Laëtitia Colombani

Laëtitia Colombani

Les Victorieuses

Portrait 00'08'17"

Philippe Chauveau

Bonjour Laetitia Colombani. Merci d'être avec nous. On avait déjà eu l'occasion de se rencontrer pour ce qui fut votre premier roman « La tresse », c'était il y a il y a deux ans. Je plante le décor. Vous êtes plus issue du monde du cinéma, vous êtes réalisatrice, scénariste et puis il y a eu l'envie de l'écriture. Avec le succès que l'on sait, puisque « La tresse » a été un succès phénoménal en France, à l'étranger. Le projet d'adaptation cinématographique, on va y revenir. Comment avez vous vécu le succès de ce premier roman ? Ca vous a fait peur ?

Laetitia Colombani

Non, ça ne m'a pas fait peur. Ca m'a surprise. Je ne m'attendais absolument pas à un tel accueil. J'ai pris tout ça comme un cadeau, j'ai essayé de vivre au jour le jour cette aventure. Il y a eu beaucoup de rencontres avec les lecteurs, les lectrices, j'ai fait beaucoup de dédicaces, de salons du livre, et puis je suis partie à l'étranger. J'ai encore des voyages au bout du monde prévus pour aller présenter le livre. Donc j'ai profité et je me suis dit voilà, c'est la vie qui fait un cadeau, c'est une porte qui s'ouvre alors qu'au départ, j'avais écrit ce roman en me disant : c'est quelque chose que je fais de façon un peu personnelle. Pour moi un projet qui me tient à cœur et d'un seul coup, cette petite parenthèse est devenue vraiment enchantée, et je suis très très reconnaissante à tous les lecteurs, les lectrices, aux journalistes, à tous ceux qui se sont intéressés à ce premier roman et qui ont eu envie de le faire partager.

Philippe Chauveau

Vous avez découvert un monde qui n'était pas forcément le vôtre, je le disais celui de la littérature. Vous avez fréquenté les salons du livre, les librairies, les médiathèques. Vous avez rencontré des lectrices et lecteurs. Comment avez-vous perçu cet échange qui forcément n'est pas le même que dans une salle de cinéma ?

Laetitia Colombani

Oui c'est un échange assez différent. J'ai eu l'impression que le rapport avec le livre que peut entretenir un lecteur ou une lectrice était peut être plus intime que le rapport à un film. En tout cas, j'ai eu des retours, j'ai fait des rencontres vraiment de personnes qui sont venues me parler de choses très personnelles, très intimes et qui avaient envie de parler du livre, qui avaient envie aussi de le faire circuler autour d'eux. Ca m'a énormément touchée.

Philippe Chauveau

Donc primo romancière avec « La tresse ». Mais la scénariste et la réalisatrice étaient toujours là, dans un petit coin qui guettait. Initialement, vous l'avez toujours dit, ce roman n'était pas un projet d'adaptation cinématographique. Et puis il y a quand même eu l'envie de vous emparer à nouveau de l'histoire de ces quelques femmes et de les mettre en images. C'est le projet qui vous occupe actuellement, l'adaptation de « La tresse » au cinéma.

Laetitia Colombani

Oui. « La tresse » ce n'était pas un scénario déguisé. Ce n'était pas un scénario déguisé en roman. J'ai bien réfléchi avant de me lancer dans l'écriture du roman. D'une part, j'avais envie d'une expérience différente du cinéma. J'avais envie d'une écriture plus libre, plus plus littéraire. Et puis d'autre part, je me disais de toutes façons, aucun intérêt de l'écrire en scénario. Aucun producteur ne se lancera dans cette aventure. Si je commence à parler de l'Inde, de la Sicile, du Canada, les choses seront compliquées, les choses seront chères, donc ça ne se fera pas au cinéma. J'avais vraiment envie de plonger dans une aventure différente et je crois aussi qu'après quinze ans passées dans le cinéma, j'avais envie d'un autre milieu, de découvrir d'autres personnes, d'autres usages. Donc j'avais vraiment une envie de roman. J'ai été surprise quand le roman est paru. Recevoir autant de propositions de producteurs... Finalement je me suis dit : « Ah bon il y a des producteurs assez fous pour imaginer que ça puisse devenir un film ». Je me suis alors posée la question de savoir si j'allais moi même le mettre en scène ou non. L'ampleur du projet m'effraie un peu.
Et en même temps je me suis dit on n'a pas deux fois dans sa vie l'occasion de tourner un film comme celui là, et le fait de poursuivre le voyage avec mes personnages de la presse avec mes trois héroïnes. Le fait de pouvoir me dire que j'allais aller dans des pays comme ça, comme l'Inde, la Sicile, le Canada que je connaissais déjà mais d'y aller d'une manière ou d'une façon plus approfondie pour des repérages, de travailler vraiment avec des comédiens indiens, avec des techniciens italiens etc. Tout ça, ça m'a séduite et je me suis dit : « allons-y, plonger dans cette aventure un peu folle et en même temps très très excitante. »

Philippe Chauveau

Le projet est parti et vous êtes actuellement en cours de travail pour un film qui sortira vers 2020-2021.

Laetitia Colombani

Oui je pense qu'on aimerait que le tournage se passe l'année prochaine et donc une sortie dans deux ans.

Philippe Chauveau

On va suivre ça avec intérêt. Je reviens à la romancière, parce que c'est quand même ça qui nous intéresse aujourd'hui. Avec votre nouveau titre, « Les victorieuses », je reprends ma toute première question lorsque je vous posais la question de savoir si vous aviez eu peur de cet énorme succès de « La tresse ». C'est que ça aurait pu vous freiner dans votre envie de reprendre la plume en vous disant : « jamais je ne vais réussir à séduire à nouveau avec un autre titre ». Non, vous avez complètement occulté cette idée-là, vous vous êtes relancée tout de suite dans l'écriture.
Laetitia Colombani

Oui je me suis lancée tout de suite dans l'écriture. En fait, cette idée là du roman « Les victorieuses », c'est une idée que j'avais eu pendant que j'écrivais « La tresse », à une époque où je ne savais pas si j'allais trouver un éditeur pour mon premier roman, et donc quand « la tresse » est paru, j'ai directement commencé des recherches, commencé le travail sur ce nouveau roman. Ca m'a évité d'avoir cette période de questionnements ou d'angoisse, de me dire qu'est ce que je vais faire après. Je me suis dis : « voilà je vais à nouveau faire quelque chose qui j'espère sera personnel, sur un sujet qui me touche. » Je ne suis pas allée vers des choses forcément très commerciales, mais c'est pas grave, je voulais rester fidèle à mes envies.

Philippe Chauveau

Justement, vous parlez de cette écriture littéraire, de cette écriture romanesque pour laquelle le virus maintenant est pris. Qu'avez-vous découvert que vous ne connaissiez pas avec le cinéma ? En quoi est ce différent, ou l'écriture littéraire aujourd'hui ?

Laetitia Colombani

Par rapport au cinéma, la différence pour moi c'est la liberté dans la littérature. Le cinéma est un oeil extérieur. Il faut rentrer dans un cadre au sens propre comme au sens figuré. On a des contraintes qui sont artistiques dans l'écriture même. Moi je me souviens quand j'étais élève à l'école Louis Lumière, et que mon prof de scénario me disait : « vous êtes beaucoup trop littéraire », qu qu'il faut. Gommez, gommez, il faut être efficace, faites des phrases courtes, descriptives de ce qu'on voit et de ce qu'on entend, ce que capte la caméra. Je me sentais un peu brimée. En tous cas, moi qui avais des envies de littérature, j'ai dû gommer ça pour écrire des scénarii. Et puis, d'autre part, il y a des contraintes aussi de production. Quand on écrit un scénario, on va se demander combien ça coûte. J'écris une phrase et je me demande combien ça coûte. Et forcément, c'est limitant de manière consciente ou inconsciente. On doit correspondre à un budget, à une durée. D'un seul coup, moi j'avais envie de m'émanciper un peu de toutes ces contraintes là, de retrouver un plaisir d'écrire, plus que ce que je pouvais ressentir enfant quand j'écrivais des poésies, des nouvelle. J'écrivais beaucoup quand j'étais enfant et adolescente. J'avais un peu perdu ce plaisir là à cause de la technique du scénario et de toutes ces contraintes du cinéma.

Philippe Chauveau

Là vous parlez de la petite fille et de l'adolescente que vous avez été et qui était déjà amoureuse des mots et des livres. C'est un clin d'oeil au métier de bibliothécaire que faisait votre mère ?

Laetitia Colombani

Oui oui, moi j'ai grandi parmi les livres. Ma mère était bibliothécaire dans un CDI pendant 35 ans et donc je me souviens très bien. J'ai toujours aimé les lieux où il y a des livres. J'adore les bibliothèques, les médiathèques, j'adore les librairies. Je m'y sens bien. C'est le souvenir de la petite fille qui avait le droit d'aller au CDI avec sa maman quand j'étais malade, voilà. Je passais du temps avec ma mère dans cette bibliothèque, elle me rapportait plein de livres et du coup, j'en consommais énormément, je lisais beaucoup, beaucoup, depuis l'âge de 8-9 ans. J'étais vraiment une lectrice très très très acharnée, et ce plaisir là, en fait, ça a d'abord été un plaisir de lectrice avant de découvrir le plaisir de l'écriture. Mais pour moi, ça va de pair.

Philippe Chauveau

La belle aventure littéraire de Laetitia Colombani qui se poursuit avec ce nouveau titre, « Les victorieuses » aux éditions Grasset.

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    Philippe Chauveau « Les victorieuses », voilà un titre qui claque. C'est le titre de votre nouveau roman, Laetitia Colombani, votre deuxième roman après « La tresse ». Les victorieuses, ce sont ces femmes qui sont figurées sur la couverture. Vous allez nous parler d'un endroit assez particulier, d'endroits qui existent, le Palais de la femme à Paris. Et puis surtout, vous allez nous parler de femmes, des femmes dans leur histoire personnelle, mais qui représentent la Femme avec un f majuscule. Tout démarre avec Solène....Les Victorieuses de Laëtitia Colombani - Livre - Suite