Fabrice Gaignault

Fabrice Gaignault

La vie la plus douce

Portrait 00'06'12"

Philippe Chauveau
Bonjour Fabrice Gaignault.

Fabrice Gaignault
Bonjour.

Philippe Chauveau
Merci d'être avec nous pour venir présenter votre actualité chez Grasset, La vie la plus douce. Ce n'est pas votre premier titre parce que vous avez déjà une bibliographie assez conséquente, faite de romans, de récits, de recueils de vos différentes rencontres, on va y revenir, de livres de voyages aussi. Le parcours dans le monde de la littérature et plus largement, de la culture, comment s'est-il fait ? Comment arrivez vous là ?

Fabrice Gaignault
Un peu par hasard, j'étais rentré au magazine Elle et peu à peu, on m'a confié des interviews ou des portraits. À côté des portraits de célébrités médiatiques du monde du cinéma, par exemple, on a commencé à me confier des portraits ou même des critiques d'écrivains. Je lisais beaucoup de livres chaque semaine puisque c'est un hebdo Elle.

Philippe Chauveau
Ça a continué parce qu'après, on vous a retrouvé dans les pages du magazine Lire, entre autres, et puis dans d'autres titres de presse magazine. Vos premiers pas dans le monde, finalement, de la littérature française, est-ce que c'est ça qui a pu vous donner l'envie vous-même de prendre la plume pour ensuite devenir romancier ? Ou est-ce que déjà, bien avant, il y avait eu des lectures de grands classiques où vous vous étiez dit, tiens, être écrivain, ce serait peut-être pas mal.

Fabrice Gaignault
J'ai toujours baigné dans les bibliothèques familiales parce que mon père, ma mère, achetaient beaucoup de livres et donc je lisais, je lisais, et je me disais mais c'était un rêve un peu... J'y pensais pas trop en fait. Ce qui s'est passé, le déclic, c'était... J'ai été très malade à un moment, j'ai eu une hépatite B, mais assez assez gravissime. Je me suis retrouvé à l'hôpital et à un moment, on ne savait pas trop si je n'avais pas un cancer du pancréas. Donc, c'était quelques jours d'incertitude assez dramatiques pour moi. Et là, j'ai commencé à écrire. C'est ça qui m'a donné le déclic en disant "Mais je ne peux pas repousser tout le temps". J'avais quand même cette envie, tenaillée au fond de moi-même.

Philippe Chauveau
Et ça veut dire que l'écriture vous a redonné goût aussi à la vie. Ça a été une sorte de renaissance par la culture ?

Fabrice Gaignault
Oui, absolument.

Philippe Chauveau
Vous avez fait le choix de faire un recueil des différents entretiens que vous avez eus. Vous avez fait le choix aussi d'écrire des ouvrages, des essais sur de grandes personnalités des années 60-70. Et puis, il y a eu aussi le roman. Il y a eu le voyage également, que ce soit les livres qui se passent... Le Gandhi Express, entre autres, ou le livre sur l'Ethiopie. Vous êtes un grand voyageur ?

Fabrice Gaignault
Alors je ne sais pas si je suis un grand voyageur. Disons que j'aurais aimé voyager beaucoup plus dans ma vie. J'ai pas mal voyagé pour le boulot, pour mes papiers, etc. J'allais par exemple très souvent aux Etats-Unis pour des interviews, mais plutôt à Los Angeles ou à New York. Je ne sais pas si on appelle ça des voyages, mais disons que je m'imprégnais pas mal de la culture américaine. Mais les deux grands voyages que j'ai réalisés en Éthiopie, sur les traces de mon grand oncle qui avait une plantation de café et qui avait connu Henry de Monfreid qui était un livre à la fois sur Rimbaud et sur Henry de Monfreid et mon grand oncle. Et l'autre qui est parti du principe où j'ai voulu refaire la marche du sel de Gandhi à pied avec un photographe, c'est quelque chose qui était très important dans ma vie, ce voyage à pied, surtout de voyager pendant un mois, refaire exactement le voyage de Gandhi en retrouvant, comme c'était il y a à peu près dix ans, de vieux témoins de Gandhi, qui avait à l'époque 13-14 ans, mais qui étaient encore en vie, qui avaient croisé Gandhi sur le même chemin, etc.

Philippe Chauveau
Lorsque je reprends d'autres titres de votre bibliographie, Égéries sixties, Bobby Beau-Soleil, Vie et mort de Vince Taylor, entre autres. Ou alors L'eau noire et cette fois-ci, La vie la plus douce, nous sommes dans des registres différents. Si vous deviez définir ce qui vous motive lorsque vous entamez l'écriture d'un nouveau livre ?

Fabrice Gaignault
Je dirais qu'ils ont un point commun ces livres, que ce soit L'eau noire qui est un roman et qui se passe aussi à Saint-Tropez, où nous avions une maison enfants, et plus tard, lorsque nous étions adolescents, parce que L'eau noire commence à Saint-Tropez finalement. Il y a toujours un terreau commun qui est une enfance vécue avec des parents qui frayaient beaucoup avec des artistes ou des écrivains, ou parfois des musiciens ou des acteurs.

Philippe Chauveau
Diriez-vous que dans votre écriture, eu égard à ce que vous venez de dire, il y a aussi toujours un paradis perdu, un monde enfui et ce qui en découle, est-ce que c'est une certaine mélancolie ?

Fabrice Gaignault
Oui, absolument, absolument. Mais une mélancolie, j'espère pas. Ce n'est pas quelque chose de mortifère chez moi ou de désespéré. Parfois ça peut être sombre, mais il y a aussi la recherche de soleils passés, justement de tous ces soleils, mais qui continuent de me éblouir et qui m'infusent et qui me font vivre, c'est sûr.

Philippe Chauveau
L'écriture vous apporte quoi dans votre quotidien ?

Fabrice Gaignault
L'écriture m'apporte une grande sérénité, quelque chose de... Je ne vais pas dire un but dans ma vie parce que je l'ai par ailleurs, puisque je suis journaliste, mais l'écriture de ce qui me rattache à ma propre existence, m'apporte un sens. Finalement, je m'aperçois qu'en écrivant, évidemment, je trouve des réponses, je trouve des réponses à des questions que je me pose et ça m'a d'une certaine façon, surtout avec ce livre, évité une psychanalyse. Peut-être que j'aurais dû faire cette psychanalyse, mais disons qu'en l'écrivant, ça me permet de dénouer des nœuds, et c'est bizarre parce que je me suis dit, parce que j'ai terminé un autre livre dans un autre registre, et j'ai beaucoup écrit ces dernières années. Donc j'ai passé beaucoup de temps à la maison et je me suis dit "Bon, j'arrête là parce que c'est vraiment...". Je ne vais pas dire que c'est quelque chose de terrible par rapport à d'autres métiers, mais si quand même, moi, ça m'a complètement épuisé. Je suis reparti sur un livre, j'ai rendez-vous avec un éditeur pour un prochain livre. Voilà.

Philippe Chauveau
Donc, c'est un besoin vital.

Fabrice Gaignault
Oui, oui.

Philippe Chauveau
C'est votre actualité, Fabrice Gaignault, votre nouveau titre chez Grasset, La vie la plus douce.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Fabrice Gaignault est un nom bien connu du milieu littéraire parisien. Responsable des pages culture dans plusieurs magazines féminins, on le retrouve aussi dans le mensuel « Lire » où il chronique l’actualité du Livre. Mais Fabrice Gaignault est aussi écrivain. Outre deux beaux livres sur des périples en Inde et en Ethiopie, on lui doit en 2007 un « Dictionnaire de littérature à l’usage des snobs » où avec ironie et pertinence, il partage son amour des Lettres. Mais l’autre passion, c’est aussi le rock et le...La vie la plus douce de Fabrice Gaignault - Présentation - Suite
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