Quel point commun y-t-il entre le métier de chirurgien-dentiste et l’activité de romancière ? Réponse : Sophie Henrionnet qui a troqué la fraise et la pince dentaires au clavier d’ordinateur et au stylo.
Après le lycée, elle avait pourtant hésité à suivre des études littéraires. Mais la jeune femme avait finalement choisi la sécurité, s’engageant dans des années de médecine avant de s’occuper des sourires les plus récalcitrants.
Pourtant, par son goût de la lecture et de son envie d’évasion, Sophie...
Sur les balcons du ciel de Sophie Henrionnet - Présentation - Suite
Philippe Chauveau
Bonjour Sophie Henrionnet.
Sophie Henrionnet
Bonjour Philippe.
Philippe Chauveau
Vous publiez aux Éditions du Rocher, ce qui est aujourd'hui votre sixième livre, mais votre cinquième roman en littérature générale Sur les balcons du ciel. Avec cette belle couverture, on va revenir, bien sûr, sur ce roman. J'aimerais avant tout savoir comment passe-t-on du métier de chirurgien-dentiste au statut d'auteur, de romancière ?
Sophie Henrionnet
Eh bien écoutez, on espère. C'est un rêve qui s'est réalisé. J'ai...
Sur les balcons du ciel de Sophie Henrionnet - Portrait - Suite
Philippe ChauveauSophie Henrionnet, dans ce nouveau livre, ce qui est votre cinquième roman en littérature générale, vous nous emmenez sur les toits de Paris, Sur les balcons du ciel en l'occurrence. C'est vrai que la couverture, en plus, est très belle. Nous allons faire connaissance avec deux personnages. Tout d'abord, Vadim, Vadim est un jeune garçon d'aujourd'hui qui a perdu son père dans des conditions tragiques que l'on découvre au fil des pages. Qui est-il cet adolescent ?
Sophie HenrionnetAlors cet adolescent a perdu son...
Sur les balcons du ciel de Sophie Henrionnet - Livre - Suite
Sophie Henrionnet
Sur les balcons du ciel
Présentation 00'02'28"Quel point commun y-t-il entre le métier de chirurgien-dentiste et l’activité de romancière ? Réponse : Sophie Henrionnet qui a troqué la fraise et la pince dentaires au clavier d’ordinateur et au stylo.
Après le lycée, elle avait pourtant hésité à suivre des études littéraires. Mais la jeune femme avait finalement choisi la sécurité, s’engageant dans des années de médecine avant de s’occuper des sourires les plus récalcitrants.
Pourtant, par son goût de la lecture et de son envie d’évasion, Sophie Henrionnet se décide à prendre la plume. A la naissance de fille, elle concrétise son projet et publie « Drôle de karma » en 2014, optant pour ce que l’on appelle communément la chick-lit, la littérature de poulettes, des livres couvertures bien sucrées alliant humour, suspense et romance. Le succès est au rendez-vous et la romancière enchaine avec d’autres titres dans la même veine, « Tout est sous contrôle » et « Qui veut la peau d’Anna C. ». Mais Sophie Henrionnet ne veut surtout pas qu’on l’enferme dans un genre. Avec « Vous prendrez bien un dessert », elle avait déjà montré sa capacité à avoir une écriture plus acide, racontant une histoire de famille drôle et cruelle. Concrétisant aussi son goût pour le dessin et le scénario, on lui doit également « Et puis Colette », une jolie histoire de résilience entre une célibataire de 30 ans et une gamine de 7 ans, ouvrage pour lequel elle a collaboré avec l’illustratrice Mathou.
Délaissant les fameux feel good books, Sophie Henrionnet poursuit dans cette ligne douce-amère avec ce nouveau titre « Sur les balcons du ciel ». Vadim est un ado qui se remet difficilement de la mort brutale de son père. Quant à Alma, une femme d’une trentaine d’années, elle se cabosse avec la vie, s’empêtrant dans des histoires sentimentales qui la font souffrir.
Ces deux solitudes vont de rencontrer, s’apprivoiser, se heurter, se reconstruire dans un monde qui leur semble étranger.
Avec une habile construction stylistique, alternant le langage de la rue à la poésie des mots, Sophie Henrionnet nous offre un joli roman empreint d’émotion et de mélancolie qui pourrait avoir à vocation à passer de mains en mains dans les familles. On y parle de l’adolescence, du deuil, de la relation amoureuse, de la difficulté d’être parents, de la place à prendre dans la société.
Un roman touchant et tendrement mélancolique, comme un soleil couchant.
« Sur les balcons du ciel » de Sophie Henrionnet est publié aux éditions du Rocher.
Sophie Henrionnet
Sur les balcons du ciel
Portrait 00'06'39"Philippe Chauveau
Bonjour Sophie Henrionnet.
Sophie Henrionnet
Bonjour Philippe.
Philippe Chauveau
Vous publiez aux Éditions du Rocher, ce qui est aujourd'hui votre sixième livre, mais votre cinquième roman en littérature générale Sur les balcons du ciel. Avec cette belle couverture, on va revenir, bien sûr, sur ce roman. J'aimerais avant tout savoir comment passe-t-on du métier de chirurgien-dentiste au statut d'auteur, de romancière ?
Sophie Henrionnet
Eh bien écoutez, on espère. C'est un rêve qui s'est réalisé. J'ai toujours été une grande lectrice et pour moi, les vraies stars, ce sont les auteurs qui nous plongent directement dans des univers divers et variés. Je me suis essayée au tout départ avec le manuscrit de Drôle de Karma ! qui était mon premier roman, un peu par hasard, sans savoir où j'allais.
Philippe Chauveau
Vous étiez encore en activité médicale à ce moment là.
Sophie Henrionnet
Oui, j'étais encore en activité et j'ai tenté en fait, lors d'un appel à manuscrit, de débuter un roman et d'aller jusqu'à une fin et avec une histoire qui tienne la route. C'était vraiment un essai.
Philippe Chauveau
Si je remonte un peu plus le fil du temps, il y a eu un moment où vous avez dû faire un choix entre des études littéraires, des études médicales. Vous avez choisi chirurgien-dentiste ?
Sophie Henrionnet
Oui, j'ai choisi les études médicales. En fait, arrivée en lycée, j'ai suivi finalement ce qu'on m'avait indiqué, c'est-à-dire les filières scientifiques, sans trop me poser de questions. C'est vrai qu'on entend toujours que quand on choisit ce type de filière, toutes les portes reste ouvertes. Donc, je ne me suis pas posé de questions en me disant que vraiment, ce n'était même pas une éventualité. Je ne me voyais pas écrire un jour, mais toujours quand même contrariée, avec finalement, les meilleures notes dans les matières littéraires, ça, c'est certain.
Philippe Chauveau
Est-ce que ça veut dire que lorsqu'il y a eu ces études, la littérature était quand même très présente ?
Sophie Henrionnet
Oui.
Philippe Chauveau
Est-ce que vous écriviez quand même, ne serait ce qu'une sorte de journal intime ?
Sophie Henrionnet
Alors j'écrivais assez peu. Pas mal de lettres, des choses comme ça. Mais donc j'ai toujours aimé l'écrit, mais je lisais surtout. Vraiment une lectrice compulsive.
Philippe Chauveau
Quel genre de littérature ?
Sophie Henrionnet
Alors un peu, vraiment de tout. J'ai un papa qui est un grand lecteur, qui écrit aussi. Et donc vraiment, je suis tombée dedans quand j'étais petite et vraiment avec beaucoup de classiques : Flaubert, Zola. J'ai vraiment une école très, très classique. Et puis ensuite, Romain Gary. Puis ensuite des romans contemporains mais aussi bien des BD aussi, des romans graphiques, des romans jeunesse, vraiment très, très éclectiques. On va dire un choix très varié.
Philippe Chauveau
Vous nous l'avez laissé entendre. Vous étiez encore en activité en tant que chirurgien dentiste lorsque vous avez commencé l'écriture de ce qui était votre premier roman, Drôle de Karma ! On est en 2014, 2015 ?
Sophie Henrionnet
En 2013, c'était la naissance de la fille. Je me souviens très précisément quasiment du jour où je me suis lancée dans cette aventure.
Philippe Chauveau
C'est vrai qu'avec ce premier titre, et puis ensuite, avec les rencontres avec d'autres auteurs avec lesquels vous avez monté un collectif, on vous a cataloguée dans ce que l'on appelle communément, vous avez employé le terme, dans la chick lit, la littérature de poulettes, c'est-à-dire ces livres qui font du bien et qui parfois sont un peu sirupeux, qui sont un peu guimauves. Ça a été un choix. Mais avez-vous eu peur d'être enfermée dans cette catégorie ?
Sophie Henrionnet
Alors peur, c'est peut-être un peu fort, mais je ne voulais pas que l'écriture se résume à ça, me concernant, parce que j'avais vraiment envie d'histoires plus en demi-teinte, avec peut-être aussi d'améliorer, de creuser le style, de trouver mon style. Et au fil des comédies... Parce que finalement, mes romans en chick lit, ce sont plutôt des comédies policières. Donc, il n'y a pas trop l'aspect romance, mais au niveau du ton, c'est exactement ça. J'ai trois romans qui sont vraiment goût là dirons-nous, mais je ne voulais pas être enfermée dans la comédie. Je ne voulais pas faire que rire. J'avais envie de creuser justement les travers sociaux de mes contemporains et les miens au passage. Donc, je ne voulais pas. J'ai eu un peu peur à un passage, de sortir une comédie par an et de ne plus pouvoir explorer d'autres domaines. Et c'est vrai que dans mon deuxième roman, Vous prendrez bien un dessert, où je sortais un du chemin, et là, j'avais vraiment envie, donc, avec Sur les balcons du ciel, de vraiment trouver mon style et de creuser mon sillon.
Philippe Chauveau
En 2018, vous faites aussi le choix de toucher un autre univers puisqu'avec une illustratrice, Mathou, vous publiez Et puis Colette. Pourquoi cette envie de mettre un pied dans cet univers du dessin, d'illustration ?
Sophie Henrionnet
Tout d'abord parce que c'était encore une aire de jeu à exploiter. Et puis, un autre exercice de style, vraiment, avec le scénario de bande dessinée, de roman graphique. C'était chercher le mot juste, la formule qui transmet tout de suite une émotion, c'est quasiment que du dialogue. Il faut quasiment qu'en deux pages, on ait compris une atmosphère, que le dessinateur puisse s'approprier aussi en une phrase, en mettant les yeux un peu comme-ci ou la bouche un peu comme ça, qu'on transmette tout de suite, parce que c'est très rapide, un roman graphique, même si c'est beaucoup de travail. C'est 200 pages et toute une histoire à raconter. Une histoire qui en roman en ferait 400 bien pleines, donc c'était aussi un style très différent. J'ai l'impression d'être dans un parc d'attraction et de pouvoir faire un peu de tout. Donc, si on me laisse l'opportunité, j'y vais quoi.
Philippe Chauveau
Avez-vous l'impression qu'il y a eu Sophie Henrionnet, chirurgien-dentiste, et aujourd'hui Sophie Henrionnet, romancière ? Est-ce la même femme ? Ou avez-vous l'impression qu'il y a deux vies bien distinctes.
Sophie Henrionnet
Il y a quand même deux vies bien distinctes, on ne va pas se mentir. C'est ouvrir son esprit aussi à d'autres sensibilités. Et puis, finalement, on est quand même encore plus une éponge quand on est auteur. Je vous avouerais que dans toutes les scènes du quotidien, cent fois par jour, on se dit "Tiens, ça, c'est étonnant, cette façon de voir les choses étonnantes, je le ressortirai", et même quand on ne pense pas piquer des idées à droite, à gauche, on le ressort, on le retranscrit à un moment donné. Donc oui, c'est une façon de voir la vie différemment. C'est certain.
Philippe Chauveau
En tous cas, on vous souhaite un joli parcours. Votre actualité, Sophie Henrionnet, Sur les balcons du ciel, aux Éditions du Rocher.
Sophie Henrionnet
Sur les balcons du ciel
Livre 00'06'02"Philippe Chauveau
Sophie Henrionnet, dans ce nouveau livre, ce qui est votre cinquième roman en littérature générale, vous nous emmenez sur les toits de Paris, Sur les balcons du ciel en l'occurrence. C'est vrai que la couverture, en plus, est très belle. Nous allons faire connaissance avec deux personnages. Tout d'abord, Vadim, Vadim est un jeune garçon d'aujourd'hui qui a perdu son père dans des conditions tragiques que l'on découvre au fil des pages. Qui est-il cet adolescent ?
Sophie Henrionnet
Alors cet adolescent a perdu son père quelques années auparavant dans des circonstances dramatiques.
Philippe Chauveau
Il avait dix ans à peu près.
Sophie Henrionnet
Il avait dix ans exactement, et dans des circonstances, sans citer le Bataclan, c'est pour s'inspirer en fait clairement de ces moments tragiques. Et j'avais envie d'être vraiment en immersion dans l'esprit d'un adolescent qui est en perdition, mais qui se raccroche quand même, qui tente de se raccrocher en tout cas à tous les espoirs qui passent par là.
Philippe Chauveau
Je précise qu'il a une longue relation familiale plutôt sereine. Sa mère a refait sa vie avec un homme qui est tout à fait charmant avec son beau fils. Il s'entend très bien aussi avec son petit frère. Tout le décor, toute la cellule familiale est là, mais il n'empêche qu'il a ses failles et ses blessures et il va mal.
Sophie Henrionnet
Il va mal. Et puis, il n'arrive pas à faire le deuil de son père. Et j'avais envie d'explorer vraiment ce qu'il se passait dans un esprit adolescent qui est en lutte contre l'univers tout entier et à la fois, qui cherche quand même une solution parce qu'il n'est pas démissionnaire non plus. Il tente de se raccrocher un peu à ce qu'il peut et j'avais très envie pour tout vous dire en écrivant le personnage de Vadim de tenter l'écriture de l'oralité, vraiment envie de faire le point de vue d'un adolescent comme si on était en caméra GoPro.
Philippe Chauveau
Justement, c'est ce qui est intéressant, c'est que le livre est découpé en plusieurs chapitres. Un chapitre consacré à Vadim succède à un chapitre consacré à Alma. Pour Alma, c'est à la troisième personne avec un narrateur, alors que pour Vadim, c'est lui qui s'exprime avec le langage des jeunes de son époque. Parlons justement d'Alma. Alors Alma n'a pas le même âge. Elle est un peu plus âgée, même plus âgée que Vadim et elle aussi, elle est un peu cabossée par la vie, mais différemment. Qui est-elle alors Alma ?
Sophie Henrionnet
Alma, c'est une trentenaire qui cherche désespérément l'amour et qui ne regarde pas là où il faut tout simplement et qui n'arrive pas à faire un deuil aussi. C'est vraiment deux deuils parallèles, des trajectoires qui vont se télescoper et son souci, c'est qu'elle s'acharne. Elle se raccroche à un homme qui ne veut pas d'elle.
Philippe Chauveau
On ne va pas dévoiler dans quelles circonstances ces deux personnages se rencontrent. Je précise quand même que Vadim, avec sa mère et son beau père et son petit frère, ils vivent dans un immeuble, etc. Et que Vadim a pris l'habitude d'aller traîner un peu sur les toits de Paris, la canopée de la ville. D'où cette couverture et d'où le titre Sur les balcons du ciel. C'est un sentiment de liberté ? Que va-t-il chercher ou qui va-t-il rechercher sur ses toits Vadim ?
Sophie Henrionnet
Alors, il va recherche, tout à fait, c'est ça, c'est vraiment la liberté. Et puis, un échappatoire. Le plus haut possible qu'il puisse aller. Et puis, il cherche aussi sans doute, des réponses dans les étoiles on va dire, parce que je fais un fil conducteur aussi avec La nuit étoilée de Van Gogh pour joindre les deux personnages, et il cherche des réponses qu'il ne trouve pas. Il est en quête de réponses.
Philippe Chauveau
On l'a dit, il y a deux constructions dans le roman. Il y a Vadim qui s'exprime à la première personne. Il y a Alma, avec un narrateur qui parle d'elle à la troisième personne. Comment s'est faite la construction ? Etait-ce une évidence dès le départ ? Sont-ce les personnages qui se sont imposés à vous de cette façon là. Et là encore, on sent qu'il y a une évolution dans votre travail, dans votre travail d'écriture. Comment s'est fait la genèse du style du livre ?
Sophie Henrionnet
Alors j'ai commencé par Vadim. S'est directement imposée l'oralité. C'est un peu la magie de l'écriture. C'est que l'histoire se trace un peu toute seule. C'est un texte que j'avais écrit en forme de catharsis post Bataclan on va dire, les premiers chapitres de Vadim, et tout de suite, il s'est imposé que si j'avais deux personnages et que je voulais mettre peu de dialogues et si je voulais alterner les scènes pour les faire se rencontrer au milieu du roman, eh bien, il fallait qu'il y ait vraiment une distinction de par le langage employé, de par la tonalité, et puis, oui, les effets de style. Parce que finalement, j'ai essayé de mettre un peu plus de poésie dans Alma. Parce qu'on avait donc un narrateur externe. Ça me permettait d'utiliser des néologismes. Je me suis enlevée tous les filtres justement que je m'étais mis auparavant dans les comédies.
Philippe Chauveau
Vous faites le choix de titrer ce roman Sur les balcons du ciel et vous mettez Baudelaire en exergue du roman. Pourquoi ? Pourquoi ce clin d'œil ? Pourquoi cette envie ?
Sophie Henrionnet
Alors, j'avais vraiment très envie d'utiliser une phrase de poésie. Quoi de mieux que d'aller s'inspirer directement des grands poètes ? Et puis, vraiment, en tombant sur ce poème, ça s'est imposé complètement. Et c'est vrai que tout a été une succession d'évidences, autant pour la couverture que pour le titre. Ca tombait sous le sens.
Philippe Chauveau
En tout cas, voilà un roman très réussi, un joli roman, une jolie histoire douce amère avec deux personnages que vous avez longtemps garder en mémoire Alma et Vadim. Et puis, une belle poésie aussi, dans cette écriture que je vous invite vivement à découvrir. Sophie Henrionnet, c'est votre actualité, ça s'appelle Sur les balcons du ciel. Vous êtes publiée aux Éditions du Rocher. Merci beaucoup.
Sophie Henrionnet
Merci beaucoup.