Fatou Diome

Fatou Diome

Inassouvies, nos vies

Portrait 4'18
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Fatou Diome, bonjour, merci d'être avec nous sur Web Tv Culture à l'occasion de la sortie chez Flammarion de votre nouveau livre, votre troisième roman : « Inassouvies nos vies ». On en reparlera dans quelques instants.
J'aimerais simplement et brièvement revenir sur votre parcours. Vous êtes aujourd'hui à Strasbourg, mais vous êtes originaire du Sénégal.
Je sais que votre grand-mère compte beaucoup, c'était quoi votre enfance au Sénégal ?

Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Mon enfance au Sénégal c'était l'attention de ma grand-mère. Elle devait m'éduquer, me faire grandir, étant donné que j'avais des parents, qui à l'époque étaient trop jeunes et l'on ne m'attendait pas, donc on a n'a pas forcément voulu de moi.
Elle m'a récupérée, la priorité pour elle c'était de me nourrir, m'habiller, me soigner et me faire grandir. C'était déjà ça de gagné !
L'école c'était ma tentation puisque je voyais les autres enfants qui chantaient en français, qui racontaient des histoires que je ne connaissais pas, c'était ma curiosité.
J'ai commencé vraiment à écrire quand j'avais 13 ans, et c'était le moment où j'ai quitté le village. Il y a eu une espèce de solitude urbaine et je me suis retrouvée d'abord dans trois familles d'accueil. J'ai détesté ça ! Ensuite j'ai pris mon indépendance, je lisais, et le plaisir d'écrire est venu comme ça ! Plus je lisais, plus j'écrivais, plus j'écrivais, plus j'avais encore envie d'écrire ! Et ça continue, jusqu'à maintenant.

Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Quels sont les auteurs ou les livres qui ont marqué votre adolescence ou même votre vie d'adulte ?

Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Quand j'ai lu « Une si longue lettre » de Mariama Bâ, j'ai compris tout ce que je n'accepterais pas en tant que fille sénégalaise. Pour moi c'était la révélation de la condition féminine ce livre-là. Ensuite il y a eu le « Le petit prince », on a tellement lu ça en classe et c'est tellement poétique. Ça fait tellement rêver, l'envie d'aller rencontrer, de dépasser ce qu'on est, d'aller ailleurs, la découverte, mais aussi la poésie.
J'ai été toujours passionnée par les grands auteurs français. Pour moi Yourcenar par exemple c'est une émotion stylistique, c'est tellement précis qu'on se dit : mais c'est un fil tendu ! Chaque mot est à sa place, j'admire ça. Comme quand vous lisez Victor Hugo, il vous fait tout un fleuve de texte, mais on a quand même le sentiment que chaque périphrase est exactement là où elle devrait être et pas ailleurs.

Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Depuis 1994, vous vivez à Strasbourg où vous êtes toujours étudiante. Vous êtes riche de deux cultures : la culture sénégalaise et africaine en général, et la culture française et européenne. Est-ce qu'il y a des liens finalement entre toutes ces cultures ?

Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Le lien c‘est moi ! Le dénominateur commun ! Vous savez,vous faites une sauce à la crème, vous ne pouvez plus différencier l'eau de la crème ! Mais c'est bon !
Et je suis gourmande de nourriture comme je le suis de culture ! Je suis un alliage et je dis toujours, il y a eu la colonisation, il y a eu l'esclavage, okay, c'est important de le savoir ! C'est l'histoire, c'est bien ! Moi ce qui m'intéresse c'est demain !
Voilà pour moi c'est la fin du complexe linguistique, du complexe colonial, j'empreinte le français à personne ! C'est juste à moi, c'était une de mes langues africaines qui existait dans mon pays quand je suis née, donc je l'utilise de manière naturelle.

Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Vous dites dans une interview : « J'écris par impuissance »

Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : oui !

Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : C'est toujours le cas ?

Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : C'est quand même terrible de se réveiller et de se dire ; il y a des choses dans le monde, dans la vie, au quotidien que je ne peux pas changer ! Je ne peux pas fuir, ce serait un manque, ce serait de l'irresponsabilité et je suis obligée d'assumer. Assumer pour moi c'est faire face, les yeux dans les yeux avec la vie qu'elle nous convienne ou pas. Je dois l'admettre comme elle est, donc je me sens impuissante, mais je revendique le droit et la liberté de hurler parfois mon désaccord !
Ça pousse à être plus humble quand vous écrivez. Je ne suis pas chef d'entreprise, je n'ai rien inventé, j'écoute ce qu'il y a dans moi, ce que je ressens. Pour moi c'est une forme extrême de fragilité, de rentrer simplement dans la sensation des choses, de les admettre.

Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Fatou Diome merci beaucoup, je rappelle le titre de votre nouveau livre, votre troisième roman ; Inassouvies nos vies, c'est aux éditions Flammarion.
Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Fatou Diome, bonjour, merci d'être avec nous sur Web Tv Culture à l'occasion de la sortie chez Flammarion de votre nouveau livre, votre troisième roman : « Inassouvies nos vies ». On en reparlera dans quelques instants.
J'aimerais simplement et brièvement revenir sur votre parcours. Vous êtes aujourd'hui à Strasbourg, mais vous êtes originaire du Sénégal.
Je sais que votre grand-mère compte beaucoup, c'était quoi votre enfance au Sénégal ?

Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Mon enfance au Sénégal c'était l'attention de ma grand-mère. Elle devait m'éduquer, me faire grandir, étant donné que j'avais des parents, qui à l'époque étaient trop jeunes et l'on ne m'attendait pas, donc on a n'a pas forcément voulu de moi.
Elle m'a récupérée, la priorité pour elle c'était de me nourrir, m'habiller, me soigner et me faire grandir. C'était déjà ça de gagné !
L'école c'était ma tentation puisque je voyais les autres enfants qui chantaient en français, qui racontaient des histoires que je ne connaissais pas, c'était ma curiosité.
J'ai commencé vraiment à écrire quand j'avais 13 ans, et c'était le moment où j'ai quitté le village. Il y a eu une espèce de solitude urbaine et je me suis retrouvée d'abord dans trois familles d'accueil. J'ai détesté ça ! Ensuite j'ai pris mon indépendance, je lisais, et le plaisir d'écrire est venu comme ça ! Plus je lisais, plus j'écrivais, plus j'écrivais, plus j'avais encore envie d'écrire ! Et ça continue, jusqu'à maintenant.

Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Quels sont les auteurs ou les livres qui ont marqué votre adolescence ou même votre vie d'adulte ?

Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Quand j'ai lu « Une si longue lettre » de Mariama Bâ, j'ai compris tout ce que je n'accepterais pas en tant que fille sénégalaise. Pour moi c'était la révélation de la condition féminine ce livre-là. Ensuite il y a eu le « Le petit prince », on a tellement lu ça en classe et c'est tellement poétique. Ça fait tellement rêver, l'envie d'aller rencontrer, de dépasser ce qu'on est, d'aller ailleurs, la découverte, mais aussi la poésie.
J'ai été toujours passionnée par les grands auteurs français. Pour moi Yourcenar par exemple c'est une émotion stylistique, c'est tellement précis qu'on se dit : mais c'est un fil tendu ! Chaque mot est à sa place, j'admire ça. Comme quand vous lisez Victor Hugo, il vous fait tout un fleuve de texte, mais on a quand même le sentiment que chaque périphrase est exactement là où elle devrait être et pas ailleurs.

Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Depuis 1994, vous vivez à Strasbourg où vous êtes toujours étudiante. Vous êtes riche de deux cultures : la culture sénégalaise et africaine en général, et la culture française et européenne. Est-ce qu'il y a des liens finalement entre toutes ces cultures ?

Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Le lien c‘est moi ! Le dénominateur commun ! Vous savez,vous faites une sauce à la crème, vous ne pouvez plus différencier l'eau de la crème ! Mais c'est bon !
Et je suis gourmande de nourriture comme je le suis de culture ! Je suis un alliage et je dis toujours, il y a eu la colonisation, il y a eu l'esclavage, okay, c'est important de le savoir ! C'est l'histoire, c'est bien ! Moi ce qui m'intéresse c'est demain !
Voilà pour moi c'est la fin du complexe linguistique, du complexe colonial, j'empreinte le français à personne ! C'est juste à moi, c'était une de mes langues africaines qui existait dans mon pays quand je suis née, donc je l'utilise de manière naturelle.

Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Vous dites dans une interview : « J'écris par impuissance »

Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : oui !

Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : C'est toujours le cas ?

Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : C'est quand même terrible de se réveiller et de se dire ; il y a des choses dans le monde, dans la vie, au quotidien que je ne peux pas changer ! Je ne peux pas fuir, ce serait un manque, ce serait de l'irresponsabilité et je suis obligée d'assumer. Assumer pour moi c'est faire face, les yeux dans les yeux avec la vie qu'elle nous convienne ou pas. Je dois l'admettre comme elle est, donc je me sens impuissante, mais je revendique le droit et la liberté de hurler parfois mon désaccord !
Ça pousse à être plus humble quand vous écrivez. Je ne suis pas chef d'entreprise, je n'ai rien inventé, j'écoute ce qu'il y a dans moi, ce que je ressens. Pour moi c'est une forme extrême de fragilité, de rentrer simplement dans la sensation des choses, de les admettre.

Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Fatou Diome merci beaucoup, je rappelle le titre de votre nouveau livre, votre troisième roman ; Inassouvies nos vies, c'est aux éditions Flammarion.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • L'AVIS DU LIBRAIRE
  • Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : En 2003, avec « Le ventre de l'Atlantique », Fatou Diome faisait une entrée remarquable dans le milieu littéraire. Après « Kétala » en 2006, Fatou Diome revient avec son troisième roman, publié chez Flammarion : « Inassouvies nos vies ». Betty, l'héroïne, est une jeune femme dont le passe-temps favori est d'observer ses voisins. Rapidement, elle se lie d'amitié avec une vielle dame Félicité. Mais cette rencontre s'avèrera finalement déstabilisante pour Betty, l'obligeant à une...Fatou Diome, entre l'Afrique et l'Europe de Fatou Diome - Présentation - Suite
    Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Fatou Diome, bonjour, merci d'être avec nous sur Web Tv Culture à l'occasion de la sortie chez Flammarion de votre nouveau livre, votre troisième roman : « Inassouvies nos vies ». On en reparlera dans quelques instants. J'aimerais simplement et brièvement revenir sur votre parcours. Vous êtes aujourd'hui à Strasbourg, mais vous êtes originaire du Sénégal. Je sais que votre grand-mère compte beaucoup, c'était quoi votre enfance au Sénégal ? Fatou Diome (Inassouvies nos vies) : Mon...Fatou Diome, entre l'Afrique et l'Europe de Fatou Diome - Portrait - Suite
    Philippe CHAUVEAU (Web Tv Culture) : Nous sommes en compagnie de Fatou Diome sur Web TV Culture pour la sortie de son troisième roman, chez Flammarion ; « Inassouvies nos vies ». Fatou Diome merci d'être avec nous. Ce troisième roman, est-ce que c'était l'occasion d'écrire une histoire ou d'aborder certains thèmes qui vous sont chers ? Fatou Diome : C'était l'envie de réfléchir justement sur ces « Inassouvies » qui traversent nos vies, parce qu'il nous manque à tous quelqu'un ou quelque chose. En tout cas ce petit détail...Fatou Diome, entre l'Afrique et l'Europe de Fatou Diome - Le livre - Suite
    Annie Simon Librairie Rousseau Rue de la république 25300 Pontarlier 03 81 39 88 39 Elle est lumineuse, ça c'est la première chose ! Elle a un visage, elle a un regard, c'est frappant ! Elle est chaleureuse ! Et elle dégage beaucoup d'intelligence. Elle parle avec simplicité, avec chaleur, avec son cœur. Elle a une diction merveilleuse, elle a une jolie voix et elle rit! Elle sourit toujours ! Et c'est toujours un rire et un sourire qui sont empreints de bienveillance. Elle n'a pas peur de parler de l'Afrique, vraiment elle en...Fatou Diome, entre l'Afrique et l'Europe de Fatou Diome - L'avis du libraire - Suite