Emilie de Turckheim trace gentiment son sillon dans l’univers littéraire français. Après Sciences Po, elle suit des études de sociologie mais elle sait déjà que l’écriture aura une place déterminante dans sa vie.
A 24 ans parait son premier roman « Les amants terrestres » dans lequel transparait déjà ce que sera la patte de Turckheim. Une écriture débridée, rythmée, des personnages décalés, des situations loufoques mais aussi une certaine poésie dans le choix des mots, une émotion palpable et des thèmes qui ne...
Lunch box d'Emilie Turckheim (de) - Présentation - Suite
Philippe Chauveau
Bonjour Emilie de Turckheim.
Emilie de Turckheim
Bonjour.
Philippe Chauveau
Popcorn Melody aux éditions Héloïse d'Ormesson. J'ai envie de dire, c'est déjà votre 8ème roman. Comment l'écriture fait-elle son apparition dans votre vie. C'est venu comme ça un jour ? Vous vous êtes dit, je vais écrire ?
Emilie de Turckheim
C'est venu même avant d'écrire. J'ai des souvenirs de moi tellement petite que j'étais dans un lit à barreau, donc je ne devais pas être bien vieille. Et j'inventais une histoire que...
Lunch box d'Emilie Turckheim (de) - Portrait - Suite
Philippe Chauveau
Dans ce nouveau roman, Emilie de Turckheim, qui est déjà votre 8ème titre, nous allons faire connaissance avec Tom Elliott. Quel drôle de personnage ! Il vit au fin fond des USA, dans le Mid West dans une petite ville que vous avez inventée...
Emilie de Turckheim
Shellawick.
Philippe Chauveau
Ce personnage aujourd'hui, il tient une petite épicerie, ce que lui considère un peu comme un supermarché. Son père était barbier, d'ailleurs il a conservé le fauteuil de barbier de son père dans sa boutique. Il a...
Lunch box d'Emilie Turckheim (de) - Livre - Suite
J'ai beaucoup aimé ce roman. Ce n'est pas le premier roman d'Emilie de Turckheim d'ailleurs que j'apprécie. J'aime toujours son humour. C'est quelqu'un dont j'aime aussi l'écriture parce qu'elle a un style très fluide et aussi inventif. Il y a aussi les thèmes qu'elle aborde, et en particulier dans celui-ci, elle aborde à la fois l'influence ou l'importance ou comment la littérature et la poésie peuvent agir sur les gens, et peut-être sur notre environnement, sur le monde. Je le recommande, c'est un des livres de la rentrée...
Lunch box d'Emilie Turckheim (de) - Libraire - Suite
Emilie de Turckheim
Popcorn Melody
Présentation 2'10Emilie de Turckheim trace gentiment son sillon dans l’univers littéraire français. Après Sciences Po, elle suit des études de sociologie mais elle sait déjà que l’écriture aura une place déterminante dans sa vie.
A 24 ans parait son premier roman « Les amants terrestres » dans lequel transparait déjà ce que sera la patte de Turckheim. Une écriture débridée, rythmée, des personnages décalés, des situations loufoques mais aussi une certaine poésie dans le choix des mots, une émotion palpable et des thèmes qui ne laissent pas le lecteur indifférent.
En 2009, elle reçoit le prix de la Vocation pour « Chute libre » ou encore le prix Roger Nimier en 2014 pour « La disparition du nombril ». On oubliera de préciser que pendant plusieurs années, Emilie de Turckheim a été visiteuse de prison. Elle reconnait volontiers que cette expérience a changé son regard sur la vie. Elle s’en inspirera pour ses romans « Les pendus » et « Une sainte ». Dans cette perspective, elle participera prochainement à des ateliers d’écriture en milieu carcéral.
Shellawick, la petite ville américaine paumée du Midwest dans laquelle nous entraine l’auteur dans ce nouveau roman « Popcorn melody » est aussi une sorte de prison dont les murs seraient le désert brûlant. Ici vit une petite communauté sans avenir, dont la plupart travaille dans l’usine de popcorn local. Quant à Tom Eliott, le personnage central, il tient une petite épicerie baptisée « Le bonheur » dans laquelle il ne vend que le strict nécessaire. Mais après tout « Un certain niveau de manque est une bénédiction ».
Des personnages burlesques, un décor fantasmé, un regard sans concession sur la surconsommation mais aussi une interrogation sur l’anéantissement de la culture amérindienne et au-delà une réflexion sur la différence et la difficulté de préserver ses origines dans un monde où l’uniformité semble de mise. Une petite pépite littéraire, un roman à la fois décalé et touchant.
« Popcorn melody » d’Emilie de Turckheim est publié aux éditions Héloïse d’Ormesson.
Emilie de Turckheim
Popcorn Melody
Portrait 5'53Philippe Chauveau
Bonjour Emilie de Turckheim.
Emilie de Turckheim
Bonjour.
Philippe Chauveau
Popcorn Melody aux éditions Héloïse d'Ormesson. J'ai envie de dire, c'est déjà votre 8ème roman. Comment l'écriture fait-elle son apparition dans votre vie. C'est venu comme ça un jour ? Vous vous êtes dit, je vais écrire ?
Emilie de Turckheim
C'est venu même avant d'écrire. J'ai des souvenirs de moi tellement petite que j'étais dans un lit à barreau, donc je ne devais pas être bien vieille. Et j'inventais une histoire que je reprenais là où j'avais arrêté la nuit suivante, et que je poursuivais comme ça. Et je sais que je ne savais pas encore écrire, donc je devais être en grande maternelle. Je pense que mes débuts d'écriture étaient sans écriture.
Philippe Chauveau
Pourquoi avez-vous, déjà enfant et encore maintenant, besoin de vous raconter des histoire ? C'est une protection ?
Emilie de Turckheim
Alors non, ce n'est pas une protection, c'est une question de vision. J'ai toujours vu des histoires, j'ai toujours vu des personnages, entendu des voix. L'écriture commence toujours comme ça pour moi. Je ne me dis jamais, tiens, je vais inventer une histoire. C'est que j'ai une histoire à l'intérieur, je la vois, c'est très visuel, c'est très physique, ou j'entends très précisément un timbre de voix et ça part tout le temps de là. Donc ce n'est pas une protection, c'est un rapport à la vie qui fait que tout est sujet à une histoire, à l'imaginaire.
Philippe Chauveau
Quel souvenir gardez-vous de votre première publication, la première fois que vous avez vu votre livre dans la devanture d'une librairie, qu'avez-vous ressenti ?
Emilie de Turckheim
Alors, est-ce que mon premier livre a été dans la devanture d'une librairie ?
Philippe Chauveau
Ou au fin fond d'une librairie.
Emilie de Turckheim
Ca, je crois que ça ne m'a jamais touchée. Comme quand on n'aime pas voir son visage dans une vidéo, ou entendre sa voix, je n'ai jamais aimé voir mes couvertures de livre avec mon nom dessus, et c'est toujours le cas aujourd'hui. C'est quelque chose que je n'assume pas très bien. Le plaisir, c'est de savoir qu'on va être lu beaucoup plus que par son minuscule cercle familiale d'un seul coup. Et c'est cette grande tribune qui s'ouvre d'un seul coup que je trouvais vraiment magique.
Philippe Chauveau
Ca veut dire que vous écrivez quand même en pensant déjà au lecteur, pour lui offrir une histoire, ou il y a peut-être une part d'égoïsme en écrivant d'abord pour vous.
Emilie de Turckheim
Alors je pense que ce n'est ni de l'égoïsme, ni de penser au lecteur. Je ne pense jamais que je vais être lue pendant que j'écris. Par contre, ça n'a aucun sens d'écrire si on écrit pour soi. Donc j'ai très conscience que j'ai envie que ça parle énormément, que l'on touche à des choses très universelles, très larges, et que si c'est pour raconter, comme dit mon héros dans le livre, mon petit printemps personnel, ça ne m'intéresse pas. Après, est-ce que c'est égoïste ? Ce n'est pas tant que c'est égoïste que ça a à voir un peu avec la folie. Ca veut quand même dire qu'on est convaincu de la vérité d'un monde qui n'existe absolument pas, et on passe des journées entières, dans des lieux qui n'existent pas, avec des personnages qui n'existent pas en étant convaincu du contraire. Et quand je dis convaincu, c'est que c'est une certitude. Il y a un truc de l'ordre de la foi qui est très très fort, où on sait que ça existe, et c'est surtout ça que je trouve surprenant. C'est de se dire que ça va toucher des gens, des gens très nombreux, et on part de quelque chose qui n'a aucune forme de réalité.
Philippe Chauveau
J'ai envie de dire, au fil des 8 romans que vous nous avez offerts, même si les intrigues, les sujets sont très différents, il y a une constante, un style propre à Emilie de Turckheim. Vous avez une écriture parfois un peu folle, avec des personnages qui ne sont pas forcément paumés, mais un peu à part de nos vies. Si vous deviez définir votre style, que diriez-vous ? Emilie de Turckheim Oh mon dieu...
Philippe Chauveau
Question piège.
Emilie de Turckheim
Non, ce n'est pas une question piège, c'est que s'il y a une personne qui est incapable de se lire, c'est bien l'auteur de son propre livre. C'est très compliqué de savoir comment on écrit. Moi j'ai l'impression que mon écriture elle me ressemble totalement, donc plus vous me dites qu'elle est folle ou paumée, plus je reconnais en moi la folie, la marginalité. On n'invente rien quand on écrit.
Philippe Chauveau
Vous avez une écriture assez décapante, et souvent, vous aimez aborder des sujets aussi qui peuvent heurter. Vous aimez bien donner un coup de pied dans la fourmilière avec votre écriture.
Emilie de Turckheim
Oui, mais je ne m'en rends pas forcément compte. Souvent les gens me disent « oh la la, tu es vraiment allée très très loin », et je n'ai pas du tout ce sentiment ni de provocation, ni de vouloir en faire plus que ce qui est nécessaire pour le texte, mais comme je pars souvent de situations très absurdes, et que j'essaye d'aller loin loin dans ce que permet une histoire, dans les personnages... Oui, c'est vrai, je suis toujours touchée par les personnages qui sont toujours très en marge. Ca m'intéresse plus de savoir ce qu'il y a d'universel dans un personnage totalement à côté de la plaque que d'avoir un personnage dans lequel on se reconnaît immédiatement. J'aime bien qu'on finisse par être familier de quelqu'un qui a l'air d'un étranger, que de prendre comme point de départ quelqu'un dont on pourrait dire c'est, comme on dit en anglais, the girl next door, la fille de la porte d'à côté, monsieur tout le monde.
Philippe Chauveau
Comment fonctionnez-vous ? Avez-vous en permanence plusieurs histoires dans la tête ou bien vous concentrez-vous sur un roman, et une fois que le roman est terminé vous vous laissez un peu de temps avant de repartir sur autre chose ?
Emilie de Turckheim
Ah oui. Je ne peux absolument pas être sur plusieurs histoires à la fois. C'est comme si vous disiez, pouvez-vous avoir plusieurs vie en même temps ? Non. C'est impossible presque psychologiquement. Il y a un tel investissement géographique, je sais tellement où se passent les choses, reconnaître les lieux, les personnages, leur façon de parler et tout, que ça serait vraiment pour le coup devenir dingue que d'essayer de jouer sur 2 tableaux à la fois. Et puis il y a un truc d'appétit boulimique, obsessionnel quand je suis en train d'écrire qui exclue tout le reste, un autre livre et même toute autre forme d'activité. Donc je ne pourrais pas du tout être sur 2 bouquins à la fois. Inimaginable.
Philippe Chauveau
Emilie de Turckheim, votre actualité chez Héloïse d'Ormesson, Popcorn Melody.
Emilie de Turckheim
Popcorn Melody
Livre 6'36Philippe Chauveau
Dans ce nouveau roman, Emilie de Turckheim, qui est déjà votre 8ème titre, nous allons faire connaissance avec Tom Elliott. Quel drôle de personnage ! Il vit au fin fond des USA, dans le Mid West dans une petite ville que vous avez inventée...
Emilie de Turckheim
Shellawick.
Philippe Chauveau
Ce personnage aujourd'hui, il tient une petite épicerie, ce que lui considère un peu comme un supermarché. Son père était barbier, d'ailleurs il a conservé le fauteuil de barbier de son père dans sa boutique. Il a aussi une particularité, c'est que quand il était gamin, son visage a été utilisé par l'usine de popcorn d'à côté, pour faire la promo des popcorns. D'où vient-il ce personnage de Tom Elliott, pourquoi est-il arrivé dans votre imagination ?
Emilie de Turckheim
Alors je ne sais pas pourquoi il est arrivé. Mais je me souviens que quand j'ai commencé à écrire, je l'ai vu, il était roux. C'est très net, et il avait les yeux un peu fendus. Parce que moi j'écris pendant des mois avant de savoir pourquoi j'écris. Après je dois tout recommencer. Donc j'essaye de comprendre pourquoi les premières images que j'ai vues, pourquoi ce visage là qui avait l'air métis mais je ne savais pas d'où. Et à force d'écriture, j'ai compris qu'il était d'origine amérindienne, et qu'il allait vraiment s'agir de l'histoire des indiens des plaines, à travers l'histoire de ce petit supermarché. Donc voilà, il est né de là, et puis surtout, il est né parce que j'aimais bien l'idée de ce commerçant poète, parce que l'autre particularité de ce Tom Elliott, il tient cette petite épicerie mais c'est une espèce d'excuse on va dire.
Philippe Chauveau
Il ne voit pas passer grand monde donc ça lui laisse le temps d'écrire.
Emilie de Turckheim
Mais surtout, à chaque fois qu'un client entre dans sa petite supérette, il en profite pour écrire sur ce client un petit poème qui le décrit, comme un petit haïku japonais, en trois petites lignes. Il est tout le temps attentif, en train d'observer du neuf dans du pas neuf du tout parce que c'est toujours les mêmes personnes qui rentrent. Et lui à chaque fois, c'est l'occasion d'un nouveau poème.
Philippe Chauveau
Oui parce que les clients viennent plus pour bavarder que pour consommer dans l'épicerie.
Emilie de Turckheim
Ils n'ont pas le choix les pauvres parce qu'il n'y a rien à acheter !
Philippe Chauveau
Alors ils se mettent dans le fauteuil de barbier, ils se mettent à parler un peu comme s'ils allaient chez le psychiatre ?
Emilie de Turckheim
Voilà, ils vont chez le psy mais ils ne le savent pas. C'est l'espèce de pudeur entre eux, on ne dit pas qu'on va chez le psy, on fait semblant d'aller au petit supermarché. Mais évidemment, chacun sait qui vient se confier, parler de son enfance, de sa vie, et même les plus taiseux, les plus taciturnes, là, voilà, c'est le fauteuil magique qui délie les langues, et il est magique parce que c'est un fauteuil qu'ils connaissent tous. Ils ont tous connu le père de Tom, Samuel, qui était le barbier de Shellawick, ils se sont tous pris un rasoir coupe-choux qui leur est passé devant la carotide, donc ils ont toujours eu confiance dans ce fauteuil, donc de nouveau là, ils remettent leur vie, leurs confidences entre les mains du fils du barbier.
Philippe Chauveau
On retrouve avec plaisir ce style que vous avez Emilie de Turckheim de nous entraîner dans des univers un peu en marge, parce que cette épicerie, on la voit, et en même temps on se doute qu'elle existerait difficilement en vrai. Shellawick n'existe pas, c'est une ville que vous avez inventée, et en même temps on a cette vision fantasmée de la petite ville d'Amérique qui a du mal à survivre. Il n'y a plus d'entreprises, la plupart de la population est au chômage. Mais il va y avoir un drame, c'est qu'un grand supermarché va ouvrir juste en face de la petite épicerie de Tom.
Emilie de Turckheim
Un luxueux supermarché qui ouvre sur le trottoir d'en face. Et Tom qui pensait qu'il était moins commerçant qu'un confident, et qu'il ne pouvait pas perdre ses clients parce que c'était des amis avant toute chose, va du jour au lendemain perdre tous ses clients. Parce que évidemment, tout le monde va être attiré par les millions de produits extrêmement sophistiqués et désirables que propose cette enseigne qui appartient à ce que j'appelle les jaunes dans ce livre, qui sont les grands magnas du popcorn, c'est une région céréalière, pleine de popcorns, et qui possèdent les usines de popcorn, les distilleries de popcorn, tous les supermarchés du coin. Ceux qui ont la chance d'avoir un travail, travaillent à l'usine de popcorn, vont dépenser leur argent dans les supermarchés qui appartiennent à ces grands magnas. Ils n'ont plus leur bowling, les petits lieux où ils pouvaient se rassembler, tout a fermé. Et il ne reste plus que ça, aller travailler et dépenser son argent dans les supermarchés.
Philippe Chauveau
Et c'est là où on vous retrouve, où vous aimez pointer du doigt les sujets qui font mal, c'est que vous nous invitez à nous interroger sur la surconsommation, sur ces temples que sont les hypermarchés. Pourquoi avez-vous eu cette envie, et pourquoi finalement avoir placé ça aux USA alors qu'on sent bien que vous nous dites, ça c'est la réalité un peu partout.
Emilie de Turckheim
Alors j'ai placé ça aux USA parce que c'est comme une espèce de grande histoire du supermarché. On part du premier supermarché, on est dans les grandes plaines, c'est le bison. C'était le supermarché des indiens des plaines. Un bison ça permettait de se nourrir, de se vêtir, de fabriquer des armes, des médicaments. C'était une petit supermarché sacré, écologique, tout était compris dans le bison. Après, j'ai imaginé cette version très chaleureuse, intermédiaire, où on a un petit lieu, qui est un lieu de commerce, mais avant tout, de commerce entre les hommes, pour se parler. On achète de quoi se nourrir, se laver. Mais l'essentiel n'est pas là. Ca répond encore à des vrais besoins qu'on a de se confier, d'observer ensemble le désert autour. Parce qu'une de leur actualité préférée, comme ils n'ont rien à faire, c'est de contempler la beauté du désert. Il y a un désert de pierres noires tout autour. Et puis à la fin, comme si c'était la fin de notre civilisation, la fin de l'espoir de réussir à construire quelque chose ensemble, on a l'hypermarché qui est glacial, avec la climatisation qui déconne. Il fait 10 degrés alors qu'à l'extérieur, on meurt de chaud.
Philippe Chauveau
Des rayons surgelés dans cette région surchauffée.
Emilie de Turckheim
Des rayons surgelés où tous les petits vieux viennent prendre le frais parce qu'ils meurent de chaud. Ils sont tous les uns à côté des autres comme des sardines surgelées au rayon frais. Et là, alors qu'il y a des millions de produits à acheter, plus rien ne vient répondre à nos besoins fondamentaux.
Philippe Chauveau
Vous faites dire également à un de vos personnages qui côtoie Tom dans sa boutique : « un certain niveau de manque est une bénédiction ». Vous y croyez ?
Emilie de Turckheim
J'y crois très fort. Je ne crois pas que le manque est une bénédiction, mais un certain niveau de manque. On a trop peu d'heures, trop peu de temps à dépenser sur cette terre pour passer tout le temps qu'on passe à être dans cette espèce de dépense frénétique de temps de consommation. Dans le manque, il y a toute l'imagination de ce qu'on désire, alors que quand tous les désirs sont systématiquement satisfaits , c'est comme une plante trop arrosée. Elle en meurt. On se connait beaucoup mieux si on est seul avec son temps, et seul avec son ennui. Et puis l'ennui, ce n'est jamais du vrai ennui, c'est juste du temps personnel qu'il faut apprendre à habiter. C'est tout un apprentissage mais c'est génial.
Philippe Chauveau
Popcorn Melody, vous êtes éditée chez Héloïse d'Ormesson. Merci Emilie de Turckheim.
Emilie de Turckheim
Merci à vous !
Emilie de Turckheim
Popcorn Melody
Libraire 1'40J'ai beaucoup aimé ce roman. Ce n'est pas le premier roman d'Emilie de Turckheim d'ailleurs que j'apprécie. J'aime toujours son humour. C'est quelqu'un dont j'aime aussi l'écriture parce qu'elle a un style très fluide et aussi inventif. Il y a aussi les thèmes qu'elle aborde, et en particulier dans celui-ci, elle aborde à la fois l'influence ou l'importance ou comment la littérature et la poésie peuvent agir sur les gens, et peut-être sur notre environnement, sur le monde. Je le recommande, c'est un des livres de la rentrée littéraire que je conseille. Dernièrement, il y a une cliente qui nous a demandé un livre à offrir qui soit à la fois drôle, léger mais avec du contenu. Ca c'est une demande qu'on nous formule souvent. Et je lui ai parlé de ce livre et elle a dit : « c'est parfait ».