Son nom résonne aux oreilles de tous ceux qui aiment la grande histoire. Laurent Decaux est bien le fils de… le fils d’Alain Decaux, le célèbre historien qui des années 60 aux années 80 a su démocratiser l’histoire en librairie d’abord, avec une bibliographie conséquente, mais aussi à la radio et à la télévision avec des émissions devenues cultes. Par ses talents de conteur, Alain Decaux savait fasciner son auditoire.
Enfant, le jeune Laurent, lui aussi, voyait son père comme un conteur même si les histoires...
Revivez les grands moments du salon de Laurent Decaux - Présentation - Suite
PhilippeBonjour Laurent Decaux.
Laurent DecauxBonjour Philippe Chauveau.
PhilippeVotre actualité Avant la fin du monde, c'est votre troisième roman puisqu'on vous a découvert en 2017, c'était avec Le Seigneur de Charny et ensuite il y a eu Le Roi Fol. Et puis donc, voici ce troisième titre, à nouveau un roman historique. Ce n'est pas tellement étonnant, lorsque l'on porte le nom de Decaux, de s'intéresser à l'histoire. On va brièvement reparler de votre père. Votre père était un historien certes, mais surtout un conteur....
Revivez les grands moments du salon de Laurent Decaux - Portrait - Suite
PhilippeQuel roman incroyable, quelle aventure vous allez nous faire vivre ! Nous allons rejoindre Daniele et Vittorio Demussi. Ils sont italiens, ils vivent près de Gênes. C'est le père et le fils. Nous sommes au milieu du XIVᵉ siècle et ce sont des menuisiers, des charpentiers. Ils travaillent notamment avec les chantiers navals. Qui sont ils ce père et ce fils qui vont continuer de connaître à la fois la gloire et la détresse, la ruine et la fortune. Qui sont ils ?
Laurent DecauxC'est d'abord, avant toute chose, l'histoire de...
Revivez les grands moments du salon de Laurent Decaux - Livre - Suite
Laurent Decaux
Avant la fin du monde
Présentation 00'03'07"Son nom résonne aux oreilles de tous ceux qui aiment la grande histoire. Laurent Decaux est bien le fils de… le fils d’Alain Decaux, le célèbre historien qui des années 60 aux années 80 a su démocratiser l’histoire en librairie d’abord, avec une bibliographie conséquente, mais aussi à la radio et à la télévision avec des émissions devenues cultes. Par ses talents de conteur, Alain Decaux savait fasciner son auditoire.
Enfant, le jeune Laurent, lui aussi, voyait son père comme un conteur même si les histoires n’étaient pas les mêmes. Et sans doute est-ce ainsi qu’est né son goût pour la lecture et plus tard pour l’écriture.
Avant d’en arriver là, Laurent Decaux s’est impliqué dans d’autres passions, le commerce mais surtout le vin et l’oenologie, créant avec un associé une chaine de magasins répartis sur toute la France.
Tout cela est de l’histoire ancienne car désormais, c’est en librairie que l’on retrouve Laurent Decaux. En 2017, avec « Le seigneur de Charny », on découvrait une belle plume au service d’un roman d’aventure aux temps des croisades. Deux ans plus, tard, avec « Le roi fol », le jeune auteur confirmait les espoirs placés en lui, racontant complots et intrigues dans l’entourage du roi Charles VI. Et tout le talent de Laurent Decaux est là : savoir mettre sa plume romanesque au service de la grande Histoire et inversement.
Car s’il s’agit bien de romans, les livres de Laurent Decaux sont tous d’une véracité absolue sur les époques et les décors dans lesquels se jouent les intrigues et les personnages authentiques qui apparaissent au fil des pages sont tous dans leurs rôles face aux protagonistes nés de l’imagination du romancier. Le talent de Laurent Decaux est désormais reconnu tant par les lecteurs que par les critiques mais aussi les historiens.
Dans ce nouveau roman, « Avant la fin du monde », Laurent Decaux nous entraine en Italie, près de Gênes. Nous sommes au milieu du XIVème siècle. Daniele de Musi et son fils Vittorio vont connaitre la ruine et la gloire, le désespoir et les plus folles espérances. Mais surtout, à bord de leur vaisseau, face à l’adversité, ils vont combattre pirates et tartares jusqu’à être confrontés au plus grand fléau de tous les temps, la peste dont on imaginait à l’époque qu’elle présageait la fin du monde.
Quel régal que ce livre. 500 pages mais qui filent à toute vitesse tant on est embarqué sur les traces des deux italiens. Voilà un formidable roman d’aventure, sur mer et sur terre, où la grande histoire est la toile de fond d’un récit mené de main de maître avec rythme, panache, suspense et enthousiasme. Un formidable plaisir de lecture qui nous permet aussi de mieux connaitre cette période si complexe qui voit la fin du Moyen-âge se confronter aux prémices de la Renaissance.
Une épopée haletante et tumultueuse aux échos très contemporains.
« Avant la fin du monde » de Laurent Decaux est publié chez Albin Michel
Laurent Decaux
Avant la fin du monde
Portrait 00'08'09"Philippe
Bonjour Laurent Decaux.
Laurent Decaux
Bonjour Philippe Chauveau.
Philippe
Votre actualité Avant la fin du monde, c'est votre troisième roman puisqu'on vous a découvert en 2017, c'était avec Le Seigneur de Charny et ensuite il y a eu Le Roi Fol. Et puis donc, voici ce troisième titre, à nouveau un roman historique. Ce n'est pas tellement étonnant, lorsque l'on porte le nom de Decaux, de s'intéresser à l'histoire. On va brièvement reparler de votre père. Votre père était un historien certes, mais surtout un conteur. C'est lui qui a démocratisé l'histoire et l'histoire pour tous, notamment par ses émissions à la radio et à la télévision. Un conteur, c'est aussi le souvenir que vous avez de lui en tant que père. Est-ce-qu'il vous racontait des histoires ?
Laurent Decaux
Ah oui, il me racontait beaucoup d'histoires, mais pas les histoires qu'on voyait à la télévision ou qu'on entendait à la radio. C'était plutôt des histoires pour enfants. Il excellait d'ailleurs dans ce style. C'était des histoires à dormir debout, mettant en scène toutes sortes d'aventuriers, de mousquetaires, des héros à la Dumas. Mais c'est quelque chose qu'il osait faire avec nous, mais qu'il ne se serait jamais permis de faire, de faire avec ses auditeurs ou ses spectateurs puisque il était historien, donc il n'était pas question pour lui de jouer ou de transgresser avec l'histoire.
Philippe
Ce qui veut dire que lorsque l'on regarde la bibliographie de votre père, il y a des biographies, il y a des récits, des essais, etc. Mais il n'y a pas de roman, effectivement. Et vous, en revanche, vous avez fait le choix de prendre la plume romanesque. On va revenir sur ce choix là, parce qu'il y a un autre Laurent Decaux, celui d'avant l'écriture. Pourquoi l'écriture finalement arrive-t-elle assez tardivement dans votre parcours ?
Laurent Decaux
Ben c'est peut être aussi le poids ou, non pas le fardeau, mais une sorte de complexe peut être vis à vis de mon père, qui avait la plume extrêmement facile. C'était avant d'être un conteur pour moi d'ailleurs, un écrivain. Et je me disais que voilà que le chemin avait été ouvert et que j'avais peut être du mal à m'inscrire dans ses pages.
Philippe
Vous ne vous sentiez pas autorisé ?
Laurent Decaux
Je ne sais pas. En tout cas, j'ai choisi justement un chemin de traverse puisque je fais du roman et non pas d'histoire avec un grand H. Je me sers de l'histoire, mais je fais avant tout du roman, de la fiction historique qui est toujours étayé par des faits historiques et qui se basent sur des faits réels.
Philippe
Avant de prendre la plume. Vous êtes aussi un lecteur, j'imagine ?
Laurent Decaux
Oui, ça, je suis un lecteur très éclectique, mais j'ai été par l'influence une fois de plus de mon cher papa, j'ai été biberonné en quelque sorte avec les grands romans feuilletons du 19ᵉ. D'ailleurs, j'ai une anecdote assez amusante. C'est un de mes souvenirs d'enfance avec mon père qui est une histoire qu'il nous racontait sans cesse. C'est qu'il a été victime à dix ans d'une d'une appendicite sérieuse, une péritonite. On l'emmènent à l'hôpital. Les médecins pensent qu'on ne peut pas le guérir. Il reste trois semaines, un mois. Il voit ses parents de plus en plus hagard, blême. Et là, son grand père lui apporte le comte de Monte-Cristo. Il finit le premier tome, sa température baisse de 40 à 39.5. Au deuxième tome, elle descend à 39. Au bout de sept jours, il est guéri. Guéri par Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas.
Philippe
C'est pas mal.
Laurent Decaux
Oui.
Philippe
Finalement, vous prenez la plume pour un premier roman qui s'appelle Le Seigneur de Charny en 2017. Mais il y avait t il eu des tentatives précédemment ? Est ce qu'il y avait quand même des brouillons, des pré romans sur lesquels vous vous étiez déjà penché ?
Laurent Decaux
À vrai dire, mon rêve, c'était vraiment de faire du roman historique depuis toujours. Je parlais de Dumas, mais je suis aussi, enfin j'aime tout le roman historique. Je suis dans ce domaine assez éclectique, aussi bien aussi bien Dumas que Théophile Gautier que Yourcenar, que Rufin dans la littérature actuelle. Même que Ken Follett pour un public plus large. Donc ça va vraiment du littéraire au grand public ce que j'aime. Et j'avais entrepris diverses tentatives, mais à vrai dire, je ne trouvais pas le sujet et il m'a sauté au nez, à vrai dire, dans des livres que j'ai retrouvé dans la dans la bibliothèque familiale, toute une série de livres auxquels s'était intéressé mon historien de père. Le Saint-Suaire sur le sujet du Saint-Suaire, donc la relique la plus précieuse des chrétiens, ce linceul qui aurait enveloppé le Christ à sa descente de croix et avant sa résurrection et qui est un objet assez miraculeux, il faut le dire, assez extraordinaire. Et voilà, le sujet m'a semblé tout trouvé quand j'ai découvert l'histoire de cet objet qui surgit pour la première fois au XIVᵉ siècle chez des seigneurs de Champagne.
Philippe
Et c'est le point de dépar de votre premier roman, Le Seigneur de Charny. Après, il y a eu les intrigues et les complots à la cour, à la cour du roi avec le Roi Fol. C'était Charles.
Laurent Decaux
C'était Charles VI.
Philippe
Charles VI c'est ça ! Et puis là, nous sommes toujours finalement dans le XVᵉ siècle.
Laurent Decaux
XIVᵉ siècle.
Philippe
XIV siècle avec les marins génois. Et là, on va parler de la peste. Ça veut dire que cette période du XIVᵉ siècle vous intéresse beaucoup.
Laurent Decaux
Mais à vrai dire, j'ai trouvé un bon sujet enfin, après 35 ans j'ai envie de dire avec le seigneur de Charny. Et en écrivant Le Seigneur de Charny, j'ai trouvé un deuxième bon sujet, c'était un roi qui n'avait jamais été finalement portraituré j'ai envie de dire en littérature qui est Charles VI, le roi, le roi le plus fou de l'histoire de France. Son règne a d'ailleurs mené la France au chaos et a fait perdurer la guerre de 100 Ans qui sans cela se serait arrêtée avec son père Charles V. Et le deuxième roman m'a aussi donné l'occasion de trouver encore une fois un sujet en or en étudiant le XIVᵉ siècle. J'écrivais sur les années 1380-1390, qui était marquée de toute évidence par sans doute le plus grand fléau de l'humanité, la peste qui avait frappé l'Europe en 1347 1348. Donc il faut que les sujets viennent à moi.
Philippe
C'est ce qui est intéressant dans l'histoire, c'est qu'on tire le fil.
Laurent Decaux
Exactement et un roman en appelle l'autre.
Philippe
Et lorsque vous travaillez alors parce que les critiques depuis votre premier roman ont salué la qualité de votre plume, ça c'est une évidence. Et puis aussi toute la véracité historique de vos propos, parce que vous mettez un point d'honneur à tout ce que tout ce que vous racontez, même s'il y a des personnages fictifs mais il y a aussi des personnages authentiques. Mais vous souhaitiez que tout ce que vous racontez soit vrai ? Ça c'est très important pour vous. Comment travaillez vous.
Laurent Decaux
Alors je me documente énormément. Je vais sur le terrain. Pour le premier, c'était le cas en Champagne, pour le deuxième aussi en forêt du Mans où avait eu lieu l'épisode de folie de ce roi, de ce roi fou, le Roi Fol, Charles VI. Et puis là, ça a été un peu plus compliqué parce que je l'ai écrit en plein Covid. Gênes je connaissais, mais je n'ai pas pu y retourner. Constantinople puisque mes héros y passent Istanbul, donc de la même façon, c'était fermé. Naples, je connaissais très bien, Athènes aussi, c'est tout un. C'est tout un itinéraire de ce roman. C'est un roman maritime, un roman d'aventures en mer.
Philippe
Est ce à dire que vous vous faites aider par des conseillers historiques ou vous faites vous mêmes toutes vos recherches.
Laurent Decaux
Pour ce roman En l'occurrence, j'ai eu la chance d'être aidé assez extraordinairement par un professeur émérite en Sorbonne qui s'appelle Michel Balard qui est le grand spécialiste de la Gênes du XIVᵉ siècle. Donc je ne pouvais pas trouver mieux. Et puis une historienne, professeure à Montpellier, spécialiste de l'Orient latin au Moyen Âge. Et puis un historien qui s'appelle Florian Besson, qui est lui spécialiste aussi, un médiéviste, un spécialiste du Moyen-Age, médiéviste, très bon médiéviste et dont la spécialité est d'aller repérer les anachronismes dans la littérature ou dans la fiction, dans les films, tout ce qui attrait au Moyen-Âge. Et je lui ai demandé de relire mon livre quand il était en fin d'écriture, et il a eu la gentillesse d'aller traquer tous les anachronismes, donc de me faire approcher une forme de vraisemblance historique, parce qu'il n'y a pas de vérité historique, mais on peut toucher quand même une forme de vraisemblance. En tout cas, c'est ce que j'essaye.
Philippe
C'est votre troisième roman Laurent Decaux, ça s'appelle Avant la fin du monde et vous êtes publié chez Albin Michel.
Laurent Decaux
Avant la fin du monde
Livre 00'08'28"Philippe
Quel roman incroyable, quelle aventure vous allez nous faire vivre ! Nous allons rejoindre Daniele et Vittorio Demussi. Ils sont italiens, ils vivent près de Gênes. C'est le père et le fils. Nous sommes au milieu du XIVᵉ siècle et ce sont des menuisiers, des charpentiers. Ils travaillent notamment avec les chantiers navals. Qui sont ils ce père et ce fils qui vont continuer de connaître à la fois la gloire et la détresse, la ruine et la fortune. Qui sont ils ?
Laurent Decaux
C'est d'abord, avant toute chose, l'histoire de ce père et de ce fils qui commence, dont l'histoire commence dans ce roman en tout cas par beaucoup, par une relation très conflictuelle. Ce sont deux caractères qui sont complètement opposés. Le père est un homme qui dégage une grande lumière, très optimiste. Optimiste presque d'une manière assez, je dirais forcenée. On a l'impression qu'il se convainc lui même d'être optimiste parce que la crise menace. Gênes est victime d'un blocus venu d'Orient, donc son économie périclite. Le chantier est en grande difficulté, mais il trouve toujours des ressources. Il dit que l'atelier va s'agrandir, qu'il réussira à refourguer ses mâts qui lui restent sur les bras, qu'il vont même engager un apprenti qu'ils vont faire de cet atelier une entreprise gigantesque. Donc ces ambitions semblent complètement démesurées au fils qui lui est plus réaliste, plus cynique peut être aussi. Et ce cynisme a peut être aussi été d'une certaine manière, c'est ce que je dis au début de ce roman alimenté par ses nombreuses lectures qui lui ont été permis, par le petit abbé de son village.
Philippe
Le fils il est plutôt bercé dans les livres.
Laurent Decaux
C'est un lettré. Son talent a été remarqué par l'abbé de son village et il développe un certain mépris vis à vis de son entourage et peut être même vis à vis de son père qui est un homme qui travaille avec ses mains, mais qui travaille extrêmement bien avec ses mains, qui est très doué. Voilà qui a une force, un charisme presque bestial et physique.
Philippe
Mais alors, vous le disiez, le père et talentueux avec ses mains, mais les affaires ne vont pas bien pour autant. Ce qui veut dire que le père et le fils, qui ne s'entendent pas très très bien au départ, vont quand même être obligés de s'unir, de travailler ensemble pour essayer de faire quelque chose. Alors ils vont partir, ils vont essayer de se reconstruire, et puis voilà qu'on va les retrouver sur les flots, à la tête d'un bateau, à la tête d'un vaisseau qui va naviguer avec de mauvaises rencontres. C'est un roman d'aventures sur l'eau finalement ?
Laurent Decaux
Oui, oui. Et alors évidemment, il y a une péripétie au début, c'est ce jeune homme, Vittorio Demussi, qui s'engage dans une histoire d'amour qui est évidemment très complexe avec une jeune femme d'une plus haute société que la sienne et qui se termine mal. Mais voilà, le père comme le fils doivent s'embarquer un peu contraints et forcés pour cette aventure qui est en fait une armada qui est montée par Gênes pour aller combattre l'ennemi mongol qui menace le monopole commercial de Gênes sur la mer Égée et la mer Noire. Donc, ils décident, Gênes décide d'aller combattre l'Empire mongol, mais ce n'est pas face à cette armée assez terrifiante elle même qu'ils vont se retrouver, mais face à un fléau qui est bien plus terrible encore puisque vous l'aurez deviné, c'est la peste noire.
Philippe
C'est le bandeau d'ailleurs qu'a mis votre éditeur sur la couverture : 1347 La peste déferle sur l'Europe. Vous avez écrit ce livre en pleine période de confinement. Et c'est vrai que l'histoire que vous nous raconter, même si elle se passe au XIVᵉ siècle, a des échos très forts avec ce que nous avons vécu, ce que nous vivons en encore. Comment, pendant l'écriture, avez vous réussi néanmoins à rester un peu en dehors pour rester concentré sur votre sujet ?
Laurent Decaux
Ecoutez, j'étais confiné, un peu comme mes héros qui se retrouvent puisque mon narrateur a écrit 50 ans après les faits, il a vécu plusieurs vagues de peste noire. C'est une épidémie qui a duré à peu près 70 ans, la peste noire de 1350, à peu près jusqu'à 1420. Donc, lui même s'est retrouvé confiné, enfermé, séquestré à plusieurs reprises.
Philippe
Puisqu'on a parlé de Vittorio et de son père Daniele et de leurs rapports conflictuels. Mais c'est vrai que l'histoire se passe 50 ans après et le jeune homme est devenu un homme, un vieillard en fin de vie qui veut raconter lui même sa propre vie.
Laurent Decaux
Il veut raconter l'histoire la plus extraordinaire qui lui soit arrivée. Effectivement, Vittorio le vieillard écrit pour, non seulement pour se raconter, mais aussi pour réhabiliter son père, pour raconter cette histoire.
Philippe
Rétablir des vérités.
Laurent Decaux
Cette histoire intime, pour rétablir des vérités, pour tisser un lien avec son fils. Aussi donc. C'est un roman à tiroirs, si je puis dire, qui se lit avec une double vision.
Philippe
Alors on l'a déjà dit. Vous mettez un point d'honneur à tout ça, à faire en sorte que tout ce que vous racontez, soit authentique, soit véridique, c'est la grande histoire qui est bien présente. Et il y a un épisode, j'ai envie de dire qui est assez savoureux, le terme est sans doute mal choisi, mais vous le raconter avec un tel brio et une telle plume romanesque, c'est de nous rappeler que la peste a aussi été un outil militaire. Et c'est peut être aussi un petit peu comme ça que les marins ont pu être contaminés puisqu'on utilisait carrément des pestiférés qu'on catapultait sur les assaillants. C'est vrai ça ?
Laurent Decaux
Oui, je disais tout à l'heure que effectivement un Roman en appelle un autre. Et c'est en écrivant mon deuxième livre que j'ai découvert cette histoire incroyable qui m'a donné envie de lire ce livre. C'est l'empereur mongol.
Philippe
Donc on est sous les remparts de Caffa.
Laurent Decaux
Voilà qui orne sur cette immense colonie génoise. Et cet empereur souhaite depuis longtemps récupérer cette colonie, ce comptoir. Il envoie ses soldats. Il échoue une première fois en 1344. Gênes renforce ses murs. l'Empereur mongol essaye d'assiéger une nouvelle fois la ville, il n'y parvient pas. Au bout de six mois pourtant, il ne désespère pas. Mais c'est là, enfin c'est sa chance et notre malchance j'ai envie de dire que beaucoup de ces soldats commencent à tomber les uns après les autres d'un fléau absolument épouvantable. Ce sont des des tumeurs au niveau des aisselles, au niveau de la nuque. On en meurt en deux trois jours, donc il voit cette maladie effroyable frapper son armée. Et là, il a l'idée assez géniale et attestée par les chroniques de l'époque de prendre des pestiférés qui sont complètement délirants, fiévreux, de les mettre dans les bacs dans les paniers de ces catapultes et là de les envoyer dans la ville, pour transmettre la peste aux habitants de Caffa. Et c'est ainsi que les habitants de Kafa vont fuir, évidemment cet enfer. Monter dans leurs galères, dans leur barge de transport, dans leur navire marchand et aller vers Constantinople et de là, répandre la peste dans le reste du monde.
Philippe
Alors c'est l'un des épisodes que vous nous raconter dans le roman. Il y a beaucoup d'aventures. C'est un roman d'aventures, il y a des combats, des combats maritimes. Il y a des pirates aussi qui prennent possession des navires génois. Et puis c'est aussi une histoire de famille et c'est aussi une histoire d'amour. Vous voulez qu'il y ait du plaisir de lecture aussi ?
Laurent Decaux
La lecture, on se dit : ah c'est un roman sur la peste noire, ça va forcément être horrifique. Et d'ailleurs, je dois dire que je suis un grand amateur aussi. Je parlais du roman historique, mais de Stephen King aussi, et je suis allé piocher dans Stephen King, qui a écrit un roman assez génial sur une épidémie qui s'appelle Le Fléau. Et donc je suis allé piocher pas mal de choses là dedans, dans le suspense, dans la construction, vraiment de la dramaturgie. Mais oui, le roman historique, il faut garder bien en tête, c'est de l'intrigue. Donc moi, je veux construire de l'intrigue. Je veux que le lecteur soit emporté comme mes héros qui sont emportés sur cette galère, dans cette galère, j'ai envie de dire. Donc donc non, c'est oui, c'est un roman historique.
Philippe
Un roman historique, mais qu'on lit avec, avec passion enthousiasme. Et on a du mal à Le poser. Tout ce que vous racontez est inventé, mais tout ce que vous racontez est authentique. C'est bien ça ! C'est votre troisième roman et c'est une réussite. Ça s'appelle avant la fin du monde. Votre nouveau titre, Laurent Decaux publié chez Albin Michel.s
Merci beaucoup.
Laurent Decaux
Merci beaucoup.