Stéphanie Hochet

Stéphanie Hochet

Eloge du lapin

Portrait 00'06'05"

Philippe Chauveau
Bonjour Stéphanie Hochet.

Stéphanie Hochet
Bonjour Philippe.

Philippe Chauveau
L'éloge du lapin, c'est aux éditions Rivages, voilà votre actualité. C'est un essai, un livre qui prend part dans une bibliographie déjà conséquente, faite d'essais, mais aussi de romans. Depuis 2001, Moutarde douce, quel joli parcours. Quel regard portez-vous sur toutes ces années puisque vous avez publié pratiquement un livre par an depuis 2001 ?

Stéphanie Hochet
Je suis contente d'avoir pu m'exprimer, d'avoir pu écrire les romans que je voulais, d'avoir travaillé, on va dire dans de meilleures conditions maintenant qu'auparavant, je trouve que là je tombe sur un éditeur merveilleux, Emilie Colombani, Éditions Rivages, qui permet vraiment d'exprimer des choses, d'écrire des romans, mais aussi de faire des petits pas de côté. Et j'estime que Eloge du lapin comme Eloge du chat, ce sont des pas de côté, c'est-à-dire que ce sont des ouvrages littéraires mais ce ne sont pas uniquement des essais, c'est vraiment des ouvrages de littérature un peu à part. Ce ne sont pas des fictions et c'est encore des objets marginaux. Et j'apprécie de pouvoir avoir cette double possibilité en tant qu'écrivaine.

Philippe Chauveau
Alors si je parle de cette double casquette, j'ai employé le terme de casquette, romancière ou essayiste, finalement, ça correspond aux envies que vous aviez lorsque vous étiez gamine, adolescente, est-ce que vous vous vous rêviez écrivaine ?

Stéphanie Hochet
Même pas. Je ne me suis jamais même imaginée écrivaine avant très longtemps. C'est-à-dire que moi, j'étais surtout une lectrice et j'aimais lire. Ça me suffisait amplement. Je ne voyais pas pourquoi j'allais écrire. L'écriture est presque un accident dans mon parcours, j'ai commencé à écrire, et plutôt de la poésie, quand je vivais à l'étranger, je vivais en Écosse et pour une raison quasi inconnue, je me suis mise à écrire des textes le plus poétique possible, et que je publierai absolument jamais. Mais j'ai sans doute eu besoin de renouer avec ma langue maternelle, donc à l'étranger, en écrivant des textes. Et puis, progressivement, j'ai tâtonné, je suis allée vers la nouvelle. Et puis j'ai tenté un roman qui n'a pas été accepté. J'en ai écrit un autre qui a finalement été accepté. Et puis, l'expérience a révélé quelque chose en moi, mais c'est aussi que j'ai senti que ça me plaisait suffisamment pour que je consacre presque l'essentiel de mon temps à ça, je sentais que c'était ce qui pouvait m'épanouir le plus.

Philippe Chauveau
Il y a aussi une autre facette dans votre travail avec l'écriture, c'est que vous aimez partager vos connaissances du travail d'écriture. Vous animez des ateliers, pourquoi ? Qu'est-ce que cela vous apporte de partager ça ?

Stéphanie Hochet
Oui. J'anime des ateliers dans les établissements de type lycée, à la fac, à Sciences Po, de temps en temps dans des collèges. Il se trouve que j'aime beaucoup le contact avec la jeunesse. J'ai l'impression que la transmission est quelque chose qui est important et qui éveille quelque chose chez moi, de l'ordre de mon utilité. C'est-à-dire que soudain, je me sens un peu utile, parce que le travail d'écrivain est un travail très solitaire. Et là, je renoue avec les autres et j'ai l'impression d'apporter quelque chose de l'ordre de mon expérience peut-être. Et donc, j'essaie d'allier les deux, ce travail très solitaire de l'écriture et cette transmission avec les autres, surtout la jeunesse.


Philippe Chauveau
Vous pourriez avoir des envies d'écriture pour ce public spécifique, jeunes ados ou jeunes adultes ?

Stéphanie Hochet
Alors, j'ai écrit sur la demande d'un illustrateur qui est un ami, j'ai écrit un texte pour enfants qui n'a jamais trouvé d'éditeur, pour une raison que j'ignore en fait. Mais c'était vraiment une demande de sa part. De moi même, je n'aurais pas pensé à écrire pour la jeunesse. Ce n'est pas forcément une envie que j'ai.

Philippe Chauveau
Mais vous, vous ne vous l'interdisez pas.

Stéphanie Hochet
Pourquoi pas, encore une fois, ça fait partie peut-être de ces pas de côté intéressants.

Philippe Chauveau
Quelle peut être aujourd'hui, la place de l'écrivain au sens large dans notre société et son rôle ?

Stéphanie Hochet
Selon moi nous sommes là pour poser des questions et pour être un peu des agitateurs de la pensée. Nous sommes là pour questionner, de façon socratique, la société, nous sommes là pour poser des questions et c'est au public de répondre, et c'est aux politiques de répondre. Après, il faut faire attention, un écrivain n'est pas un militant, en tout cas dans ses romans, si on sent trop le militantisme, le roman est souvent gâché, souvent même raté. On est là pour proposer une forme artistique, une langue, un univers. On est là pour aussi faire rêver. Mais en tant qu'auteur, je pense qu'on est là pour montrer certaines marginalités aussi, pour éventuellement ouvrir quelques fenêtres, par exemple, montrer que certains sujets dits négligeables ne le sont pas du tout. On est là pour explorer les choses et pour aller chercher des sujets, des situations que, en majorité, on a tendance à mettre de côté ou passer sous silence.

Philippe Chauveau
Donc, l'auteur, l'écrivaine est une exploratrice.

Stéphanie Hochet
J'aime beaucoup ce terme. Je me vois comme ça

Philippe Chauveau
Stéphanie Hochet, l'exploratrice. L'éloge du lapin, en tout cas, c'est votre actualité. C'est aux éditions Rivages.

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  • Depuis 2001, avec « Moutarde douce », Stéphanie Hochet s’est installée en librairie, avec des romans dans lesquels elle a pu exprimer son écriture et ses centres d’intérêt. « Les infernales », « Sang d’encre », « L’animal et son biographe » ou plus récemment « Pacifique » font partie d’une bibliographie déjà conséquente dans lesquels elle n’hésite pas à bousculer les codes, à interpeller, voire déranger le lecteur. Elle aime sortir des sentier battus et se définit elle-même comme une...William de Stéphanie Hochet - Présentation - Suite
    Philippe ChauveauBonjour Stéphanie Hochet.   Stéphanie HochetBonjour Philippe.   Philippe ChauveauL'éloge du lapin, c'est aux éditions Rivages, voilà votre actualité. C'est un essai, un livre qui prend part dans une bibliographie déjà conséquente, faite d'essais, mais aussi de romans. Depuis 2001, Moutarde douce, quel joli parcours. Quel regard portez-vous sur toutes ces années puisque vous avez publié pratiquement un livre par an depuis 2001 ?   Stéphanie HochetJe suis contente d'avoir pu m'exprimer, d'avoir pu écrire les...William de Stéphanie Hochet - Portrait - Suite
    Philippe ChauveauStéphanie Hochet. C'est votre actualité, Éloge du lapin, avec cette jolie couverture choisie par votre éditeur. On n'est pas forcément très étonné puisqu'il y avait eu en 2014 ce livre qui avait rencontré un très joli succès, L'éloge du chat. On se dit, tiens, voilà, Stéphanie Hochet remet en lumière un autre animal qui fait partie notre quotidien. Mais vous dites vous-même, dans votre travail d'écrivaine, ce sont des pas de côté puisque vous êtes aussi romancière. Qu'aimez vous dans l'écriture d'un...William de Stéphanie Hochet - Livre - Suite