parle pas, mais lui aussi, il avance sur son chemin. Et j'aimais bien l'idée d'avoir un vieux sage comme ça, qui a cette importance de trait d'union entre les différents personnages. Et puis il est simple, en fait.
Philippe
Il est simple, et puis il est heureux de voir sa compagnie revivre.
Agnès Ledig
Ouais et être protégé aussi, entretenu, protégé. Et puis cette histoire avec son...
Philippe
Alors il y a cette histoire...
Agnès Ledig
Avec Mathilde...
Philippe
Justement, il y a cette histoire avec Mathilde Parce que Jean a des secrets. Et des secrets, il y en a parce qu'il y a un moment où on va faire une découverte. Il va y avoir des pierres avec des inscriptions et on va se demander un peu ce que c'est. Et c'est vrai que tous nos personnages vont se mettre à gratter la terre pour en savoir un peu plus. Ça, c'est le petit bonus de votre histoire. C'est qu'il y a cette intrigue qui va nous permettre de revenir aussi à des temps plus anciens. Dans quel état d'esprit étiez-vous lors de l'écriture de ce roman qui, je le disais, est un peu différent des autres parce que vous avez des sujets sociétaux. Puis, vous parlez aussi beaucoup de la nature. Donc, dans quel état d'esprit étiez- vous ?
Agnès Ledig
Bah, j'étais baignée dans le lieu parce que j'ai un petit peu changé les noms. Mais ça ressemble un peu à chez nous. Et l'intrigue, en fait, elle vient du fait que on a un coin de forêt - parce qu'on a cinq hectares de terrain pour la ferme - et on a un coin de forêt. Et puis, quand on a acheté il y a trois ans, les anciens propriétaires avaient délimité pour que les chevaux n'aillent pas dans un coin de broussailles. Puis, un jour, j'ai dit à mon mari : "Ecoute, faut quand même qu'on voit pourquoi c'est délimité, qu'est ce qu'il y a à là sous ce tat de broussailles." Donc on dégage, on dégage, on dégage et on trouve cette construction en pierre avec des marches qui descendent dans la terre. Et donc j'ai un esprit très curieux. Donc évidemment j'avais envie de creuser et on a juste trouvé de l'eau dans la vraie vie. Mais moi, dans ma tête, c'est bon, j'avais un début d'histoire et c'est parti de là.
Philippe
Tous ces personnages que vous inventez au fil des romans. Et là, par exemple, ceux qui sont présents dans ce livre, que deviennent-t-ils ?
Agnès Ledig
Bah, ils sont là au fond de moi.
Philippe
Vous avez du mal à les quitter ?
Agnès Ledig
Je ne les quitte pas, ils sont là, au fond de moi. Et c'est peut-être aussi pour ça que j'ai envie un petit peu de les trimbaler d'un roman à l'autre. Mais ils sont tous là, au fond de moi, et ça commence à faire du monde. Mais j'y suis très attachée comme cjjertains lecteurs me disent quand ils ont fini la lecture, ils sont déçus parce qu'ils referment le livre en me disant : "J'ai l'impression d'avoir perdu des amis". Et moi je les garde un peu, pas tous hein. Mais il y a un certain nombre de personnages qui sont quand même assez, pas idéaux, mais beaux au sens humain du terme. Et je suis très bien entourée dans la vraie vie, mais je rajoute encore des beaux personnages, je pense, pour compenser la noirceur de ce monde un peu triste.
Philippe
Et nous, en tant que lecteur, on les garde aussi précieusement en mémoire, ces personnages. Voilà un roman de vie et d'espoir. Vous allez rire, vous allez pleurer. Et puis surtout, vous allez adorer la nouvelle histoire d'Agnès Ledig. Ça s'appelle "Un abri de fortune". Vous êtes publiées, Agnès, aux éditions Albin Michel. Merci beaucoup.
Agnès Ledig
Merci à vous.