Hervé Pouzoullic a deux vies. Il sillonne le monde pour son activité professionnelle, travaillant pour une société internationale liée aux sciences de la vie, à la génétique et plus largement à la santé. Et puis, il y a l’autre Hervé Pouzoullic, l’auteur, dont les histoires sont très éloignées de cette activité dont nous venons de parler. Pourtant, les deux n’ont-ils pas un lien, allez savoir…

Hervé Pouzoullic le reconnait, l’écriture a été pour lui salvatrice, un besoin, une façon de se découvrir ou tout du moins de mieux se comprendre.

Et puisqu’il y a un peu, beaucoup, de lui dans ces pages, le souhait de laisser à ses enfants une trace de l’homme qu’il fut, avant eux. Effectivement, chacun de ses livres, même s’il s’agit de romans, ont pour point de départ un état de fait qui lui est personnel. D’ailleurs, le protagoniste de ses trois romans porte le même prénom, Marc, une sorte de frère jumeau d’Hervé Pouzoullic.

Il y eut deux premiers titres en 2016, « Le bigorneau fait la roue » ou comment un jeune homme manquant de confiance en lui cherche l’amour aux à l’autre bout du monde. Puis en 2018 « L’homme qui voulait aimer sa femme » ou comment faire renaitre chaque jour la flamme dans un couple quand le quotidien s’est installé.

Derrière ces couvertures flashies se cachait de jolis romans, drôle, tendre, bien écrit, racontant avec humour et un ton décalé les affres de l’amour.

Et puis voilà le troisième roman d’Hervé Pouzoullic. Nous changeons de registre. Tout en gardant à son personnage central le prénom de Marc, Hervé Pouzoullic fait le choix d’un nouveau style littéraire pour aborder un sujet douloureux, et encore tabou, les violences intrafamiliales. Là, la légèreté des premiers romans fait place à une écriture âpre, dure mais aussi pleine de sensibilité et d’émotion pour raconter l’histoire de ce garçon gangréné par la violence de l’enfance qui se répercute sur sa vie d’adulte.

Marc a 11 ans. Sa scolarité se passe bien et pourtant, à la maison, il vit un drame. Régulièrement, souvent, trop souvent, il est le souffre-douleur de son frère aîné, Enzo, qui le tabasse violemment sans raison aucune. Malgré les appels à l’aide, les parents de Marc sont sourds au désarroi de leur fils. Pourquoi ? Entrainant le lecteur à la rencontre de cette famille bien sous tous rapports, nous faisant entrer dans l’intimité de ce pavillon de banlieue bien propret où la violence s’exerce une fois la porte fermée, utilisant le ‘je’ pour raconter ce drame qui court sur une trentaine d’années, le nouveau roman Hervé Pouzoullic est une réussite. Une histoire tragique, violente, non dépourvue de lumière et d’espoir rappelant qu’un jour, on peut stopper la spirale infernale, car finalement, les bleus s’effacent toujours.

Ce livre est un coup de cœur.

« Les bleus s’effacent toujours » d’Hervé Pouzoullis est publié aux éditions Anne Carrière.