Philippe Besson

Philippe Besson

Les passants de Lisbonne

Portrait 6'05

Philippe Chauveau:

Bonjour Philippe Besson, vous êtes dans l'actualité de ce début d'année 2016, « Les passants de Lisbonne », c'est votre nouveau titre chez Juilliard, c'est votre seizième titre. Cela vous arrive t'il de regarder en arrière ? Et c'est assez vertigineux depuis 1999 et vos premiers titres « En l'absence des hommes » ou « Son frère ». Tout a été vite?

Philippe Besson:

Oui et pourtant, le chemin parcouru est assez long. Je me dis que cela fait dix-sept ans et j'ai pourtant l'impression que c'est plus court. C'est comme un tourbillon, je suis rentré dans quelque chose de très agréable et je n'en suis jamais ressorti. J'ai été happé par l'écriture et depuis, cela me dévore.

Philippe Chauveau:

On dit de vous, Philippe Besson, que vous êtes le romancier des sentiments, vous êtes d'accord avec ça?

Philippe Besson:

Je suis toujours assez méfiant à l'égard des étiquettes, car elle sont souvent réductrices, pour autant j'aime bien cette phrase-là. Je pense que plein de gens n'aimeraient pas cette formule, mais je la prends pour moi, et elle me va ! Ma matière, c'est le sensible, je tourne autour de ça. Je ne suis pas un écrivain de la fresque, de la guerre ou de la politique. Donc oui, écrivain des sentiments, cela me va, et romancier aussi, parce que je reste très attaché à la fiction, aux histoires inventées. J'ai l'impression d'être une sorte de dernier des mohicans, j'ai l'impression que c'est devenu un gros mot de faire des romans, j'ai l'impression qu'il faudrait toujours regarder son nombril et en parler. Cela m'agace un peu… Donc, je suis content de faire marcher mon imagination.

Philippe Chauveau :

Vous auscultez les sentiments, mais cette sensibilité en étiez-vous conscient quand vous étiez enfant, adolescent ? Est-ce cela qui vous a amené à l'écriture?

Philippe Besson :

Quand j'étais enfant et adolescent je voyais bien que j'étais plutôt fragile, sensible, ça je l'avais compris, que je n'étais pas bagarreur. Je suppose que je suis resté fidèle à l'enfant que j'étais de ce point de vue là. Mais l'écriture, j'y suis venu pour inventer des histoires, je n'ai pas eu le désir de raconter cette sensibilité, elle a été un moyen de raconter des histoires mais passer au livre c'était pour moi inventer des mensonges, raconter des trucs faux, avec l'espoir que les gens y croient. C'était un jeu en fait.

Philippe Chauveau :

Il y a aussi une autre partie de votre activité, il y a le théâtre avec « Tango en bord de mer » qui a été monté récemment à Paris. Et puis vous avez aussi cette patte dans le cinéma, puisque vous êtes scénariste. C'est une autre façon d'aborder l'écriture, c'est une autre facette de votre personnalité ?

Philippe Besson :

C'est encore écrire, c'est ce qui est important ! Le théâtre, les films c'est encore de l'écriture et c'est autour de ça que je gravite. Mais c'est vrai que j'ai essayé d'autres formes que le roman et ce sont des formes extraordinaires. Au théâtre vous devez penser à la voix, à l'incarnation, aux problématiques d'unité de temps et de lieux, qui sont des contraintes que vous ne vous posez jamais lorsque vous écrivez un roman. Et quand j'écris des films, j'aime bien l'idée d'écrire sur commande, que quelqu'un me suggère une idée, et que je me dise « ah oui je n'y aurais pas pensé ». Ce que j'aime dans le cinéma, c'est écrire sur des histoires que je n'aurais pas écrit dans mes romans.

Philippe Chauveau :

Puisque nous évoquons le cinéma, rappelons que Patrice Chéreau s'était emparé de l'un de vos titres. Plusieurs autres romans pourraient faire de très beaux films, c'est quelque chose qui vous tente ?

Philippe Besson :

Pendant longtemps je me suis dit que c'était extérieur moi, si cela arrive tant mieux, si cela n'arrive pas tant pis… Aujourd'hui, il y a deux ou trois livres où cela m'intéresserait de voir ce que cela donnerait à l'image. Mais j'imagine aussi être davantage un moteur de ce genre de projet. C'est à dire qu'à un moment, c'est peut-être moi qui irait au charbon pour écrire le film du livre alors que pendant longtemps je m'étais refusé à cette idée. Et pourquoi ne pas passer à la réalisation également…

Philippe Chauveau :

Vous n'avez pas fini de nous surprendre, en tout cas. Votre actualité en ce début d'année, Philippe Besson , ce nouveau roman chez Julliard, « Les passants de Lisbonne ».

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  • Depuis 1999, Philippe Besson trace son sillon. Discrètement, loin du tumulte du milieu littéraire, roman après roman, son écriture et son style ont conquis un large public et il est devenu l'un des auteurs phares de sa génération. Romancier des sentiments, sachant sonder au plus profond de l'être, dépeignant avec pudeur et sensibilité les sentiments humains, Philippe Besson sait toucher au plus profond de l'âme.C'est avec deux livres chocs qu'on le découvrit « Son frère » et « En l'absence des hommes ». Il a...Un soir d'été de Philippe Besson - Présentation - Suite
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