Ariane Bois

Ariane Bois

L'amour au temps des éléphants

Livre 00'06'35"

Philippe Chauveau :

Quelle belle couverture que celle que vous avez choisi, Ariane Bois, pour votre nouveau roman, « L'amour au temps des éléphants ». C'est aux éditions Belfond. Lorsqu'on voit la couverture, on se dit qu'on va partir dans les années 20, dans les années 30. Et c'est bien le cas. Au départ, nous sommes aux Etats-Unis un peu avant la Première Guerre mondiale. Nous sommes dans une petite ville du Sud-Est de l'Amérique ségrégationniste. Et puis, ce jour là, il y a un fait divers particulièrement tragique auquel assiste la population de cette petite ville. C'est un éléphant qu'on va exécuter parce que c'est bien le terme. Il est pendu pour avoir tué un homme lors d'une parade de cirque qui a mal tourné. Je plante le décor, mais c'est bien ça. Et puis surtout, on va faire connaissance avec trois personnages qui, chacun de leur côté, vont vivre cet évènement. Il y Arabella, il y a Kid et il y a Jérémie. C'est un fait divers authentique. Comment l'avez-vous découvert?

Ariane Bois :

En fait, je travaillais sur un de mes précédents romans qui s'appelle Dakota Song et qui racontait l'histoire de l'immeuble du Dakota vue à travers un portier noir aux origines du Sud. Et moi, j'ai une imagination très visuelle, donc j'aime beaucoup regarder les photos, les documentaires, les reportages et j'avais besoin de savoir quelle avait été son enfance. Et en regardant des photos, je suis tombée sur cette photo d'éléphant pendue dans une petite ville du Tennessee. Cette photo ne m'a pas lâché et je l'ai imprimée. Je l'ai mis sur mon mur. Et puis, l'histoire a fait le reste. Je me suis dit " Mais qui est venu dans cette foule? 5 000 personnes sont venues assister à ce spectacle. C'est un spectacle quand même assez épouvantable. Comment fait pour pendre un éléphant? Je ne sais même pas. Il faut une grue, mais c'est très, très lourd, deux tonnes. Et puis, on peut imaginer que finalement, ce spectacle là va changer la vie des gens qui le regardent. Et à partir de là, tout est parti.

Philippe Chauveau :

Il y a ces trois personnages que nous allons suivre pendant plusieurs décennies. Trois personnages qui vont, au fil du temps être obligés de mener l'aventure, de quitter cette petite ville du Sud-Est pour x raisons, qu'elle soit personnelle ou parce qu'ils sont chassés, ou parce qu'ils ont une soif d'aventure. Qui sont-ils? Arabella, Kid et Jérémie?

Ariane Bois :

Arabella est une jeune femme rebelle qui vit dans une famille qui est adventiste du septième jour. Les adventistes du septième jour sont des protestants extrêmement rigoristes. On pourrait même dire que ça s'apparente par certains côtés à une secte et elle est complètement en opposition à son père qui règne en despote. Jérémie, lui, vient de la côte est. Il est journaliste à Boston. Boston est donc une ville que je connais bien et il fait partie de cette aristocratie bostonienne. Si on peut parler d'aristocratie aux États-Unis et lui aussi va chercher quelque chose d'autre. Son père voudrait qu'il reprenne la fortune familiale et l'entreprise familiale et lui a envie de scoop, de journalisme et il va tout de suite comprendre où est l'enjeu. Et puis nous avons Kid, qui est un jeune homme noir qui a travaillé dans les champs de coton, dont le père a été assassiné et qui travaille pour nourrir sa famille. Ces trois personnages n'ont pas grand chose en commun, sinon le fait qu'ils soient jeunes et qu'ils soient américains. Mais ils rêvent tous de quelque chose d'autre. Et le spectacle qu'ils ont devant les yeux, cet éléphant, va bouleverser complètement le reste de leur existence.

Philippe Chauveau :

Je ne veux pas déflorer l'intrigue du roman, mais c'est une saga historique. C'est une fresque. On est embarqué avec vos personnages, alors il y a la qualité de l'écriture, je le reconnais. Vous avez une écriture très addictive. On donne envie de vous suivre à travers les pages, mais c'est vrai que vous leur faites vivre mille et une aventures parce qu'ils vont traverser l'Atlantique. On va les retrouver en pleine Première Guerre mondiale, dans les tranchées. Et puis après, il va y avoir le Paris des années 20. Et puis après, on va aller même encore dans d'autres contrées, avec des paysages magnifiques. L'histoire la connaissiez vous dès le début de l'écriture? Saviez-vous où vous alliez emmener vos personnages où, finalement, est-ce que vous avez un petit peu voyagé avec eux ?

Ariane Bois :

J'ai un peu tâtonné, mais je savais que je voulais leur faire quitter le Tennessee,il y avait déjà un mouvement. La Première Guerre mondiale arrive pour les Etats-Unis, c'est quelque chose d'extraordinaire. Ils n'ont jamais combattu en dehors de leur territoire. J'ai appris que ces jeunes soldats noirs s'étaient embarqués avec beaucoup de courage et s'étaient battus contre les Allemands. Donc, je me suis dit voilà, ça peut continuer. Et puis, j'avais envie de terminer en Afrique parce que j'adore l'Afrique et j'ai la chance d'y être allé une dizaine de fois. Et j'avais vraiment envie de Kenya, de grands espaces et d'éléphants en liberté.

Philippe Chauveau :

C'est une grande saga romanesque, mais c'est aussi une belle histoire d'amour entre certains personnages. Et puis, c'est une ode à la liberté. La liberté de ces trois personnages qui ont soif d'aventure et qui ne se mettent aucune barrière. Et puis la liberté des animaux et en l'occurrence des éléphants. Et là, il y a un message qui est aussi très actuel, puisque l'on sait que cela fait partie des discussions actuellement sur le sort des animaux. Donc, là aussi, il y a une part d'une peut être une part de militantisme de l'autre.

Ariane Bois :

Pas vraiment, mais j'ai toujours aimé les animaux. J'ai toujours adoré les éléphants. C'est vraiment mon animal fétiche. Et puis, j'ai beaucoup lu Romain Gary, le prix Goncourt 56 pour « Les racines du ciel ». Donc, l'éléphant représente vraiment la liberté. Gary l'a dit : « Il n'y a pas d'homme libre, sans animaux libres ». Voilà, c'est un peu le sous titre du livre : comment la liberté des uns peut amener à la liberté des autres?

Philippe Chauveau :

Au cœur des quatre premières décennies du vingtième siècle, voilà une grande saga romanesque pleine de panache, avec une belle écriture, non dénuée de poésie, notamment dans la description de vos personnages. Il y a des ambiances qui sont qui sont magnifiques. Et puis, on s'attache à ces trois personnages que sont Arabella, Kid et Jérémie. C'est un vrai coup de cœur que je vous recommande particulièrement. Ça s'appelle « L'amour au temps des éléphants ». Ariane Bois, vous êtes publié chez Belfond.

Ariane Bois :

Merci à vous.

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  • Si c’est près de Paris qu’elle a vu le jour, le destin d’Ariane Bois est néanmoins marqué par les Etats-Unis, où elle a passé plusieurs années de sa vie, y menant ses études de journalisme avant de travailler pour des radios de New-York et Boston. De retour en France, on la retrouve grand reporter pendant 25 ans pour le groupe Marie-Claire avant qu’elle ne devienne critique littéraire pour les mensuels « Avantages » et « Psychologies ». La littérature est effectivement la passion d’Ariane Bois. Et c’est tout...Après elle d'Ariane Bois - Présentation - Suite
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