Miguel Bonnefoy

Miguel Bonnefoy

Le voyage d'Octavio

Portrait 5'47

Philippe Chauveau :

Bonjour Miguel Bonnefoy. J'ai l'impression que vous vivez une belle aventure avec « Le voyage d'Octavio ». C'est votre premier roman mais ce n'est pas votre premier livre. On aura l'occasion de revenir dessus et vous êtes publié chez Rivages. Finalement, vous êtes tombé dans la littérature quand vous étiez petit ! Votre mère est diplomate vénézuélienne et votre père est un écrivain chilien, cela veut-il dire que les livres ont toujours fait partie de votre univers ?

Miguel Bonnefoy :

Ma mère, en plus d'être diplomate est attachée culturelle, elle avait pour mission de représenter la culture vénézuélienne à l'étranger. On avait souvent à la maison, non seulement des ministres de la culture mais également des auteurs et des poètes. Mon père, lui, écrivait en effet des livres et du coup, il était ce bel homme qui racontait des histoires à table. Donc quelque part, oui, la littérature a toujours fait partie de mon enfance.

Philippe Chauveau :

Mais cela aurait pu vous effrayer. Au contraire, vous avez eu envie d'en faire votre métier.

Miguel Bonnefoy :

Oui, peut-être d'abord par mimétisme, la transmission du savoir commence d'abord par l'imitation et j'ai sans doute voulu imiter mon père. Après, je pense que l'on écrit parce qu'on ne sait rien faire d'autre ! Quand je n'écris pas je n'arrive pas à respirer…

Philippe Chauveau :

Vous êtes installé en France depuis un peu moins de trois ans, mais vous avez pas mal voyagé, en Amérique du sud et un peu partout dans le monde. Quel regard portiez-vous sur la France et la culture littéraire française avant d'arriver ? Et quel regard portez-vous aujourd'hui ?

Miguel Bonnefoy :

Comme j'étais fils de diplomate, j'ai dû étudier dans des lycées français à l'étranger, ces lycées tentent, comme ils peuvent, de faire perdurer le rayonnement de la langue française à l'étranger. Il y a donc cette langue d'art qui est conservé par les professeurs et qui n'est pas souillée par la rue française ou les béquilles contemporaines qui peuvent apparaître. Ils essayent aussi de donner une nouvelle vision de la France. Par exemple, au Venezuela, au lieu d'étudier l'histoire de la Libération, on étudie le Versailles de Louis XIV. Donc la France est restée dans l'imaginaire comme le pays à atteindre. Puis, en arrivant ici, comme Ulysse arrive à Ithaque, je me suis rendu compte que la France n'est pas si grande et c'est surement parce que l'on grandit soi-même en chemin.

Philippe Chauveau :

Quels sont les auteurs qui, peut-être, vous ont donné envie d'écrire, auteurs français mais aussi sud-américains peut-être ?

Miguel Bonnefoy :

Je dois avouer qu'après avoir fini « Cent ans de solitude » de Garcia Márquez, j'ai ressenti cette sensation confuse, que je n'ai plus jamais ressentie, qui était de la jalousie envers un auteur. Je me disais « comment est-ce possible d'écrire une chose aussi belle ? »… De la même manière, Márquez a 20 ans lorsqu'il lit «La métamorphose » de Kafka, ce roman où l'homme se transforme en insecte ; il s'était dit «il triche, il ne peut pas faire ça en littérature ». Eh si, tout est permis en littérature ! De la même manière en lisant « Cent ans de solitudes », je me suis dit que tout était permis, que si des personnages peuvaient s'envoler ou disparaître, alors oui je pouvaix transformer un personnage en statue de bois.

Philippe Chauveau :

Que ressentez-vous lorsque vous écrivez ? Est-ce le même Miguel Bonnefoy qui est devant moi, ou est-ce un autre personnage ?

Miguel Bonnefoy :

Eh bien, peut-être que je suis un peu moins bavard… Et j'ai senti la nécessité biologique de rendre hommage au Venezuela. Quand je suis arrivé en France, je me suis senti presque coupable d'être ici, de ne pas être là-bas, dans la Révolution à lutter pour le combat social. En écrivant « Octavio » et d'autres textes, j'ai senti comme si j'avais une dette envers le Venezuela.

Philippe Chauveau :

« Le voyage d'Octavio » séduit les critiques littéraires, les libraires, les lecteurs. Vous avez reçu le prix de la Vocation il y a quelques semaines, comment vivez-vous tout cela ?

Miguel Bonnefoy :

Je le vis avec humilité et modestie, ceci est un pied à l'étrier. J'ai encore dans mon cœur beaucoup de choses à dire ! Je dois trouver le silence et la solitude pour dire ces choses, et si je remercie les personnes qui m'ont aidé, je sais que je ne suis qu'à l'aube de ma plume et que je dois rester concentré.

Philippe Chauveau :

Comment vous imaginez-vous dans cinq ans, dans dix ans, dans vingt ans ?

Miguel Bonnefoy :

Je m'imagine en écrivant des livres meilleurs, je dis sincèrement que pour l'instant j'écris des livres, et je fais de la littérature. J'espère un jour pouvoir effleurer l'écriture, mais ça c'est une autre histoire !

Philippe Chauveau :

« Je fais de la littérature »… Miguel Bonnefoy, votre actualité aux éditions Rivages « Le voyage d'Octavio ».

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    Philippe Chauveau : Quelle drôle d'histoire que celle d'Octavio ! C'est une sorte de roman picaresque puisque Octavio est un jeune garçon analphabète qui va voir le monde s'ouvrir à lui. Lorsqu'il rencontre cette belle Venezuela, il rencontre la magie des mots, de l'écriture et de la lecture et sa vie va s'en trouver bouleversée. Je dis roman picaresque, parce que Octavio va rencontrer tout un tas de personnages. Alors il y a les personnages et il y a Le personnage. Une question Miguel Bonnefoy, le héros c'est Octavio ou c'est...Le rêve du jaguar de Miguel Bonnefoy - Livre - Suite
    J'ai beaucoup aimé le roman de Miguel Bonnefoy, par l'histoire du Venezuela qu'on connait moins et par cette écriture poétique qu'ont les gens d'Amérique du Sud. Il l'a écrit en français certes, mais il a cette poésie dans son écriture qui fait qu'on part dans un voyage initiatique, comme un Candide de Voltaire, sur les traces d'un pays qu'on connait peu et qui est comme un jardin d'Eden à découvrir. Les points forts de ce roman sont une écriture à la fois courte et foisonnante, très poétique, très dense. Il a une...Le rêve du jaguar de Miguel Bonnefoy - L'avis du libraire - Suite