Nicolas d’Estienne d’Orves est une sorte de zébulon dans le milieu littéraire, un touche à tout qui sait vous entrainer dans ses enthousiasmes. Ses passions sont nombreuses. Au premier chef, il y a la musique, la grande musique et spécialement l’opéra. Il est d’ailleurs chroniqueur et critique pour France Musique, Le Figaro ou le magazine Classica. De l’opéra à l’opérette, il n’y a qu’un pas et on ne s’étonnera pas donc pas qu’en 2010, Nicolas d’Estienne d’Orves publie une passionnante biographie de...
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Philippe Chauveau :
Bonjour Nicolas d'Estienne d'Orves.
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Votre actualité chez Calmann Levy, « Marrhe ou les beaux mensonges », voilà un livre qui prend place dans une bibliographie déjà assez conséquente. J'ai l'impression que vous êtes un touche-à-tout. Il y a des récits, il y a des romans, il y a des romans d'anticipation, il y a des biographies, on se rappelle de celle consacrée à Jacques Offenbach. Si vous deviez définir votre travail d'auteur, que...
Arletty, un coeur libre de Nicolas d'Estienne d'Orves - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Voici votre nouveau titre Nicolas d'Estienne d'Orves, « Marthe ou les beaux mensonges » avec ce visage de Marthe Richard. Cette femme, on la connait, elle fait partie de notre histoire française, c’est la loi de 1946, la fermeture des maisons closes. Marthe Richard c'est un nom et c'est aussi, peut-être, une image faussée, on ne sait pas vraiment qui est Marthe Richard. C'est à ce destin que vous avez eu envie de vous attaquer sous une forme un peu surprenante puisque vous écrivez à la première personne....
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Nicolas d'Estienne d'Orves
Marthe ou les beaux mensonges
Présentation 02'03"Nicolas d’Estienne d’Orves est une sorte de zébulon dans le milieu littéraire, un touche à tout qui sait vous entrainer dans ses enthousiasmes. Ses passions sont nombreuses. Au premier chef, il y a la musique, la grande musique et spécialement l’opéra. Il est d’ailleurs chroniqueur et critique pour France Musique, Le Figaro ou le magazine Classica. De l’opéra à l’opérette, il n’y a qu’un pas et on ne s’étonnera pas donc pas qu’en 2010, Nicolas d’Estienne d’Orves publie une passionnante biographie de Jacques Offebanch qui fait depuis référence.
Parisien jusqu’au bour des ongles, il n’aime rien tant que flâner dans les rues de la capitala à qui il a dédié un dictionnaire amoureux et un savoureux petit livre « Petits plaisirs que seul Paris procure ».
Enfin, l’autre passion de Nicolas d’Estienne d’Orves, c’est le roman et l’écriture, une aventure entamée en 2002 avec « Othon ou l’aurore immobile », roman d’anticipation, un genre qu’il retrouve à plusieurs reprises. Mais il y aussi des romans contemporains dans lesquels il fait preuve d’une vraie plume littéraire comme dans « La dévoration ». Quant à l’Histoire, avec un H majuscule, elle sert aussi de décor à certains de ses ouvrages comme dans « Les fidélités successives » ou « La gloire des maudits ».
C’est un personnage de l’Histoire contemporaine que Nicolas d’Estienne d’Orves met en lumière dans son nouveau titre avec « Marthe ou les beaux mensonges ». Ecrit à la première personne, ce récit nous raconte Marthe Richard. Celle qui fit fermer les maisons closes en 1946 eut une vie digne d’un roman. Prostituée, espionne, aviatrice, résistante, collabo, volontiers affabulatrice, qui fut vraiment Marthe Richard. Sans prendre position pour ou contre son personnage, Nicolas d’Estienne d’Orves entre avec jubilation dans les oripeaux de son héroïne et nous raconte ce drôle de destin. Plus largement, quelle que fut la réalité de Marthe Richard, il lui rend sa dignité de femme et gomme quelques zones d’ombre.
« Marthe ou les beaux mensonges » de Nicolas d’Estienne d’Orves est publié chez Calmann Lévy.
Nicolas d'Estienne d'Orves
Marthe ou les beaux mensonges
Portrait 06'34"Philippe Chauveau :
Bonjour Nicolas d'Estienne d'Orves.
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Votre actualité chez Calmann Levy, « Marrhe ou les beaux mensonges », voilà un livre qui prend place dans une bibliographie déjà assez conséquente. J'ai l'impression que vous êtes un touche-à-tout. Il y a des récits, il y a des romans, il y a des romans d'anticipation, il y a des biographies, on se rappelle de celle consacrée à Jacques Offenbach. Si vous deviez définir votre travail d'auteur, que diriez-vous ? Qui êtes-vous Nicolas d'Estienne d'Orves ?
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Vaste question !
Philippe Chauveau :
Savez-vous vous-même ?
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Je suis, peut-être au bon sens du terme, une forme de dilettante, peut-être un touche à tout, peut-être un arlequin, je ne sais pas, surtout avec les couleurs que je porte... J'aime m'amuser ! Pour moi, l'essentiel, c'est de m'amuser. J'aime me surprendre et j'aime m'imposer des défis. Ecrire tous les ans le même livre, du même format, chez le même éditeur, ce que font certains de mes confrères avec beaucoup de talent, moi c'est quelque chose qui m'ennuie. Cela ne veut pas dire que je m'ennuie vite mais j'ai toujours besoin de nouveauté, de découvrir de nouveaux horizons tout en creusant une veine et des thèmes qui sont toujours globalement les mêmes. Pour moi, chaque livre est un nouvel exercice de style mais ce n'est pas non plus de l'artifice. J'ai envie d'essayer, j'ai envie de découvrir, j'ai envie de me surprendre moi-même et de m'amuser.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous dites que vous avez envie de vous surprendre, c'est une façon de vous découvrir ? Vous cherchez à vous connaître peut-être parce que vous ne vous connaissez pas suffisamment ? Vous aimez vous mettre en danger ? Que cachent ces mots ?
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Ecoutez Dr Freud je ne sais pas ce que je peux vous répondre. En fait, j'aime aller ailleurs. Quand on est romancier, on a une vie très vernaculaire, en plus j'aime les îles, les lieux clos, mais j'adore le voyage. Nous sommes tous plein de contradictions… Et donc, chaque livre est un nouveau voyage. Chaque livre est une nouvelle expérience, une nouvelle petite épopée, une nouvelle petite odyssée dans un autre univers avec un autre personnage, dans une autre géographie, dans une autre temporalité. Chaque livre est un nouveau pays que j'explore et le livre, au bout du compte, est le journal de bord de ce voyage que j'ai fait tout seul face à mon ordinateur et mon imagination.
Philippe Chauveau :
Si l'on regarde votre parcours, on voit qu'il y a des fils rouges, il y a des passions. Il y a la musique, l'opéra, c'est aussi votre activité puisque vous êtes critique et chroniqueur notamment dans la presse magazine mais il y a eu aussi la biographie sur Jacques Offenbach chez Actes Sud. Il y a votre amour pour Paris avec ce « Dictionnaire amoureux de Paris » et puis, il y a l'écriture romanesque. Est-ce le même Nicolas d'Estienne d'Orves qui écrit pour la presse, qui écrit des biographies ou des romans ? Est-ce pour vous le même travail ?
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Les livres, c'est le même travail. La presse, c'est autre chose. J'écris sur la musique qui est vraiment ma passion la plus profonde. Je place personnellement la musique au-dessus de la littérature, peut-être parce que je ne la pratique pas, donc je la regarde avec une forme de dévotion. Il y a une partie de ma tête qui est le journaliste critique et une autre partie qui est l'écrivain mais je ne fais pas de différence entre ma biographie de Jacques Offenbach et mes romans ; c'est le même médium, c'est la même passion. Il y a le journaliste et l'écrivain mais dans l'écrivain, je mets tous les livres en vrac, pour moi il n'y a pas vraiment de hiérarchie.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous écrivez ce que l'on peut appeler des romans d'anticipation comme « Othon ou l'aurore immobile » qui fut votre premier titre en 2002, lorsque vous écrivez des romans plus contemporains comme « La dévoration », lorsque vous écrivez à 4 mains avec votre mère, lorsque vous écrivez des romans ou il y a un décor historique comme « La gloire des maudits », vous cherchez à dérouter votre lectorat où, là aussi, c'est votre envie de vous mettre un peu en danger ?
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Non, cela se présente comme ça, je ne cherche pas à dérouter mon lectorat. Ce serait plus tactique d'avoir plus de régularité dans mes inspirations mais je suis comme ça. J'aime alterner des livres différents parce que j'ai envie de me surprendre, j'ai envie de me promener, c'est un tout. Effectivement j'ai beaucoup écrit, c'est mon 27e livre en une petite vingtaine d'années mais c'est ma nature, j'ai un côté un peu boulimique, enthousiaste, et, à chaque fois, j'ai envie d'essayer. Au lieu de tourner autour de la piscine il faut que je saute dedans !
Philippe Chauveau :
Quels sont vos rituels d'écriture ? Y-en-a-t-il d'ailleurs ?
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Oui, des rituels très précis et très ennuyeux, surtout pour les gens qui partagent ma vie. Je me lève à 5h tous les matins, j'écris à mon ordinateur globalement entre 5h et 10h du matin. J'ai besoin que ma conscience s'éveille en même temps que le soleil. On est vraiment en harmonie… Au départ, je suis un peu brumeux, je commence à lancer des phrases, c'est difficile, ça sort mal et petit à petit le jour se fait, le soleil sort, et la conscience est de plus en plus claire et il y a un moment qui dure peut-être une heure ou deux où là, ça marche, l'inspiration est au rendez-vous. Parfois le résultat est très mauvais ensuite mais j'ai besoin de cette harmonie avec, pas le cosmos, mais disons la nature, même si je fais ça en ville.
Philippe Chauveau :
Vous vous êtes défini comme un dilettante mais l'écriture, la publication, c'est aussi une façon de laisser une trace. Vous pensez à cela ? Vous pensez à ce que vont devenir vos livres dans vingt ans ou cinquante ans ?
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Franchement non. Ce qui m'amuse, c'est le livre en cours. Les gens me disent toujours « tel livre que tu as écrit en telle année » mais pour moi c'est du passé. J'ai presque tendance à dire qu'un livre publié est un livre mort.
Philippe Chauveau :
Diriez-vous que l'écriture est pour vous une sorte de rempart ? Une façon d'être bien avec vous-même face au monde qui vous entoure ou pas du tout ?
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Sûrement, on a tous des fantômes, on a tous des angoisses, on a tous des terreurs. L'écriture est un rempart aussi contre une forme de folie ou d'angoisse parce que je suis quelqu'un de naturellement anxieux et j'écris souvent des choses assez épouvantables qui sortent très naturellement de mon imaginaire, parfois je me demande pourquoi et mon entourage s'inquiète... C'est aussi un rempart contre les autres parce que cela permet de se cacher derrière ses livres, à tout point de vue. C'est à dire que je dis aux gens « foutez moi la paix, j'écris » et on me fout une paix royale et j'adore être tranquille.
Philippe Chauveau :
En tout cas, continuez à nous surprendre avec vs ouvrages. Nicolas d'Estienne d'Orves, votre actualité, « Marthe ou les beaux mensonges », vous êtes publié pour ce livre chez Calmann-Levy.
Nicolas d'Estienne d'Orves
Marthe ou les beaux mensonges
Livre 07'47"Philippe Chauveau :
Voici votre nouveau titre Nicolas d'Estienne d'Orves, « Marthe ou les beaux mensonges » avec ce visage de Marthe Richard. Cette femme, on la connait, elle fait partie de notre histoire française, c’est la loi de 1946, la fermeture des maisons closes. Marthe Richard c'est un nom et c'est aussi, peut-être, une image faussée, on ne sait pas vraiment qui est Marthe Richard. C'est à ce destin que vous avez eu envie de vous attaquer sous une forme un peu surprenante puisque vous écrivez à la première personne. Vous enfilez les robes, les manteaux et les chapeaux de Marthe Richard, pourquoi avez-vous eu envie de nous parler d'elle ?
Nicolas d'Estienne d'Orves :
En fait, l’idée est née d'une volonté avec mes camarades de Calmann-Levy qui m'ont dit : « on aimerait que tu nous fasses des biographies historiques, des biographies romancées ». On a déjeuné et on a commencé à lancer des sujets, des personnages. J'écrivais « La gloire des maudits » qui est un roman qui se passe dans les années 50, peu de temps après la fermeture des maisons closes et en écrivant ce roman je m'étais intéressé au personnage de Marthe Richard, que je ne connaissais absolument pas. Comme la plupart des gens, je connaissais la loi de 1946 qui a marqué la fermeture des maisons closes après beaucoup d'années et pas mal de combats de la part de Marthe Richard. J'avais une image un peu sotte et négative de ce personnage qui passait pour une espèce de cul-béni virago, un peu hystérique. En fait, j'ai vaguement regardé et je me suis rendu compte qu'elle avait eu une vie extraordinaire. Quand j'ai dit à mes camarades de Calmann-Levy que cette femme était à la fois prostituée, espionne, femme d'affaire, politicienne, écrivain, qu'elle a fait de la prison, qu'il y a eu des films sur elle de son vivant, on s'est dit « mais quel destin » ! Et j'ai décidé de la sortir de l'ombre… Effectivement, il fallait trouver une ligne de conduite, trouver un ton, et je me suis rendu compte que la façon la plus simple était de me mettre dans sa peau, d'enfiler ses vêtements comme vous avez dit, parce que sinon je n'allais pas y arriver. Le personnage étant très complexe, très ambigu, si on restait trop extérieur, j'aurais été obligé de donner mon opinion ou d'avoir un jugement sur elle et je me défends toujours de juger les sujets sur lesquels j'écris.
Philippe Chauveau :
Paradoxalement, vous vous mettez dans la peau de Marthe Richard puisque c'est elle qui s'adresse à nous mais en admettant ses zones d'ombres, en admettant qu'elle n'a pas toujours été sur la bonne conduite, sur la bonne ligne. Vous ne prenez pas vraiment position, il n'y a aucune subjectivité dans ce que vous écrivez, c'est Marthe Richard qui parle d'elle.
Nicolas d'Estienne d'Orves :
C'est cela qui était amusant, c'est cela qui était un numéro de claquettes. C'est arrivé qu'elle fasse son autoportrait, parfois presque son autocritique et qu'elle se montre dans toutes ses ambiguïtés. Pour préparer ce livre, j'ai lu les différentes biographies qui existent, il en existe deux officielles qui se contredisent assez souvent et Marthe Richard a écrit deux fois son autobiographie en se contredisant elle-même. Il y a quatre versions de la vie de Marthe Richard, j'ai gardé ce qui était le plus étonnant, pas toujours le plus vraisemblable mais le plus romanesque, d'où ce destin assez incroyable qui, pour moi, s'arrête vraiment dans les années 50.
Philippe Chauveau :
Vous l'expliquez d'ailleurs dans les dernières pages.
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Je l'explique, ce n'est pas très intéressant. C'était un personnage assez antipathique à la fin de sa vie, elle a dit beaucoup de bêtises, elle est revenue sur des positions qui n'étaient pas à son honneur... En fait je n’ai pas de sympathie pour elle au bout du compte, je pense que le personnage était moins sympathique que celui que j'ai décrit mais, malgré tout, quand on passe 450 pages dans la peau d'une personne, il faut bien qu'on commence à l'aimer parce que sinon ce serait trop dur.
Philippe Chauveau :
On ne va pas tout dévoiler parce que vous nous embarquez dans une drôle d'aventure, c'est une véritable héroïne de roman : prostituée, espionne, femme d'affaire, résistante, collabo, écrivain, pionnière de l'aviation, politicienne... Elle a eu mille vies en une ! Elle fut une femme tout à fait dans son époque, même parfois un peu précurseur notamment lorsqu'elle a compris qu'il fallait que la femme reprenne toute sa place dans la société, lorsqu'elle fait fermer les maisons closes. Puis, curieusement, à partir des années 50, elle perd pied, elle n'est plus en adéquation avec son temps.
Nicolas d'Estienne d'Orves :
C'est une femme qui en a toujours trop fait ! Elle a trop menti, elle avait besoin d'avoir le dernier mot, elle aimait être en une des gazette alors elle était prête à tout pour le faire, elle avait besoin qu'on l'aime, elle avait besoin qu'on la voit, elle avait besoin qu'on l'admire. Elle en aurait fait un peu moins, elle serait restée l’une des grandes figures de l'histoire de France je pense.
Philippe Chauveau :
Vous nous laissez entendre aussi que c'était une femme qui avait beaucoup d'allure, une beauté de son temps. Lorsqu'elle se promène dans les rues de San Sebastian, tout le monde s'arrête sur son passage. Croqueuse d'hommes, peut-être pas mais les hommes ont beaucoup compté, que ce soit Antonio, Monsieur Richer ou Zozo... Il y en a eu beaucoup des hommes dans sa vie et dans son lit.
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Ce n'était pas une grande amoureuse mais elle a eu beaucoup d'amoureux. Les hommes tombaient amoureux d'elle. Est-ce qu'elle avait des secrets cachés, je ne le sais pas mais elle faisait énormément d'effet parce que c'était une « plus-que-femme ». Elle était une femme engagée qui s'est arrachée à sa condition. Je pense qu'elle impressionnait beaucoup les hommes parce elle avait une volonté qui était assez peu représentée dans sa communauté à l'époque. Elle voulait aller toujours plus loin, toujours plus haut, c'est pour cela qu'elle était aviatrice. En plus, il y a eu cet accident lors d'un meeting aérien qui la rend stérile. Donc, elle n'a pas pu avoir d'enfants. Elle a fait de sa vie une espèce d'épopée qui peut-être aurait été apaisée si elle était devenue mère de famille.
Philippe Chauveau :
Ce qui est passionnant et ce qui m'a beaucoup plu dans ce livre, c'est que non seulement vous nous présentez Marc Richard, vous gommez certaines zones d'ombres, vous nous expliquez quelle fut sa vie, mais surtout, c'est un beau roman sur une femme française, sur une femme qui essaie de reconquérir sa dignité, sur une femme qui essaie de se reconstruire malgré les aléas de l'histoire, malgré les pièges qu'on peut lui tendre, c'est surtout un beau portrait de femme qui lutte, une femme qui se bat. C'est la force de ce livre.
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Elle a passé sa vie à combattre, contre ses origines sociales, contre cette marque au fer rouge qu'on lui a posée sur le bras quand elle est passée par les bordels, contre l'image qu'on pouvait avoir d'une femme dans la société, parce que, quand elle arrive en 1914 à l'état-major en disant « je suis aviatrice, il faut que l'aviation fasse partie de l'armée maintenant que les combats commencent », on lui répond qu'on ne veut pas d'aviatrice, qu’elle une femme donc c'est impossible. Elle a toujours lutté, elle a même lutté pour retrouver sa nationalité française puisqu'elle épouse un citoyen britannique dans les années 20, qui meurt un an plus tard, elle devient anglaise et jamais elle ne pourra retrouver sa nationalité française. Elle est morte britannique, c'est quand même étonnant, une vraie femme française du XXe siècle était citoyenne britannique !
Philippe Chauveau :
Si la porte du studio s'ouvre et que Marthe Richard est devant vous, qu'avez-vous envie de lui dire ?
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Je m'excuse ! Je lui demanderais pardon pour avoir un peu trop romancé mais je lui dirait « respect ».
Philippe Chauveau :
En tout cas, voilà un livre qui se dévore de la première à la dernière page, on a vraiment l'impression d'avoir Marthe Richard face à nous, il y a une vivacité dans votre écriture et, je le disais, c'est surtout un très beau portrait de femme. C'est votre actualité Nicolas d'Estienne d'Orves : « Marthe ou les beaux mensonges » et vous êtes publié chez Calmann-Levy. Merci beaucoup.
Nicolas d'Estienne d'Orves :
Merci.