« En temps de crise, les écrivains s’interrogent sur la valeur de la littérature. Je suis pour ma part immunisé contre ces doutes et je peux certifier, sans forfanterie, que j’écris de mieux en mieux ». Voilà ce qu’écrivit Alexandre Postel quand son éditeur lui demanda au printemps dernier, ce qu’il ressentait lors du confinement.De fait, depuis son premier roman « Un homme effacé » en 2013, prix Goncourt du 1er roman, le jeune auteur trace discrètement son sillon avec régularité et efficacité. Dans ses deux...
Un automne de Flaubert d'Alexandre Postel - Présentation - Suite
Philippe Chauveau
Bonjour Alexandre Postel.
Alexandre Postel
Bonjour.
Philippe Chauveau
Votre dernier livre en date, Un automne de Flaubert. Ça tombe bien, nous sommes dans cette actualité avec les feuilles des arbres qui commencent à joncher les trottoirs. On va parler de Flaubert, mais on va au préalable parler un petit peu de vous. On avait fait connaissance avec un premier livre. C'était un homme effacé. Prix Goncourt du premier roman. C'était en 2013. Depuis L'ascendant, Deux pigeons, voilà votre quatrième opus, toujours...
Un automne de Flaubert d'Alexandre Postel - Portrait - Suite
Philippe ChauveauDans ce qui est votre quatrième roman, Alexandre Postel, nous retrouvons ce personnage de Flaubert. On sent que vous l'aimez beaucoup. Flaubert. Avec ses failles, ses complexités. Il n'a pas le moral, Flaubert lorsqu'on le retrouve, il décide de partir à Concarneau, de quitter la Normandie où ça ne se passe pas bien avec sa nièce et son époux. Il choisit de rejoindre Concarneau. Comment est-elle née, cette histoire ? Pourquoi vous êtes vous intéressé à ce moment précis de la vie de Flaubert ?
Alexandre...
Un automne de Flaubert d'Alexandre Postel - Livre - Suite
Alexandre Postel
Un automne de Flaubert
Présentation 00'02'48"« En temps de crise, les écrivains s’interrogent sur la valeur de la littérature. Je suis pour ma part immunisé contre ces doutes et je peux certifier, sans forfanterie, que j’écris de mieux en mieux ». Voilà ce qu’écrivit Alexandre Postel quand son éditeur lui demanda au printemps dernier, ce qu’il ressentait lors du confinement.
De fait, depuis son premier roman « Un homme effacé » en 2013, prix Goncourt du 1er roman, le jeune auteur trace discrètement son sillon avec régularité et efficacité. Dans ses deux premiers romans, « Un homme effacé » et « L’ascendant », Alexandre Postel mettait ses héros face à un gouffre, dans un quotidien dévasté par un évènement perturbateur. Avec « Les deux pigeons », c’était une peinture à la fois tendre et caustique de notre société et de la relation amoureuse.
Changement de registre avec ce quatrième titre qui nous plonge à la fin du XIXème siècle.
Rappelant qu’Alexandre Postel est professeur de lettres, on ne s’étonnera pas qu’il ait eu à cœur de nous raconter Gustave Flaubert, mêlant la véracité des faits à l’imagination du romancier. Nous sommes en 1875, Flaubert est à la fin de sa vie. Déprimé, il est en manque d’inspiration et décide, sur un coup de tête, de rejoindre Concarneau pour quelques semaines de villégiature, loin de l’ennui que lui procurent ses relations parisiennes, comme Hugo ou George Sand, loin aussi des conflits familiaux causés par le mari de sa nièce. Flaubert veut changer d’air et quoi de mieux que le bord de mer. Délaissant sa Normandie, Flaubert va renaître, retrouvant un certain appétit en la vie, portée notamment par la rencontre avec deux naturalistes, Georges Pouchet et Georges Pennetier. Fascinés par les travaux de ces deux scientifiques, Flaubert reprend goût à la vie et retrouve l’envie d’écrire.
Avec une écriture subtile qui se rapproche de celle de Flaubert sans chercher à l’imiter ou à la singer, Alexandre Postel nous offre ici un portrait décalé de Gustave Flaubert. Mais c’est surtout un roman d’ambiance, d’atmosphère, qui se teinte tantôt de mélancolie, tantôt de drôlerie. On jubile à suivre les pérégrinations du grincheux Flaubert qui, au contact de la Bretagne et de ses nouveaux amis retrouve un sourire oublié.
Ce roman est une vraie réussite et vous donnera peut-être, vous aussi, envie de vous évader en Bretagne en ces jolies journées automnales.
« Un automne de Flaubert » d’Alexandre Postel est publié chez Gallimard.
Alexandre Postel
Un automne de Flaubert
Portrait 00'06'00"Philippe Chauveau Bonjour Alexandre Postel.
Alexandre Postel Bonjour.
Philippe Chauveau Votre dernier livre en date, Un automne de Flaubert. Ça tombe bien, nous sommes dans cette actualité avec les feuilles des arbres qui commencent à joncher les trottoirs. On va parler de Flaubert, mais on va au préalable parler un petit peu de vous. On avait fait connaissance avec un premier livre. C'était un homme effacé. Prix Goncourt du premier roman. C'était en 2013. Depuis L'ascendant, Deux pigeons, voilà votre quatrième opus, toujours chez Gallimard. Comment vivez-vous ce parcours, ce sillon que vous tracez à votre façon, tout en discrétion et en élégance ? Comment vivez-vous cette vie de romancier ?
Alexandre Postel Je ne sais pas si j'ai le recul nécessaire pour vraiment apporter une réponse à cette question. En fait, je ne suis pas sûr, je n'ai pas forcément conscience d'avoir une vie de romancier. Voyez ce que je veux dire, c'est que les livres se succèdent. Je m'aperçois, moi, où il me semble percevoir en eux, entre eux, des rapports, des rapports assez discrets qui ne sont pas peut-être absolument évidents, mais qui me semblent quand même assez sensibles. Et c'est surtout un grand plaisir à chaque fois... Ce n'est pas une question de désir d'écrire un livre, mais quand finalement, on arrive à se lancer dans un projet... Ce n'est même pas non plus un choix parce que ce n'est pas uniquement une question de volonté. Mais c'est quand ça parvient à coller entre un des nombreux projets qu'on a en tête et la disposition du moment, et on bascule dans cet état comme ça, qui est toujours singulier, toujours différent et assez précieux, que j'aime beaucoup.
Philippe Chauveau Vous avez ce sentiment que c'est l'écriture qui vient à vous ? Ce n'est pas vous qui allez la chercher ?
Alexandre Postel Si, si, si, bien sûr, c'est toujours une projection et une activité. Je ne suis pas le réceptacle passif comme ça d'une inspiration qui me traverserait, mais je veux dire que ce n'est pas entièrement, complètement, et c'est ça qui est assez mystérieux. Ce n'est pas entièrement et complètement une affaire de choix, c'est-à-dire que les sujets, d'une certaine façon, s'imposent. On en a plusieurs en tête qui pourraient chacun faire un roman, une histoire. Mais il y a quelque chose qui n'est pas entièrement explicable sur le moment, qui fait que c'est sur tel sujet que va se porter finalement la projection, la volonté et que c'est celui-là qu'on va épouser d'une certaine façon, qui va se plier aux circonstances du moment, à l'humeur, qui va répondre à un besoin et réveiller un désir.
Philippe Chauveau Je me permets juste de faire une petite parenthèse. Ce livre, Un automne de Flaubert, est sorti juste avant la période dite de confinement et parallèlement, votre éditeur Gallimard, vous a proposé d'écrire un texte sur cette période et sur ce qu'apportait l'écriture à l'auteur que vous êtes. Comment l'avez-vous vécu cette période ? Est-ce que l'écriture a été salvatrice ? Est-ce que finalement, elle vous a aidé à passer ce confinement ou était-elle déjà présente du même niveau ?
Alexandre Postel Non. En fait, dans ce texte, j'ai d'ailleurs un peu botté en touche sur cette question que je trouvais comment dire... à laquelle il me semblait difficile de répondre.
Philippe Chauveau Vous vous êtes mis en marge d'autres auteurs.
Alexandre Postel Oui, et d'ailleurs, dans mon souvenir, il y avait une exergue, une citation de Flaubert au début de mon texte qui invitait finalement à copier en disant : Copions, copions. C'est une citation de Bouvard et Pécuchet. C'est encore la meilleure chose à faire en substance. C'est-à-dire, justement, c'était un pas de côté en fait, je racontais plutôt comment je recopiais mes attestations à l'époque où il fallait...C'était une manière de ne pas me confronter ou d'éluder finalement cette question de l'effet du confinement sur l'activité littéraire. Question que je préfère encore éluder d'ailleurs, parce qu'il me semble que les réponses se font sentir plus sur un peu plus sur le long terme.
Philippe Chauveau Je ne trahis aucun secret en disant que vous avez une autre vie. Il y a Alexandre Postel, le romancier. Il y a aussi le professeur de lettres que vous êtes, notamment pour les classes préparatoires. Est-ce le même homme ? Ou avez-vous l'impression qu'il y a bien deux casse-têtes, deux casquettes distinctes.
Alexandre Postel Deux casse-tête aussi peut-être, mais il y a une communication en particulier, là, quand je fais un livre qui porte sur un auteur, qu'on étudie en classe, etc. Enfin, clairement, ma fréquentation de Flaubert aussi et mes tentatives d'expliquer cet auteur ou d'en parler à des étudiants vient éclairer peut-être d'une certaine manière l'écriture de ce livre, mais néanmoins, ça reste, je pense, assez, comment dire, assez scindées, je pense. Le niveau de rêverie et de fantasme auquel se situe la création littéraire, fort heureusement, n'est pas tout à fait celui d'un professeur. Ça reste un peu plus contrôlé, quand c'est dans le cadre d'une activité pédagogique, et qu'on parle à des jeunes gens.
Philippe Chauveau Je le disais, c'est votre quatrième titre depuis Un homme effacé en 2013, L'ascendant et Deux pigeons. Y aurait-il un fil rouge sur ces quatre titres ? Les sujets sont quand même très divers. L'écriture a évolué au fil du temps. Néanmoins, y a-t-il un fil rouge ?
Alexandre Postel Un fil rouge, je ne sais pas. Je dirais plutôt à un fil fantôme, comme dans le film qui porte ce titre en anglais, c'est-à-dire un fil assez discret qui serait plutôt dans le revers de la veste qu'apparant, dans la doublure. Et ce fil, il m'arrive de le sentir moi même quand j'essaie de réfléchir finalement à ce qui peut relier ces textes. Peut être une piste en tout cas, ce serait cet intérêt pour des personnages qui se trouvent qui se trouvent plongés, confrontés par souvent les circonstances, dans un état de rêverie en fait, finalement, et contraints à faire retour sur eux-mêmes, à la faveur ou à cause de circonstances qui les y obligent. Des personnages qui se trouvent dans des situations précaires, un peu fragiles, finalement, qui sortent d'une zone de vie quotidienne, de vie courante et qui, à la faveur de cette fragilité, en viennent à s'interroger à la fois sur eux-mêmes et puis peut-être à regarder le monde aussi un peu autrement, à atteindre une forme d'état de rêverie aussi.
Philippe Chauveau Est-ce votre cas lorsque vous prenez la plume ? En tous cas, lorsque vous prenez votre clavier, vous ressentez ce besoin de rêverie, cette fragilité qui vous pousserait à l'écriture ?
Alexandre Postel C'est plutôt un état de concentration quand on est vraiment en train d'écrire que de rêverie, mais en amont, dans la formation, dans la genèse d'un livre, je pense qu'il y a toujours un petit peu cette expérience d'une forme de fragilité, peut-être de repli en tous cas, et qui aboutit en effet à des états comme ça, oui, qu'on peut qualifier comme des états de rêverie et dont j'ai envie de garder la trace.
Philippe Chauveau Votre actualité, Alexandre Postel, chez Gallimard, Un automne de Flaubert.
Alexandre Postel
Un automne de Flaubert
Livre 00'08'11"Philippe Chauveau
Dans ce qui est votre quatrième roman, Alexandre Postel, nous retrouvons ce personnage de Flaubert. On sent que vous l'aimez beaucoup. Flaubert. Avec ses failles, ses complexités. Il n'a pas le moral, Flaubert lorsqu'on le retrouve, il décide de partir à Concarneau, de quitter la Normandie où ça ne se passe pas bien avec sa nièce et son époux. Il choisit de rejoindre Concarneau. Comment est-elle née, cette histoire ? Pourquoi vous êtes vous intéressé à ce moment précis de la vie de Flaubert ?
Alexandre Postel
D'abord, vous l'avez rappelé parce qu'il y avait pour ce personnage, pour cette personne de Flaubert, une sorte d'affection et d'admiration que j'avais envie d'exprimer d'une certaine manière. Mais alors, pourquoi plus précisément en parler comme ça et sous cette forme, et à travers cet épisode ou cet incident de son existence, qui est somme toute un incident assez mineur, ce n'est pas un des grands moments de la vie de Flaubert. Ce qui m'a attiré là, c'est ce désir d'aller à Concarneau. Pourquoi est-ce qu'il a choisi d'aller là bas ? C'est quelqu'un qui voyage assez peu ou alors qui est soit à Croisset en Normandie ou bien à Paris. Enfin, il a cette sorte de vie partagée entre les deux, entre la capitale et sa retraite, près de Rouen. Mais ce désir d'aller finalement se guérir à Concarneau, ressusciter à Concarneau. Je trouvais qu'il y avait là un mystère, en fait, et en même temps, quelque chose qui me parlait tout à l'heure de la notion de rêverie, voilà quelque chose qui suscitait un peu ma rêverie.
Philippe Chauveau
Vous partez d'un fait authentique, parce qu'il l'a effectivement fait ce séjour à Concarneau. Et puis ensuite, vous allez quand même un peu broder. Alors certes, il va rencontrer sur place des personnages authentiques. Mais il y a aussi l'imagination du romancier que vous êtes.
Alexandre Postel
Bien sûr, je m'inspire effectivement de manière assez précise de ce qui s'est passé. Il est vraiment allé passer l'automne à Concarneau. C'est avéré aussi qu'il était là bas en compagnie d'un savant naturaliste, Georges Pouchet, dont on reparlera. Cependant, il m'a semblé qu'il y avait là, dans cet épisode, finalement tout à fait réel de sa vie, derrière la platitude, qu'il y avait quelque chose d'encore une fois... Qu'il y avait matière à une forme d'élaboration, presque de légende. Il y avait quelque chose de plus général qui relève du besoin d'aller voir la mer. D'abord, qu'est ce que ça fait ? Pourquoi ça nous touche comme ça. Et puis aussi de cette fréquentation, cette relation avec le scientifique, entre l'écrivain et le scientifique.
Philippe Chauveau
Des relations avec des scientifiques, Pouchet et Pelletier, en l'occurrence, sur lesquels on reviendra, et puis aussi d'autres personnages qu'il va côtoyer, comme cette petite bonne dont il va se prendre d'affection. Et puis, face à ce quotidien assez banal de ces quelques jours en bord de mer en Bretagne, il y a aussi l'auteur qui a envie de reprendre la plume qui, on l'a dit au début, est assez mélancolique. Et puis, qui va peut)être renaître de ses cendres, tel le Phénix et qui va envisager l'écriture d'un conte médiéval.
Alexandre Postel
Oui. Il n'a même aucune intention de reprendre la plume, puisque vraiment, il précise d'ailleurs dans une lettre qu'il n'emporte pas de papier, qu'il n'emporte rien et qu'il a juste envie de mener une petite vie abrutissante. C'est comme ça qu'il le présente, c'est-à-dire, en gros, une vie de vacances, là où il passe son temps à dormir d'abord, à se promener au bord de la mer, à manger des fruits de mer, des homards. J'essaie de me demander pourquoi précisément là, dans ce contexte et dans cette compagnie, avait surgi en lui le désir d'écrire ce conte médiéval, la légende de saint Julien l'Hospitalier, qui raconte l'histoire d'un enfant cruel et dont la cruauté se mesure au nombre d'animaux qu'il tue, à sa violence envers les animaux.
Philippe Chauveau
Et donc, vous imaginez que c'est dans ce paysage breton que l'inspiration va lui revenir. On le disait, il y a deux personnages qui sont importants dans les rencontres qu'il va faire. Il y a ces deux hommes, ces deux spécialistes que sont Pouchet et Pelletier. Qui sont-ils ? Et ces rencontres sont-elles avérées ?
Alexandre Postel
Alors oui, les rencontres sont avérées. Ce sont deux naturalistes, Pouchet est au Muséum, en fait un fonctionnaire du Muséum d'histoire naturelle à Paris. Il est détaché à Concarneau, où il dirige la station marine, la station de biologie marine de Concarneau. Puisque le dix-neuvième siècle voit l'essor de cette nouvelle science, cette nouvelle discipline, la biologie marine, qui va s'intéresser aux animaux, aux bêtes de la mer pour essayer de percer le secret de leur vie et peut-être de la vie en général.
Philippe Chauveau
Et Pelletier, lui, il est du musée de Rouen.
Alexandre Postel
Voilà, et donc ils sont collègues, confrères l'un et l'autre, et donc ils ont les mêmes objets d'étude, et donc Pelletier vient faire un petit séjour d'études en fait, dans cette station marine. Ils se retrouvent là tous les trois et Flaubert, c'est vrai, a assisté, fasciné, à toutes ces dissections de poissons auxquelles se livrent ces savants à longueur de journée.
Philippe Chauveau
Et justement, c'est ce qui est intéressant, c'est que c'est Flaubert, l'image de Flaubert, le grand auteur. Et puis là, on le voit comme un gamin qui est fasciné face à ces deux hommes qui lui ouvrent les portes d'un monde qu'il ne maîtrise pas et qu'il ne soupçonnait peut-être pas, et qui assiste justement à leurs travaux. Vous l'avez un peu désacralisé, Flaubert, avec ces deux personnages de Pouchet et Pelletier.
Alexandre Postel
Désacralisé... Il aurait fallu que je le considère comme sacré d'abord, ce qui n'est pas le cas. Mais alors, oui, comme un gamin, ça pour le coup... En effet, vous dites bien parce qu'il me semble que ça rejoint quelque chose, justement, de sa propre enfance. Cette fascination pour le savant, puisque son père lui même était un médecin chirurgien. Et c'est à la fois une admiration qu'il éprouve envers ces figures de savant, envers leur rigueur, envers leurs recherches patientes, minutieuses des causes de la vie. Envers aussi le calme qui est le leur. Parce que ce sont des êtres extrêmement sereins, extrêmement calmes, imperturbables, alors que lui est dans tous ses états, il pleure pour un oui, pour un non. À ce stade de sa vie, il est dans un état un peu mélancolique, et d'un autre côté, peut-être aussi un rapport de rivalité qui se met en place progressivement. C'est peut-être aussi quelque chose qui va jouer dans ce désir de reprendre la plume finalement, comme un autre scalpel. Un autre moyen, finalement, d'accompagner la vie.
Philippe Chauveau
Vous le disiez, nous sommes en 1875. Flaubert n'est pas à la fin de sa vie, mais en tous cas, il s'en rapproche tout doucement. Il n'a pas le moral. Il ne s'entend pas avec le mari de sa nièce. Il a des histoires d'argent. Avec Victor Hugo, George Sand, il commence un peu à les trouver saoulant. Il est complètement plombé. Il n'a pas d'inspiration, donc il y a cette mélancolie. Puis, au fil des pages, avec votre écriture, on voit Flaubert renaître, en quelque sorte. C'est aussi l'image du romancier, de l'auteur que vous pouvez parfois être, qui peut connaître des moments de désillusion, de mélancolie et qui, par des hasards, par des rencontres, retrouvent l'inspiration et la joie d'écriture ?
Alexandre Postel
Sans doute qu'il y a un peu de ça. Certainement. Si j'ai éprouvé peut-être aussi l'attrait de cette situation, finalement, dans la vie de Flaubert, de ce moment comme ça, ce moment de mue ou de métamorphose comme ça, qui est aussi un emballement d'une certaine façon et une sorte de jeunesse retrouvée.
Philippe Chauveau
Si Flaubert entrait dans ce studio, qu'auriez-vous envie de lui dire ?
Alexandre Postel
Allons donc boire un verre au café des Capucines, qui se trouve boulevard des Capucines, juste à côté, et dont j'ai vu en passant qu'il avait été créé en 1875. Donc, c'est parfait.
Philippe Chauveau
En tous cas, voilà un livre très réussi, un joli portrait de Flaubert, certes romancé, mais qui nous donne envie de redécouvrir ce grand auteur et une très belle écriture. Ce livre est une vraie réussite. Ça s'appelle Un automne de Flaubert. C'est votre actualité, Alexandre Postel, vous êtes publié chez Gallimard.
Alexandre Postel
Merci à vous.