Bonnes fêtes...

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Découvrez le nouveau roman d'Irène Frain

Portrait 5'59

Philippe Chauveau

Bonjour Irène Frain, merci d'être avec nous. « Marie Curie prend un amant », c'est votre actualité aux éditions du Seuil. Avant d'évoquer ce livre, revenons sur votre parcours. « Le nabab » en 1982 a été un énorme succès et j'ai envie de dire que finalement, dans « Le nabab », il y a tout Irène Frain parce qu'on y évoque la Bretagne avec ce jeune mousse, on y évoque aussi l'Histoire avec le XVIIIème siècle et on évoque enfin l'Orient, cette partie du monde qui vous fascine depuis tant d'années. Ai-je raison de dire que « Le nabab » représente votre personnalité ?

Irène Frain

Oui parce que c'est toute mon enfance, rêveuse, à Lorient, port de la Compagnie des Indes, qui est sortie avec ce livre. Cela a été une sorte d'explosion qui m'a complètement échappé, de mon imaginaire, de mon écriture, de mon regard sur les êtres et le monde. J'ai vécu et j'ai grandi dans une ville détruite où tous les récits étaient des récits de guerre t d'horreur. Je montais au grenier et j'essayais très spontanément de ré-enchanter le monde, c'était ma résilience. Et je crois, maintenant que les années ont passé, que je suis restée cette gamine qui essaie de comprendre et d'aimer les grandes personnes.

Philippe Chauveau

Avant l'écriture, vous avez aussi été enseignante. Vous avez enseigné le français, le latin, le grec. Etiez-vous la même Irène Frain lorsque vous transmettiez un savoir ou l'écriture vous a-t-elle révélée à vous-même ?

Irène Frain

Dans ma famille, on ne m'avait comme horizon que la méritocratie par l'enseignement. J'ai été agrégée extrêmement jeune. A vingt et un ans et demi, on me confie ses jeunes qui n'ont que quatre ans de moins que moi, des classes de terminale et je voulais les embarquer dans le goût qui avait été le mien d'aimer les livres, de trouver de l'imaginaire puissant, d'aimer l'écriture, de leur donner les moyens de lire, d'écrire, d'avancer, de comprendre que le monde était formidable ! J'ai été un professeur formidablement enthousiaste. Avec le recul, je peux dire avoir été un professeur heureux, un professeur aimé même si certains élèves ne m'aimaient pas sans doute ; on me l'a dit, j'étais sévère mais juste ce qui ne passe toujours auprès de certains élèves. Et ce goût du partage, je l'ai gardé intact.

Philippe Chauveau

Dans votre bibliographie, il y a des romans, des essais, des récits qui vous sont plus personnels comme le dernier en date « Sorti de rien ». Mais y-a-t-il quand même un fil rouge dans toutes vos publications ?

Irène Frain

Oui, sans doute, mais c'est inconscient. Les injustices faites aux femmes, la difficulté pour elles d'être reconnues dans leur dignité mais aussi dans leur apport à la société, la difficulté de vivre l'amour quand on est une femme d'exception. Mais c'est l'injustice en général puisque je viens d'un milieu très marqué par l'injustice sociale. Je ne suis pas dans quelque chose qui est pleurnichard, j'ai horreur de ça ! C'est aux lecteurs de découvrir que c'est injuste. Chaque fois que je le fais, je donne les faits et je ne juge pas. Il y a aussi des gens formidables dans des mondes plus privilégiés. Un principe me paraît très juste, celui des romanciers américains : n'exposez pas, montrez !

Philippe Chauveau

Si je reprends quelques-uns de vos titres « La forêt des 29 », « Les naufragés de l'île Tromelin » ou même le dernier « Marie Curie prend un amant », y-a-t'il une sorte de militantisme dans votre travail ?

Irène Frain

Je n'ai jamais su ce qu'était le militantisme où alors s'il s'agit de militer pour la dignité de l'homme ou de la femme, alors là, oui ! Mais c'est plutôt une affirmation. Je tombe amoureuse de sujets, souvent par le plus grand des hasards, comme celui-ci, trouvé au hasard d'une petite reliure.

Philippe Chauveau

C'est toujours le hasard qui vous amène à vos sujets ?

Irène Frain

Pa seulement. Je crois que je suis attentive malgré tout, attentive à la réalité parce que je veux toujours la comprendre. Et si je me pose la question de savoir si un sujet est faisable, c'est qu'il n'est pas pour moi, même si c'est passionnant. Certains de mes confrères feront très bien ces sujets, beaucoup mieux que je ne les aurai faits. Je pense que les sujets sont des rencontres amoureuses. Mes sujets de livres sont mes amants ! Je vis ces passions jusqu'au bout et la vie fait que je tombe amoureuse d'un autre sujet. Je suis un cœur d'artichaut pour mes histoires… Et la plus belle est toujours la dernière !

Philippe Chauveau

Votre actualité Irène Frain, « Marie Curie prend un amant » aux éditions du Seuil.

Découvrez le nouveau roman d'Irène Frain Le Seuil
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  • LIVRE
  • Irène Frain garde au fond d'elle-même cette amour pour la Bretagne, sa terre d'origine, qu'elle a raconté dans plusieurs ouvrages, comme « Sorti de rien » ou « La maison de la Source » mais elle aime aussi l'aventure, le voyage, l'ailleurs, elle l'a prouvé avec « Quai des Indes » ou « La forêt des 29 ». En 1982, elle conjugue ses deux passions avec son premier roman « Le nabab » racontant l'histoire d'un jeune mousse breton devenant nabab en Inde au XVIIIème siècle. Le succès de ce livre incita Irène Frain à...Ecrire est un roman d'Irène Frain - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau : « Marie Curie prend un amant » et vous nous dites ça au présent ! Voilà un titre accrocheur. On a une image de Marie Curie, cette femme qui a toujours travaillé avec son époux, toujours habillé en noir avec son petit chignon bien serré. Vous nous présentez une autre femme, qui a une vie amoureuse et douloureuse. Pourquoi avoir eu envie de nous parler de Marie Curie ? Vous racontez dans les premières pages que c'est un peu par hasard, en ayant découvert un ex-libris… Irène Frain : Oui, je tombe...Ecrire est un roman d'Irène Frain - Livre - Suite