Nathalie Hug est bien connue des amateurs de sensations fortes. Avec Jérôme Camut, ils forment un couple à la ville comme à l'écrit et font partie des chefs de file du thriller français. Mais depuis 2011, tout en continuant à écrire avec son compagnon, Nathalie Hug s'est aussi fait un nom avec ses romans solos, comme elle les appelle. Après « L'enfant-rien » et « La demoiselle des tic-tac », voici « 1, rue des petits-pas ». Et à travers ses romans, où l'émotion côtoie la violence humaine, Nathalie Hug dévoile une...
Replay 2018 de Nathalie Hug - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Nathalie Hug. Votre actualité chez Calmann-Lévy, c'est votre nouveau roman « 1, rue des petits-pas ». C'est le troisième roman que vous signez sous votre nom, toute seule, comme une grande. Sinon, en librairie, les lecteurs vous connaissent bien lorsque votre nom est associé à celui de Jérôme Camut. Là on est dans l'univers du polar et du thriller. Vous aimez mélanger les genres comme ça ? Parce que quand vous écrivez toute seule comme « 1, rue des petits-pas », on est dans un registre...
Replay 2018 de Nathalie Hug - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Nathalie Hug, dans ce nouveau titre « 1, rue des petits-pas », nous allons faire connaissance avec Louise. Plantons le décors. Nous somme en Lorraine. La première guerre mondiale s'est terminée il y a quelques mois. Nous sommes dans ce qui a été un village, dans ce qui n'est plus un village. Ce sont des ruines dans lesquelles se regroupe une communauté de gens un peu exilés qui arrivent de partout. Louise est une jeune femme qui va être amenée à découvrir les horreurs de la guerre, mais les horreurs de la...
Replay 2018 de Nathalie Hug - Le livre - Suite
Nathalie Hug
1, rue des Petits-pas
Présentation 1'42Nathalie Hug est bien connue des amateurs de sensations fortes. Avec Jérôme Camut, ils forment un couple à la ville comme à l'écrit et font partie des chefs de file du thriller français.
Mais depuis 2011, tout en continuant à écrire avec son compagnon, Nathalie Hug s'est aussi fait un nom avec ses romans solos, comme elle les appelle. Après « L'enfant-rien » et « La demoiselle des tic-tac », voici « 1, rue des petits-pas ».
Et à travers ses romans, où l'émotion côtoie la violence humaine, Nathalie Hug dévoile une autre facette de son talent d'auteur. Dans ce nouveau titre, nous sommes en Lorraine en 1919.
Un village en ruine où une communauté de civils échappés de l'horreur de la guerre, tente de reconstruire un quotidien. Et si la violence des tranchées a cessé, la violence ordinaire de la bêtise humaine a retrouvé ses droits.
Nous allons suivre dans ce récit, écrit à la première personne, comme un journal, une jeune femme, Louise, qui n'a plus d'attaches et qui va être amenée à mettre au monde des enfants souvent non-désirés, mais surtout à aider ces femmes que la guerre a réduit à la brutalité des hommes.
Un roman sombre, violent, avec la Grande Guerre en toile de fond, éclairé par ce personnage de Louise qui va se découvrir une vocation, mais surtout un amour qui ne se dit pas.
Un livre qui se veut également un hommage au métier de sage-femme, un roman qui invite aussi à réfléchir sur la maternité sous toutes ses formes et à s'interroger sur le destin de ces femmes violées, battues, martyrisées, celles d'hier comme celles d'aujourd'hui.
« 1, rue des petits-pas » de Nathalie Hug, c'est aux éditions Calmann-Lévy. Nathalie Hug est avec nous sur Web TV Culture.
Nathalie Hug est bien connue des amateurs de sensations fortes. Avec Jérôme Camut, ils forment un couple à la ville comme à l'écrit et font partie des chefs de file du thriller français. Mais depuis 2011, tout en continuant à écrire avec son compagnon, Nathalie Hug s'est aussi fait un nom avec ses romans solos, comme elle les appelle. Après « L'enfant-rien » et « La demoiselle des tic-tac », voici « 1, rue des petits-pas ». Et à travers ses romans, où l'émotion côtoie la violence humaine, Nathalie Hug dévoile une autre facette de son talent d'auteur. Dans ce nouveau titre, nous sommes en Lorraine en 1919. Un village en ruine où une communauté de civils échappés de l'horreur de la guerre, tente de reconstruire un quotidien. Et si la violence des tranchées a cessé, la violence ordinaire de la bêtise humaine a retrouvé ses droits. Nous allons suivre dans ce récit, écrit à la première personne, comme un journal, une jeune femme, Louise, qui n'a plus d'attaches et qui va être amenée à mettre au monde des enfants souvent non-désirés, mais surtout à aider ces femmes que la guerre a réduit à la brutalité des hommes. Un roman sombre, violent, avec la Grande Guerre en toile de fond, éclairé par ce personnage de Louise qui va se découvrir une vocation, mais surtout un amour qui ne se dit pas. Un livre qui se veut également un hommage au métier de sage-femme, un roman qui invite aussi à réfléchir sur la maternité sous toutes ses formes et à s'interroger sur le destin de ces femmes violées, battues, martyrisées, celles d'hier comme celles d'aujourd'hui. « 1, rue des petits-pas » de Nathalie Hug, c'est aux éditions Calmann-Lévy. Nathalie Hug est avec nous sur Web TV Culture.
Nathalie Hug
1, rue des Petits-pas
Portrait 3'51Bonjour Nathalie Hug. Votre actualité chez Calmann-Lévy, c'est votre nouveau roman « 1, rue des petits-pas ». C'est le troisième roman que vous signez sous votre nom, toute seule, comme une grande.
Sinon, en librairie, les lecteurs vous connaissent bien lorsque votre nom est associé à celui de Jérôme Camut. Là on est dans l'univers du polar et du thriller. Vous aimez mélanger les genres comme ça ?
Parce que quand vous écrivez toute seule comme « 1, rue des petits-pas », on est dans un registre complètement différent. Vous aimez brouiller les pistes ?
J'aime brouiller les pistes. Ca correspond plus à un besoin d'être indépendante, d'écrire mes histoires. Les histoires que j'ai en tête ne correspondent pas au registre que nous usons avec Jérôme Camut.
C'est plus du roman un peu historique, mais pas vraiment. Un peu féministe, mais pas vraiment. Un peu personnel, mais pas vraiment non-plus. Ce sont des histoires qui n'ont rien à voir avec ce que l'on fait avec Jérôme.
En tant que lectrice, que ce soit aujourd'hui, ou lorsque vous étiez adolescente, vous aimiez déjà aller dans différents genres littéraires ? Que ce soit le roman, la science-fiction, le polar. Vous étiez déjà à butiner à droite, à gauche ?
Oui. Je butinais à droite, à gauche. Je piquais tous les romans de ma mère, même les Miller, quand même, faut le savoir ! J'ai lu de tout. Du Benzoni, du Dean Koontz.
Donc grand écart. En passant par tous les San Antonio, que j'adorais. Entre 13 et 15 ans, j'en ai lu 50, 60, 70. Béru et San Antonio étaient vraiment mes héros. Donc, oui, j'ai fait des grands écarts.
L'envie d'écriture est venue comment ?
Elle est venue avec l'adolescence, comme pour pleins de jeunes filles. Je m'épanchais dans des petites nouvelles, des romans, des poèmes. Et puis ça a perduré. Souvent quand j'étais très triste, j'écrivais.
Je faisais lire à mes copines qui me disaient « oh c'est bien », mais j'étais tellement trouillarde que jamais j'envisageais d'être éditée. C'est grâce à Jérôme, qui m'a poussé à me lancer toute seule, que je suis éditée aujourd'hui.
On avait déjà eu l'occasion d'en parler ensemble sur Web TV Culture. Vous avez envoyé un message à Jérôme Camut pour lui dire que vous aimiez beaucoup ce qu'il écrivait.
De fil en aiguille, vous vous êtes rencontrés et voilà comment vous avez été amené à travailler ensemble.
On a travaillé ensemble parce qu'on n'avait pas envie de se quitter. Comme j'avais un travail qui m'emmenait très loin, qui me conduisait un peu aux quatre coins de la France, Jérôme a dit « tu aimes écrire, écrivons ensemble ».
Comment pourriez-vous définir votre écriture ? Est-ce qu'il y a un style Nathalie Hug ? Qu'avez-vous envie de transmettre ?
J'aimerais ! Des émotions. Quand j'écris, je suis vraiment dans le village avec mes personnages et j'essaie avec des mots simples de transcrire ce que je ressens. Donc oui, des émotions.
Il y a trois titres sous votre nom. Trois jolis titres « L'enfant-rien », « La demoiselle des tic-tac », « 1, rue des petits-pas ». Ce sont des titres qui ne sont pas anodins, parce que ce sont des titres doux, tendres, derrière lesquels se cache aussi beaucoup de noirceur.
Oui, c'est vrai. Ce sont aussi des titres à trait d'union et ce n'est pas un hasard non plus. Chacun de mes livres va vers le lecteur pour lui parler et pour qu'il me réponde. Donc c'est aussi pour ça qu'il y a les traits d'union.
Il y a beaucoup de vous-même dans ce que vous écrivez ou vous êtes en recul ?
Comme chaque premier roman, il y a beaucoup de moi-même dans « L'enfant-rien ». Ce serait mentir que de le nier. Dans « La demoiselle des tic-tac » un peu moins. Et je pense que je me suis affranchie de ça dans « 1, rue des petits-pas ».
Merci Nathalie Hug. Votre actualité chez Calmann-Lévy « 1, rue des petits-pas », c'est votre nouveau titre.
Philippe Chauveau :
Bonjour Nathalie Hug. Votre actualité chez Calmann-Lévy, c'est votre nouveau roman « 1, rue des petits-pas ». C'est le troisième roman que vous signez sous votre nom, toute seule, comme une grande. Sinon, en librairie, les lecteurs vous connaissent bien lorsque votre nom est associé à celui de Jérôme Camut. Là on est dans l'univers du polar et du thriller. Vous aimez mélanger les genres comme ça ? Parce que quand vous écrivez toute seule comme « 1, rue des petits-pas », on est dans un registre complètement différent. Vous aimez brouiller les pistes ?
Nathalie Hug :
J'aime brouiller les pistes. Ca correspond plus à un besoin d'être indépendante, d'écrire mes histoires. Les histoires que j'ai en tête ne correspondent pas au registre que nous usons avec Jérôme Camut. C'est plus du roman un peu historique, mais pas vraiment. Un peu féministe, mais pas vraiment. Un peu personnel, mais pas vraiment non-plus. Ce sont des histoires qui n'ont rien à voir avec ce que l'on fait avec Jérôme.
Philippe Chauveau :
En tant que lectrice, que ce soit aujourd'hui, ou lorsque vous étiez adolescente, vous aimiez déjà aller dans différents genres littéraires ? Que ce soit le roman, la science-fiction, le polar. Vous étiez déjà à butiner à droite, à gauche ?
Nathalie Hug :
Oui. Je butinais à droite, à gauche. Je piquais tous les romans de ma mère, même les Miller, quand même, faut le savoir ! J'ai lu de tout. Du Benzoni, du Dean Koontz. Donc grand écart. En passant par tous les San Antonio, que j'adorais. Entre 13 et 15 ans, j'en ai lu 50, 60, 70. Béru et San Antonio étaient vraiment mes héros. Donc, oui, j'ai fait des grands écarts.
Philippe Chauveau :
L'envie d'écriture est venue comment ?
Nathalie Hug :
Elle est venue avec l'adolescence, comme pour pleins de jeunes filles. Je m'épanchais dans des petites nouvelles, des romans, des poèmes. Et puis ça a perduré. Souvent quand j'étais très triste, j'écrivais. Je faisais lire à mes copines qui me disaient « oh c'est bien », mais j'étais tellement trouillarde que jamais j'envisageais d'être éditée. C'est grâce à Jérôme, qui m'a poussé à me lancer toute seule, que je suis éditée aujourd'hui.
Philippe Chauveau :
On avait déjà eu l'occasion d'en parler ensemble sur Web TV Culture. Vous avez envoyé un message à Jérôme Camut pour lui dire que vous aimiez beaucoup ce qu'il écrivait. De fil en aiguille, vous vous êtes rencontrés et voilà comment vous avez été amené à travailler ensemble.
Nathalie Hug :
On a travaillé ensemble parce qu'on n'avait pas envie de se quitter. Comme j'avais un travail qui m'emmenait très loin, qui me conduisait un peu aux quatre coins de la France, Jérôme a dit « tu aimes écrire, écrivons ensemble ».
Philippe Chauveau :
Comment pourriez-vous définir votre écriture ? Est-ce qu'il y a un style Nathalie Hug ? Qu'avez-vous envie de transmettre ?
Nathalie Hug :
J'aimerais ! Des émotions. Quand j'écris, je suis vraiment dans le village avec mes personnages et j'essaie avec des mots simples de transcrire ce que je ressens. Donc oui, des émotions.
Philippe Chauveau :
Il y a trois titres sous votre nom. Trois jolis titres « L'enfant-rien », « La demoiselle des tic-tac », « 1, rue des petits-pas ». Ce sont des titres qui ne sont pas anodins, parce que ce sont des titres doux, tendres, derrière lesquels se cache aussi beaucoup de noirceur.
Nathalie Hug :
Oui, c'est vrai. Ce sont aussi des titres à trait d'union et ce n'est pas un hasard non plus. Chacun de mes livres va vers le lecteur pour lui parler et pour qu'il me réponde. Donc c'est aussi pour ça qu'il y a les traits d'union.
Philippe Chauveau :
Il y a beaucoup de vous-même dans ce que vous écrivez ou vous êtes en recul ?
Nathalie Hug :
Comme chaque premier roman, il y a beaucoup de moi-même dans « L'enfant-rien ». Ce serait mentir que de le nier. Dans « La demoiselle des tic-tac » un peu moins. Et je pense que je me suis affranchie de ça dans « 1, rue des petits-pas ».
Philippe Chauveau :
Merci Nathalie Hug. Votre actualité chez Calmann-Lévy « 1, rue des petits-pas », c'est votre nouveau titre.
Nathalie Hug
1, rue des Petits-pas
Le livre 3'51Nathalie Hug, dans ce nouveau titre « 1, rue des petits-pas », nous allons faire connaissance avec Louise. Plantons le décors. Nous somme en Lorraine. La première guerre mondiale s'est terminée il y a quelques mois.
Nous sommes dans ce qui a été un village, dans ce qui n'est plus un village. Ce sont des ruines dans lesquelles se regroupent des gens d'une communauté un peu exilée qui arrivent de partout.
Louise est une jeune femme qui va être amenée à découvrir les horreurs de la guerre, mais les horreurs de la vie au quotidien. D'où vient-il ce personnage de Louise ? Vous pouvez nous le présenter brièvement ?
Louise vient d'un peu nulle part. Je voulais quelqu'un qui n'avait rien entre les mains. Pas de famille, qui n'a pas fréquenté l'école. Rien. Elle arrive, elle commence très mal la vie.
Et je voulais montrer qu'avec rien entre les mains, on pouvait devenir quelqu'un. On pouvait se reconstruire. C'est de là que vient Louise.
Rien entre les mains et finalement elle va avoir tout entre les mains puisqu'elle va devenir « sage-femme » entre guillemets, puisqu'à l'époque le terme est un peu compliqué.
Et elle va très vite avoir un enfant dont il va falloir qu'elle s'occupe et elle va côtoyer des femmes qui vont avoir besoin d'elle.
Ca va être pour elle une sorte de sacerdoce, puisqu'elle le dit lorsqu'elle croise le prêtre du village, mettre les enfants au monde devient pour elle un sacerdoce.
Louise va découvrir ce métier par hasard finalement puisqu'elle est recueillie par deux sages-femmes et elle va rentrer de plain-pied dans la vie des femmes et des sages-femmes et s'apercevoir que c'est quelque chose qu'elle peut faire et qu'elle va aimer faire.
Louise découvre donc ce qu'est le métier de sage-femme avec aussi ses horreurs. Parce que mettre un enfant au monde ce sont aussi des images douloureuses et parfois effrayantes.
On a l'image du métier de sage-femme tel qu'on nous le montre aujourd'hui...
On pose l'enfant sur le sein de sa mère, tout s'est bien passé, l'enfant est tout propre.
Comme c'est un hommage que je voulais leur rendre, je voulais être au plus proche de la réalité. Montrer le courage des sages-femmes, le dévouement des sages-femmes c'est aussi montrer la dure réalité du métier.
Vous nous racontez aussi que Louise est au contact de femmes qui souffrent. Nous sommes dans le contexte de la guerre, avec des soldats qui sont là, cantonnés, qui ne savent pas quoi faire de leurs journées, de leurs soirées et de leurs nuits.
Louise se retrouve à s'occuper de tout un tas de femmes. Forcément, c'est difficile.
C'est difficile quand on a 18 ans, qu'on a été violée, qu'on n'a aucune idée de ce qu'est la sexualité, autre que par le viol, qu'on ne sait pas ce qu'est la vie d'une femme finalement.
Un mot aussi sur l'écriture. L'histoire est racontée à la première personne. C'est Louise qui nous raconte son histoire. C'est écrit un peu comme un journal. Comme si on ouvrait le journal intime de Louise. Pourquoi ce choix ?
Je voulais être Louise. J'avais des difficultés à l'écrire autrement qu'à la première personne. J'ai été Louise. J'ai vécu dans ce village. J'ai reçu les enfants entre mes mains. J''ai souffert du viol, je me suis reconstruite. Je ne pouvais pas le raconter autrement qu'avec le « je ».
J'imagine qu'on ne sort pas indemne de l'écriture d'un tel roman ?
Non. Comme on dit, je suis en période post-partum. Je suis presque dans le baby-blues. J'ai donné mon enfant et maintenant j'attends. Le livre est là, il existe. Je l'ai donné aux femmes, aux sages-femmes, aux hommes aussi. Et maintenant je les attends.
Merci beaucoup Nathalie Hug. Votre actualité, c'est votre troisième roman chez Calmann-Lévy « 1, rue des petits-pas ».
Philippe Chauveau :
Nathalie Hug, dans ce nouveau titre « 1, rue des petits-pas », nous allons faire connaissance avec Louise. Plantons le décors. Nous somme en Lorraine. La première guerre mondiale s'est terminée il y a quelques mois. Nous sommes dans ce qui a été un village, dans ce qui n'est plus un village. Ce sont des ruines dans lesquelles se regroupe une communauté de gens un peu exilés qui arrivent de partout. Louise est une jeune femme qui va être amenée à découvrir les horreurs de la guerre, mais les horreurs de la vie au quotidien. D'où vient-il ce personnage de Louise ? Vous pouvez nous le présenter brièvement ?
Nathalie Hug :
Louise vient d'un peu nulle part. Je voulais quelqu'un qui n'avait rien entre les mains. Pas de famille, qui n'a pas fréquenté l'école. Rien. Elle arrive, elle commence très mal la vie. Et je voulais montrer qu'avec rien entre les mains, on pouvait devenir quelqu'un. On pouvait se reconstruire. C'est de là que vient Louise.
Philippe Chauveau :
Rien entre les mains et finalement elle va avoir tout entre les mains puisqu'elle va devenir « sage-femme » entre guillemets, puisqu'à l'époque le terme est un peu compliqué. Et elle va très vite avoir un enfant dont il va falloir qu'elle s'occupe et elle va côtoyer des femmes qui vont avoir besoin d'elle. Ca va être pour elle une sorte de sacerdoce, puisqu'elle le dit lorsqu'elle croise le prêtre du village, mettre les enfants au monde devient pour elle un sacerdoce.
Nathalie Hug :
Louise va découvrir ce métier par hasard finalement puisqu'elle est recueillie par deux sages-femmes et elle va rentrer de plain-pied dans la vie des femmes et des sages-femmes et s'apercevoir que c'est quelque chose qu'elle peut faire et qu'elle va aimer faire.
Philippe Chauveau :
Louise découvre donc ce qu'est le métier de sage-femme avec aussi ses horreurs. Parce que mettre un enfant au monde ce sont aussi des images douloureuses et parfois effrayantes.
Nathalie Hug :
On a l'image du métier de sage-femme tel qu'on nous le montre aujourd'hui...
Philippe Chauveau :
On pose l'enfant sur le sein de sa mère, tout s'est bien passé, l'enfant est tout propre.
Nathalie Hug :
Comme c'est un hommage que je voulais leur rendre, je voulais être au plus proche de la réalité. Montrer le courage des sages-femmes, le dévouement des sages-femmes c'est aussi montrer la dure réalité du métier.
Philippe Chauveau :
Vous nous racontez aussi que Louise est au contact de femmes qui souffrent. Nous sommes dans le contexte de la guerre, avec des soldats qui sont là, cantonnés, qui ne savent pas quoi faire de leurs journées, de leurs soirées et de leurs nuits. Louise se retrouve à s'occuper de tout un tas de femmes. Forcément, c'est difficile.
Nathalie Hug :
C'est difficile quand on a 18 ans, qu'on a été violée, qu'on n'a aucune idée de ce qu'est la sexualité, autre que par le viol, qu'on ne sait pas ce qu'est la vie d'une femme finalement.
Philippe Chauveau :
Un mot aussi sur l'écriture. L'histoire est racontée à la première personne. C'est Louise qui nous raconte son histoire. C'est écrit un peu comme un journal. Comme si on ouvrait le journal intime de Louise. Pourquoi ce choix ?
Nathalie Hug :
Je voulais être Louise. J'avais des difficultés à l'écrire autrement qu'à la première personne. J'ai été Louise. J'ai vécu dans ce village. J'ai reçu les enfants entre mes mains. J''ai souffert du viol, je me suis reconstruite. Je ne pouvais pas le raconter autrement qu'avec le « je ».
Philippe Chauveau :
J'imagine qu'on ne sort pas indemne de l'écriture d'un tel roman ?
Nathalie Hug :
Non. Comme on dit, je suis en période post-partum. Je suis presque dans le baby-blues. J'ai donné mon enfant et maintenant j'attends. Le livre est là, il existe. Je l'ai donné aux femmes, aux sages-femmes, aux hommes aussi. Et maintenant je les attends.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Nathalie Hug. Votre actualité, c'est votre troisième roman chez Calmann-Lévy « 1, rue des petits-pas ».