Romancière, essayiste, historienne, journaliste, Irène Frain est surtout une femme passionnée et une grande voyageuse. Comme tous les bretons vous répondra-t-elle.Née à Lorient, ses racines bretonnes sont très présentes dans son parcours littéraire. Son premier roman, le Nabab, était d'ailleurs inspiré de la vie d'un jeune mousse de Quimper. Ce fut un énorme succès vendu à plus de 1 600 000 exemplaires.Son intérêt pour la condition féminine, son goût de l'enquête et sa passion pour les voyages et notamment pour...
Ecrire est un roman d'Irène Frain - Présentation - Suite
Bonjour Irène Frain, merci de nous recevoir. Votre actualité : « Sorti de rien » aux éditions du Seuil. C'est un livre qui prend place dans une bibliographie déjà conséquente.Est-ce que le livre, c'était pour vous une évidence dans votre vie, est-ce que vous avez toujours su que vous alliez écrire ? Non, je ne l'ai pas su. J'ai su que la clef était dans les livres, cela m'avait été transmis par mon père. En fait, je savais aussi que la clef était dans les mots.Donc je me préparais à être enseignante, c'est-à-dire à...
Ecrire est un roman d'Irène Frain - Portrait - Suite
Dans ce nouveau livre, Irène Frain, « Sorti de rien » aux éditions du Seuil, vous vous racontez, vous vous dévoilez. Ce n'est pas la première fois. Il y avait déjà eu un récit autobiographique, « La maison de la source ».« Sorti de rien », c'est quelque chose que l'on vous a lancé un jour, comme ça, au visage, et c'est ce qui vous a donné envie de partir sur les traces de vos origines, de vos racines. Cela a été un besoin ? Oui, un besoin viscérale... Je suis quasiment partie du jour au lendemain. Pourquoi le rien,...
Ecrire est un roman d'Irène Frain - Le livre - Suite
Pascalle Perrot – Librairie Chapitre à LorientJe dirais que c'est un beau récit, d'une belle légende familiale, d'une magnifique histoire d'amour entre un père et sa fille. Un récit touchant, très fort en émotion, qui m'a énormément émue, avec lequel on peut se faire plaisir en passant un très bon moment.C'était quand même une très belle histoire. Une histoire que j'aurais peut-être eu envie de vivre moi aussi, de faire cette recherche sur les origines et l'histoire de mon père.Ce roman peut intéresser tous ceux qui...
Ecrire est un roman d'Irène Frain - L'avis du libraire - Suite
Irène Frain
Sorti de rien
Présentation 1'23Romancière, essayiste, historienne, journaliste, Irène Frain est surtout une femme passionnée et une grande voyageuse. Comme tous les bretons vous répondra-t-elle.
Née à Lorient, ses racines bretonnes sont très présentes dans son parcours littéraire. Son premier roman, le Nabab, était d'ailleurs inspiré de la vie d'un jeune mousse de Quimper. Ce fut un énorme succès vendu à plus de 1 600 000 exemplaires.
Son intérêt pour la condition féminine, son goût de l'enquête et sa passion pour les voyages et notamment pour l'Orient, façonnent l'écriture d'Irène Frain. On lui doit notamment Les Naufragés de l'île de Tromelin, Beauvoir in love, Quai des Indes et Modern style.
En 2000, dans La maison de la source, Irène Frain avait déjà abordé son histoire familiale. Depuis, son père est décédé, et la romancière a éprouvé le besoin de partir sur ses traces familiales bretonnes, après qu'un journaliste lui eut sorti cette phrase : « vous êtes sortie de rien ».
Irène Frain nous entraîne donc dans cette Bretagne de la terre, avec ses non-dits, ses coutumes, ses secrets. Et à travers celles d'Irène Frain, ce sont finalement nos propres histoires de famille que nous découvrons.
Loin de tout sentimentalisme, ce livre est un bel exercice sur la transmission et sur l'importance de ces racines qui nous font grandir. Ou quand le présent et le futur se nourrissent du passé.
« Sorti de rien » d'Irène Frain, c'est aux éditions du Seuil et Irène Frain nous reçoit, pour WebTvCulture.
Romancière, essayiste, historienne, journaliste, Irène Frain est surtout une femme passionnée et une grande voyageuse. Comme tous les bretons vous répondra-t-elle.
Née à Lorient, ses racines bretonnes sont très présentes dans son parcours littéraire. Son premier roman, le Nabab, était d'ailleurs inspiré de la vie d'un jeune mousse de Quimper. Ce fut un énorme succès vendu à plus de 1 600 000 exemplaires.
Son intérêt pour la condition féminine, son goût de l'enquête et sa passion pour les voyages et notamment pour l'Orient, façonnent l'écriture d'Irène Frain. On lui doit notamment Les Naufragés de l'île de Tromelin, Beauvoir in love, Quai des Indes et Modern style.
En 2000, dans La maison de la source, Irène Frain avait déjà abordé son histoire familiale. Depuis, son père est décédé, et la romancière a éprouvé le besoin de partir sur ses traces familiales bretonnes, après qu'un journaliste lui eut sorti cette phrase : « vous êtes sortie de rien ».
Irène Frain nous entraîne donc dans cette Bretagne de la terre, avec ses non-dits, ses coutumes, ses secrets. Et à travers celles d'Irène Frain, ce sont finalement nos propres histoires de famille que nous découvrons.
Loin de tout sentimentalisme, ce livre est un bel exercice sur la transmission et sur l'importance de ces racines qui nous font grandir. Ou quand le présent et le futur se nourrissent du passé.
« Sorti de rien » d'Irène Frain, c'est aux éditions du Seuil et Irène Frain nous reçoit, pour WebTvCulture.
Irène Frain
Sorti de rien
Portrait 4'14Bonjour Irène Frain, merci de nous recevoir. Votre actualité : « Sorti de rien » aux éditions du Seuil. C'est un livre qui prend place dans une bibliographie déjà conséquente.
Est-ce que le livre, c'était pour vous une évidence dans votre vie, est-ce que vous avez toujours su que vous alliez écrire ?
Non, je ne l'ai pas su. J'ai su que la clef était dans les livres, cela m'avait été transmis par mon père. En fait, je savais aussi que la clef était dans les mots.
Donc je me préparais à être enseignante, c'est-à-dire à transmettre à des enfants, ou des adolescents ou à des étudiants mon amour des mots.
Je n'étais pas un enfant écrivain, j'étais plutôt un enfant écrivant. C'est-à-dire que je réécrivais le monde dans ma tête, dans cette petite maison où nous habitions à Lorient. Je savais que la solution passait par les mots.
Vous utilisez le mot transmission. Vous pensez que, par vos romans, par vos essais, par vos articles, vous êtes journalistes, il y a une transmission quelque part ?
Je crois que l'écrivain est un passeur. Il emmène le lecteur sur un bateau vers d'autres rivages, des rivages inconnus, le pays des mots, le pays du sens. Ca peut être des pays géographiques, la découverte d'une autre culture.
Tout embarquement dans un livre est un passage vers un autre monde. Et cet autre monde va nous aider à supporter celui où nous vivons, qui est sensé être le réel et qui est parfois un peu insoutenable, incompréhensible. Les mots font sens.
Nombre de vos romans se situent à des périodes historiques différentes. Si l'on prend les trois derniers titres, « Les naufragés de l'île Tromelin », « La foret des 29 » ou plus récemment « Beauvoir in love », donc des époques révolues.
Est-ce que vous êtes bien dans votre époque contemporaine ou est-ce que l'écriture vous sert aussi à vous échapper de notre monde ?
Je crois que j'y suis bien parce que ces livres sont autant de clefs. Simplement, l'époque contemporaine a tendance à penser que seule le présent compte, donc à s'éparpiller. Et le futur se résume à des technologies.
Pour savoir où l'on va, il faut savoir d'où l'on vient. Le passé comme nostalgie ne m'intéresse absolument pas. Il m'intéresse comme trésor de clefs; et pour reprendre les exemples que vous avez cités, j'ai trouvé des clefs par exemple dans « Les naufragés de l'ile Tromelin ».
Comment construit-on la fraternité humaine au-delà des races ? On avait les clefs dans ce qui s'est passé sur cette petite île, où noirs et blancs ont dû cohabiter pour survivre. Et cette tragédie a donné naissance à l'abolition de l'esclavage.
C'est une clef contre le racisme actuellement. Une des clefs. Savoir d'où est née cette révolte contre le racisme. Le racisme renait, on a des clefs.
Est-ce que notre époque contemporaine peut parfois vous effrayer ? Est-ce que la lecture et l'écriture peuvent être un barrage, un rempart pour se préserver ?
Ce n'est pas un rempart pour moi, ni une fuite. Je vais frapper à une porte, je rentre dans un autre monde et encore une fois, j'y cherche des clefs pour le présent.
Je crois que si nous nions nos racines, si nous n'apprenons plus l'histoire avec un grand H à nos enfants, nous ne saurons vraiment plus où nous allons, et nous irons vers des catastrophes.
Les livres qui m'environnent sont un trésor de signaux envoyés sur un océan très tourmentés. Ce sont des phares qui continuent, quelles que soient les tempêtes, à envoyer des signaux dans la nuit. C'est formidable.
Les livres sont des phares envoyés dans la nuit... C'est joli, je garde. Merci Irène Frain. Votre actualité, « Sorti de rien », c'est aux éditions du Seuil.
Bonjour Irène Frain, merci de nous recevoir. Votre actualité : « Sorti de rien » aux éditions du Seuil. C'est un livre qui prend place dans une bibliographie déjà conséquente.
Est-ce que le livre, c'était pour vous une évidence dans votre vie, est-ce que vous avez toujours su que vous alliez écrire ?
Non, je ne l'ai pas su. J'ai su que la clef était dans les livres, cela m'avait été transmis par mon père. En fait, je savais aussi que la clef était dans les mots.
Donc je me préparais à être enseignante, c'est-à-dire à transmettre à des enfants, ou des adolescents ou à des étudiants mon amour des mots.
Je n'étais pas un enfant écrivain, j'étais plutôt un enfant écrivant. C'est-à-dire que je réécrivais le monde dans ma tête, dans cette petite maison où nous habitions à Lorient. Je savais que la solution passait par les mots.
Vous utilisez le mot transmission. Vous pensez que, par vos romans, par vos essais, par vos articles, vous êtes journalistes, il y a une transmission quelque part ?
Je crois que l'écrivain est un passeur. Il emmène le lecteur sur un bateau vers d'autres rivages, des rivages inconnus, le pays des mots, le pays du sens. Ca peut être des pays géographiques, la découverte d'une autre culture.
Tout embarquement dans un livre est un passage vers un autre monde. Et cet autre monde va nous aider à supporter celui où nous vivons, qui est sensé être le réel et qui est parfois un peu insoutenable, incompréhensible. Les mots font sens.
Nombre de vos romans se situent à des périodes historiques différentes. Si l'on prend les trois derniers titres, « Les naufragés de l'île Tromelin », « La foret des 29 » ou plus récemment « Beauvoir in love », donc des époques révolues.
Est-ce que vous êtes bien dans votre époque contemporaine ou est-ce que l'écriture vous sert aussi à vous échapper de notre monde ?
Je crois que j'y suis bien parce que ces livres sont autant de clefs. Simplement, l'époque contemporaine a tendance à penser que seule le présent compte, donc à s'éparpiller. Et le futur se résume à des technologies.
Pour savoir où l'on va, il faut savoir d'où l'on vient. Le passé comme nostalgie ne m'intéresse absolument pas. Il m'intéresse comme trésor de clefs; et pour reprendre les exemples que vous avez cités, j'ai trouvé des clefs par exemple dans « Les naufragés de l'ile Tromelin ».
Comment construit-on la fraternité humaine au-delà des races ? On avait les clefs dans ce qui s'est passé sur cette petite île, où noirs et blancs ont dû cohabiter pour survivre. Et cette tragédie a donné naissance à l'abolition de l'esclavage.
C'est une clef contre le racisme actuellement. Une des clefs. Savoir d'où est née cette révolte contre le racisme. Le racisme renait, on a des clefs.
Est-ce que notre époque contemporaine peut parfois vous effrayer ? Est-ce que la lecture et l'écriture peuvent être un barrage, un rempart pour se préserver ?
Ce n'est pas un rempart pour moi, ni une fuite. Je vais frapper à une porte, je rentre dans un autre monde et encore une fois, j'y cherche des clefs pour le présent.
Je crois que si nous nions nos racines, si nous n'apprenons plus l'histoire avec un grand H à nos enfants, nous ne saurons vraiment plus où nous allons, et nous irons vers des catastrophes.
Les livres qui m'environnent sont un trésor de signaux envoyés sur un océan très tourmentés. Ce sont des phares qui continuent, quelles que soient les tempêtes, à envoyer des signaux dans la nuit. C'est formidable.
Les livres sont des phares envoyés dans la nuit... C'est joli, je garde. Merci Irène Frain. Votre actualité, « Sorti de rien », c'est aux éditions du Seuil.
Irène Frain
Sorti de rien
Le livre 4'44Dans ce nouveau livre, Irène Frain, « Sorti de rien » aux éditions du Seuil, vous vous racontez, vous vous dévoilez. Ce n'est pas la première fois. Il y avait déjà eu un récit autobiographique, « La maison de la source ».
« Sorti de rien », c'est quelque chose que l'on vous a lancé un jour, comme ça, au visage, et c'est ce qui vous a donné envie de partir sur les traces de vos origines, de vos racines. Cela a été un besoin ?
Oui, un besoin viscérale... Je suis quasiment partie du jour au lendemain. Pourquoi le rien, qu'est-ce que le rien ?
Vous l'avez pris comme une insulte ?
C'est le mot « rien » qui m'a paralysée. D'ailleurs, dans les jours qui ont suivi, j'ai commencé à écrire mon nom en anagramme, Riene, rien au féminin. J'ai voulu mettre une explication là-dessus
Donc je me suis dit : « Dis-le ce rien dont tu es la fille ». Parce que je n'avais pas vécu dans un milieu totalement démuni. Je ne manquais de rien !
Finalement, vous ne connaissiez qu'un pan de l'histoire, celle que vos parents avaient bien voulu vous raconter.
Mon père, avant sa mort, a laissé des bribes. Par exemple, il m'a dit qu'il avait connu la faim. Il m'a raconté un épisode de faim au ventre à l'âge de six ans. Entre l'âge de onze et quatorze ans, il avait vécu dans le grenier d'une très vieille porcherie.
Il avait complètement perdu l'usage du français. Il avait réappris la langue française en s'enfuyant à quatorze an, en arrivant à Lorient. Et il a dit cette phrase « j'ai appris le français de la façon suivante :
Avec l'argent de ma première paye d'aide maçon, j'ai acheté une grammaire, et je l'ai réappris et appris, avec cette grammaire française et en écoutant les gens ». Et donc après sa mort, j'avais cette valise noire contenant des tas de documents où j'ai trouvé la fameuse grammaire.
Cette valise noire, c'était donc les souvenirs de votre père après son décès. Vous n'aviez pas encore ouvert cette valise.
Non, je n'avais pas la force d'y toucher comme beaucoup de gens après un deuil. On a l'impression d'un viol, on se dit : « qu'est-ce que je vais découvrir ? » On a peur.
Et donc, l'hiver dernier, en même temps que j'ai fait l'enquête sur place pour retrouver la fameuse porcherie. À ce moment-là, j'ai donc eu la force de consulter ces documents. Et là, ça a été un prodigieux trésor.
Parce qu'il y avait ses carnets depuis 1935, des carnets sur sa vie intime, des journaux intimes, des essais littéraires, des poèmes notamment pendant sa captivité en Allemagne... La façon dont, à chaque moment de sa vie, il a construit sa résilience.
Dans « Sorti de rien », vous remontez donc le fil de la vie de votre père. En avez-vous voulu à votre père de vous avoir caché une partie de ce qu'il était ?
Je n'en ai jamais voulu à mon père pour quoi que ce soit. Je n'ai qu'un mot à lui dire « Merci » Je crois qu'il y a des choses que l'on ne découvre qu'après la mort.
Je le dirais à tous ceux qui actuellement sont confrontés comme moi à des documents qu'ils n'arrivent pas à toucher ou qu'ils viennent de découvrir, et qu'ils se disent « si j'avais su »... Et bien non.
Du vivant des parents ou des grands parents, il y a des démarches que l'on ne peut pas faire. Il faut aussi accepter ce dialogue avec les morts. À ce moment de la vie, j'ai eu besoin de faire ce voyage aux origines, pour moi, continuer à vivre.
Et j'ai été portée à ce moment par l'extraordinaire énergie de mon père.
Que souhaitez-vous que le lecteur trouve, puise dans ces pages ?
Je crois que beaucoup de lecteurs vivent la même chose. Un deuil, un déménagement, vendre la maison. Vous tombez sur des secrets de vos parents, de vos grands parents. Je n'ai même pas pensé au lecteur en le faisant.
J'étais simplement poussée par une envie obscure de partage, de ces origines, parce que 80% de la population française est finalement sortie de rien, n'a pas de nom au sens, de grand nom. Et ce n'est pas pour autant que l'on est des anonymes.
Et sans nos racines, nous sommes menacés de mort, nous-même, dans notre existence. Bien entendu, tout livre est une bouteille jetée à la mer. Je l'ai écrit parce que j'en avais besoin.
Ensuite, je l'ai jeté sur l'océan des livres. A chacun d'ouvrir la bouteille s'il le souhaite et de regarder mon petit message de partage et d'envie de vitalité.
Merci beaucoup Irène Frain. C'est votre actualité : « Sorti de rien ». C'est un récit que vous publiez aux éditions du Seuil.
Dans ce nouveau livre, Irène Frain, « Sorti de rien » aux éditions du Seuil, vous vous racontez, vous vous dévoilez. Ce n'est pas la première fois. Il y avait déjà eu un récit autobiographique, « La maison de la source ».
« Sorti de rien », c'est quelque chose que l'on vous a lancé un jour, comme ça, au visage, et c'est ce qui vous a donné envie de partir sur les traces de vos origines, de vos racines. Cela a été un besoin ?
Oui, un besoin viscérale... Je suis quasiment partie du jour au lendemain. Pourquoi le rien, qu'est-ce que le rien ?
Vous l'avez pris comme une insulte ?
C'est le mot « rien » qui m'a paralysée. D'ailleurs, dans les jours qui ont suivi, j'ai commencé à écrire mon nom en anagramme, Riene, rien au féminin. J'ai voulu mettre une explication là-dessus
Donc je me suis dit : « Dis-le ce rien dont tu es la fille ». Parce que je n'avais pas vécu dans un milieu totalement démuni. Je ne manquais de rien !
Finalement, vous ne connaissiez qu'un pan de l'histoire, celle que vos parents avaient bien voulu vous raconter.
Mon père, avant sa mort, a laissé des bribes. Par exemple, il m'a dit qu'il avait connu la faim. Il m'a raconté un épisode de faim au ventre à l'âge de six ans. Entre l'âge de onze et quatorze ans, il avait vécu dans le grenier d'une très vieille porcherie.
Il avait complètement perdu l'usage du français. Il avait réappris la langue française en s'enfuyant à quatorze an, en arrivant à Lorient. Et il a dit cette phrase « j'ai appris le français de la façon suivante :
Avec l'argent de ma première paye d'aide maçon, j'ai acheté une grammaire, et je l'ai réappris et appris, avec cette grammaire française et en écoutant les gens ». Et donc après sa mort, j'avais cette valise noire contenant des tas de documents où j'ai trouvé la fameuse grammaire.
Cette valise noire, c'était donc les souvenirs de votre père après son décès. Vous n'aviez pas encore ouvert cette valise.
Non, je n'avais pas la force d'y toucher comme beaucoup de gens après un deuil. On a l'impression d'un viol, on se dit : « qu'est-ce que je vais découvrir ? » On a peur.
Et donc, l'hiver dernier, en même temps que j'ai fait l'enquête sur place pour retrouver la fameuse porcherie. À ce moment-là, j'ai donc eu la force de consulter ces documents. Et là, ça a été un prodigieux trésor.
Parce qu'il y avait ses carnets depuis 1935, des carnets sur sa vie intime, des journaux intimes, des essais littéraires, des poèmes notamment pendant sa captivité en Allemagne... La façon dont, à chaque moment de sa vie, il a construit sa résilience.
Dans « Sorti de rien », vous remontez donc le fil de la vie de votre père. En avez-vous voulu à votre père de vous avoir caché une partie de ce qu'il était ?
Je n'en ai jamais voulu à mon père pour quoi que ce soit. Je n'ai qu'un mot à lui dire « Merci » Je crois qu'il y a des choses que l'on ne découvre qu'après la mort.
Je le dirais à tous ceux qui actuellement sont confrontés comme moi à des documents qu'ils n'arrivent pas à toucher ou qu'ils viennent de découvrir, et qu'ils se disent « si j'avais su »... Et bien non.
Du vivant des parents ou des grands parents, il y a des démarches que l'on ne peut pas faire. Il faut aussi accepter ce dialogue avec les morts. À ce moment de la vie, j'ai eu besoin de faire ce voyage aux origines, pour moi, continuer à vivre.
Et j'ai été portée à ce moment par l'extraordinaire énergie de mon père.
Que souhaitez-vous que le lecteur trouve, puise dans ces pages ?
Je crois que beaucoup de lecteurs vivent la même chose. Un deuil, un déménagement, vendre la maison. Vous tombez sur des secrets de vos parents, de vos grands parents. Je n'ai même pas pensé au lecteur en le faisant.
J'étais simplement poussée par une envie obscure de partage, de ces origines, parce que 80% de la population française est finalement sortie de rien, n'a pas de nom au sens, de grand nom. Et ce n'est pas pour autant que l'on est des anonymes.
Et sans nos racines, nous sommes menacés de mort, nous-même, dans notre existence. Bien entendu, tout livre est une bouteille jetée à la mer. Je l'ai écrit parce que j'en avais besoin.
Ensuite, je l'ai jeté sur l'océan des livres. A chacun d'ouvrir la bouteille s'il le souhaite et de regarder mon petit message de partage et d'envie de vitalité.
Merci beaucoup Irène Frain. C'est votre actualité : « Sorti de rien ». C'est un récit que vous publiez aux éditions du Seuil.
Irène Frain
Sorti de rien
L'avis du libraire 1'33Je dirais que c'est un beau récit, d'une belle légende familiale, d'une magnifique histoire d'amour entre un père et sa fille. Un récit touchant, très fort en émotion, qui m'a énormément émue, avec lequel on peut se faire plaisir en passant un très bon moment.
C'était quand même une très belle histoire. Une histoire que j'aurais peut-être eu envie de vivre moi aussi, de faire cette recherche sur les origines et l'histoire de mon père.
Ce roman peut intéresser tous ceux qui sont à la recherche d'une histoire familiale, peut-être pas les très jeunes car on fait référence à l'histoire de la Bretagne.
Peut-être plus aux Bretons. Il y a quelques mots de breton, mais en même temps c'est intéressant, on apprend un peu ce qu'était la vie des Bretons au début du 20e siècle.
En Bretagne, à Lorient, on aime Irène. On a beaucoup d'amour pour elle et je la redécouvre encore sous une autre image, peut-être plus touchante, plus humaine.
Pascalle Perrot – Librairie Chapitre à Lorient
Je dirais que c'est un beau récit, d'une belle légende familiale, d'une magnifique histoire d'amour entre un père et sa fille. Un récit touchant, très fort en émotion, qui m'a énormément émue, avec lequel on peut se faire plaisir en passant un très bon moment.
C'était quand même une très belle histoire. Une histoire que j'aurais peut-être eu envie de vivre moi aussi, de faire cette recherche sur les origines et l'histoire de mon père.
Ce roman peut intéresser tous ceux qui sont à la recherche d'une histoire familiale, peut-être pas les très jeunes car on fait référence à l'histoire de la Bretagne. Peut-être plus aux Bretons. Il y a quelques mots de breton, mais en même temps c'est intéressant, on apprend un peu ce qu'était la vie des Bretons au début du 20e siècle.
En Bretagne, à Lorient, on aime Irène. On a beaucoup d'amour pour elle et je la redécouvre encore sous une autre image, peut-être plus touchante, plus humaine.