Voilà un livre qui fait un bien fou, un livre qui prend le temps, qui nous invite à l’introspection et nous invite surtout à marcher pour nous approcher de ce que nous sommes au plus profond de nous. « En marche », c’est le nouveau titre de Patrick Tudoret.
Il y eut le politologue, il y eut le chef d’entreprise, l’homme de media et puis il y a l’écrivain, l’écrivain polyformes qui s’exprime aussi bien dans l’essai que dans le roman ou la dramaturgie avec plusieurs pièces à son actifs.
Son 1er titre, « Impasse...
En marchant de Patrick Tudoret - Présentation - Suite
PhilippeBonjour Patrick Tudoret.
Patrick TudoretBonjour.
PhilippeVous publiez ce livre qui est une invitation au voyage "En marchant, petite rhétorique itinérante", c'est aux éditions Tallandier et la couverture est très bien choisie. On va voir comment est né ce livre que vous avez eu envie de nous dire. Vous êtes un écrivain polyformes : il y a des essais, il y a eu des romans. Et puis vous êtes aussi un homme multifacette parce qu'avant de prendre la plume, il y a eu d'autres vies dans les études politiques, entre autres. Vous...
En marchant de Patrick Tudoret - Portrait - Suite
PhilippeEn 2015 avec "L'homme qui fuyait le Nobel", Patrick Tudoret, vous nous aviez déjà emmenés sur les routes, sur les chemins et notamment sur celui de Compostelle. Vous aviez choisi l'écriture romanesque, la forme romanesque. Cette fois-ci, c'est un essai. Mais vous nous emmenez à nouveau sur les routes "En marchant, Petite rhétorique itinérante" que vous publiez chez Tallandier. Qu' avez vous eu envie de nous raconter ? Et pourquoi avoir choisi la forme de l'essai cette fois-ci ?
Patrick TudoretEh bien en faite, parce que ce...
En marchant de Patrick Tudoret - Livre - Suite
Patrick Tudoret
En marchant
Présentation 00'02'38"Voilà un livre qui fait un bien fou, un livre qui prend le temps, qui nous invite à l’introspection et nous invite surtout à marcher pour nous approcher de ce que nous sommes au plus profond de nous. « En marche », c’est le nouveau titre de Patrick Tudoret.
Il y eut le politologue, il y eut le chef d’entreprise, l’homme de media et puis il y a l’écrivain, l’écrivain polyformes qui s’exprime aussi bien dans l’essai que dans le roman ou la dramaturgie avec plusieurs pièces à son actifs.
Son 1er titre, « Impasse du Capricorne » sort en 1992 aux éditions de la Table ronde. D’autres titres suivront jusqu’en 2015 avec « L’homme qui fuyait le Nobl » paru chez Grasset qui lui permet d’atteindre un public plus large. A travers cet écrivain sélectionné pour recevoir le prestigieux prix et qui préfère partir sur les chemins pour s’en échapper, Patrick Tudoret nous racontait aussi une bouleversante histoire d’amour, de deuil et de résilience. Ce livre reste une référence, le genre de livre qu’on garde précieusement dans sa bibliothèque pour les bienfaits qu’il apporte mais que l’on a aussi plaisir à partager pour ses enseignements. Dans le même registre, mais cette fois-ci sous la forme de l’essai, Patrick Tudoret nous avait aussi séduits avec son « Petit traité de bénévolence » dans lequel il nous rappelait l’importance de l’ouverture aux autres.
On l’aura compris, dans notre monde d’urgence, de violence, de repli sur soi, Patrick Tudoret nous apporte par son écriture une salvatrice bouffée d’air frais.
Il le prouve cette fois-ci encore avec son nouveau livre « En marchant » paru chez Tallandier. A travers son expérience personnelle mais aussi en convoquant d’autres écrivains, il nous raconte l’importance de ces quelques pas qui deviennent des kilomètres, l’art de la marche qui nous permet de nous recentrer sur nous-mêmes, de revenir à l’essentiel tout en restant attentif à la rencontre et à l’inattendu.
Porté par une écriture douce, poétique, riante aussi, ce livre qui mêle étroitement pérégrinations pédestres, vagabondage philosophique et littéraire, souvenirs personnels et interrogations sur le sens de l’existence fait un bien fou. Que vous soyez vous-même adepte de la marche ou que vous vous disiez « un jour je m’y mettrai », emparez-vous de ce joli livre qui est avant tout un acte de vie et aussi un acte de foi.
« En marchant » de Patrick Tudoret, est publié chez Tallandier
Patrick Tudoret
En marchant
Portrait 00'07'28"Philippe
Bonjour Patrick Tudoret.
Patrick Tudoret
Bonjour.
Philippe
Vous publiez ce livre qui est une invitation au voyage "En marchant, petite rhétorique itinérante", c'est aux éditions Tallandier et la couverture est très bien choisie. On va voir comment est né ce livre que vous avez eu envie de nous dire. Vous êtes un écrivain polyformes : il y a des essais, il y a eu des romans. Et puis vous êtes aussi un homme multifacette parce qu'avant de prendre la plume, il y a eu d'autres vies dans les études politiques, entre autres. Vous enseignez également la rhétorique. Comment l'écriture, néanmoins, vient-elle dans votre parcours ? Pourquoi, aujourd'hui, vous considérez-vous comme un écrivain ?
Patrick Tudoret
Alors, d'abord pour répondre à ce que vous venez dire. Effectivement, je suis assez claustrophobe et je répugne à tracer un seul sillon. C'est une forme, effectivement, de claustrophobie. S'il y a une peur dans l'existence que je peux avoir, c'est celle de l'enlisement de ce sillon unique qu'on serait condamné à tracer, un peu comme Sisyphe - lui, c'était plutôt rouler sa pierre. Mais donc voilà, c'est pour ça que j'essaie d'avoir humblement une tessiture un peu large avec des essais, des romans, des pièces de théâtre aussi. Et c'est à partir du moment où j'ai publié un bon nombre de livres - mais différents : essais, récits, romans, pièces de théâtre, poésie aussi - que j'ai lentement - et là encore, très humblement - commencé à me considérer comme un écrivain de métier. Parce que c'est un métier au sens artisanal du mot.
Philippe
Avez-vous l'impression qu'il y a eu, néanmoins, deux vies en une, c'est-à-dire celle où vous avez fait de grandes études, celle où vous avez travaillé pour le monde politique, celle où vous avez travaillé pour les grandes entreprises, vous avez vous-même monté une société et puis ensuite l'écrivain. Est-ce le même Patrick Tudoret ? Ou finalement, avez-vous l'impression que ce sont deux personnalités différentes ?
Patrick Tudoret
Non, je pense que ce sont deux facettes du même bonhomme. Et quand vous parlez d'une société, effectivement, j'ai créé une société - mais qui est tout à fait modeste - mais qui me permet de faire plein d'activités différentes et notamment de la production de télévision sur la TNT, ce qui était la dernière chose que j'avais imaginé faire. Mais en tout cas, ça me permet aujourd'hui notamment d'écrire régulièrement et d'arriver à - comme vous l'avez dit - à une vingtaine de livres publiés, ce qui ce qui commence à faire pas mal.
Philippe
Ce qui est intéressant, c'est que comme je le disais, vous êtes polyforme en écriture. Vous avez un public aussi qui est assez large, un lectorat qui est assez diversifié. On a parlé de l'homme de théâtre, du dramaturge, on a parlé de l'essayiste et on en reparlera. Et puis il y a aussi le romancier. Je voudrais qu'on revienne en quelques mots sur l'un des livres qui a été un marqueur dans votre parcours d'auteur, "L'homme qui fuyait le Nobel". C'était en 2015. L'histoire de cet écrivain à qui on veut remettre le prix Nobel et qui peut-être pris d'une peur panique, s'enfuit sur les routes pour essayer de retrouver son amour en fuite.
Patrick Tudoret
Exactement, cet homme qui se voit quand même gratifié du prix que beaucoup... - beaucoup ferait n'importe quoi pour l'obtenir, y compris tuer père et mère. Je pense qu'il y en a qui en serait capable. Et lui, au contraire, il voit la marque d'une insondable vanité de tout ce qui ne correspond plus à ce qu'il est, à ce qu'il cherche puisque sa femme étant morte cinq ans auparavant, sa femme qui était tout pour lui, il vit dans un deuil qui ne parvient pas à faire et est donc pris de panique. En effet, le mot est juste, il s'enfuit et il se retrouve un peu par accident sur le chemin de Compostelle. La via Podiensis qui part du Puy en Velay. Et là, il décide en pensant à sa femme qui l'avait exhortée à faire le chemin avec lui et lui avait toujours refusé. Eh bien, en pensant à elle, il va au bout du chemin et là, il devient un autre homme. Il redevient un homme parmi les hommes, alors qu'il était devenu en quelque sorte un misanthrope absolu. Quelqu'un qui s'était débarrassé de tous les oripeaux de la vanité, mais qui nous guette tous aujourd'hui dans ce monde, dans cette société du spectacle.
Philippe
C'est un livre qui fait référence et c'est le genre de bouquin que l'on se passe, qui va de main en main. Ce sont des livres qui marquent des vies. Vous avez conscience de ça que ce livre vous a fait connaître non seulement du grand public, mais un livre qui continue aujourd'hui à être un marqueur ?
Patrick Tudoret
Ça m'a énormément touché et quand j'ai vu le nombre de lettres manuscrites - alors qu'aujourd'hui on n'écrit plus - le nombre de mails, le nombre de messages que j'ai pu avoir, j'ai pris conscience effectivement. Et parfois des lettres, des messages bouleversants, vraiment bouleversants, d'êtres qui avaient vécu vraiment ce que je décrivais dans le livre, c'est-à-dire un deuil extrêmement douloureux qui avait bouleversé leur vie et qui tentaient de renaître. Et oui, à un moment, j'ai pris conscience de ça. Ç'a été - et on m'en parle toujours aujourd'hui ; d'ailleurs il y a un projet d'adaptation au cinéma. Voilà le scoop qui est en train de se faire. On verra bien parce que c'est une industrie et je dis bien une industrie très complexe.
Philippe
Il y a un autre titre que j'aimerais que nous évoquions en quelques mots, qui est plus récent. C'est ce "Petit traité de bénévolence" parce que j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de vous dans cette démarche, dans cette société justement très mercantile du chacun pour soi. Vous essayez de nous rappeler à certaines valeurs et la bénévolence, c'est un peu ça. C'est quoi la définition selon vous, de la bénévolence en somme ?
Patrick Tudoret
Je citerais Paul Ricœur, le philosophe qui disait : "Le plus court chemin de soi à soi passe par l'autre". Voilà, c'est un moyen, par paraphrase donc, de définir la bénévolence. C'est aller vers l'autre, aller vers l'autre pour l'aider à grandir et se grandir soi-même en faisant cela. Et donc, il y a quelque chose de très puissant dans la bénévolence à la fois de très humble et de très fort, de très puissant. Et pour moi, la marche est un exercice de bénévolence parce que même lorsqu'on est seul, on n'est jamais seul. Et d'ailleurs, l'épigraphe de mon livre le dit bien à tous ceux que j'aime, vivants ou morts, à qui je pense en marchant. Et je dis "mort aussi", parce que moi je fais l'expérience, je marche beaucoup tout seul. La marche solitaire est quelque chose d'important pour moi et je me rends compte qu'on n'est jamais seul et que c'est peut-être en marchant que j'ai eu le sentiment d'être le plus proche de ceux qui m'avaient quitté, de ceux qui nous avaient quitté et qui étaient pourtant là, puissamment, avec des images, avec le son d'une voix, avec des choses très, très profondes.
Philippe
Si je vous entends bien, la bénévolence, c'est faire la démarche d'aller vers l'autre, de transmettre ?
Patrick Tudoret
La rencontre, la transmission. Très, très beau mot qui est une des constantes dans ma vie, en tout cas, j'essaie. Oui.
Philippe
L'écriture, c'est aussi ça ? C'est de la bénévolence, l'écriture?
Patrick Tudoret
Bien sûr. Je crois. En tout cas, moi, je la perçois comme telle. C'est quelque chose quand j'enseigne et c'est la même chose, cette transmission vitale d'une génération à une autre, par exemple. Et effectivement, la littérature, pour moi, est un moyen d'ancrer la bénévolence dans quelque chose qui est pour moi fondamental. Vous savez, je l'écrivais dans "L'homme qui fait le Nobel". Je le remets d'ailleurs dans ce livre parce que c'est une référence que je fais à un moment. L'homme ne dispose que de trois armes de construction massive qui sont l'art, l'amour, le sacré. En dehors de ça, c'est "Nada de nada" comme dirait Jean de la Croix. Nada de nada, c'est-à-dire rien. Voilà. L'art, l'amour, le sacré.
Philippe
Votre actualité, Patrick Tudoret, est ce nouveau livre publié aux éditions Tallandier. Ça s'appelle "En marchant, petite rhétorique itinérante".
Patrick Tudoret
En marchant
Livre 00'08'26"Philippe
En 2015 avec "L'homme qui fuyait le Nobel", Patrick Tudoret, vous nous aviez déjà emmenés sur les routes, sur les chemins et notamment sur celui de Compostelle. Vous aviez choisi l'écriture romanesque, la forme romanesque. Cette fois-ci, c'est un essai. Mais vous nous emmenez à nouveau sur les routes "En marchant, Petite rhétorique itinérante" que vous publiez chez Tallandier. Qu' avez vous eu envie de nous raconter ? Et pourquoi avoir choisi la forme de l'essai cette fois-ci ?
Patrick Tudoret
Eh bien en faite, parce que ce livre a été provoqué par le précédent qu'on évoquait, "L'homme qui fuyait le Nobel", ce roman en forme romanesque que j'apprécie beaucoup et à laquelle je vais revenir très vite. Mais là, évidemment, je n'allais pas faire un deuxième roman, "Le retour de l'homme, qui fuyait le Nobel" pour plaisanter. Mais je voulais, dans un essai mâtiné de récit, apporter mon expérience de la marche, dire à quel point elle était fondamentale pour moi qu'elle avait été fondatrice, primordiale dans ma vie. Et revenir. D'ailleurs, j'évoque le roman, le personnage de ce roman qui continue de vivre en moi, Tristan Thalberg. J'aime beaucoup ce nom. Vous savez, "l'onomastique", comme on dit à la Sorbonne, le choix des noms des personnages. "Thalbertal", c'est la vallée, "Berg" c'est la montagne. Donc c'est quelqu'un qui va par monts et par vaux, C'est le cas de le dire. Avec toutes les oscillations de la vie aussi. Et ça, pour moi, c'est typique de la marche. Et ce que j'ai voulu dire dans ce livre, justement, c'est ce que j'ai voulu faire, c'est un éloge de la verticalité. Un éloge de la verticalité dans un monde où vraiment la platitude règne, l'horizontalité est vraiment de mise. Et cette marchandisation du monde, c'est toutes ces choses qui sont - j'évoquais les oripeaux de la vanité -, mais quelque chose qui, vraiment nous aplatit grandement. Je ne suis pas du genre nostalgique, forcément, etc. Je ne suis pas dans cette espèce d'esprit, mais ce que je vois trop souvent, m'incline à penser que la verticalité est une quête de plus en plus importante et qui n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui, et notamment avec sa dimension métaphysique bien sûr, et sa dimension spirituelle que j'aborde dans le livre.
Philippe
Ce qui est intéressant, c'est que l'on soit marcheur ou qu'on l'on ne le soit pas, on va quand même prendre plaisir à la lecture de cet ouvrage parce que c'est un livre qui, comme la marche, nous permet de prendre du temps sur nous-même, nous rapproche de nous-même. Et la marche, c'est ça aussi, c'est ça seul avec soi même.
Patrick Tudoret
Et effectivement, je crois que, il y a un hebdomadaire que je ne citerai pas, un supplément hebdomadaire d'un grand journal qui titrait - il y avait un entretien et qu'on a fait ensemble - et qui titrait : "La marche est un moyen d'échapper à la dictature du temps". Et c'était bien vu parce que c'est effectivement l'une de mes antiennes. Quelque chose sur quoi j'insiste beaucoup. Il y a trois choses et trois luxes essentiels dans l'existence. Je crois que c'est le temps et l'espace, et c'est le silence.
Philippe
C'est le titre d'un de vos chapitres.
Patrick Tudoret
Voilà, c'est le silence. C'est Nabokov que j'aime beaucoup. Ce vieux grincheux grognon. Nabokov qui disait : "Le bruit terrassera le monde, courage, fuyons !" Donc la marche n'est pas une fuite. Mais effectivement, courage, quêtons, allons sur les chemins et essayons d'aller vers un plus grand que nous mêmes et surtout vers quelque chose qui soit du registre du silence profond pour nous retrouver enfin nous-même.
Philippe
On peut même dire que non seulement la marche n'est pas une fuite, mais la marche est une façon d'aller vers soi-même.
Patrick Tudoret
Exactement. Donc, quand on me dit c'est une fuite, c'est une manière de fuir le monde, non ! Pour moi, non, en tout cas.
Philippe
Au contraire, c'est une façon de se réapproprier ?
Patrick Tudoret
Oui, je pense. C'est une manière de se confronter à ce que l'on est réellement. Et d'autant que lorsqu'on marche, et notamment loin de ses bases, on est dans un état de fragilité qui nous oblige justement à une certaine humilité. Et ça, c'est intéressant. Pas de marche sans humilité. Moi, les trekkeurs bardés d'équipements coûteux qui ont un bilan carbone épouvantable pour aller au bout du monde, pour dire je l'ai fait, je leur règle leur compte dans le lit, gentiment. Ce n'est pas du tout mon métabolisme. Donc moi, ce qui m'intéresse, c'est vraiment en toute humilité. Il faut rappeler que "humilita", ça vient de "humus", c'est la terre. C'est vraiment le contact avec la terre qui nous ramène à notre, à l'humilité fondamentale de l'être humain qui n'est pas grand chose en somme. Et bien, c'est ce qui m'intéresse pour se confronter à plus grand que nous, aller vers un plus grand que soi, oui.
Philippe
Alors ce livre est assez court, mais vous nous en dite des choses intenses dans ce livre. Il est construit en plusieurs parties, en courts chapitres. Il y a beaucoup de poésie parfois dans votre écriture et il y a aussi beaucoup de passages où on s'amuse, où on a le sourire aux lèvres.
Patrick Tudoret
Ce qu'on peut faire des choses sérieusement sans se prendre au sérieux, et ça, c'est quelque chose qui a toujours été...
Philippe
Parfois gentiment. Vous vous moquez de certains de nos comparses.
Patrick Tudoret
Les valises à roulettes.
Philippe
Et puis alors, c'est aussi un livre dans lequel il y a beaucoup de références, de références littéraires. Non seulement parce que les écrivains ont souvent parlé de la marche où en tout cas de...
Patrick Tudoret
Ont souvent été grands marcheurs.
Philippe
Voilà. Et puis vous avez aussi vous-même des contemporains qui ont écrit sur la marche.
Patrick Tudoret
Bien sûr, je les cite on parle de Frédéric Gros, Sylvain Tesson, Nicolas Bouvier - qui n'est plus là maintenant -, Bruce Chatwin, etc. Des rands marcheurs et qui effectivement ont ouvert la voie. Moi, je pars du principe que on ne défriche jamais un chemin, on ne fait que suivre les traces de ceux qui nous ont précédés. Et donc, ce livre à cette enseigne, il est pour moi un exercice de gratitude aussi à l'endroit de tous ceux qui m'ont précédé et qui m'ont aidé à être ce que je suis humblement, c'est-à-dire tout ce que j'ai commencé à lire à l'adolescence. Et j'ai marché à Venise, sur les pas de Bayron, à Rome, sur les pas de Keats et Istanbul, sur les pas de Loutil. Donc, il y a vraiment, Oui, pour moi, c'est aussi un aspect du livre que d'être cet exercice de gratitude à l'endroit de ceux qui m'ont précédé, qui m'ont montré la voie en quelque sorte.
Philippe
Vous dites même que vous écrivez en marchant, que vous êtes capable d'écrire en marchant, pas physiquement mais en tout cas, vous expliquez qu'en marchant viennent beaucoup de choses à l'esprit.
Patrick Tudoret
Bine sûr. De toute façon, les récentes études en sciences cognitives montrent que marcher ne serait-ce qu'un quart d'heure, 20 minutes, permet d'augmenter nos capacités cognitives, justement d'à peu près 60 %. C'est colossal. Le fait de marcher, cette ambulation, cette mise en mouvement plus de l'âme et de l'esprit - pour moi d'ailleurs - que du corps, il y a une dimension physiologique dans la marche. Évidemment, je ne le nie pas. Mais pour moi, ce qui m'importe, c'est la mise en branle de l'esprit, du corps et de l'âme. Et donc, il y a un effet sur le cerveau qui est remarquable. Et c'est vrai que quand un écrivain est confronté à un nœud gordien, quelque chose dont il ne parvient pas à se défaire. Il suffit d'aller marcher et très souvent, moi, j'ai résolu comme ça des problèmes de composition, d'écriture, et ce en marchant parce que le cerveau s'était ouvert d'un seul coup, tout simplement.
Philippe
Ce qui est très sympa, c'est que vous nous faites partager aussi plusieurs de vos marches, notamment des marches en famille, que ce soit proche de chez vous, dans l'ouest de la France, ou que ce soit à l'autre bout du monde. Si vous ne deviez garder qu'un seul souvenir de toutes les marches que vous avez faites ? Quel serait-il ?
Patrick Tudoret
Alors, il faut bien en choisir un. Donc je pourrais dire Compostelle, bien sûr. Il y a eu des étapes de Compostelle qui étaient merveilleuses, mais je dirais la marche que j'ai faite avec ma femme et mes deux filles. Ce n'est pas une marche très athlétique, elle n'est pas très, très longue, mais quand même, ça grimpe dure vers l'abbaye Saint-Martin du Canigou, dans l'extrême sud de la France, qui est une merveille absolue. Un rien romane. C'est une splendeur et c'est l'apothéose. C'est vraiment le cadeau absolu quand on parvient à haut. Et c'est une marche parce qu'il y a l'aller et le retour évidemment. Donc c'est une vraie marche quand même. Surtout que j'ai faite avec mes filles qui étaient adolescentes à l'époque, qui étaient encore enfants. Donc cette marche, je la citerai pour répondre à votre question.
Philippe
À chaque marche un souvenir, la mémoire des lieux, des surprises et des éblouissements, la mémoire aussi de ceux qui étaient là et ne sont plus. Il n'y a pas plus belle nostalgie que celle d'avoir marché. C'est votre actualité, Patrick Tudoret. C'est un livre plein de finesse. Ça s'appelle "En marchant. Petite rhétorique itinérante" et vous êtes publié aux éditions Tallandier. Merci beaucoup.
Patrick Tudoret
Merci à vous.