Lorraine Fouchet

Lorraine Fouchet

A l'adresse du bonheur

Portrait 00'06'07"

Philippe Chauveau

Bonjour Lorraine Fouchet.

Lorraine Fouchet.

Bonjour.

Philippe Chauveau

Votre actualité A l'adresse du bonheur. C'est aux éditions Héloïse d'Ormesson. C'est déjà votre 23ᵉ titre. Quelle belle aventure littéraire ! Mais auparavant, il y a eu une autre vie pour vous, Lorraine Fouchet, c'est la médecine, la médecine urgentiste. Il y a une passerelle entre ces deux mondes, celui de la médecine et celui de l'écriture. ?

Lorraine Fouchet.

Alors je suis la passerelle. Je pense que écrire et soigner concourent à la même chose, c'est-à-dire épauler et aider les gens à vivre. Cette année, j'ai repris ma blouse blanche pour aider à la vaccination, tout en continuant à écrire tout ce qui nous fait rêver, tout ce qui nous aide et tout ce qui nous aide à aimer, sert et nous fait vivre mieux.

Philippe Chauveau

Quel gamine étiez-vous ? Vous avez raconté votre enfance. On sait que vous êtes la fille de Christian Fouchet, le ministre de l'Intérieur du général de Gaulle. J'ai rendez-vous avec toi. C'est le livre que vous avez consacré à votre père. Néanmoins, la gamine que vous étiez plutôt solitaire, plutôt introvertie ? Si oui, est-ce que les livres ont aussi été une façon pour vous de grandir ?

Lorraine Fouchet.

J'étais fille unique, donc quand on est enfant unique et qu'on rentre, on n'a pas d'autres enfants à la maison avec lesquels jouer. Donc je lisais et mes amis de papier étaient mes amis du soir. Donc j'ai toujours beaucoup lu. J'ai toujours écrit des livres quand j'étais petite. Mes livres avaient deux pages. Maintenant, ils sont plus longs.

Philippe Chauveau

Ça a joué selon vous, peut-être inconsciemment, dans le fait de devenir ensuite romancière ?

Lorraine Fouchet.

Bien sûr, bien sûr. C'est continuer à inventer sa vie et avoir tout le temps des amis. N'être plus jamais seule. Quand on est romancier, on n'est plus jamais seul et ça, c'est merveilleux.

Philippe Chauveau

Vous faites partie de cette génération d'auteurs qui êtes très généreux, généreuse en l'occurrence avec vos lecteurs, vous êtes souvent en librairie, en dédicaces sur les salons, vous vous correspondez avec eux, avec vos lecteurs. Pourquoi est-ce si important, là où certains auteurs préfèrent au contraire mettre une barrière avec leur lectorat, vous aimez ces moments-là ? Pourquoi ?

Lorraine Fouchet.

Parce qu'on n'est pas seule au monde. Parce que je n'écris pas pour le plaisir de me relire. J'écris pour des personnes que je ne connais pas ou que je vais rencontrer par la suite, qui me lisent et que… Ensemble, on est plus fort, ce n’est pas de moi. Mais on l'a vu cette année avec le COVID, si on se serre les coudes, si on est tous ensemble, on est mieux. Regardez, on est beaucoup mieux à deux que si j'étais toute seule en train de raconter de quoi parle mon livre.

Philippe Chauveau

Cette générosité, vous l'éprouvez aussi avec vos collègues ? Vous en citez d'ailleurs dans les remerciements. On sent qu'il y a certains noms de la littérature qui sont des proches et vous aimez être avec eux. Vous aimez être avec eux sur les salons, mais on sent qu'il y a aussi des échanges. Pourquoi est-ce important là aussi cette confraternité ? C’est le lien encore avec le monde de la médecine. On travaille ensemble ?

Lorraine Fouchet

Sûrement. Quand j'étais à SOS Médecins ou quand j'étais au Samu de Paris, on travaillait en équipe. Et là, vous citez… Mais les remerciements, c'est ce que j’écris au début. C'est-à-dire, je commence avec le titre du livre, le premier chapitre. Et le plaisir, vous savez, le petit drapeau que vous mettez, l'ombrelle du cocktail, ce sont les remerciements. Et c'est vrai que Grégoire Delacourt ou Anne Goscinny ou Baptiste Beaulieu, qui sont des amis proches, je les remercie parce qu'ils m'aident à vivre, que les lire m'aide à vivre et que j'ai envie que mes lecteurs les lisent.

Philippe Chauveau

On parlait tout à l'heure des rencontres avec les lecteurs. Est-ce que vous vous nourrissez parfois des histoires que peuvent vous raconter, que peuvent partager avec vous certains de vos lecteurs ? Est-ce que ça peut servir de base d'inspiration ?

Lorraine Fouchet

Ça pourrait… De temps en temps, il y a une petite histoire qui se glisse… Surtout les prénoms. Quelquefois, j'ai des lecteurs avec des prénoms particulièrement jolis que j'utilise parce que je n'y aurais pas pensé. Leurs propres histoires, quand des lecteurs me proposent leurs histoires, je leur dis « mais écrivez là, j'ai mes histoires et vous avez la vôtre. » Il faut qu'une histoire fasse battre le cœur d'un auteur à mon avis, avant de les coucher sur papier. Sinon, c'est autre chose. Il y a des biographes ou des personnes dont c'est le métier d'écrire les livres des autres.

Philippe Chauveau

La crise sanitaire est très légèrement abordée dans votre nouveau roman. Néanmoins, avez-vous l'impression qu'en tant que romancière, il y a une Lorraine Fouchet d'avant et une Lorraine Fouchet d'après ? Est-ce que dans votre écriture, ça peut changer quelque chose ?

Lorraine Fouchet

Alors, dans mon écriture, je ne sais pas, mais moi j'ai changé parce que, j'avais arrêté d'exercer la médecine il y a 25 ans, que j'étais persuadée de ne plus jamais être médecin. J'étais un ancien médecin qui écrivait des livres. Qu’on a eu besoin de médecin retraité ou n'étant plus en exercice pour épauler la vaccination, que j'y suis allée, qu'on m'a rappelée docteur, ce qui faisait très bizarre au début… « Ah, non, c’est moi, c’est vrai », que j'ai commencé à l'île de Groix. Donc, cette petite île dans le Morbihan de huit kilomètres sur quatre au large de Lorient. J'ai continué à Chatou, dans les Yvelines, et que ça fait partie depuis un an des rendez-vous habituels. Et ma petite pierre apportée à l'édifice. Alors tous les gens en réa, tous les soignants ont aidé. Moi, c'est juste une petite partie, mais oui, c'était important. Et donc maintenant, je suis les deux et j'avais vraiment l'impression d'être un puzzle d’effet, vous savez ces puzzles aimantés, modernes où tout d'un coup, tout peut se retrouver à la bonne place. Donc je ne savais pas qu'il me manquait un morceau et maintenant je suis toute complète.

Philippe Chauveau

Dans quel état d'esprit êtes-vous lorsque sort votre nouveau titre.

Lorraine Fouchet

Alors que ce soit le 23ᵉ ou le premier, je suis excitée, impatiente, contente. On doute toujours. Ce qu'on se dit, est-ce que c'est bien ? Est-ce que les lecteurs vont rentrer dedans ? Est-ce qu'ils vont chercher la clé de la maison, de l'adresse du bonheur ? C'est un moment très très joyeux. C'est l'aventure.

Philippe Chauveau

Merci de nous faire partager cette aventure. Lorraine Foucher, votre actualité, À l'adresse du bonheur, c'est votre nouveau titre aux éditions Héloïse d'Ormesson.

A l'adresse du bonheur Ed. Héloïse d’Ormesson
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