La rentrée littéraire 2017 réserve de belles surprises parmi les 81 premiers romans français qui sortent actuellement. Parmi eux, « Un dissident » de François-Régis de Guényveau mérite d'être signalé.S'il travaille dans le conseil en stratégie, le jeune homme n'en reste pas moins un passionné de littérature. Il a pris goût à la lecture dès son enfance et ne cache pas non plus son intérêt pour le théâtre, classique notamment, montant lui-même sur les planches au sein d'une troupe amateur.Pour son premier roman,...
Simulacre de François-Régis Guenyveau (de) - Présentation - Suite
Philippe Bonjour François-Régis de Guényveau François-Régis de Guényveau Bonjour Philippe Vous êtes dans l'actualité littéraire, dans la rentrée littéraire 2017 avec ce livre, ce premier roman. « Un dissident », que nous allons évoquer. C'est toujours intéressant de rencontrer un auteur de premier roman parce que forcément, on a envie de savoir quel a été votre parcours, et comment vous arrivez en écriture. D'autant que si je suis bien informé, vous n'êtes pas du tout dans l'univers littéraire. Vous êtes...
Simulacre de François-Régis Guenyveau (de) - Portrait - Suite
Philippe Dans ce premier roman, François-Régis de Guényveau, « Un dissident », nous faisons connaissance avec Christian, que nous allons suivre quasiment de sa naissance jusqu'à sa vie d'adulte. Il voit le jour auprès de ses parents qui sont Natacha et Bruno. Ce sont des parents un peu fades. Et ce gamin s'ennuie auprès de ses parents dans une province paumée de France. Et puis il y a un jour son parrain Stanislas qui va lui rendre visite, qui va lui offrir un drôle d'appareil qui ressemble à une calculatrice, et la vie de...
Simulacre de François-Régis Guenyveau (de) - Livre - Suite
François-Régis de Guenyveau
Un dissident
Présentation 2'13La rentrée littéraire 2017 réserve de belles surprises parmi les 81 premiers romans français qui sortent actuellement. Parmi eux, « Un dissident » de François-Régis de Guényveau mérite d'être signalé.
S'il travaille dans le conseil en stratégie, le jeune homme n'en reste pas moins un passionné de littérature. Il a pris goût à la lecture dès son enfance et ne cache pas non plus son intérêt pour le théâtre, classique notamment, montant lui-même sur les planches au sein d'une troupe amateur.
Pour son premier roman, François-Régis de Guényveau nous parle de Christian, un jeune garçon né au début des années 80, petit génie mal dans sa peau, qui cherche à comprendre qui il est, entre des parents transparents et des copains d'école bien loin de lui ressembler, dans une petite ville sinistre de province. Mais un jour, son parrain qui est aussi son oncle lui offre une drôle de machine, un peu comme une calculatrice de l'époque. Le destin de Christian en sera chamboulé, il partira aux Etats-Unis travailler avec son oncle sur des projets futuristes liés à l'évolution humaine. Le génie de Christian pourra enfin s'épanouir mais lui, aura-t-il pour autant trouver la voie de l'apaisement. Saura-t'il enfin qui il est ? Avec une écriture rythmée, sans fioriture, presque froide comme son personnage qui est une espèce de anti-héros, François-Régis de Guényveau nous propose à la fois un roman d'anticipation et de science-fiction mais aussi un voyage intérieur, une quête initiatique. Une réflexion sur la place de la science, de l'Homme, de la religion dans nos sociétés. Face à un monde qui va toujours plus vite, toujours plus loin, où l'homme ne semble plus maîtriser ce qu'il invente, faut-il s'inquiéter, faut-il avoir peur. Autant de thèmes développés dans ce premier roman maîtrisé, intriguant, plein de rebondissements et qui, jusqu'à la dernière page, gardera son énigme tout en interpellant le lecteur.
Une belle réussite. « Un dissident » de François-Régis de Guényveau est publié chez Albin Michel.
François-Régis de Guenyveau
Un dissident
Portrait 5'50Philippe
Bonjour François-Régis de Guényveau
François-Régis de Guényveau
Bonjour
Philippe
Vous êtes dans l'actualité littéraire, dans la rentrée littéraire 2017 avec ce livre, ce premier roman. « Un dissident », que nous allons évoquer. C'est toujours intéressant de rencontrer un auteur de premier roman parce que forcément, on a envie de savoir quel a été votre parcours, et comment vous arrivez en écriture. D'autant que si je suis bien informé, vous n'êtes pas du tout dans l'univers littéraire. Vous êtes conseil en stratégie.
François-Régis de Guényveau
Exactement.
Philippe
Vous avez pas mal voyagé, vous avez été aux USA, vous avez été à Saigon, au Vietnam. Pourquoi ce goût pour l'écriture, pour l'objet livre ?
François-Régis de Guényveau
Vous avez raison, j'ai une formation plutôt commerciale, donc j'ai toujours eu en revanche, en parallèle une vraie passion pour la littérature. Et peut-être que cette passion, elle date de bien plus longtemps que ma passion pour le commerce.
Philippe
Qui vous l'a initiée cette passion ?
François-Régis de Guényveau
Je pense que c'est ma maîtresse de grande maternelle.
Philippe
Ah oui, précoce, quand même. Même en grande maternelle !
François-Régis de Guényveau
Oui, enfin, c'était pas une passion pour la littérature, c'était une passion pour le livre, pour l'histoire. Elle nous racontait tous les matins un passage de l'Odyssée. Alors ça, c'était fabuleux pour moi. Une vraie révélation. Donc chaque soir, moi je rapportais ce qu'on m'avait raconté à mes parents, j'essayais de redire l'histoire qu'on m'avait racontée, et c'est comme ça que ça a commencé.
Philippe
Que ce soit dans votre enfance, votre adolescence, votre jeunesse, votre vie de jeune adulte, il y a des auteurs ou des titres qui vous ont justement aidé à grandir ?
François-Régis de Guényveau
Il y en a beaucoup. Le premier qui me vient en tête qui a été un vrai choc pour moi c'est Jack London. Je devais avoir peut-être quatorze ou quinze ans. Et je me souviens très bien du roman de Martin Eden, ça c'était pour moi une vraie révélation. Je pense que d'une certaine manière, ça m'a aidé à grandir, non seulement à mieux comprendre ce que c'est que la littérature, mais à mieux comprendre ce qu'est le monde qui m'entoure.
Philippe
Ca me semble important aussi de préciser que le monde du théâtre ne vous est pas étranger. Vous aimez le théâtre, vous même montez sur les planches. Pourquoi ce goût pour le théâtre ? Ca vous apporte quoi ?
François-Régis de Guényveau
Peut-être que ça m'apporte l'occasion de faire tomber les masques d'une certaine manière. C'est assez curieux parce qu'on porte un masque lorsqu'on est au théâtre. En tous cas, on joue la comédie. Mais curieusement, on se retrouve un peu à nu devant le public et c'est une manière de se lâcher. Et donc peut-être que le théâtre m'apporte l'occasion d'avoir l'impression d'être moi même paradoxalement à travers un personnage.
Philippe
Vous êtes plutôt adepte du théâtre contemporain ou des classiques ?
François-Régis de Guényveau
Plutôt classique. J'aime regarder le théâtre contemporain mais j'ai principalement joué du classique.
Philippe
Ce qui est curieux, c'est que là on parle de théâtre, vous expliquez que vous aimez le théâtre classique, on parle littérature, vous expliquez que vous aimez vous plonger dans des romans d'aventure, et puis voilà, vous travaillez dans le conseil en stratégie, vous êtes un homme de votre époque. On a l'impression que vous n'êtes pas le même François-Régis de Guényveau lorsque vous êtes au milieu des livres, au milieu des mots que lorsque vous êtes dans votre vie professionnelle.
François-Régis de Guényveau
Je ne sais pas si c'est vrai parce que j'essaye justement dans ma vie professionnelle aussi de garder peut-être ce petit pas de côté dans le monde du commerce pour avoir des références justement au milieu culturel.
Philippe
Lorsque vous parlez de votre passion justement avec vos collègues de travail pourquoi pas, on ne vous regarde pas un peu comme un martien ?
François-Régis de Guényveau
Comme un dinosaure ? (Rires). Un petit peu curieusement quand même, c'est vrai que j'affiche assez publiquement ma passion pour la littérature, pour la culture en général, et donc je n'ai pas peur d'en parler et donc j'adore y faire référence.
Philippe
Votre goût pour le voyage aussi. L'envie d'aller voir ailleurs, pourquoi ?
François-Régis de Guényveau
Est-ce que c'est la même raison peut-être que celle qui me pousse à faire du théâtre ? Peut-être. Quand on va voir ailleurs, on a un œil neuf d'une certaine manière. On voit quelque chose de nouveau et peut-être qu'on voit mieux aussi le monde dans lequel on était auparavant. C'est une sorte de prise de distance, de prise de recul.
Philippe
Vous aimez surprendre votre entourage ?
François-Régis de Guényveau
J'adore surprendre mon entourage.
Philippe
Est-ce que vous vous surprenez aussi parfois vous-même ? Le fait par exemple d'être dans cette rentrée littéraire 2017, est-ce quelque chose à laquelle vous avez pensé il y a encore un an ou deux ans, est-ce que ça faisait partie de vos objectifs ou bien vivez vous un rêve éveillé ? Est-ce que là vous vous surprenez à devenir un romancier ?
François-Régis de Guényveau
En fait, j'ai toujours voulu écrire des romans, depuis tout petit. Mais je ne croyais pas le faire si rapidement, et l'occasion m'a été offerte très récemment, il y a quelques mois. Et en quelques mois, je me retrouve ici avec vous en train de discuter du roman qui va paraitre. Ca je ne m'y attendais pas. Je m'attendais au fait d'écrire des romans mais peut-être pas dès aujourd'hui.
Philippe
Vous faites partie de la rentrée littéraire. On parle beaucoup de votre premier titre. C'est vertigineux ? Comment vivez-vous cela ?
François-Régis de Guényveau
Non, je crois qu'il est encore trop tôt pour savoir si c'est vertigineux ou pas. En tous cas, c'est très excitant, grisant. Je découvre tout en fait au fil de l'eau et j'ai la chance d'être très bien accompagné par la maison d'édition donc tout se fait de manière très agréable.
Philippe
En tous cas, on est ravi de vous accompagner dans cette nouvelle aventure. On vous souhaite le meilleur. C'est votre premier roman. Ca s'appelle « Un dissident ». Vous êtes publié chez Albin Michel.
François-Régis de Guenyveau
Un dissident
Livre 7'24Philippe
Dans ce premier roman, François-Régis de Guényveau, « Un dissident », nous faisons connaissance avec Christian, que nous allons suivre quasiment de sa naissance jusqu'à sa vie d'adulte. Il voit le jour auprès de ses parents qui sont Natacha et Bruno. Ce sont des parents un peu fades. Et ce gamin s'ennuie auprès de ses parents dans une province paumée de France. Et puis il y a un jour son parrain Stanislas qui va lui rendre visite, qui va lui offrir un drôle d'appareil qui ressemble à une calculatrice, et la vie de ce jeune garçon va être bousculée. Difficile de parler de votre roman sans trop dévoiler l'intrigue mais c'est important de ne pas aller trop en avant dans le roman. D'où vient cette histoire, ce personnage de Christian qui est une sorte de petit génie mais en tous cas qui est très mal dans sa peau dès son enfance ?
François-Régis de Guényveau
Cette histoire, elle vient de l'envie de parler d'un basculement d'un monde à l'autre. Elle vient si vous voulez de la vie de Christian ,ce petit génie scientifique qui est né dans les années 80 et qui va être témoin d'un monde qui change. Il va passer des années 80 où on avait ni Iphone, ni réseau social, ni rien du tout au monde dans lequel nous vivons aujourd'hui
Philippe
Où tout semble possible.
François-Régis de Guényveau
Et qui dépasse d'une certaine manière la science fiction. Et j'avais envie d'expliquer ce basculement qui a été si rapide.
Philippe
On a très peu de précisions sur qui est Christian. Il ne sait même pas lui-même qui il est, et le lecteur ne sait pas réellement qui il est. On a quand même une précision sur sa date de naissance. On sait qu'il est né le 20 mars 1982. Vous écrivez dès la page 21 : « le jour de ses 9 ans, le premier jour du printemps 1991 fut crucial dans la vie de Christian ». C'est effectivement ce jour là que le fameux Stanislas, son parrain, va lui offrir ce petit boitier électronique qui va complètement bouleverser la vie de Christian, sans que l'on sache vraiment pourquoi, en tous cas au début, et ce qui est intéressant, c'est qu'il y a deux romans en un. Dans la première partie, c'est l'enfance, l'adolescence de Christian dans cette province paumée avec ses parents. Et puis dans l'autre partie, il va rejoindre son parrain aux USA. Chez Transca, dans un univers complètement futuriste et ce qui vous a intéressé dans le personnage de Christian, c'est aussi de nous parler de l'homme augmenté, de ce que l'on peut devenir peut-être dans 50 ans, dans 100 ans, dans 200 ans ou peut-être même dans 10 ou 20 ans.
François-Régis de Guényveau
Oui, c'est ça qui est un peu déroutant peut-être dans ce livre, c'est qu'effectivement, on a l'impression et j'ai voulu vraiment essayer de traduire ce que l'on vit aujourd'hui. On a l'impression que les technologies qu'on peut imaginer ou qu'on peut lire dans de la science fiction, elles deviennent réelles. Et effectivement, Christian juste après son adolescence, va basculer dans ce monde là et il va y prendre part. Il va être l'un des premiers acteurs de l'homme augmenté. Il va façonner véritablement l'homme augmenté dans ses laboratoires.
Philippe
Il va prendre part à cet avenir au point peut-être de renier complètement l'enfant qu'il a été.
François-Régis de Guényveau
Alors au début, il va essayer au contraire de réaliser tous ses rêves parce qu'il s'était promis justement de prendre part à ce monde et de révéler son génie à travers la science, à travers la technologie. Et puis progressivement, il va prendre de la distance par rapport à ça. Parce qu'il va se rendre compte que la science peut-être ne suffit pas, elle ne fait pas tout, qu'il y a une sorte de mystère, une sorte de, on pourrait appeler ça l'âme du monde, quelque chose qui échappe à la compréhension, à la démonstration, et c'est ça que Christian va véritablement apprendre, c'est ce qui échappe à la science, ce qui échappe à sa propre maitrise des choses en fait.
Philippe
Ce qui est passionnant dans votre roman, c'est qu'il y a plusieurs lectures. On peut simplement suivre la destinée de Christian, de sa naissance jusqu'à sa vie d'adulte, on peut le lire comme un roman d'anticipation, comme un roman de science fiction, on peut voir des cotés très sombres dans votre histoire et puis au contraire, des côtés très lumineux, plein d'espérance avec certaines rencontres que fera Christian au fil des années. Comment avez-vous écrit ce roman ? Quel a été votre volonté première et finalement au cours de l'écriture, est-ce que Christian vous a dépassé ?
François-Régis de Guényveau
Oui, d'une certaine manière, on est toujours un peu dépassé je pense quand on écrit, même si c'est mon premier roman, donc je ne veux pas parler comme si j'avais beaucoup d'expériences, mais en tous cas, quelque chose vous échappe quand même. C'est peut-être un cliché de le dire mais c'est la réalité. J'étais parti avec un plan relativement précis et au bout de quelques mois, on se rend compte qu'on n'a pas vraiment suivi le plan parce que les personnages ont pris un peu de leur liberté.
Philippe
Ce monde qui avance très vite, que vous dépeignez dans votre roman, est-ce un monde qui vous excite, qui vous enthousiasme, qui vous fait peur ?
François-Régis de Guényveau
Un peu tout ça à la fois je pense. Ca m'excite un peu parce que j'aime bien les gadgets. Ca m'excite aussi parce que ça éveille beaucoup de questions, ça suscite beaucoup de débats. Je trouve que ce que la science fait de nos jours est remarquable mais ça pose évidemment beaucoup de questions. Et d'une certaine manière, ça peut faire peur oui. Le mythe de l'homme augmenté, c'est quelque chose qui peut faire peur.
Philippe
Dans les premières pages de votre roman, Christian est seul, il n'a qu'un ami qui aurait pu être son pire ennemi mais qui devient finalement un ami. Vous même, vous auriez aimé être l'ami de Christian ? Est-ce que ce personnage devient votre ami ?
François-Régis de Guényveau
Oui, j'aurais aimé être l'ami de Christian, parce que c'est toujours fascinant d'être aux côtés d'un génie, et c'est vrai que le génie, c'est un des thèmes principaux du roman. Un génie qui est fragile, et qui doute, et qui va progressivement prendre la tangente par rapport au destin qu'il voulait suivre et qu'il s'était lui même fixé. Peut-être que ça sert à ça l'ami justement. C'est ce miroir bienveillant qui va vous permettre d'avancer et de prendre la tangente ?
Philippe
Pourquoi ce choix du titre, « Un dissident » ? Ce n'est pas « Le dissident », c'est « Un dissident ». Pourquoi ?
François-Régis de Guényveau
Christian, il représente une manière d'être un dissident, mais il ne représente pas la manière d'être un dissident. Alors qu'est-ce que c'est le dissident ? C'est celui qui rompt avec sa communauté, celui qui rompt avec la pensée dominante. Et Christian, il va incarner une manière de rompre avec la pensée dominante, avec ce travail pour l'homme augmenté. Il va peu à peu prendre ses distance part rapport à son parrain. Il va faire un choix très radical dans sa vie. Mais il y a mille autres façons de prendre la tangente.
Philippe
Finalement pour Christian, acquérir sa liberté, c'est comme ça qu'il va devenir un dissident ?
François-Régis de Guényveau
Exactement. Acquérir sa liberté et je crois, devenir un homme en fait. C'est un peu l'histoire Christian.
Philippe
C'est votre premier roman, FFrançois-Régis de Guényveau, félicitations. Ca s'appelle « Un dissident », vous êtes publié chez Albin Michel. Merci beaucoup.
François-Régis de Guényveau
Merci.
François-Régis de Guenyveau
Un dissident
L'avis du libraire 2'12