Fabrice Humbert

Fabrice Humbert

Le monde n'existe pas

Livre 00'06'50"

Philippe Chauveau Avec ce nouveau titre, Fabrice Humbert, Le monde n'existe pas, nous allons faire connaissance avec Adam. Adam et journaliste, a-t-il réussi sa vie ? L'histoire nous le dira. En tout cas, il est à New-York et il découvre sur les écrans de Times Square un visage qu'il connaît bien, un ami d'enfance, un ami d'adolescence. Le roman s'ouvre comme cela. Qui est-il cet Adam ? Comment est-il né dans votre imagination ?

Fabrice Humbert Un jour, à ma table de travail, j'ai écrit un chapitre qui mettait en scène Adam, voyant suur les écrans de Times Square, la silhouette et le visage de l'admiration de son adolescence, à savoir Ethan Shaw, la star du lycée, un peu plus âgé que lui, l'homme qu'il admirait et qui, en plus, le protégeait. Et je me suis arrêté à la fin du chapitre lorsque l'on apprend que ce même homme est accusé du viol et du meurtre d'une adolescente.vEt je n'ai pas poursuivi ce livre, et six mois plus tard, relisant ce chapitre, j'ai eu envie de continuer. Mais en réalité, il y avait des problématiques de long terme parce que je voulais faire depuis quelques années sans réussir à trouver la situation. La solution, c'était un mélange de fiction et de réalité. Comment le récit arrive à créer sa propre réalité. Tous ces éléments qui font du récit la possibilité de créer un monde autonome, ça m'intéressait. Je ne savais pas comment le faire. J'avais écrit un livre qui mélangeait le rêve et la réalité. C'était la même idée, mais finalement, c'était raté parce que le monde du rêve est très difficile, mais vraiment développer ce mélange de rêve et de réalité, je n'avais pas réussi. Et puis, tout d'un coup, avec ce chapitre inaugural, tout se cristallisait, toute cette question du récit qui parvient à créer sa propre réalité. Ça devenait Le monde n'existe pas.

Fabrice Humbert Alors c'est vrai que lorsque l'on est lecteur et que l'on aime les histoires, on va plonger dans cette intrigue que vous nous proposez. Les premières pages sonnent comme un véritable thriller, parce que ce fameux Adam qui est journaliste et qui voit son ami d'enfance sur les écrans géants, accusé du viol et du meurtre d'une adolescente. Il se dit c'est pas possible, ce garçon, je le connaissais, il n'était pas comme ça. Ce qui va être l'occasion pour Adam de revenir dans la petite ville de son adolescence à Drysden. Voilà le point de départ. Et puis, il va y avoir une enquête, mais très vite, c'est ce que vous nous expliquiez, c'est qu'on ne sait plus si on est dans le récit, si on est dans la réalité. Quels sont les personnages authentique et les inventions. Il y a ces histoires qui n'en sont pas. Vous vous êtes perdu avec vos personnages ? Ils vous ont pris par la main ou vous saviez exactement qui menait la danse, qui était le marionnettiste ?

Fabrice Humbert Alors ça commençait effectivement comme un thriller. Et d'ailleurs, je trouve que les intrigues de thriller sont souvent intéressantes, mais en fait, je ne peux pas les lire. Je ne vois des thrillers qu'à la télé parce que très souvent, il n'y a aucune écriture. C'est même parfois, à mon avis, illisible. Enfin, là, c'est même pas un jugement de valeur. C'est simplement que je dis que je ne peux pas les lire. Mais en revanche, à l'image, ça ne me fait pas ça. D'abord parce que je suis moins rompu à la réalisation qu'à l'écriture. Il y a des défauts que je peux ne pas voir, mais aussi parce que je trouve que les thrillers Américains ont une réalisation qui, très souvent, est excellente. Donc, j'ai repris ce début, effectivement, mais là, avec la grande différence que peu à peu., effectivement, on ne sait plus si ce qu'on nous raconte est vrai ou si on est dans le mensonge et la fiction. Est-ce que le narrateur est fiable ? On ne le sait jamais.

Philippe Chauveau C'est ce qui fait la force du livre. Que le lecteur soit perturbé parce qu'on est un peu comme Adam, finalement. Toutes nos certitudes vacillent. Toute la réalité se délite au fil des pages. Il y a aussi d'autres points importants à signaler. C'est qu'avec cette petite ville que vous imaginez de Drysden, c'est une métaphore de l'Amérique d'aujourd'hui que vous avez aussi eu envie de nous raconter ?

Fabrice Humbert C'est une certaine Amérique d'aujourd'hui, ce n'est pas toute l'Amérique. Les Etats-Unis sont un pays qui est vraiment fait de contradictions intenses. La situation politique actuelle le montre. Et lorsqu'on va aux Etats-Unis, dans d'autres lieux que New York, Los Angeles ou les Rocheuses, on se rend compte que c'est quand même un pays très différent de l'Europe et la ville de Drysden qu'il y a ici, et la collusion entre mon premier séjour aux États-Unis, dans le Colorado que j'avais adoré, et puis récemment, un reportage que j'ai fait au Dakota du Nord qui est l'État où jamais personne ne va, mais en fait, c'est quand même très intéressant pour comprendre les États-Unis. C'était un reportage que j'ai fait. J'étais très content d'y aller. Après, j'ai trouvé ça tout bonnement affreux. J'ai passé une semaine abominable et en plus, dans une chaleur terrifiante et avec une violence endémique et l'ambiance pesante qu'il y avait dans cette ville réapparaît dans la ville de Drysden. En fait, Drysden, c'est le mélange de mon séjour merveilleux au Colorado. Ça se passe au Colorado, dans la nature du Colorado, mais en même temps, c'est l'ambiance pesante que j'avais ressentie dans cette ville du Dakota du Nord.

Philippe Chauveau On a évoqué la ville de Drysden que vous avez imaginée. Pourquoi était-ce important que votre action se passe aux États-Unis ? Est-ce que ce roman aurait pu exister en Europe, en France ou ailleurs qu'aux États-Unis ? Alors non. C'est sûr que c'était aux États-Unis parce que les États-Unis sont le pays de la fiction. Souvent, on ne connaît pas les États-Unis, mais en revanche, les images des États-Unis ont happé notre cerveau. New-York est une image. Manhattan, surtout, est une image, mais les Rocheuses aussi. Ce livre sur la fiction ne pouvait se passer qu'aux États-Unis.

Philippe Chauveau Votre actualité, Fabrice Humbert, Le monde n'existe pas. C'est votre nouveau titre. Vous êtes publié aux éditions Gallimard. Merci beaucoup.

Fabrice Humbert Merci.

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  • Après un premier titre en 2001, Fabrice Humbert fait réellement son entrée en littérature avec « Biographie d’un inconnu » sept ans plus tard. Mais c’est réellement avec le titre suivant « L’origine de la violence » qu’il se fait connaitre du grand public. Primé à plusieurs reprises, le roman est adapté au cinéma par Elie Chouraqui. Depuis, Fabrice Humbert n’a cessé d’écrire et son œuvre, d’une forte exigence littéraire ne cesse d’interroger sur la société et ses évolutions.« La fortune de...Le monde n'existe pas de Fabrice Humbert - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau Bonjour Fabrice Humert. Fabrice Humbert Bonjour Philippe. Philippe Chauveau Un nouveau titre chez Gallimard, Le monde n'existe pas. Votre aventure a commencé en 2008. Votre aventure en tant qu'écrivain, c'est bien ça ? Fabrice Humbert Oui. En 2008, lorsque j'ai rencontré les éditeurs du Passage. Après une carrière d'auteur, c'est d'abord de l'écriture. J'écris depuis l'âge de 20 ans. Mais c'est vrai que la concrétisation institutionnelle, si je puis dire, c'est à partir de 2008. Philippe Chauveau Tout...Le monde n'existe pas de Fabrice Humbert - Portrait - Suite
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