Il fait son petit bonhomme de chemin Nicolas Robin. Découvert par le grand public en 2016, avec « Roland est mort », il nous a habitués à sa plume drôle, légère, grinçante qui sous couvert d’humour et de dérision aborde des thèmes de société sur nos fragilités et nos côtés sombres.
En 2021, avec une plume sans doute plus sage, évoquant avec pudeur le sujet des hommes battus par leurs femmes, il avait ouvert le débat et son livre « La claque » continue à faire parler. Si vous ne l’avez pas encore, je vous le...
Revivez les grands moments du salon de Nicolas Robin - Présentation - Suite
PhilippeBonjour Nicolas Robin.
Nicolas RobinBonjour Philippe.
PhilippeVoici votre nouveau titre Sexe Bombe aux éditions Fayard. Avec cette couverture qui est bien flashy. On la voit bien en librairie, mais c'était voulu. C'est votre septième titre, mais j'ai envie de dire que c'est le cinquième parce que les deux premiers super tragiques et bébés requins étaient plus confidentiels. Et c'est avec Roland est mort que le grand public vous a réellement découvert.
PhilippeSi vous deviez définir votre écriture, que diriez vous...
Revivez les grands moments du salon de Nicolas Robin - Portrait - Suite
PhilippeAvec ce nouveau titre, Nicolas Robin, Sexe Bombe, vous nous emmenez à Dax, dans les Landes. Vous connaissez bien. C'est là bas que vous êtes né.
Nicolas RobinExactement.
PhilippeEt vous nous emmenez précisément dans un salon, un salon de toilettage canin qui est tenu par Eddie. Eddie, il a la quarantaine, 45 ans.
Nicolas RobinOui, Une quarantaine d'années.
PhilippeC'est un peu un vieux beau, quand même. C'est un peu l'image qu'on s'en fait.
Nicolas RobinC'est le vieux beau macho qui se pose pas trop de questions. Ni un...
Revivez les grands moments du salon de Nicolas Robin - Livre - Suite
Nicolas Robin
Sexe bombe
Présentation 00'03'12"Il fait son petit bonhomme de chemin Nicolas Robin. Découvert par le grand public en 2016, avec « Roland est mort », il nous a habitués à sa plume drôle, légère, grinçante qui sous couvert d’humour et de dérision aborde des thèmes de société sur nos fragilités et nos côtés sombres.
En 2021, avec une plume sans doute plus sage, évoquant avec pudeur le sujet des hommes battus par leurs femmes, il avait ouvert le débat et son livre « La claque » continue à faire parler. Si vous ne l’avez pas encore, je vous le recommande vivement, il vient de sortir en poche.
Mais l’actualité de Nicolas Robin, dans un tout autre registre, c’est ce nouveau titre, « Sexe bombe », paru chez Fayard.
Derrière cette couverture sirupeuse, joliment kitsch, on retrouve la folie douce de l’auteur, son écriture pleine de fantaisie et d’originalité et son souhait d’aborder, sans en avoir l’air, des sujets qui marquent notre temps.
Nous sommes à Dax, dans les Landes, Nicolas Robin connait bien, c’est là qu’il est né.
Et dans cette ville thermale, toutes les femmes d’âge un peu mûr et qui possèdent un gentil toutou se refilent l’adresse d’Eddy. Eddy est toiletteur pour chiens. Mais surtout, Eddy est un grand séducteur et pour ces dames parfois en manque de tendresse, il sait être d’un grand réconfort. En entrant dans la boutique, câlinant leurs chiens, il suffit qu’elles susurrent à Eddy, « Je voudrais qu’il soit merveilleux de la truffe à la queue », celui-ci comprend le message et la séance se termine à l’étage. Et parfois même, Eddy emmène ses conquêtes danser à la Musardière le dimanche après-midi.
C’est la porte de ce salon de toilettage canin que pousse un jour Maryse, ancienne starlette de la télé des années 80, joliment conservée. Entre Eddy et Maryse, c’est vite l’idylle. Mais Maryse n’est pas seule. Il y a Chloé, sa fille d’une vingtaine d’années, claudicante suite à un accident de voiture et aussi renfermée que sa mère est extravertie. Et derrière ce regard sombre se cache surtout une sourde rancœur. Et la jolie romance guimauve de virer vers la comédie noire, voire le thriller.
On va beaucoup rire dans ce roman à l’écriture incisive et au suspense savamment construit. Mais on va aussi s’interroger sur cette société du jeunisme à tout prix quand le temps qui passe fait peur, où l’amour semble interdit après un certain âge. Et puis enfin, on va frémir sur cette relation conflictuelle entre une mère toxique et sa fille bourrée de complexes.
Les personnages sont haut en couleurs, de Maryse, à la chevelure flamboyante et au décolleté plongeant à Eddy, vieux beau à la fois attachant et roucoulant. Les situations sont cocasses, le second degré est désopilant, l’humour grinçant assumé.
Comme l’a dit la maman de l’auteur quand celui-ci lui a fait lire le manuscrit : c’est chaud mais ça décoince !
Le nouveau roman de Nicolas Robin est un coup de cœur.
« Sexe bombe » est publié aux éditions Fayard.
Nicolas Robin
Sexe bombe
Portrait 00'05'32"Philippe
Bonjour Nicolas Robin.
Nicolas Robin
Bonjour Philippe.
Philippe
Voici votre nouveau titre Sexe Bombe aux éditions Fayard. Avec cette couverture qui est bien flashy. On la voit bien en librairie, mais c'était voulu. C'est votre septième titre, mais j'ai envie de dire que c'est le cinquième parce que les deux premiers super tragiques et bébés requins étaient plus confidentiels. Et c'est avec Roland est mort que le grand public vous a réellement découvert.
Philippe
Si vous deviez définir votre écriture, que diriez vous ?
Nicolas Robin
C'est toujours difficile de définir son écriture. En tout cas, j'ai des mots d'ordre. Je veux toujours que ça soit incisif, taquin et sans concession pour l'âme humaine. Ça, c'est sûr.
Philippe
C'est souvent drôle, décalé, du second degré. Vous abordez néanmoins, à travers tous ces romans, des sujets sociétaux. Et puis il y a eu la petite parenthèse de votre précédent titre en 2021 La claque. Où là, l'écriture était peut-être incisive, certes, mais peut-être un peu plus sage. Et vous, vous abordez le thème des violences conjugales, mais vécu par un homme ?
Nicolas Robin
Oui, c'était un sujet qui me tenait à cœur parce que c'est arrivé à un ami qui m'a confié ce drame douloureux. J'ai voulu en faire une histoire tout en rajoutant un peu de légèreté quand même, avec un personnage secondaire à qui il se confiait et c'était forcément une écriture plus sombre parce que le sujet ne se prêtait pas à rire. C'est quand même sérieux.
Philippe
Vous avez l'impression que ce livre a été un pas de côté ? Ou finalement, vous avez l'impression qu'il avait tout à fait sa place juste après une folie passagère et juste avant Sexe Bombe ?
Nicolas Robin
Il a tout à fait sa place parce que pour moi, il y a des passerelles entre le drame et la comédie. À ce niveau là, j'ai rien inventé, j'ai juste voulu un peu moins rire. À un moment donné, ça c'est mon choix.
Philippe
Quelles sont vos influences littéraires ? Lorsque vous partez à l'autre bout du monde pour votre métier ou lorsque vous êtes chez vous sur votre table de chevet ? Que trouve-t-on comme littérature ?
Nicolas Robin
En ce moment ? Je lis...
Philippe
Ou en général ?
Nicolas Robin
En général, je suis venu à la littérature avec Tanguy de Michel del Castillo, un roman que j'adore, que j'affectionne toujours. Le lion de Joseph Kessel, évidemment, qui est, au sens propre du terme, le roman, puisque c'est une invitation au voyage. Et ensuite, j'ai découvert la littérature beaucoup plus contemporaine et décalée avec Stephen King dont Carrie a un petit peu inspiré Sexe Bombe, puisque c'est une histoire de vengeance. Mais aujourd'hui, j'aime parmi mes contemporains Aline Dieudonné, Florent Oiseau, qui ont cette écriture toujours très décalée, avec des envolées aussi littéraires.
Philippe
A quel moment vous dites-vous moi aussi j'ai envie d'écrire, j'ai envie de devenir écrivain ?
Nicolas Robin
Un jour de pluie où j'ai arrêté le théâtre que je regrettais de ne plus m'épanouir sur scène. Je me suis dit : « Mais il y a peut-être moyen de retrouver ce plaisir, c'est d'écrire ce que je ne vais pas jouer ». Et je me suis installé devant mon ordinateur un dimanche et j'ai commencé à écrire Bébé requin, qui était un peu mon histoire. Comment un jeune homme veut faire son coming out en disant à ses parents non pas qu'il est homosexuel, mais tout simplement qu'il est amoureux. Ça a donné un premier chapitre écrit en un après-midi. Je me suis tellement régalé que j'ai écrit la suite. Et sans aucune prétention, je me suis dit : « pourquoi pas essayer de trouver un éditeur ». J'ai été très timide et finalement très humble. Je ne m'attendais pas à être publié, mais contre toute attente, ç’a été lancé par les éditions TG, dirigée par Pedro Torres.
Philippe
Vous vous êtes découvert différemment en devenant écrivain ?
Nicolas Robin
Je me suis accompli. Je ne sais pas si je me suis découvert, mais je me suis vraiment éclaté au sens propre du terme. Je pense qu'il y avait une graine qui germait en moi et qui n’avait qu'une envie, c'était de pousser. Et qui est arrivé sur le tard, vers 40 ans, en fait. Jusqu’avant, peut-être que je m'interdisais d'écrire. Je ne pensais pas que j'étais auteur, en fait.
Philippe
On va reparler dans un instant de ce nouveau titre Sexe Bombe. Vous nous avez rappelé la genèse de La claque avec cet homme que vous connaissiez, qui avait été, effectivement, un homme battu. Néanmoins, quelles sont les influences que vous avez commandées ? Une histoire de folie passagère s'était inspirée un peu de ce que vous vivez en tant que stewart. Mais à quel moment vous dites-vous tiens, ça, c'est pas mal. Il faut que je m'en empare pour l'écrire.
Nicolas Robin
Les idées, elles sont partout. C’est un peu comme des bulles de savon qui passent devant vous et qui éclatent. Ça peut être une situation, une phrase qu'on entend dans la rue. C'est des souvenirs qui sont vraiment gravés dans ma tête comme du marbre.
Philippe
Et si je reviens sur Roland est mort. Je le disais en préambule, c’est le premier titre qui vous a réellement fait connaître du grand public. Cet homme un peu seul que l'on va suivre. Comment était-elle née cette histoire ?
Nicolas Robin
C'est très personnel Roland est mort. C'est ma peur interne de mourir seul chez moi, qui a fait écho à divers faits divers où on découvre, on retrouve des gens trois mois après leur décès. Je me suis demandé si ça m'arrivait un jour, donc pourquoi pas ? Parce qu'on peut très vite se couper du lien social, encore plus en vieillissant.On n'est pas forcément accompagné toute sa vie. Etc. Et j'ai mis en scène ces peurs intérieures. C'est pas forcément des démons, c'est plus quelque chose qui vous hante, en fait. Je préfère en rire plutôt que me lamenter.
Philippe
Alors si je vous entends bien : des souvenirs d'enfance, des angoisses personnelles, des expériences de vie, vous écrivez pour essayer de calmer des appréhensions ?
Nicolas Robin
Certainement : chasser des démons, calmer des appréhensions, essayer de faire face à l'existence avec le sourire. Même si parfois...
Philippe
Tout ça avec légèreté.
Nicolas Robin
Tout ça, avec légèreté et dérision. Il en faut pour pouvoir se lever le matin quand on voit l'actualité ou quand on voit où parfois où la vie vous embarque.
Philippe
Votre actualité, Nicolas Robin, c'est ce nouveau titre aux éditions Fayard. Ça s'appelle Sexe Bombe.
Nicolas Robin
Sexe bombe
Livre 00'07'42"Philippe
Avec ce nouveau titre, Nicolas Robin, Sexe Bombe, vous nous emmenez à Dax, dans les Landes. Vous connaissez bien. C'est là bas que vous êtes né.
Nicolas Robin
Exactement.
Philippe
Et vous nous emmenez précisément dans un salon, un salon de toilettage canin qui est tenu par Eddie. Eddie, il a la quarantaine, 45 ans.
Nicolas Robin
Oui, Une quarantaine d'années.
Philippe
C'est un peu un vieux beau, quand même. C'est un peu l'image qu'on s'en fait.
Nicolas Robin
C'est le vieux beau macho qui se pose pas trop de questions. Ni un homme moderne, ni un homme féministe, en tout cas.
Philippe
Et surtout, il y a toutes ces dames, que ce soit des curistes de passage ou que ce soit des femmes habitant à Dax. Il a toutes ces dames à chien qui viennent faire soigner leur petit toutou et surtout ont cette phrase magique. Je vous laisse la prononcer.
Nicolas Robin
« Je voudrais qu'il soit merveilleux. De la truffe à la queue ».
Philippe
Voilà, ça passe mieux quand c'est vous qui le dites. Et toujours est il que lorsqu’Eddy entend cette phrase, il comprend le message. C'est que ces dames ont besoin d'un peu de tendresse, d'un peu d'affection. Et ça se termine au premier étage. C'est le point de départ de votre roman, mais quelle idée ! Qui est il donc cet Eddy ?
Nicolas Robin
Eddy, c’est un commerçant. L'idée est venue de ce commerçant que j'ai connu à Dax parce que le premier métier que je voulais faire quand j'avais dix douze ans, c'était toiletteur canin. Et donc je passais du temps dans sa boutique à l'observer en train de travailler et j'observais ces dames qui venaient, qui le regardaient, etc et lui qui avait ce sourcil un peu taquin, coquin avec elles.
Et il s'avérait que c'était un joli-cœur de ces dames. Et la suite, je ne la connais pas, je l'ai juste imaginée. C'est le travail d'auteur et de romancier qui a pris le pas. Mais cette idée est restée gravée dans ma tête : toiletteur canin, joli coeur de ces dames.
Philippe
Alors, Eddie, il est très drôle parce qu'il assume complètement son rôle de play boy. Quand ça se passe bien, il emmène même ces dames, le dimanche après-midi, danser à La Musardière où on fricote un peu. Et puis voilà qu'un jour entre dans ce salon Maryse. Maryse, c'est une ancienne starlette des années 80, une ancienne speakerine ?
Nicolas Robin
Exactement.
Philippe
Et elle vient faire la connaissance d'Eddy. Alors, qui est elle, Maryse ?
Nicolas Robin
Maryse Delmar est une ancienne speakerine qui a été mariée à un riche producteur de télé, qui est veuve aujourd'hui et qui a une maison secondaire dans les Landes. Puisque dans les Landes, il y avait François Mitterrand qui était installé. Donc si François Mitterrand y était installé, son mari se devait également d'avoir sa maison de campagne. Et elle fait la connaissance d'Eddie, d'abord à La Musardière. Elle l'observe en train de danser avec ses grands mères et puis elle jette son dévolu sur lui parce qu'elle le trouve très beau, au charme ravageur. Et Maryse a 72 ans...
Philippe
Elle a besoin de séduire.
Nicolas Robin
Elle a besoin de séduire parce qu'elle n'envisage pas de faire l'amour avec un homme de son âge. Ce qu'elle aime, c'est le bon quadra vigoureux et elle ne lâche pas l'affaire avec lui. Et elle va le poursuivre jusque dans son salon de toilettage où elle va réussir, grâce aux cures thermales, à obtenir le nom de code pour pouvoir monter au premier étage, c'est-à-dire....
Philippe
Elle va prononcer elle-même cette fameuse phrase.
Nicolas Robin
« Je voudrais qu'il soit merveilleux de la truffe à la queue, même si je n'ai pas de chien ». Voilà ce qu'elle lui dit.
Philippe
Alors il faut préciser que Maryse, elle, a une fille. Elle a une fille, Chloé, qui est un peu la part sombre de son histoire qui boîte un peu suite à un accident de voiture. On va découvrir ça dès les premières chapitres. Un accident de voiture dont sa mère a été responsable. Et c'est une rivalité un peu entre ces deux femmes.Et Chloé, elle a une certaine rancœur vis-à-vis de sa mère.
Nicolas Robin
Oui, dans l'ombre, il y a Chloé qui l'observe et qui reproche à sa mère d'avoir gâché sa vie puisque Maryse a été responsable d'un accident de voiture à cause de la vodka dont elle a abusé. Et ce soir là, elle avait décidé de ne pas y renoncer. Et Chloé en a réchappé avec une prothèse à la hanche, ce qui aujourd'hui lui coûte de devoir marcher avec une canne. Donc si Chloé avance clopin-clopant, elle observe sa mère en train de dépenser l'héritage de son père, s'encanailler avec tous ces hommes. Et elle lui en veut tellement qu'elle va décider cet été-là de s'en débarrasser.
Philippe
Alors voilà : le décor est planté, nous sommes à Dax. Il y a le salon de toilettage canin, il y a la maison de Maryse. Et puis il y a ce fameux trio : Eddy, Maryse et Chloé. Et ce qui est génial, c'est qu'à un moment, c'est très, très léger, c'est très drôle. Et puis à un moment, on va virer un peu dans l'esprit du thriller parce qu'on va bien comprendre que Chloé a une idée derrière la tête. Et puis, c'est aussi un roman où vous vous lâchez. Alors on connaît votre écriture second degré. On sait que vous aimez la fantaisie et l'originalité. Mais alors là, on y va franco. J'imagine que vous vous êtes beaucoup amusé. Est-ce que vous vous êtes interdit certaines choses dans l'écriture ?
Nicolas Robin
Pas du tout. Et je remercie mon éditrice aux éditions Fayard de ne jamais m'avoir censuré parce que l'idée, ce n'était pas de faire un roman à l'eau de rose. Moi, je voulais écrire une comédie noire. Et quand j'ai eu cette idée de toiletteur canin, joli-coeur de ces dames âgées, ces dames qui sont retraitées, on va employer le bon terme.Elles ont au moins 60 ans. Je me suis dit : « finalement, qu'est ce que ça raconte ? » Ça met en avant, tout simplement, ces femmes dont on ne parle plus dans la fiction, ces femmes qui ont passé 45 ans et qu'on ne voit plus à l'écran. Les actrices en parlent beaucoup. Passé 45 ans, on ne voit plus les actrices dénudées, etc. Et moi, j'avais envie de mettre en avant ces femmes qui s'assument malgré leurs rides, les vergetures, les cheveux gris, etc. Ces femmes audacieuses, aventureuses, ces femmes qui ont tout simplement envie de retrouver les joies du sexe, soit parce qu'elles sont divorcées, veuves ou qu'elles ne font plus l'amour avec leur mari et qu'elles retrouvent avec Eddy ce plaisir qu'elles se sont parfois interdits ou qu'elles ont freiné. Et ce comédie, c'est justement à la fin du coït, les voir tourner la tête vers l'oreiller et peut être pleurer de joie et de jouissance. Et le texte est volontairement, parfois cru, jamais potache. Mais on aborde la sexualité de front dès le premier chapitre.
Philippe
Et puis, autre sujet que vous abordez par Chloé, c'est le mal-être. C'est comment se construire lorsque l'on a un parent qui est omniprésent et qui fait beaucoup, beaucoup de bruit et qui a beaucoup de lumière. C'est comment avancer dans la vie ? Ce sont toujours des petites touches sur notre quotidien que vous racontez dans vos histoires.
Nicolas Robin
Oui, il y avait une vraiment une influence par rapport à Carrie de Stephen King. Ou je me souviens aussi : Hervé Bazin, avec Vipère au poing, avait beaucoup marqué parce que ça vous apprenait à ne pas être obligé d'aimer votre mère, surtout quand votre mère est toxique. Et j'avais vraiment envie de ces ambiances de conflits mère-fille, de mélanger le sexe et la mort, qui est à la fois des thèmes très abordés en littérature mais aussi au cinéma. J'avais cette influence des images de films de Pedro Almodovar que j'adore, et j'ai décidé de créer ce cocktail pour créer ce roman qui est à la fois sulfureux avec d'un kitsch assumé et qui peut être très, très noir et très mordant. Exactement à l'image du chien qu'on voit sur cette couverture que j'adore parce qu'il a un côté très noble, voire arrogant.
Philippe
Alors les chiens, ils sont présents, ce sont des personnages à part entière puisque vous nous emmenez dans ce dans ce salon de toilettage canin. Mais les chiens, c'est aussi peut-être un peu ces personnages que vous avez inventés parce qu'ils ont des comportements très très bestiaux.
Nicolas Robin
Oui, déjà le le chien qui est sur le lit, c'est peut-être non pas juste un chien, mais un personnage du livre, puisque les trois personnages, vraiment, ont cette incarnation de chiens à l'intérieur d'eux, c'est-à-dire qu’Eddy c'est le chien libidineux qui se frotte à votre jambe à n'importe quelle heure de la journée. Maryse, c'est plutôt le chien de chasse qui traverserait des forêts, des étangs pour retrouver sa proie et ne jamais lâcher du gibier. Tandis que Chloé, c'est plutôt le chien brimé, le chien blessé qui reste derrière le grillage mais qui aboie dès que vous vous approchez de trop. Donc, il y a vraiment cette psychologie de chien et je joue justement sur ces termes à chaque page.
Philippe
Voilà en tout cas un livre très réussi. C'est un coup de cœur. C'est un livre très drôle, très second degré. On est surpris. Et puis il y a une fin que l'on ne voit pas arriver, donc ça, c'est vraiment génial. Et puis ce trio : Eddy le Joli-Coeur, Maryse la peroxydée. Et puis Chloé, cette jeune femme fragile. Une drôle d'histoire joliment racontée, brillamment racontée. Je reprends la phrase que vous a dit votre votre maman que vous mettez dans les remerciements: « C'est chaud, mais ça décoince ». Ça s'appelle Sexe bombe, c'est aux éditions Fayard. C'est votre actualité. Merci Nicolas.
Nicolas Robin
Merci Philippe.