Pierre Assouline est un incontournable dans le monde littéraire français. Membre de l'Académie Goncourt, on lui doit de nombreux ouvrages, romans, essais, biographies, mais il anime aussi un blog littéraire « La république des livres » dans lequel il prouve son intérêt pour la littérature et ses paires. Éclectisme est un mot qui caractérise bien l'écriture de Pierre Assouline. Ses biographies évoquent des personnages aussi différents que Simenon, Hergé, Marcel Dassault ou Gaston Gallimard. Outre des reportages, des...
Sigmaringen de Pierre Assouline - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Pierre Assouline. Vous êtes biographe, romancier, journaliste, critique littéraire. Est-ce qu'il y a plusieurs Pierre Assouline ou est-ce le même personnage à chaque fois ?Pierre Assouline :C'est une seule et même activité. C'est lire et écrire. C'est la même personne qui fait tout ça et c'est une activité qui me paraît avoir une profonde unité parce que lire et écrire c'est un peu la même chose. Il n'y a pas d'écrivain qui ne soit pas un lecteur d'abord et qui continue à être un lecteur. Donc...
Sigmaringen de Pierre Assouline - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Dans ce nouveau roman « Sigmaringen » que vous publiez chez Gallimard, c'est un morceau de notre histoire nationale que vous évoquez, mais c'est surtout aussi une situation ubuesque. Nous sommes à la fin de l'été 44, Hitler dégage les Hohenzollern de leur château pour y installer le maréchal Pétain et son ministre Pierre Laval. Et on va assister à cet univers un peu bizarre de fin du monde entre Pétain, Laval et tout ça sous les yeux d'un majordome qui a vécu plusieurs années dans ce château de...
Sigmaringen de Pierre Assouline - Le livre - Suite
Pascal Pannetier
Librairie BHV / Marais
ParisLe roman « Sigmaringen » de Pierre Assouline aux éditions Gallimard est à lire et est conseillé par la librairie BHV Marais parce que ce livre nous fait découvrir en tant que lecteur un fait historique méconnu : la guerre intérieure que ce sont livrés les collaborateurs français entre eux pour un pouvoir qu'ils n'ont déjà plus, qui font de Sigmaringen une improbable enclave française en territoire allemand. Et ce fait que je ne connaissais pas - et je pense que je ne suis pas...
Sigmaringen de Pierre Assouline - L'avis du libraire - Suite
Pierre Assouline
Sigmaringen
Présentation 2'19Pierre Assouline est un incontournable dans le monde littéraire français. Membre de l'Académie Goncourt, on lui doit de nombreux ouvrages, romans, essais, biographies, mais il anime aussi un blog littéraire « La république des livres »
dans lequel il prouve son intérêt pour la littérature et ses paires. Éclectisme est un mot qui caractérise bien l'écriture de Pierre Assouline. Ses biographies évoquent des personnages aussi différents que Simenon, Hergé, Marcel Dassault ou Gaston Gallimard.
Outre des reportages, des biographies ou des essais, Pierre Assouline est reconnu aussi pour son écriture romanesque dans laquelle il nous raconte souvent un pan de la grande Histoire à travers le regard d'un anonyme.
Ce fut le cas avec « Lutetia » en 2005 où un membre du personnel de l'hôtel racontait l'occupation allemande et le retour des juifs dans ce palace parisien. Ou encore « le portrait » en 2007 à travers le regard de la femme peinte sur un tableau,
c'est toute l'histoire de la famille Rothschild qui nous était contée. Le nouveau titre de Pierre Assouline « Sigmaringen ». Nous sommes à la fin de l'été 1944 en Allemagne, dans le sud, dans une petite ville du Bade-Wurtemberg, sur le Danube.
Là, alors que le Reich s'effondre et que l'Etat français ne ressemble plus à grand-chose, Hitler cantonne le maréchal Pétain, Pierre Laval et leur suite dans un château appartenant aux Hohenzollern.
Dans la petite ville, au pied du château, à Sigmaringen; des Français, ayant suivi le maréchal tentent de s'intégrer dans ce qui est devenu un morceau de France, un territoire surréaliste et notamment un certain docteur Destouches, Louis-Ferdinand Céline.
C'est à travers le regard du majordome du château, Julius Stein, que le lecteur revit ce passage volontairement occulté de notre histoire nationale. Avec un style classique, feutré, qui met en exergue la violence des situations,
Pierre Assouline nous entraîne dans cet imbroglio où la haine le dispute à la stupidité, où les sentiments s'exacerbent, où le monde change sous le regard médusé de ce majordome dont la devise pourrait être « obéir coûte que coûte ».
« Sigmaringen » de Pierre Assouline, aux éditions Gallimard. C'est un vrai coup de coeur et Pierre Assouline est notre invité sur Web TV Culture.
Pierre Assouline est un incontournable dans le monde littéraire français. Membre de l'Académie Goncourt, on lui doit de nombreux ouvrages, romans, essais, biographies, mais il anime aussi un blog littéraire « La république des livres » dans lequel il prouve son intérêt pour la littérature et ses paires. Éclectisme est un mot qui caractérise bien l'écriture de Pierre Assouline. Ses biographies évoquent des personnages aussi différents que Simenon, Hergé, Marcel Dassault ou Gaston Gallimard. Outre des reportages, des biographies ou des essais, Pierre Assouline est reconnu aussi pour son écriture romanesque dans laquelle il nous raconte souvent un pan de la grande Histoire à travers le regard d'un anonyme. Ce fut le cas avec « Lutetia » en 2005 où un membre du personnel de l'hôtel racontait l'occupation allemande et le retour des juifs dans ce palace parisien. Ou encore « le portrait » en 2007 à travers le regard de la femme peinte sur un tableau, c'est toute l'histoire de la famille Rothschild qui nous était contée. Le nouveau titre de Pierre Assouline « Sigmaringen ». Nous sommes à la fin de l'été 1944 en Allemagne, dans le sud, dans une petite ville du Bade-Wurtemberg, sur le Danube. Là, alors que le Reich s'effondre et que l'État français ne ressemble plus à grand-chose, Hitler cantonne le maréchal Pétain, Pierre Laval et leur suite dans un château appartenant aux Hohenzollern. Dans la petite ville, au pied du château, à Sigmaringen; des Français, ayant suivi le maréchal tentent de s'intégrer dans ce qui est devenu un morceau de France, un territoire surréaliste et notamment un certain docteur Destouches, Louis-Ferdinand Céline. C'est à travers le regard du majordome du château, Julius Stein, que le lecteur revit ce passage volontairement occulté de notre histoire nationale. Avec un style classique, feutré, qui met en exergue la violence des situations, Pierre Assouline nous entraîne dans cet imbroglio où la haine le dispute à la stupidité, où les sentiments s'exacerbent, où le monde change sous le regard médusé de ce majordome dont la devise pourrait être « obéir coûte que coûte ». « Sigmaringen » de Pierre Assouline, aux éditions Gallimard. C'est un vrai coup de coeur et Pierre Assouline est notre invité sur Web TV Culture.
Pierre Assouline
Sigmaringen
Portrait 4'49Bonjour Pierre Assouline. Vous êtes biographe, romancier, journaliste, critique littéraire. Est-ce qu'il y a plusieurs Pierre Assouline ou est-ce le même personnage à chaque fois ?
C'est une seule et même activité. C'est lire et écrire. C'est la même personne qui fait tout ça et c'est une activité qui me paraît avoir une profonde unité parce que lire et écrire c'est un peu la même chose.
Il n'y a pas d'écrivain qui ne soit pas un lecteur d'abord et qui continue à être un lecteur. Donc non, il n'y en a qu'un.
L'écriture était-elle une finalité ? Quelque chose à laquelle vous aspiriez dès votre adolescence, dès votre vie de jeune adulte ou est-ce les hasards de la vie qui vous ont amenés à l'écriture ?
Je ne crois pas qu'on vienne à l'écriture littéraire par hasard parce qu'on écrit que par nécessité. On obéit à quelque chose de profond ou d'impérieux ou sinon on n'écrit pas.
Me concernant, ce n'était pas du tout un rêve de jeunesse. Je voulais être journaliste. C'est ce que j'ai été et ce que je suis toujours. Ca c'est le rêve de jeunesse qui est accompli jusqu'à aujourd'hui.
Journaliste, ensuite il y a eu de nombreuses biographies et un peu plus tard le roman. Pourquoi le roman arrive-t-il aussi tard dans votre parcours littéraire ?
Je ne me l'étais pas autorisé. J'avais écrit une dizaine de biographies et je considérais ça comme un travail de journaliste ou d'historien amateur. Pour moi être écrivain, c'est faire de la fiction et donc je n'étais pas encore prêt à la fiction et au roman.
Donc je continuais à faire des enquêtes, car les biographies ce sont des enquêtes, c'est du journalisme accentué l'enquête biographique. Et un jour je me suis autorisé.
Mais je n'osais pas parce que j'ai mis la barre tellement haut. Pour moi, les écrivains c'était Proust, Simenon. Ca me décourageait plutôt qu'autre chose.
Vous nous emmenez souvent là où on ne vous attend pas. Dans les romans et aussi dans les biographies puisque vous traitez de personnages aussi différents que Simenon, qu'Hergé, Cartier-Bresson. D'où viennent vos choix, vos goûts ?
Mon moteur, c'est la curiosité. C'est le spectre de l'ennui. Mais la curiosité mâtinée par l'éclectisme. Ce qui m'intéresse ce sont des choses très différentes, depuis toujours. Je suis incapable de faire une seule chose à la fois. Ce n'est pas qu'intellectuel.
J'ai toujours fait beaucoup de sport, mais je n'ai jamais fait un sport. J'ai toujours fait deux ou trois en même temps depuis très jeune. Alors le problème c'est qu'on passe un peu pour dilettante, un peu amateur parce qu'on touche un peu à tout.
Dans ce cas là, je réponds comme Cocteau : « Touche à tout parce que tout me touche ».
Et l'écriture romanesque, que ce soit « Le portrait », « Les invités », « Lutetia », aujourd'hui « Sigmaringen », cela vous apporte quoi par rapport à l'écriture biographique ? L'écriture est différente, le plaisir de l'écriture est différent pour vous ?
Le plaisir est différent dans la fiction pour une raison. Le roman intervient là où l'historien ne peut plus intervenir. L'historien a besoin de sources, de documents, d'archives en permanence. Du témoignage. S'il n'en a pas, il est bloqué et ne peut pas aller plus loin.
C'est là que le romancier prend le relai. Ca me permettait de rejoindre mes deux passions qui sont la littérature et l'histoire.
Vous qui êtes primé par la fondation Prince Pierre de Monaco, qui êtes membre de l'Académie Goncourt, quel regard avez-vous sur la littérature française aujourd'hui ?
Je ne fais pas partie des déclinistes. Ce qui me sauve de la condamner, même si parfois je trouve qu'elle tourne un peu en rond, que l'autofiction commence à suffire etc...
D'abord qu'il y a une production extraordinaire, très riche, très diverse, très nombreuse, variée et c'est magnifique. Ensuite je la mets en relation avec la littérature française des différentes époques.
Et on s'aperçoit que c'est un leitmotiv chez les Français, notamment chez les écrivains et chez les critiques, qui consiste à dire que la littérature française va très mal. J'ai lu ça dans les années 20, 40, 60, c'était mieux avant.
Mais c'était toujours mieux avant, parce que nous étions plus jeune.
Votre actualité Pierre Assouline, c'est chez Gallimard, « Sigmaringen ».
Philippe Chauveau :
Bonjour Pierre Assouline. Vous êtes biographe, romancier, journaliste, critique littéraire. Est-ce qu'il y a plusieurs Pierre Assouline ou est-ce le même personnage à chaque fois ?
Pierre Assouline :
C'est une seule et même activité. C'est lire et écrire. C'est la même personne qui fait tout ça et c'est une activité qui me paraît avoir une profonde unité parce que lire et écrire c'est un peu la même chose. Il n'y a pas d'écrivain qui ne soit pas un lecteur d'abord et qui continue à être un lecteur. Donc non, il n'y en a qu'un.
Philippe Chauveau :
L'écriture était-elle une finalité ? Quelque chose à laquelle vous aspiriez dès votre adolescence, dès votre vie de jeune adulte ou est-ce les hasards de la vie qui vous ont amenés à l'écriture ?
Pierre Assouline :
Je ne crois pas qu'on vienne à l'écriture littéraire par hasard parce qu'on écrit que par nécessité. On obéit à quelque chose de profond ou d'impérieux ou sinon on n'écrit pas. Me concernant, ce n'était pas du tout un rêve de jeunesse. Je voulais être journaliste. C'est ce que j'ai été et ce que je suis toujours. Ca c'est le rêve de jeunesse qui est accompli jusqu'à aujourd'hui.
Philippe Chauveau :
Journaliste, ensuite il y a eu de nombreuses biographies et un peu plus tard le roman. Pourquoi le roman arrive-t-il aussi tard dans votre parcours liitéraire ?
Pierre Assouline :
Je ne me l'étais pas autorisé. J'avais écrit une dizaine de biographies et je considérais ça comme un travail de journaliste ou d'historien amateur. Pour moi être écrivain, c'est faire de la fiction et donc je n'étais pas encore prêt à la fiction et au roman. Donc je continuais à faire des enquêtes, car les biographies ce sont des enquêtes, c'est du journalisme accentué l'enquête biographique. Et un jour je me suis autorisé. Mais je n'osais pas parce que j'ai mis la barre tellement haut. Pour moi, les écrivains c'était Proust, Simenon. Ca me décourageait plutôt qu'autre chose.
Philippe Chauveau :
Vous nous emmenez souvent là où on ne vous attend pas. Dans les romans et aussi dans les biographies puisque vous traitez de personnages aussi différents que Simenon, qu'Hergé, Cartier-Bresson. D'où viennent vos choix, vos goûts ?
Pierre Assouline :
Mon moteur, c'est la curiosité. C'est le spectre de l'ennui. Mais la curiosité mâtinée par l'éclectisme. Ce qui m'intéresse ce sont des choses très différentes, depuis toujours. Je suis incapable de faire une seule chose à la fois. Ce n'est pas qu'intellectuel. J'ai toujours fait beaucoup de sport, mais je n'ai jamais fait un sport. J'ai toujours fait deux ou trois en même temps depuis très jeune. Alors le problème c'est qu'on passe un peu pour dilettante, un peu amateur parce qu'on touche un peu à tout. Dans ce cas là, je réponds comme Cocteau : « Touche à tout parce que tout me touche ».
Philippe Chauveau :
Et l'écriture romanesque, que ce soit « Le portrait », « Les invités », « Lutetia », aujourd'hui « Sigmaringen », cela vous apporte quoi par rapport à l'écriture biographique ? L'écriture est différente, le plaisir de l'écriture est différent pour vous ?
Pierre Assouline :
Le plaisir est différent dans la fiction pour une raison. Le roman intervient là où l'historien ne peut plus intervenir. L'historien a besoin de sources, de documents, d'archives en permanence. Du témoignage. S'il n'en a pas, il est bloqué et ne peut pas aller plus loin. C'est là que le romancier prend le relai. Ca me permettait de rejoindre mes deux passions qui sont la littérature et l'histoire.
Philippe Chauveau :
Vous qui êtes primé par la fondation Prince Pierre de Monaco, qui êtes membre de l'Académie Goncourt, quel regard avez-vous sur la littérature française aujourd'hui ?
Pierre Assouline :
Je ne fais pas partie des déclinistes. Ce qui me sauve de la condamner, même si parfois je trouve qu'elle tourne un peu en rond, que l'autofiction commence à suffire etc... D'abord qu'il y a une production extraordinaire, très riche, très diverse, très nombreuse, variée et c'est magnifique. Ensuite je la mets en relation avec la littérature française des différentes époques. Et on s'aperçoit que c'est un leitmotiv chez les Français, notamment chez les écrivains et chez les critiques, qui consiste à dire que la littérature française va très mal. J'ai lu ça dans les années 20, 40, 60, c'était mieux avant. Mais c'était toujours mieux avant, parce que nous étions plus jeune.
Philippe Chauveau :
Votre actualité Pierre Assouline, c'est chez Gallimard, « Sigmaringen ».
Pierre Assouline
Sigmaringen
Le livre 4'53Dans ce nouveau roman « Sigmaringen » que vous publiez chez Gallimard, c'est un morceau de notre histoire nationale que vous évoquez, mais c'est surtout aussi une situation ubuesque.
Nous sommes à la fin de l'été 44, Hitler dégage les Hohenzollern de leur château pour y installer le maréchal Pétain et son ministre Pierre Laval. Et on va assister à cet univers un peu bizarre de fin du monde entre Pétain, Laval
et tout ça sous les yeux d'un majordome qui a vécu plusieurs années dans ce château de Sigmaringen. Pourquoi cette envie de nous plonger dans cette période de l'Histoire et précisément à Sigmaringen ?
C'est une histoire qui me poursuit depuis une vingtaine d'années qui est peu connue des Français, car les Français ont fait une sorte d'éclipse, ils ont pensé dans leur inconscient que la libération de Paris, c'était la fin de la guerre, mais non.
Ce n'est même pas la libération de la France, c'est la libération de Paris ! Après la France a été libérée plus tard et la fin de la guerre intervient huit mois après. Tout le monde a un peu éclipsé cet épisode, or c'est quand même l'épilogue de la Collaboration et de l'Occupation.
Je me suis aperçu que c'était effectivement une tragi-comédie, mais plus comédie que tragédie car il n'y a pas de mort, mais surtout il y a un côté bouffon dans cette histoire, de ce château qui devient français pur huit mois, parce qu'Hitler l'a décidé ainsi,
avec le drapeau français, avec la milice qui garde la porte et Pétain et Laval qui sont à des étages différents et qui ne se parlent pas, comme à Vichy, et les ministres qui forment deux clans hostiles, comme à Vichy et qui ont transporté de Vichy et de Paris,
dans ce petit coin du Bade-Wurtemberg, leur haine, leur mesquinerie, leur règlement de compte. Tout ça fait une énorme bouffonnerie sur un fond tragique.
Vous nous parlez donc de Pétain, de Laval et de tous ces ministres qui sont à des étages différents et qui ne se supportent pas et puis vous évoquez aussi toute la vie du personnel de Sigmaringen avec ce majordome
et tous les autres personnages qui peuvent côtoyer ce personnel. Vous aimez bien aussi donner plusieurs visions d'une même histoire ?
Oui, j'aime bien faire un pas de côté. C'est la leçon de Cartier-Bresson qui était un ami et qui me disait toujours, que ce soit pour la photo ou pour les articles, pour les livres, dans tout ce que tu fais, n'oublie jamais de faire un pas de côté
car on voit beaucoup mieux le réel quand on l'observe de biais que frontalement. Et il avait raison. Raconter cette histoire d'un point de vue allemand et du point de vue de la domesticité et donc du majordome qui est le chef du personnel, ça me permettait de faire un pas de côté.
Ce qui est important pour moi, c'est que le noeud du roman, ce n'est pas tant Pétain, Laval ou la collaboration en fuite... Le noeud du roman, c'est le thème de l'obéissance et mon personnage principal, mon narrateur a un cas de conscience par rapport à ça à double titre.
En tant que majordome il est là pour servir. Et son patron, le prince Hohenzollern, lui a dit : « il faut servir ces gens comme si nous les avions invité. Montrez leur le meilleur de l'Allemagne, son savoir-vivre, sa culture, sa civilisation ».
Donc il sert alors qu'il n'en pense pas moins de tout ces ministres français qui sont plus nazis que les Nazis et qui le révulsent.
Julius Stein, notre majordome, c'est un homme qui a des blessures, des fissures et les quelques mois qu'il va vivre et observer à Sigmaringen entre fin 44 et début 45 vont en quelque sorte bouleverser sa vie.
Surtout parce qu'une femme va l'aider à prendre conscience de ses propres failles.
Ca va faire éclater toutes ses certitudes.
Ca va l'ébranler. Cette femme, c'est Jeanne qui est l'intendante française, alsacienne, du maréchal Pétain. C'est elle qui le bouscule et qui va l'obliger à se confronter à ses contradictions et à les résoudre.
Au-delà des drames qui se sont joués, le second conflit mondial reste une source inépuisable pour un romancier ?
Oui. Pas seulement la guerre, mais l'Occupation elle-même. C'est inépuisable car c'est un tel concentré d'émotion, d'espoir, de désarroi, de haine, d'envie, de solidarité, de tout l'arc-en-ciel des sentiments.
Merci beaucoup Pierre Assouline. Votre actualité, c'est un gros coup de coeur en ce qui me concerne et c'est aux éditions Gallimard.
Philippe Chauveau :
Dans ce nouveau roman « Sigmaringen » que vous publiez chez Gallimard, c'est un morceau de notre histoire nationale que vous évoquez, mais c'est surtout aussi une situation ubuesque. Nous sommes à la fin de l'été 44, Hitler dégage les Hohenzollern de leur château pour y installer le maréchal Pétain et son ministre Pierre Laval. Et on va assister à cet univers un peu bizarre de fin du monde entre Pétain, Laval et tout ça sous les yeux d'un majordome qui a vécu plusieurs années dans ce château de Sigmaringen. Pourquoi cette envie de nous plonger dans cette période de l'Histoire et précisément à Sigmaringen ?
Pierre Assouline :
C'est une histoire qui me poursuit depuis une vingtaine d'années qui est peu connue des Français, car les Français ont fait une sorte d'éclipse, ils ont pensé dans leur inconscient que la libération de Paris, c'était la fin de la guerre, mais non. Ce n'est même pas la libération de la France, c'est la libération de Paris ! Après la France a été libérée plus tard et la fin de la guerre intervient huit mois après. Tout le monde a un peu éclipsé cet épisode, or c'est quand même l'épilogue de la Collaboration et de l'Occupation. Je me suis aperçu que c'était effectivement une tragi-comédie, mais plus comédie que tragédie car il n'y a pas de mort, mais surtout il y a un côté bouffon dans cette histoire, de ce château qui devient français pur huit mois, parce qu'Hitler l'a décidé ainsi, avec le drapeau français, avec la milice qui garde la porte et Pétain et Laval qui sont à des étages différents et qui ne se parlent pas, comme à Vichy, et les mnistres qui forment deux clans hostiles, comme à Vichy et qui ont transporté de Vichy et de Paris, dans ce petit coin du Bade-Wurtemberg, leur haine, leur mesquinerie, leur règlement de compte. Tout ça fait une énorme bouffonnerie sur un fond tragique.
Philippe Chauveau :
Vous nous parlez donc de Pétain, de Laval et de tous ces ministres qui sont à des étages différents et qui ne se supportent pas et puis vous évoquez aussi toute la vie du personnel de Sigmaringen avec ce majordome et tous les autres personnages qui peuvent cotoyer ce personnel. Vous aimez bien aussi donner plusieurs visions d'une même histoire ?
Pierre Assouline :
Oui, j'aime bien faire un pas de côté. C'est la leçon de Cartier-Bresson qui était un ami et qui me disait toujours, que ce soit pour la photo ou pour les articles, pour les livres, dans tout ce que tu fais, n'oublie jamais de faire un pas de côté car on voit beaucoup mieux le réel quand on l'observe de biais que frontalement. Et il avait raison. Raconter cette histoire d'un point de vue allemand et du point de vue de la domesticité et donc du majordome qui est le chef du personnel, ça me permettait de faire un pas de côté. Ce qui est important pour moi, c'est que le noeud du roman, ce n'est pas tant Pétain, Laval ou la collaboration en fuite... Le noeud du roman, c'est le thème de l'obéissance et mon personnage principal, mon narrateur a un cas de conscience par rapport à ça à double titre. En tant que majordome il est là pour servir. Et son patron, le prince Hohenzollern, lui a dit : « il faut servir ces gens comme si nous les avions invité. Montrez leur le meilleur de l'Allemagne, son savoir-vivre, sa culture, sa civilisation ». Donc il sert alors qu'il n'en pense pas moins de tout ces ministres français qui sont plus nazis que les Nazis et qui le révulsent.
Philippe Chauveau :
Julius Stein, notre majordome, c'est un homme qui a des blessures, des fissures et les quelques mois qu'il va vivre et observer à Sigmaringen entre fin 44 et début 45 vont en quelque sorte bouleverser sa vie.
Pierre Assouline :
Surtout parce qu'une femme va l'aider à prendre conscience de ses propres failles.
Philippe Chauveau :
Ca va faire éclater toutes ses certitudes.
Pierre Assouline :
Ca va l'ébranler. Cette femme, c'est Jeanne qui est l'intendante française, alsacienne, du maréchal Pétain. C'est elle qui le bouscule et qui va l'obliger à se confronter à ses contradictions et à les résoudre.
Philippe Chauveau :
Au-delà des drames qui se sont joués, le second conflit mondial reste une source inépuisable pour un romancier ?
Pierre Assouline :
Oui. Pas seulement la guerre, mais l'Occupation elle-même. C'est inépuisable car c'est un tel concentré d'émotion, d'espoir, de désarroi, de haine, d'envie, de solidarité, de tout l'arc-en-ciel des sentiments.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Pierre Assouline. Votre actualité, c'est un gros coup de coeur en ce qui me concerne et c'est aux éditions Gallimard.
Pierre Assouline
Sigmaringen
L'avis du libraire 1'38Le roman « Sigmaringen » de Pierre Assouline aux éditions Gallimard est à lire et est conseillé par la librairie BHV Marais parce que ce livre nous fait découvrir en tant que lecteur un fait historique méconnu :
la guerre intérieure que ce sont livrés les collaborateurs français entre eux pour un pouvoir qu'ils n'ont déjà plus, qui font de Sigmaringen une improbable enclave française en territoire allemand.
Et ce fait que je ne connaissais pas - et je pense que je ne suis pas le seul – m'a complètement sidéré.
Pierre Assouline nous restitue par un incroyable travail de documentation les mots, les pensées et surtout les actes de ces hommes, de ces femmes, d'un moment historique, sombre et méconnu de notre histoire : Sigmaringen.
Pierre Assouline excelle dans l'approche historique par la petite histoire comme il le fait encore une fois dans ce nouveau roman « Sigmaringen » puisqu'il reprend ce qui a fait son succès,
à savoir un majordome qui fait partie de la petite histoire et il nous parle de cette grande Histoire. C'est ce qui fait le charme et le plaisir de lire les livres de Pierre Assouline.
Pascal Pannetier
Librairie BHV / Marais
Paris
Le roman « Sigmaringen » de Pierre Assouline aux éditions Gallimard est à lire et est conseillé par la librairie BHV Marais parce que ce livre nous fait découvrir en tant que lecteur un fait historique méconnu : la guerre intérieure que ce sont livrés les collaborateurs français entre eux pour un pouvoir qu'ils n'ont déjà plus, qui font de Sigmaringen une improbable enclave française en territoire allemand. Et ce fait que je ne connaissais pas - et je pense que je ne suis pas le seul – m'a complètement sidéré.
Pierre Assouline nous restitue par un incroyable travail de documentation les mots, les pensées et surtout les actes de ces hommes, de ces femmes, d'un moment historique, sombre et méconnu de notre histoire : Sigmaringen.
Pierre Assouline excelle dans l'approche historique par la petite histoire comme il le fait encore une fois dans ce nouveau roman « Sigmaringen » puisqu'il reprend ce qui a fait son succès, à savoir un majordome qui fait partie de la petite histoire et il nous parle de cette grande Histoire. C'est ce qui fait le charme et le plaisir de lire les livres de Pierre Assouline.