Après des études à Sciences Po, Valentine Goby s'est installlé en Asiie où elle a notamment travaillé pour des associations humanitaires. De retour en France, c'est l'enseignement des lettres et du théâtre, métier qu'elle exerce pendant 8 ans avant de décider que finalement, sa vie, c'est l'écriture.Effectivement, Valentine Goby a toujours eu soif d'écrire, de partager, de raconter.En 2002, elle publie avec succès son 1er roman, « la note sensible » qui sera primé à plusieurs reprises. Alternant littérature adulte et...
L'île haute de Valentine Goby - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Valentine Goby. Votre actualité « Kinderzimmer » chez Actes Sud. C'est déjà votre huitième roman qui prend place dans une très large bibliographie puisqu'il y a aussi tout le travail pour la jeunesse que vous faites notamment. Mais avant l'écriture, avant la littérature, avant d'être publiée, vous avez eu en quelque sorte une autre vie puisque vous avez beaucoup voyagé, vous êtes beaucoup allée en Asie.Valentine Goby :Je crois que j'ai eu plusieurs vies en fait.Philippe Chauveau :Vous avez eu...
L'île haute de Valentine Goby - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :C'est votre huitième titre « Kinderzimmer », Valentine Goby. Dans ce livre, vous nous présentez Mila, que l'on va aussi appeler Suzanne,puisqu'on là découvre quand elle est une personne âgée. Elle se balade de lycée en lycée pour raconter son histoire, elle va à la rencontre des jeunes. Elle a été déportée à Ravensbrück et puis un jour il y a une jeune élève qui lui pose une question « mais saviez-vous que vous alliez dans ce camp ? Savez-vous où vous alliez ? » Et Mila va retracer le fil de...
L'île haute de Valentine Goby - Le livre - Suite
Philippe Lecomte
Le Livre écarlate31, rue du Moulin Vert75014 ParisTél : 01 45 42 75 30« Kinderzimmer », de Valentine Goby. C'est un livre d'une émotion énorme. Ca aborde un sujet difficile que l'Histoire nous a donnée, que les événements nous ont donnés. Et Valentine Goby s'en est emparée avec un talent incroyable. Elle fait en sorte de nous donner à vivre, à lire, à connaître, à sentir au travers du mot, au travers des phrases, un événement qui est hors du commun.C'est magnifique, c'est très émouvant, c'est...
L'île haute de Valentine Goby - L'avis du libraire - Suite
Valentine Goby
Kinderzimmer
Présentation 2'16Après des études à Sciences Po, Valentine Goby s'est installlé en Asiie où elle a notamment travaillé pour des associations humanitaires.
De retour en France, c'est l'enseignement des lettres et du théâtre, métier qu'elle exerce pendant 8 ans avant de décider que finalement, sa vie, c'est l'écriture.Effectivement, Valentine Goby a toujours eu soif d'écrire, de partager, de raconter.
En 2002, elle publie avec succès son 1er roman chez Gallimard, « la note sensible » qui sera primé à plusieurs reprises. Alternant littérature adulte et romans pour la jeunesse,
on lui doit déjà une trentaine d'ouvrages, dont « L'échappée » en 2007, « Qui touche à mon corps » en 2008, ou encore « Banquises » et « Des corps en silence ».
Ce corps qui apparaît dans plusieurs de ses précédents titres est encore au cœur de ce nouveau roman « Kinderzimmer », et comme dans « La note sensible » ou « Qui touche à mon corps », nous retrouvons l'ambiance de la seconde guerre mondiale qui semble inspirer l'auteur.
« Kinderzimmer », c'est l'horreur des camps, et plus particulièrement celui de Ravensbrück où se retrouve Mila en 1944.
Elle est enceinte et ne le sait pas encore. L'arrivée de ce bébé, qui sera à la fois source d'espoir et d'angoisse va créer des liens entre les prisonnières.
Au milieu du drame de ces vies broyées, entre le corps de Mila qui se dessèche et celui de cet enfant qui ne demande qu'à vivre, c'est un combat de chaque jour, de chaque instant que nous raconte Valentine Goby.
On y retrouve sa belle écriture musicale, qui sait se faire douce ou violente, le thème du rôle de la femme dans la société et l'importance de savoir s'approprier son corps pour s'accepter soi-même.
« Kinderzimmer » est un roman superbe, effroyable, bouleversant. Certains vous diront peut-être qu'il dégage trop de bons sentiments, et que l'univers des camps de concentration a déjà été maintes fois traité. Ne les écoutez pas.
Depuis la nuit des temps, on sait que de la pire adversité peut naître l'espoir. Il en fut de même dans les camps, nombre de témoignages le racontent. Et on ne parlera jamais trop de ces événements qui s'éloignent avec les années.
Ce livre est incontestablement l'un des meilleurs de la rentrée littéraire. « Kinderzimmer » de Valentine Goby, aux éditions Actes Sud. Valentine Goby est sur Web TV Culture.
Après des études à Sciences Po, Valentine Goby s'est installlé en Asiie où elle a notamment travaillé pour des associations humanitaires. De retour en France, c'est l'enseignement des lettres et du théâtre, métier qu'elle exerce pendant 8 ans avant de décider que finalement, sa vie, c'est l'écriture.
Effectivement, Valentine Goby a toujours eu soif d'écrire, de partager, de raconter.
En 2002, elle publie avec succès son 1er roman, « la note sensible » qui sera primé à plusieurs reprises. Alternant littérature adulte et romans pour la jeunesse, on lui doit déjà une trentaine d'ouvrages, dont « L'échappée » en 2007, « Qui touche à mon corps » en 2008, ou encore « Banquises » et « Des corps en silence ».
Ce corps qui apparaît dans plusieurs de ses précédents titres est encore au cœur de ce nouveau roman « Kinderzimmer », et comme dans « La note sensible » ou « Qui touche à mon corps », nous retrouvons l'ambiance de la seconde guerre mondiale qui semble inspirer l'auteur.
« Kiderzimmer », c'est l'horreur des camps, et plus particulièrement celui de Ravensbrück où se retrouver Mila en 1944.
Elle est enceinte et ne le sait pas encore. L'arrivée de ce bébé, qui sera à la fois source d'espoir et d'angoisse va créer des liens entre les prisonnières. Au milieu du drame de ces vies broyées, entre le corps de Mila qui se dessèche et celui de cet enfant qui ne demande qu'à vivre, c'est un comabat de chaque jour, de chaque instant que nous raconte Valentine Goby.
On y retrouve sa belle écriture musicale, qui sait se faire douce ou violente, le thème du rôle de la femme dans la société et l'importance de savoir s'approprier son corps pour s'accepter soi-même.
« Kinderzimmer » est un roman superbe, effroyable, bouleversant. Certains vous diront peut-être qu'il dégage trop de bons sentiments, et que l'univers des camps de concentration a déà été maintes fois traité. Ne les écoutez pas. Depuis la nuit des temps, on sait que de la pire adversité peut naître l'espoir. Il en fut de même dans les camps, nombre de témoignages le racontent. Et on ne parlera jamais trop de ces événements qui s'éloignent avec les années.
Ce livre est incontestablement l'un des meilleurs de la rentrée littéraire.
« Kinderzimmer » de Valentine Goby, aux éditions Actes Sud
Valentine Goby est sur Web TV Culture.
Valentine Goby
Kinderzimmer
Portrait 4'27Bonjour Valentine Goby. Votre actualité « Kinderzimmer » chez Actes Sud. C'est déjà votre huitième roman qui prend place dans une très large bibliographie puisqu'il y a aussi tout le travail pour la jeunesse que vous faites notamment.
Mais avant l'écriture, avant la littérature, avant d'être publiée, vous avez eu en quelque sorte une autre vie puisque vous avez beaucoup voyagé, vous êtes beaucoup allée en Asie.
Je crois que j'ai eu plusieurs vies en fait.
Vous avez eu plusieurs vies !
Pas qu'une. Comme ça, ça a l'air pas cohérent du tout, mais si en fait. C'est une quête de quelque chose.
Vous suivez bien votre fil ?
Non, je n'avais pas de fil. C'est ça. Je n'avais pas de fil. J'ai fait des études de sciences politiques et puis j'avais la tête comme un ballon de football en sortant de là. J'avais hâte d'utiliser mes jambes.
Je suis partie travailler dans l'humanitaire avec des enfants des rues au Vietnâm et aux Philippines pendant à peu près quatre ans et ça c'était formidable.
Est-ce que vous vous êtes découverte différemment ?
Oui, c'est exactement ça ! J'aime bien que vous métiez l'accent, non pas sur l'autre, mais sur soi. Parce qu'on part toujours pour rencontrer l'autre au départ et on se rend compte qu'il se créé des liens forts,
des découvertes, mais les décourvertes les plus profondes, ce sont vraiment celles qu'on fait de soi-même, quand on est coupé de tout lien comme ça.
C'est une période qui a compté dans votre vie, vous êtes restée quatre ans dans différents pays d'Asie et en travaillant pour ces associations humanitaires. Est-ce que l'écriture était déjà là ? Est-ce que l'envie d'écrire était déjà présente ?
J'ai toujours écrit. C'est un peu un mystère. Je ne sais pas d'où ça vient, ça n'a jamais été une décision. J'ai écrit avant de savoir écrire. Je me racontais des histoires dans ma tête et la technique de l'écriture, ça a été une sorte de cadeau du ciel,
parce que avec la tête on retient trois ou quatre phrases, on écrit des toutes petites histoires, mais alors il faut choisir exactement le bon mot parce qu'on a très peu de place dans sa tête.
Et avec le papier les histoires ce sont allongées, mais je crois que j'avais déjà compris que chaque mot avait vraiment un poids. Là je vous parle de quand j'avais trois-quatre ans, mais ça m'a suivi tout le temps.
Vous rentrez en France, vous enseignez les Lettres, le théâtre et puis vous publiez en 2002 votre premier roman « La note sensible » chez Gallimard. C'était un aboutissement ? Un nouveau départ ? Comment le revoyez-vous ce premier livre ?
Ah non, ce n'était pas du tout un aboutissement. C'est le début de tout parce que je n'avais pas de projet. Il se trouve qu'un jour j'ai écrit quelque chose qui était un peu plus épais que le reste et il y a eu l'idée du pari « allez chiche, tu l'envoies ! ».
Vous avez eu l'impression d'entrer dans une famille aussi lorsque vous avez été publiée ? Dans la grande famille des écrivains ?
Non, j'ai eu un sentiment d'imposture tout de suite en fait. Ca me paraissait énorme. Je ne vais pas vous raconter l'histoire de la petite provinciale qui monte à Paris, mais enfin quand même c'est un peu la mienne.
Appartenir à Paris, ça me paraissait fou. Et être publiée par une maison parisienne, ça dépassait l'entendement pour moi. Il faut savoir que je suis fille et petite-fille de parfumeur, je ne viens pas de Grâce pour rien,
et il y a une parfumerie à Grasse qu'i s'appelle Galimard, mais avec un seul « L ». Et quand j'ai publié mon premier roman, ce que m'ont dit des familiers de Grasse c'est » et bien on ne savait pas qu'ils faisaient aussi des livres ».
Vos romans sont souvent sombres, douloureux, parfois violents, au propre comme au figuré et quand on vous rencontre, vous dégagez l'image d'une jeune femme bien dans sa peau, dans sa vie, dans son époque....
Ce n'est pas contradictoire. Moi je n'ai pas l'impression d'écrire des livres sombres. J'ai l'impression qu'il y a des lieux d'ombre et de nuit qui parsèment nos existences et ce qui m'intéresse, c'est comment on les traverse.
Moi, mes personnages ils réussissent leur traversée. Ca ne veut pas dire que c'est facile, mais ils réussisent toujours leur traversée. A la fin ils font des choix. Alors peut-etre ce ne sont pas ceux que nous ferions.
Mais c'est une réussite parce qu'ils assument les choix qu'ils ont fait. Parfois on va les trouver difficiles, tristes, mais ce sont des gens libres.
Merci Valentine Goby. Votre actualité « Kinderzimmer », c'est aux éditions Actes Sud.
Philippe Chauveau :
Bonjour Valentine Goby. Votre actualité « Kinderzimmer » chez Actes Sud. C'est déjà votre huitième roman qui prend place dans une très large bibliographie puisqu'il y a aussi tout le travail pour la jeunesse que vous faites notamment. Mais avant l'écriture, avant la littérature, avant d'être publiée, vous avez eu en quelque sorte une autre vie puisque vous avez beaucoup voyagé, vous êtes beaucoup allée en Asie.
Valentine Goby :
Je crois que j'ai eu plusieurs vies en fait.
Philippe Chauveau :
Vous avez eu plusieurs vies !
Valentine Goby :
Pas qu'une. Comme ça, ça a l'air pas cohérent du tout, mais si en fait. C'est une quête de quelque chose.
Philippe Chauveau :
Vous suivez bien votre fil ?
Valentine Goby :
Non, je n'avais pas de fil. C'est ça. Je n'avais pas de fil. J'ai fait des études de sciences politiques et puis j'avais la tête comme un ballon de football en sortant de là. J'avais hâte d'utiliser mes jambes. Je suis partie travailler dans l'humanitaire avec des enfants des rues au Vietnâm et aux Philippines pendant à peu près quatre ans et ça c'était formidable.
Philippe Chauveau :
Est-ce que vous vous êtes découverte différemment ?
Valentine Goby :
Oui, c'est exactement ça ! J'aime bien que vous métiez l'accent, non pas sur l'autre, mais sur soi. Parce qu'on part toujours pour rencontrer l'autre au départ et on se rend compte qu'il se créé des liens forts, des découvertes, mais les décourvertes les plus profondes, ce sont vraiment celles qu'on fait de soi-même, quand on est coupé de tout lien comme ça.
Philippe Chauveau :
C'est une période qui a compté dans votre vie, vous êtes restée quatre ans dans différents pays d'Asie et en travaillant pour ces associations humanitaires. Est-ce que l'écriture était déjà là ? Est-ce que l'envie d'écrire était déjà présente ?
Valentine Goby :
J'ai toujours écrit. C'est un peu un mystère. Je ne sais pas d'où ça vient, ça n'a jamais été une décision. J'ai écrit avant de savoir écrire. Je me racontais des histoires dans ma tête et la technique de l'écriture, ça a été une sorte de cadeau du ciel, parce que avec la tête on retient trois ou quatre phrases, on écrit des toutes petites histoires, mais alors il faut choisir exactement le bon mot parce qu'on a très peu de place dans sa tête. Et avec le papier les histoires ce sont allongées, mais je crois que j'avais déjà compris que chaque mot avait vraiment un poids. Là je vous parle de quand j'avais trois-quatre ans, mais ça m'a suivi tout le temps.
Philippe Chauveau :
Vous rentrez en France, vous enseignez les Lettres, le théâtre et puis vous publiez en 2002 votre premier roman « La note sensible » chez Gallimard. C'était un aboutissement ? Un nouveau départ ? Comment le revoyez-vous ce premier livre ?
Valentine Goby :
Ah non, ce n'était pas du tout un aboutissement. C'est le début de tout parce que je n'avais pas de projet. Il se trouve qu'un jour j'ai écrit quelque chose qui était un peu plus épais que le reste et il y a eu l'idée du pari « allez chiche, tu l'envoies ! ».
Philippe Chauveau :
Vous avez eu l'impression d'entrer dans une famille aussi lorsque vous avez été publiée ? Dans la grande famille des écrivains ?
Valentine Goby :
Non, j'ai eu un sentiment d'imposture tout de suite en fait. Ca me paraissait énorme. Je ne vais pas vous raconter l'histoire de la petite provinciale qui monte à Paris, mais enfin quand même c'est un peu la mienne. Appartenir à Paris, ça me paraissait fou. Et être publiée par une maison parisienne, ça dépassait l'entendement pour moi. Il faut savoir que je suis fille et petite-fille de parfumeur, je ne viens pas de Grâce pour rien, et il y a une parfumerie à Grasse qu'i s'appelle Galimard, mais avec un seul « L ». Et quand j'ai publié mon premier roman, ce que m'ont dit des familiers de Grasse c'est » et bien on ne savait pas qu'ils faisaient aussi des livres ».
Philippe Chauveau :
Vos romans sont souvent sombres, douloureux, parfois violents, au propre comme au figuré et quand on vous rencontre, vous dégagez l'image d'une jeune femme bien dans sa peau, dans sa vie, dans son époque....
Valentine Goby :
Ce n'est pas contradictoire. Moi je n'ai pas l'impression d'écrire des livres sombres. J'ai l'impression qu'il y a des lieux d'ombre et de nuit qui parsèment nos existences et ce qui m'intéresse, c'est comment on les traverse. Moi, mes personnages ils réussissent leur traversée. Ca ne veut pas dire que c'est facile, mais ils réussisent toujours leur traversée. A la fin ils font des choix. Alors peut-etre ce ne sont pas ceux que nous ferions. Mais c'est une réussite parce qu'ils assument les choix qu'ils ont fait. Parfois on va les trouver difficiles, tristes, mais ce sont des gens libres.
Philippe Chauveau :
Merci Valentine Goby. Votre actualité « Kinderzimmer », c'est aux éditions Actes Sud.
Valentine Goby
Kinderzimmer
Le livre 4'58C'est votre huitième titre « Kinderzimmer », Valentine Goby. Dans ce livre, vous nous présentez Mila, que l'on va aussi appeler Suzanne,puisqu'on là découvre quand elle est une personne âgée.
Elle se balade de lycée en lycée pour raconter son histoire, elle va à la rencontre des jeunes. Elle a été déportée à Ravensbrück et puis un jour il y a une jeune élève qui lui pose une question « mais saviez-vous que vous alliez dans ce camp ?
Savez-vous où vous alliez ? » Et Mila va retracer le fil de cette douloureuse histoire. Pourquoi avoir eu envie une fois encore de nous entraîner dans cette période sombre de la seconde guerre mondiale et pourquoi ce camp de Ravensbrück ?
Il se trouve que Ravensbrück c'est un camp sans archive donc c'est un camp dont on ne sait rien. Il faut vraiment chercher. Un jour j'ai rencontré un homme qui avait 65 ans, c'était il y a deux ans et qui me dit : « je suis déporté politique ».
Réfugié politique, oui, on peut l'entendre, mais déporté politique il y avait quelque chose qui ne marchait pas. Et en fait, il était né dans un camp, qui était le camp de Ravensbrück, qui était en effet un camp de déportés politiques et un camp de travail majoritairement.
Evidemment ça m'a beaucoup intrigué. Je savais qu'il y avait des enfants dans les camps, je ne savais pas qu'il y avait eu des naissances. On a parlé et il m'a dit « je ne suis pas le seul en fait, on a été quelques uns quand même ».
Ce monsieur éclairait quelque chose qui me semblait inouï. Inouï au sens propre, j'avais moi jamais entendu parler de ça. Et en regardant sur internet, en cherchant des archives, je me rends compte qu'en effet il n'y a rien.
Et je recontacte cet homme et finalement je vais rencontrer les trois enfant qui sont sortis vivants de Ravensbrück, qui sont nés dans un endroit qui s'appelle la « Kinderzimmer ». Une sorte de pouponnière, une chambre des nourrissons dans laquelle on garde les bébés qui sont nés là.
Ce qui est fort dans votre roman, c'est qu'on est dans le camp quasiment de la première à la dernière page.
Vous nous faites partager le quotidien de ces femmes et le quotidien de Mila qui lorsqu'elle arrive à Ravensbrück ne sait pas qu'elle est enceinte puisqu'il s'agit d'une rencontre tout-à-fait fortuite avec un homme qu'elle a aimé.
Elle va découvrir qu'elle est enceinte et que faire de cet enfant ? C'est à la fois une source d'angoisse, mais aussi une source d'espoir pour toutes ces femmes qui sont réunies, qui vont l'accompagner dans son enfantement.
C'est d'abord une source d'angoisse. Il y a ces enfants qui vont venir au monde dans un lieu qui n'est pas du tout fait pour eux et qui néanmoins laisse penser que des gens on cru possible la vie ordinaire dans un lieu de barbarie
et puis il y a des femmes qui, quand elles arrivent au camp de Ravensbrück, n'ont aucune idée du lieu où elles se trouvent sur une carte. Elles ne savent pas qu'elles sont à Ravensbrück. Moi ce que je voulais, c'était qu'on revienne à cet endroit.
A cet endroit de on ne sait rien. Il y a une double ignorance. Ce sont des femmes très jeunes, elles ne savent pas de quoi est fait leur corps, elles ont aucune idée de la manière dont un corps étranger peut rentrer dans leur corps.
Elle ne savent pas ce que c'est qu'un utérus, des ovaires. Il faut imaginer l'effroi que ça suscite, ça n'est pas du tout une bonne nouvelle.
D'ailleurs c'est ce que vous écrivez : « Comment savoir si ce qui vient est un vrai enfant ou un produit de Ravensbrück ? »
C'est ça. Et en plus, il est possible que le réel joue un rôle dans ce qui se passe dans le ventre donc on ne sait pas ce qui va se passer.
Et comme dans la plupart de vos romans, de la souffrance, de la tragédie, naît aussi la lumière et l'espoir. Et c'est vrai qu'il y a les rencontres entre ces femmes.
Il y a malgré toutes les douleurs des moments très beaux de partage, de convivialité. Il y a aussi des rencontres de femmes qui sont là pour surveiller et qui vont quand même aider...
Oui. Il ne faut pas être manichéen, ni dans le bien, ni dans le mal...
Il y a les dernières pages qui sont pleine d'espoir aussi.
Oui, mais de toute façon c'est ça que je voulais dire. Moi je n'ai aucun intérêt, aucune envie d'ajouter des atrocités à celles qu'on connait déjà. Ce que je voulais, c'était de montrer comment peut naître l'espoir dans un lieu pareil.
C'est un pari en fait. Il y a une scène qui est centrale. C'est un pari. Il y a un moment où on disait le moment où le bébé semble plutôt une source de mort et tout-à-coup et tout-à-coup il devient une source de vie pour sa propre mère.
On se demande qui donne la vie à qui dans l'histoire. Et bien c'est un pari. C'est ce qui est extrêmement fort, le choix de regarder le érel dans ses scintillements. On ne regarde plus les ténèbres, ils sont bien là les ténèbres, mais c'est le scintillement.
Merci Valentine Goby. Ce roman est un vrai petit bijou. C'est effroyable bien sûr parce que l'histoire est effroyable, mais c'est un livre qui donne vraiment beaucoup d'espérance,
donc c'est un très beau roman. Merci. Valentine Goby, ça s'appelle « Kinderzimmer », c'est chez Actes Sud.
Philippe Chauveau :
C'est votre huitième titre « Kinderzimmer », Valentine Goby. Dans ce livre, vous nous présentez Mila, que l'on va aussi appeler Suzanne,puisqu'on là découvre quand elle est une personne âgée. Elle se balade de lycée en lycée pour raconter son histoire, elle va à la rencontre des jeunes. Elle a été déportée à Ravensbrück et puis un jour il y a une jeune élève qui lui pose une question « mais saviez-vous que vous alliez dans ce camp ? Savez-vous où vous alliez ? » Et Mila va retracer le fil de cette douloureuse histoire. Pourquoi avoir eu envie une fois encore de nous entraîner dans cette période sombre de la seconde guerre mondiale et pourquoi ce camp de Ravensbrück ?
Valentine Goby :
Il se trouve que Ravensbrück c'est un camp sans archive donc c'est un camp dont on ne sait rien. Il faut vraiment chercher. Un jour j'ai rencontré un homme qui avait 65 ans, c'était il y a deux ans et qui me dit : « je suis déporté politique ». Réfugié politique, oui, on peut l'entendre, mais déporté politique il y avait quelque chose qui ne marchait pas. Et en fait, il était né dans un camp, qui était le camp de Ravensbrück, qui était en effet un camp de déportés politiques et un camp de travail majoritairement. Evidemment ça m'a beaucoup intrigué. Je savais qu'il y avait des enfants dans les camps, je ne savais pas qu'il y avait eu des naissances. On a parlé et il m'a dit « je ne suis pas le seul en fait, on a été quelques uns quand même ». Ce monsieur éclairait quelque chose qui me semblait inouï. Inouï au sens propre, j'avais moi jamais entendu parler de ça. Et en regardant sur internet, en cherchant des archives, je me rends compte qu'en effet il n'y a rien. Et je recontacte cet homme et finalement je vais rencontrer les trois enfant qui sont sortis vivants de Ravensbrück, qui sont nés dans un endroit qui s'appelle la « Kinderzimmer ». Une sorte de pouponnière, une chambre des nourrissons dans laquelle on garde les bébés qui sont nés là.
Philippe Chauveau :
Ce qui est fort dans votre roman, c'est qu'on est dans le camp quasiment de la première à la dernière page. Vous nous faites partager le quotidien de ces femmes et le quotidien de Mila qui lorsqu'elle arrive à Ravensbrück ne sait pas qu'elle est enceinte puisqu'il s'agit d'une rencontre tout-à-fait fortuite avec un homme qu'elle a aimé. Elle va découvrir qu'elle est enceinte et que faire de cet enfant ? C'est à la fois une source d'angoisse, mais aussi une source d'espoir pour toutes ces femmes qui sont réunies, qui vont l'accompagner dans son enfantement.
Valentine Goby :
C'est d'abord une source d'angoisse. Il y a ces enfants qui vont venir au monde dans un lieu qui n'est pas du tout fait pour eux et qui néanmoins laisse penser que des gens on cru possible la vie ordinaire dans un lieu de barbarie et puis il y a des femmes qui, quand elles arrivent au camp de Ravensbrück, n'ont aucune idée du lieu où elles se trouvent sur une carte. Elles ne savent pas qu'elles sont à Ravensbrück. Moi ce que je voulais, c'était qu'on revienne à cet endroit. A cet endroit de on ne sait rien. Il y a une double ignorance. Ce sont des femmes très jeunes, elles ne savent pas de quoi est fait leur corps, elles ont aucune idée de la manière dont un corps étranger peut rentrer dans leur corps. Elle ne savent pas ce que c'est qu'un utérus, des ovaires. Il faut imaginer l'effroi que ça suscite, ça n'est pas du tout une bonne nouvelle.
Philippe Chauveau :
D'ailleurs c'est ce que vous écrivez : « Comment savoir si ce qui vient est un vrai enfant ou un produit de Ravensbrück ? »
Valentine Goby :
C'est ça. Et en plus, il est possible que le réel joue un rôle dans ce qui se passe dans le ventre donc on ne sait pas ce qui va se passer.
Philippe Chauveau :
Et comme dans la plupart de vos romans, de la souffrance, de la tragédie, naît aussi la lumière et l'espoir. Et c'est vrai qu'il y a les rencontres entre ces femmes. Il y a malgré toutes les douleurs des moments très beaux de partage, de convivialité. Il y a aussi des rencontres de femmes qui sont là pour surveiller et qui vont quand même aider...
Valentine Goby :
Oui. Il ne faut pas être manichéen, ni dans le bien, ni dans le mal...
Philippe Chauveau :
Il y a les dernières pages qui sont pleine d'espoir aussi.
Valentine Goby :
Oui, mais de toute façon c'est ça que je voulais dire. Moi je n'ai aucun intérêt, aucune envie d'ajouter des atrocités à celles qu'on connait déjà. Ce que je voulais, c'était de montrer comment peut naître l'espoir dans un lieu pareil. C'est un pari en fait. Il y a une scène qui est centrale. C'est un pari. Il y a un moment où on disait le moment où le bébé semble plutôt une source de mort et tout-à-coup et tout-à-coup il devient une source de vie pour sa propre mère. On se demande qui donne la vie à qui dans l'histoire. Et bien c'est un pari. C'est ce qui est extrêmement fort, le choix de regarder le érel dans ses scintillements. On ne regarde plus les ténèbres, ils sont bien là les ténèbres, mais c'est le scintillement.
Philippe Chauveau :
Merci Valentine Goby. Ce roman est un vrai petit bijou. C'est effroyable bien sûr parce que l'histoire est effroyable, mais c'est un livre qui donne vraiment beaucoup d'espérance, donc c'est un très beau roman. Merci. Valentine Goby, ça s'appelle « Kinderzimmer », c'est chez Actes Sud.
Valentine Goby
Kinderzimmer
L'avis du libraire 1'44« Kinderzimmer », de Valentine Goby. C'est un livre d'une émotion énorme. Ca aborde un sujet difficile que l'Histoire nous a donnée, que les événements nous ont donnés.
Et Valentine Goby s'en est emparée avec un talent incroyable. Elle fait en sorte de nous donner à vivre, à lire, à connaître, à sentir au travers du mot, au travers des phrases, un événement qui est hors du commun.
C'est magnifique, c'est très émouvant, c'est surtout la façon dont l'oeuvre prend le relai de l'Histoire. Comment un roman prend le relai de la mémoire. Avec à la fois la sobriété et l'élégance.
A la fois la fidélité et en même temps cette capacité à faire passer au-delà le témoignage. Le témoignage est toujours à distance. Là c'est quelque chose qui veut entrer dans votre intimité en vous faisant partager les événements.
Si j'ai envie de conseiller ce livre, c'est pour sa richesse, sa richesse du mot, ce rapport que Valentine Goby met entre le mot et la réalité. Cette façon de transmettre une brutalité, une dureté des événements au travers de la langue.
C'est la richesse, la beauté, le merveilleux, le fantastique de Valentine Goby dans « Kinderzimmer ».
Philippe Lecomte
Le Livre écarlate
31, rue du Moulin Vert
75014 Paris
Tél : 01 45 42 75 30
« Kinderzimmer », de Valentine Goby. C'est un livre d'une émotion énorme. Ca aborde un sujet difficile que l'Histoire nous a donnée, que les événements nous ont donnés. Et Valentine Goby s'en est emparée avec un talent incroyable. Elle fait en sorte de nous donner à vivre, à lire, à connaître, à sentir au travers du mot, au travers des phrases, un événement qui est hors du commun.
C'est magnifique, c'est très émouvant, c'est surtout la façon dont l'oeuvre prend le relai de l'Histoire. Comment un roman prend le relai de la mémoire. Avec à la fois la sobriété et l'élégance. A la fois la fidélité et en même temps cette capacité à faire passer au-delà le témoignage. Le témoignage est toujours à distance. Là c'est quelque chose qui veut entrer dans votre intimité en vous faisant partager les événements.
Si j'ai envie de conseiller ce livre, c'est pour sa richesse, sa richesse du mot, ce rapport que Valentine Goby met entre le mot et la réalité. Cette façon de transmettre une brutalité, une dureté des événements au travers de la langue. C'est la richesse, la beauté, le merveilleux, le fantastique de Valentine Goby dans « Kinderzimmer ».