Ariane Bois

Ariane Bois

L'amour au temps des éléphants

Portrait 00'06'55"

Philippe Chauveau :

Bonjour Ariane Bois.

Ariane Bois :

Bonjour.

Philippe Chauveau :

Vous êtes dans l'actualité avec ce nouveau titre chez Belfond, « L'amour au temps des éléphants », 7ème roman et 8ème livre puisqu'il y a un autre titre précédemment. On va évoquer un peu ce parcours de romancière qui est déjà foisonnant. Mais vous avez eu plusieurs vies, en quelque sorte. Vous avez fait des études à Sciences Po, puis après, vous êtes parti aux Etats-Unis pour vous former au journalisme?

Ariane Bois :

Oui, tout a fait. J'avais envie d'ailleurs. Peut être un peu comme mon héroïne. J'avais un rêve d'Amérique et de journalisme.

Philippe Chauveau :

Et puis vous y travaillez. Vous avez œuvré dans des radios à Boston, à New York.

Ariane Bois :

J'ai commencé par des études à New-York. Et puis ensuite, je suis parti à Boston. C'était cinq années extrêmement constructrice et très formatrices.

Philippe Chauveau :

Vous aviez des attaches où c'était la découverte complète?

Ariane Bois :

Non, c'était la découverte complète. J'étais allé une fois à New York, mais c'était tout. Donc j'ai fait mon baluchon. Et puis je suis partie avec ce rêve des grands journalistes américains.

Philippe Chauveau :

Néanmoins, vous faites quand même le choix de revenir en France et pendant plusieurs années vous allez travailler pour le groupe de presse Marie-Claire, en tant que grand reporter. Ce qui veut dire que vous allez encore être un peu toucher à tout dans le domaine du journalisme. Vous allez être sollicité sur mille et un sujets.

Ariane Bois :

Oui, vraiment tous les sujets qui intéressent les femmes, que ce soit des sujets qu'on peut traiter en province ou ailleurs à l'étranger, des sujets de société qui parlent des problèmes des femmes, des envies des femmes. J'ai donc pu visiter toute l'Europe et découvrir vraiment différentes communautés différentes, différentes problématiques. Ça a été des années qui m'ont vraiment nourri.

Philippe Chauveau :

Alors je résume aujourd'hui votre plume en tant que journaliste, on vous lit dans Psychologies Magazine, Avantages, mais plus en tant que critique littéraire, cette fois ci.

Ariane Bois :

Tout a fait. Maintenant, je m'occupe vraiment de romans et d'essais. Je m'occupe des livres à Psychologies Magazine avec toute une équipe. Et puis, je travaille aussi sur différents sites, sur différents journaux parce que j'aime écrire, mais j'aime aussi beaucoup lire.

Philippe Chauveau :

Vous aimez écrire et en parlant de la romancière que vous êtes, parce que maintenant, on vous connaît bien depuis plusieurs années en librairie. Et le jour sera pour eux comme la nuit, c'est votre premier titre?

Ariane Bois :

Exactement en 2009. Un premier titre qui a été remarqué et récompensé. Donc je me suis dit que j'avais peut être une petite légitimité.

Philippe Chauveau :

A quel moment vous êtes vous dit « Allez, je me lance » ?.

Ariane Bois :

J'ai commencé à 5 ans. Je crois que j'ai commencé à rédiger des petites historiettes je devais avoir cinq ans. J'avais toujours des écrits dans mes tiroirs, dans mes placards. Et puis, je ne sais pas, un samedi, je me suis dit je m'en moque, ça y est, il faut que j'y aille, premier chapitre. Tous mes enfants tournaient autour de moi. J'en ai 5, mais ce n’était vraiment pas le jour, ce samedi après-midi. Et ce chapitre, il est arrivé. J'ai eu envie de suivre mes personnages. J'ai eu envie de voir jusqu'où ils pouvaient aller. Alors, c'est un petit texte, un petit livre court, mais très dense. Et quand il a été bien reçu, je me suis dit « J'ai envie de continuer », j'ai envie d'un deuxième.

Philippe Chauveau :

Ça a été le point de départ aussi d'un évènement personnel. Et puis, c'est vrai que vous avez également utilisé très librement vos origines juives dans plusieurs livres que vous avez publiés par la suite.

Ariane Bois :

Oui, le premier raconte une histoire très triste. Qui est donc la manière dont la mort d'un jeune homme modifie, change, bouleverse une famille. C'est ce qui nous est arrivé et donc c'est un drame dont on se remet mal. La rédaction de ce livre m'a beaucoup aidé parce que j'ai pu aller dans des lycées, dans des collèges et en parler avec des parents. Ça a été quelque chose qui m'a marqué. Et puis, après mes origines juives, j'ai écrit une trilogie sur les enfants de la Shoah. J'y raconte des aspects de ma vie familiale et de mes racines.

Philippe Chauveau :

C'était important pour vous avant de passer à d'autres sujets, comme par exemple l'Île aux enfants ou Dakota, où là, il y avait encore peut être quelques souvenirs de vos années new-yorkaise. C'était important que dans vos premiers livres, vous fassiez peut être la paix avec certains pans de votre de votre histoire et que vous mettiez votre histoire personnelle dans vos livres.

Ariane Bois :

Oui, parce qu'elle est quand même très étonnante. Ma famille vient de Turquie. Les Juifs turcs ont été protégés pendant la guerre et sont rentrés à Istanbul, pour certains par train. Et c'est l'aventure qu’ont vécu mes grands parents et ma mère. Donc, j'avais vraiment envie de parler de ça, de cet exil en 44.

Philippe Chauveau :

Je continue votre bibliographie. Il y a eu ce très beau livre Dakota Song sur le Dakota Building, qui est un bâtiment incroyable de New York où l'ont vécue de nombreuses personnalités, de nombreuses stars.

Ariane Bois :

Oui, Lauren McHale, Rudolf Noureev, Leonard Bernstein, le père de West Side Story.

Philippe Chauveau :

Là, vous vous êtes fait plaisir en souvenir de vos années new-yorkaise.

Ariane Bois :

Parce que je passais devant le Dakota et je voyais cet immeuble. J'essayais de gagner un peu de sous en étant guide pour des hommes d'affaires français. Donc, j'y suis allée et j'ai dormi là bas. J'ai eu cette chance de pouvoir y séjourner une semaine et j'ai découvert l'âme du Dakota et je me suis vraiment fait plaisir. Vous avez raison, c'était un beau souvenir.

Philippe Chauveau :

Un mot parce que c'est aussi un livre important, au delà de la qualité de l'écriture. Le sujet abordé dans l'Île aux enfants, où vous évoquez ces enfants, ces jeunes à qui ont a fait quitter de force la réunion pour venir être adopté en France.

Ariane Bois :

Oui, c'est quelque chose qui m'avait vraiment bouleversée. Comment peut-on enlever à leurs parents, à leurs grands parents, à leur oncle, des garçons et des filles? Certains n'avaient pas 5 ans. Il y en a eu 2500. Ça a continué entre 1967 et 1984 et je ne comprenais pas comment la France, pays des droits de l'homme, si généreuse, si grande, avait pu se comporter ainsi. Et donc, j'avais envie de comprendre ce qui s'était passé d'abord à ce moment-là, mais surtout pour la seconde génération. Mais j'ai eu l'impression que cette histoire, il fallait la raconter pour un plus grand public, pour des jeunes. À la Réunion, les jeunes ne connaissent pas cette histoire encore. Donc, c'était très important de mettre une pierre sur cet édifice.

Philippe Chauveau :

On vient de passer en revue quelques uns de vos titres. S'il y avait un fil rouge, lequel serait-il? Comment définiriez-vous justement cette bibliographie qui est déjà conséquente?

Ariane Bois :

C'est la transmission. Je parlerais de transmission, de liens familiaux. Je parlerais d'injustice et de nécessité de comprendre l'autre.

Philippe Chauveau :

Votre actualité Ariane Bois, c'est votre nouveau titre aux éditions Belfond. Ça s'appelle L'amour au temps des éléphants.

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  • Si c’est près de Paris qu’elle a vu le jour, le destin d’Ariane Bois est néanmoins marqué par les Etats-Unis, où elle a passé plusieurs années de sa vie, y menant ses études de journalisme avant de travailler pour des radios de New-York et Boston. De retour en France, on la retrouve grand reporter pendant 25 ans pour le groupe Marie-Claire avant qu’elle ne devienne critique littéraire pour les mensuels « Avantages » et « Psychologies ». La littérature est effectivement la passion d’Ariane Bois. Et c’est tout...Après elle d'Ariane Bois - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau : Quelle belle couverture que celle que vous avez choisi, Ariane Bois, pour votre nouveau roman, « L'amour au temps des éléphants ». C'est aux éditions Belfond. Lorsqu'on voit la couverture, on se dit qu'on va partir dans les années 20, dans les années 30. Et c'est bien le cas. Au départ, nous sommes aux Etats-Unis un peu avant la Première Guerre mondiale. Nous sommes dans une petite ville du Sud-Est de l'Amérique ségrégationniste. Et puis, ce jour là, il y a un fait divers particulièrement tragique...Après elle d'Ariane Bois - Livre - Suite