Joëlle Chevé

Joëlle Chevé

L'Elysée au féminin

Portrait 7'33

Philippe :

Bonjour Joelle Chevé,

Joëlle :
Bonjour philippe

Philippe :

Bienvenue, votre actualité au editions du Rocher : L'Élysée au féminin. Nous avons déjà eu l'occasion de discuter, et vous m'aviez expliqué que lorsque vous étiez enfant on vous emmenait visiter des chateaux, des musées etc.. et que ça avait peut être forgé votre goût pour l'histoire, vous confirmez que c'est né comme ça votre passion pour le passé ?

Joëlle :
Alors je ne suis pas sûre que ce soit entierement lié à cela, mais c'est vrai que ça créé des conditions favorables l'éducations que l'on peut recevoir, et l'interet que l'on peut nous susciter pour le patrimoine et pour l'histoire. Reste que je me souviens très bien que lorsque j'ai terminé mes études secondaires, qu'il fallait s'orienter, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire. Et je voulais plutôt faire de la philosophie que de l'histoire. À l'époque, la philosophie n'avait pas vraiment bonne presse... Et en fait j'ai fait de la géographie au départ. Dans les années 60-70, géographie et histoire étaient dissociés, donc j'ai commencé par faire de la géographie, et la deuxième année je me suis orientée vers l'histoire.

Philippe :
Et pourquoi alors ?

Joëlle :
Le nombre de tonnes de riz fournis par le Japon... Ce n'était pas trop mon truc. J'étais quand même quelqu'un d'une part très littéraire, et en effet, je faisais en plus des langues anciennes -latin/grec- donc j'étais quand même beaucoup plus orientée vers des études historiques.

Philippe :
Vous avez enseigné, mais vraiment très peu de temps, votre domaine c'est plus la recherche ?

Joëlle :
Très peu de temps. J'ai eu une periode dans ma vie où je n'ai fait ni de la recherche ni de l'histoire. Et quand j'ai repris l'histoire, c'était vraiment dans la volonté de faire thèse d'abbord, et ensuite de déboucher sur l'écriture d'ouvrage historique.

Philippe :
Vous qui êtes historienne, qui cotoyez des historiens, qui collaborez avec des magazines d'histoire, notemment le magazine Historia, quel regard portez vous sur l'enseignement de l'histoire aujourd'hui ?

Joëlle :
Je ne suis pas une technicienne de ce sujet, mais evidemment que je m'y interesse, ne serait-ce qu'à travers les cours de mes filles et petites filles, je regarde quels sont leurs programmes. J'ai une vision assez basique, j'aimerai qu'on revienne d'abbord à une histoire chronologique, qui permet aux enfants de s'installer dans le temps.

Philippe :
Il y a la chronologie, il y a ce qu'on appelle le roman national, pour ? Contre ?

Joëlle :
Alors le roman national, je ne suis ni pour ni contre. Je ne suis pas du tout pour notre histoire éternelle.. C'est aussi ridicule que l'histoire international et mondialiste. Je me place dans une situation qui est beaucoup plus médiane, et qui permet d'abbord de prendre en charge notre propre histoire, de la regarder, de la critiquer mais aussi de l'assumer. Et puis après on regarde un peu ce qu'il y a autour. On parle de 1492, la découverte du nouveau monde, personne n'était au courant dans la France profonde.

Philippe :
Aujourd'hui, puisque vous nous parliez de votre famille, de vos petites filles, comment faites-vous pour leur donner le goût de l'histoire, est-ce-qu'il y a une recette ?

Joëlle :
Alors j'ai pas trop de chance parce que mes petites filles, c'est pas leur matière préférée !.. Par contre mes filles commencent à lire mes livres, celui là les a passionné, j'ai été touchée et émue.

Philippe :
Ca veut dire qu'il n'y a pas de recette miracle pour amener les jeunes à l'histoire

Joëlle :
Oh non il n'y a pas de recette miracle mais c'est vrai qu'il y a quand même un environnement culturel qui joue. Quand j'en parle à mes filles je sens qu'elles peuvent accrocher.

Philippe :
Lorsque vous êtes en recherches, lorsque vous êtes en bibliothèque, lorsque vous découvrez des documents que personnes n'a vu depuis des décénies ou des siècles, que ressentez vous ? Qu'éprouvez vous ? Avez vous l'impression d'être un grain de sable ? Un maillon de la chaîne ?

Joëlle :
Incontestablement un maillon de la chaîne, « nous sommes jugés sur les épaules d'un géant » disait saint Bernard.
J'aime bien avoir une vision nouvelle, alors il faut la justifier. Elle n'est pertinante que si les sources le sont. Mais j'essaie quand même d'apporter des visions nouvelles parce que je me rend compte quand même, comme elle a été faite depuis deux siècles, particulièrement au XIXe, elle est très idéologique, avec des personnages qui ont été très caricaturés. Il a fallut très longtemps avant d'arriver à rendre cette approche légitime, pertinante, crédible.


Philippe :

Est ce qu'il y a une part de féminisme dans votre travail d'historienne ou est-ce le hasard des recherches et de votre intérêt personnel que les femmes se sont retrouvées au cœur de vos ouvrages ?


Joëlle

Alors, si féminisme signifie souhaiter que les femmes et les hommes vivent en harmonie et à égalité, alors je suis féministe bien entendu. Pars ailleurs, il y a la place des femmes dans l'histoire, et ce grand silence de l'histoire des femmes. Et on se rend compte que l'on redécouvre des femmes qui ont été complètement occultées par le XVIIIe, le XIXe siècle, que l'on voit ressurgir aujourd'hui des archives, c'est quand même étonnant ! J'ai lu dernièrement un livre sur les premières femmes parlementaires, je pense que l'on comble simplement les silences de l'histoire.

Philippe :
La grande Histoire est-elle matchiste, ou les historiens sont-ils machistes ?

Joëlle :
Les deux je crois. Il y a eu une vision du rôle des femmes dans l'histoire qui est matchistes, et des historiens en effet qui privilégient.. Mais il y a une certaine logique par rapport à ça car elles sont évacuées du pouvoir de décision, donc évidemment on fait plutôt l'histoire des hommes que l'histoire des femmes.

Philippe :
Vos recherches à venir portent aussi sur d'autres grandes femmes de l'histoire, ou la place des femme dans d'autres périodes historiques ?

Joëlle :
Pour l'instant je n'ai pas de projet précis, ce livre là a demandé beaucoup de travail. Mais je pense que je continuerai quand même dans cette voie de l'histoire des femmes. Alors pas du tout contre les hommes... Mais parce qu'il y a énormément de choses à découvrir et à mettre en lumière.

Philippe :
Joëlle Chevé, votre actualité aux éditions du Rocher, « L'Élysée au féminin, de la Iie à la Ve République.

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  • LIVRE
  • Joëlle Chevé est une historienne reconnue. Ses travaux sur la noblesse française de province font référence. Parallèlement à ses recherches, elle est aussi journaliste et fait notamment partie de la rédaction du magazine « Historia ». Parmi ses publications, Joëlle Chevé s'est souvent intéressée à la place et aux rôles des femmes proches du pouvoir dans la grande Histoire. On lui doit par exemple une biographie de Marie-Thérèse d'Autriche, l'épouse de Louis XIV, ou encore cet ouvrage sur les courtisanes au fil des...Replay 2018 de Joëlle Chevé - Présentation - Suite
        Philippe : Bonjour Joelle Chevé,   Joëlle :Bonjour philippe   Philippe : Bienvenue, votre actualité au editions du Rocher : L'Élysée au féminin. Nous avons déjà eu l'occasion de discuter, et vous m'aviez expliqué que lorsque vous étiez enfant on vous emmenait visiter des chateaux, des musées etc.. et que ça avait peut être forgé votre goût pour l'histoire, vous confirmez que c'est né comme ça votre passion pour le passé ? Joëlle :Alors je ne suis pas sûre que ce soit entierement lié à cela, mais...Replay 2018 de Joëlle Chevé - Portrait - Suite
    Philippe : Joëlle Chévé, vous avez choisi un sujet qui a été au cœur de l'actualité il y a quelques mois. Même si c'est un livre dont vous nous aviez déjà parlé avant parce que vous y avez consacré de longs mois. Vous avez choisi de parler des femmes qui se sont succédés à l'Élysée, depuis les débuts de la IIe république jusqu'à la première dame actuellement en place, Brigitte Macron. Comment avez vous travaillé ? Pour en savoir un peu plus sur Anne-Aymonne Giscard D'éstaing ou Bernadette Chirac il y a des...Replay 2018 de Joëlle Chevé - Livre - Suite