Alain Teulié

Alain Teulié

Stella Finzi

Livre 00'07'02"

Philippe Chauveau
C'est donc votre huitième roman, Alain Teulié, Stella Finzi, avec cette magnifique couverture, on va en parler du choix de cette photo. Puis je rappelle que parallèlement, il y a aussi l'auteur de théâtre que vous êtes. Mais huitième roman, c'est important. Nous sommes dans notre époque contemporaine. Nous sommes en 2018. Nous allons faire connaissance avec Vincent. Vincent est une sorte de dandy un peu dilettante, un peu mal dans sa peau, mais très esthète aussi. Il va partir à Rome quelques jours pour mettre fin à ses jours. C'est tellement plus chic d'aller se suicider à Rome. Oui, mais voilà, dans un café, il va rencontrer Stella Finzi. J'allais dire la belle Stella Finzi, ce n'est pas vrai puisqu'elle est, paraît-il, très, très laide. Qui est-il, ce fameux Vincent, qui a une quarantaine d'années ?

Alain Teulié
C'était vraiment un homme d'aujourd'hui. D'ailleurs, si on le croisait dans Paris, on aurait pu penser que c'est une sorte de bobo un peu dandy. On peut le croiser à Saint-Germain ou dans le Marais, mais il est très solitaire. Il se sent assez différent, comme nous tous, mais sauf que lui, c'est très, très fort. Alors, il a sorti un roman il y a vingt ans, qui n'a pas eu beaucoup de succès, qui était peut être bien ou pas bien. Je ne l'ai pas lu, le roman de mon personnage. Et puis, il a fait de la pub, il a fait des dialogues pour la télévision. Il a un peu végété, mais il a un fort dégoût du laid et de ce qui n'est pas beau. Il est très sensible. Il a plutôt un problème aussi avec sa propre féminité. Il n'aime pas les garçons, mais il se sent très féminin. Donc, après avoir été un séducteur, il se sent un peu en porte-à-faux avec les femmes. Il a l'impression qu'il ne sait pas quoi leur donner. Il a 40 ans. C'est un moment de crise. Donc effectivement, comme il gagne un peu d'argent. Après la mort de son père, il a un héritage. Il essaye de faire fructifier cet argent et comme il perd presque tout, il doit lui rester mettons dix-mille euros, c'est une jolie somme, mais malgré tout, pour finir ses jours avec, ce n'est pas beaucoup. Donc, il se dit : "je vais aller mourir à Rome, comme d'autres l'ont fait à Venise".

Philippe Chauveau
Et dans ce café, il va rencontrer cette femme, Stella Finzi, qui elle aussi, a un parcours que l'on va découvrir au fil des pages. C'est une femme très laide, mais finalement, il va être fasciné parce qu'elle va un peu le harceler au départ. Comment se fait cette rencontre et qui est-elle, cette Stella Finzi ?

Alain Teulié
Ses parents et son frère, qui était un peu handicapé, sont morts dans cet évènement dont vous vous souvenez sûrement, ainsi que vos téléspectateurs, dans l'effondrement du pont Morandi à Gênes, il y a quelques années.

Philippe Chauveau
En août, 2018.

Alain Teulié
Bravo ! Absolument.

Philippe Chauveau
Ce qui nous permet de situer vraiment le roman.

Alain Teulié
Ce qui situe le roman historiquement et qui va justifier la fin dont nous parlerons peut-être. Cette femme, elle est riche. Elle est très intelligente, elle est très cultivée. Elle a un beau corps, comme je le décris, et elle a un visage extrêmement embarrassant, mais embarrassant. Cette femme va modifier, je ne veux pas raconter le livre, bien sûr, mais modifier la vie de Vincent. Donc, en fait, vous savez, un livre, c'est toujours un prétexte. Ça nous permet, quand on a un thème comme celui là, une rencontre entre un jeune homme qui veut mourir et une jeune femme laide, mais cultivée et riche, on peut parler de la mort, on peut parler de la beauté. On peut parler de la laideur. On peut parler de là. On peut parler de qu'est ce qu'on fait ici ? On peut parler du désir, de quoi est fait le désir. Il y a des sujets quand on les trouve et ça a été ma chance lorsque je suis allé à Rome, il y a un an, en juin dernier, tout d'un coup, il y a le sujet qui va vous permettre enfin, pour un huitième roman, de dire tellement de choses que vous aviez sur le cœur, sur l'âme. Un sujet est un prétexte. Mais il faut quand même intéresser les gens.

Philippe Chauveau
On parle de beaucoup de choses dans ce roman. On parle aussi de l'art. Vous l'avez dit, on parle de l'esthétisme. Qu'est-ce qui est beau ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ? On va parler musique. On va parler peinture. On va parler littérature. Et il y a aussi cette envie d'écriture de Stella. Il va y avoir ce, allez je ne dévoile pas l'intrigue, mais il y a quand même ce défi qu'elle va lancer à Vincent d'écrire pour elle un livre sur une thématique assez surprenante. Et là, on va faire un saut dans le temps puisqu'elle lui demande de travailler sur Gilles de Rais, le fameux Gilles de Rais. Alors, pourquoi avoir eu envie d'écrire un roman dans le roman ? Pourquoi choisir ces personnages de l'époque Renaissance ?

Alain Teulié
Parce que Gilles de Rais est un personnage de notre histoire, très mal connu. Parce que horrible. Parce que c'est Barbe-Bleue. Il a tué beaucoup d'enfants et à l'époque, on pouvait se permettre des exactions incroyables quand on avait de l'argent. Ca m'a intéressé, parce que ça m'a permis de mettre en lumière un personnage du passé qui s'appelait Francesco Prélati, qui était un faux alchimiste, mais que Gilles de Rais a été fait faire quérir à Montecatini, en Toscane, pour essayer de transformer le plomb en or et avoir de l'argent, et donc pouvoir continuer de faire ces horribles crimes. Ce qui m'a intéressé, c'est que dans le roman, les lecteurs verront que je fais un parallèle entre cette histoire du passé et le présent où d'une certaine manière, alors elle est merveilleuse Stella, elle n'est pas du tout Gilles de Rais, mais quelque part, elle va transformer Vincent en alchimiste obligatoire. Elle va le transformer en quelqu'un qui va faire quelque chose, qui va faire quelque chose qui sera le plus beau possible. Et quoi que nous fassions, faisons la chose la plus belle possible. C'est ça que raconte ce livre. J'espère que ça le raconte.

Alain Teulié
J'ai eu la chance de lire d'abord les épreuves et puis de voir ce qu'est le livre aujourd'hui en librairie. Et à la fin, les dernières pages ont un peu changé. Expliquez-nous comment l'actualité que nous avons vécue ces derniers mois vous a-t-elle rattrapé ?

Philippe Chauveau
Mais c'est dire qu'effectivement, vous l'avez dit très justement, il y a un repère historique qui est l'écroulement du pont Morandi, où meurent les parents de Stella Finzi. Effectivement, le roman se déroule en ce moment dans cette date-là, 2020, et il finit environ vers Noël prochain. Donc, comme nous avons tous vécu dans le monde entier, une pandémie incroyable, avec une violence incroyable, une violence pas seulement des morts qui sont survenus, mais aussi une violence, de l'enfermement et de la peur. Je ne pouvais pas ne pas le citer. D'abord parce que les lecteurs le verront. On ne va pas le dévoiler, mais ça va merveilleusement bien, hélas, avec l'histoire, l'enfermement à un moment à Rome, de Stella Finzi, et de Vincent à Paris m'a permis de, j'avais déjà résolu le scénario, mais presque de sur résoudre le scénario. Donc, j'ai eu le plaisir et aussi la catharsis intérieur de pouvoir décrire le confinement à Rome et à Paris sur deux pages. Mais ça m'a permis aussi de dire ce que j'en pensais et de dire ce que nous ressentions. Et c'est vrai que ça a donné bizarrement à l'histoire une espèce de, je dirais, de final... On aurait dit que c'était prédit.

Philippe Chauveau
C'est votre actualité à Alain Teulié. Voilà l'un des coups de cœur de cette rentrée littéraire. Une rencontre inattendue dans les paysages de la Toscane et de Rome. Tout cela avec une écriture littéraire et très poétique. Ça s'appelle Stella Finzi. Vous êtes publié chez Robert Laffont Alain Teulié. Merci beaucoup.

Alain Teulié
Merci à vous !

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  • LIVRE
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