Amoureux des mots depuis toujours, Jean-Claude Lalumière a longtemps travaillé pour les ateliers de création de Radio-France, concevant des feuilletons radiophoniques. S’il a depuis rejoint le musée d’Orsay pour une nouvelle aventure professionnelle, l’écriture reste néanmoins son port d’attache. Retour en arrière : Nous sommes en 2010, son premier roman « Le front russe » reçoit un formidable accueil critique. Avec son écriture pertinente et son humour décalé, d’aucuns le comparent à Alphonse Allais ou Antoine...
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Philippe Chauveau :
Bonjour Jean-Claude Lalumière
Vous êtes dans l'actualité aux éditions du Rocher où vous publiez « Reprise des activités de plein air ». Nous avions déjà eu l'occasion d'échanger sur de précédents titres. On vous a découvert avec « Le front russe », en 2010 puis depuis, régulièrement, on vous voit réapparaître dans les rayons des librairies. Vous créez un univers bien particulier sur lequel on reviendra dans un instant. Pourquoi le goût et pourquoi l'envie de l'écriture dans votre...
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Philippe Chauveau :
Nous allons partir pour un beau voyage, ensemble, Jean-Claude Lalumière, pas forcément très loin mais vous allez nous emmener sur la côte Atlantique sur la belle île d'Oléron. C'est là que nous allons faire connaissance de vos trois personnages, Philippe, Mickaël et Christophe. Ils sont de trois générations différentes. Ils ne sont pas de la même famille. Peut-être se sont-ils finalement créé une famille à eux trois, pourquoi pas, mais en tout cas, ils sont amenés à se côtoyer. Qui sont-ils ces...
Reprise des acrivés de plein air de Jean-Claude Lalumière - Livre - Suite
Jean-Claude Lalumière
Reprise des acrivés de plein air
Présentation 00'02'23"Amoureux des mots depuis toujours, Jean-Claude Lalumière a longtemps travaillé pour les ateliers de création de Radio-France, concevant des feuilletons radiophoniques. S’il a depuis rejoint le musée d’Orsay pour une nouvelle aventure professionnelle, l’écriture reste néanmoins son port d’attache. Retour en arrière : Nous sommes en 2010, son premier roman « Le front russe » reçoit un formidable accueil critique. Avec son écriture pertinente et son humour décalé, d’aucuns le comparent à Alphonse Allais ou Antoine Blondin. Croquant les travers de la société avec ironie mais sans méchanceté, il connait un joli succès et réitère avec « La campagne de France » où nous montions alors dans un bus avec une joyeuse bande de retraités parcourant les routes de l’Hexagone. Puis, suivirent deux romans aux titres à rallonge : « Comme un karaté belge qui fait du cinéma » puis « Ce mexicain qui venait du Japon et me parlait de l’Auvergne », deux titres où l’on retrouvait la belle écriture de Jean-Claude Lalumière mais aussi une douce mélancolie qui dénotait par rapport à ses précédents romans. C’est encore le cas avec ce nouvel ouvrage, comme si le parcours littéraire de l’auteur avait résolument pris un tournant. « Reprise des activités de plein air » nous emmène sur l’île d’Oléron, hors-saison, quand les touristes ont délaissé les plages, que les maisons de vacances ont fermé leurs volets. Ici, dans un bar d’habitués de l’île charentaise, se croisent 3 hommes. Mickaël, Christophe et Philippe. Ils sont de trois générations différentes, ont des parcours différents, et pourtant ils partagent une même blessure, celle de l’amour absent. Mais parce que l’écriture de Jean-Claude Lalumière est brillante et enlevée aucun pathos ici même si se dégage une certaine mélancolie associée à l’ambiance choisie et au thème abordé. On se laisse aisément embarquer dans cette jolie histoire. Nos trois compères ont des personnalités complexes, le rythme est soutenu, les dialogues sont plein de finesse et d’humour. On y parle des livres, de l’amitié, du temps qui passe, de la mémoire qui s’enfuit, des choix qui font une vie. Et des projets d’avenir, à plus ou moins long terme, en fonction des âges… Avec délicatesse, Jean-Claude Lalumière confirme tout le bien qu’on pensait de lui et son roman vous touchera au cœur. « Reprise des activités de plein air » de Jean-Claude Lalumière est publié aux éditions du Rocher.
Jean-Claude Lalumière
Reprise des acrivés de plein air
Portrait 00'06'36"Philippe Chauveau : Bonjour Jean-Claude Lalumière Vous êtes dans l'actualité aux éditions du Rocher où vous publiez « Reprise des activités de plein air ». Nous avions déjà eu l'occasion d'échanger sur de précédents titres. On vous a découvert avec « Le front russe », en 2010 puis depuis, régulièrement, on vous voit réapparaître dans les rayons des librairies. Vous créez un univers bien particulier sur lequel on reviendra dans un instant. Pourquoi le goût et pourquoi l'envie de l'écriture dans votre vie ?
Jean-Claude Lalumière : C'est tout simplement une nécessité de se réapproprier le monde et de le modeler un peu à sa façon afin de le rendre plus acceptable. C'est sans doute une de mes motivations les plus profondes.
Philippe Chauveau : L'écriture est-elle alors un rempart ?
Jean-Claude Lalumière : Un rempart, non, parce que je n'ai pas le sentiment de me protéger avec l'écriture au contraire, j’ai plutôt l’impression de me dévoiler, de me raconter et d'en dire beaucoup sur ce que je suis, d'où je viens, ce qui m'a construit et non pas un rempart du tout au contraire.
Philippe Chauveau : Lorsqu'on suit votre parcours bibliographique, quand je lis vos romans, il y a toujours deux mots qui reviennent, à la fois la mélancolie et l'humour. J'ai l'impression que vous essayez toujours de travailler sur c'est sur ces deux univers, sur ces deux thèmes.
Jean-Claude Lalumière : Oui, c'est peut-être quelque chose qui est un peu antinomique. C'est une sorte de mélancolie optimiste que j'essaie de développer à travers ces romans. Il y a toujours effectivement une blessure ou une fissure chez les personnages que je mets en scène. Et une façon d'aborder les sujets et les histoires avec un certain décalage, un certain recul qui permet effectivement de dédramatiser les situations puisque très souvent les situations sont des situations dramatiques. Mais cela n'empêche pas ce regard un peu humoristique et un peu décalé
Philippe Chauveau : C'est quoi ? C’est rire de peur d'avoir à en pleurer ? Jean-Claude Lalumière : Oui, il y a quelque chose qui relève de ça. Voilà, on va tous mourir de toute façon donc autant y aller joyeusement et avec un peu de dérision !
Philippe Chauveau : Mais le plus tard possible ! Je parlais tout à l'heure de cet univers qui vous est propre. Si vous deviez vous même le définir, que diriez-vous ? On a parlé de cet humour que vous mettez dans la mélancolie, cette mélancolie joyeuse comme vous disiez, mais votre univers en termes de style et d'écriture. Comment définiriez-vous votre travail ?
Jean-Claude Lalumière : Il faudrait pour cela aller chercher des références des idées et des inspirations. Alors, je pense à PG Wodehouse, cet auteur anglais qui a une production énorme, une centaine de romans tout au long de sa carrière, et dont la création prend sa source dans une blessure profonde. Il y a l'univers d'Antoine Blondin aussi qui me touche énormément et là encore il y a cette fissure de jeunesse, cet enfermement pendant la guerre, la perte de son ami proche, toutes ces blessures qui ont constitué son écriture mais qui n'ont pas empêché une certaine poésie et une certaine légèreté dans sa façon d'écrire. Et puis des univers qui sont fondateurs de mon travail, ceux de Tati ou Pierre Richard. J'ai le sentiment d'être très inspiré et très influencé par le cinéma dans la façon dont j'écris et dont je structure mes romans. Je retrouve effectivement une structure proche de celle du cinéma et c'est peut-être une influence plus forte encore que celle de la littérature. C’est peut-être à cause d'Eddy Mitchell et de « La dernière séance ».
Philippe Chauveau : Dans chacun de vos romans, il y a toujours une galerie de personnages auxquels on s'attache et que l'on garde longtemps en mémoire. Tous ces personnages que vous avez créés, ces personnages qui sont sortis de votre imagination, où sont-ils maintenant ? Que ce soit ceux de « La campagne de France », ou les trois héros de ce nouveau roman, que deviennent les personnages que vous créez une fois que vous les avez offerts aux lecteurs ? Continuent-ils à vous accompagner ? Ce sont des amis de papier ou les laissez-vous vivre leur vie de leur côté ?
Jean-Claude Lalumière : Je ne les oublie pas et j'essaie même, lorsque c'est possible, d'en rappeler certains dans les romans suivants. Dans ce nouveau roman, je l'ai fait, il y a un personnage que l'on retrouve. Je ne vais pas dévoiler lequel mais il y a un personnage qui vient de « La campagne de France ». C'est un clin d'oeil. Il n'y a pas volonté de constituer une continuité d'un roman à l'autre mais c'est un petit jeu que je me suis Imposé depuis le début.
Philippe Chauveau : C'est assez révélateur. Si, d'un mot, vous deviez définir ce que vous apporte l'écriture lorsque vous êtes à votre table de travail, lorsque vous concevez l'histoire que vous allez offrir au lecteur ? Dans quel état d'esprit êtes-vous.
Jean-Claude Lalumière : D'un mot, je dirais la surprise. Je prépare quand même pas mal l'histoire, sans scénariser certes, mais je sais où je vais. Je sais comment je vais terminer le roman mais il y a toujours des espaces qui restent en creux, qui restent vides, et c'est dans ces espaces que la surprise vient s'imposer. Je laisse volontairement ces moments qui vont venir dans l'écriture, qui vont se développer et qui vont qui vont s'inventer d'eux-mêmes, au fur à mesure que le récit avance, parce que je me dis que si j'arrive à me surprendre, j'arrive aussi à surprendre le lecteur. Donc, de temps en temps, j'ai de bonnes surprises en écrivant !
Philippe Chauveau : Surprise ! Voilà un joli mot alors, continuez à nous surprendre ! votre actualité, Jean-Claude Lalumière, « Reprise des activités de plein air » aux éditions du Rocher.
Jean-Claude Lalumière
Reprise des acrivés de plein air
Livre 00'06'19"Philippe Chauveau : Nous allons partir pour un beau voyage, ensemble, Jean-Claude Lalumière, pas forcément très loin mais vous allez nous emmener sur la côte Atlantique sur la belle île d'Oléron. C'est là que nous allons faire connaissance de vos trois personnages, Philippe, Mickaël et Christophe. Ils sont de trois générations différentes. Ils ne sont pas de la même famille. Peut-être se sont-ils finalement créé une famille à eux trois, pourquoi pas, mais en tout cas, ils sont amenés à se côtoyer. Qui sont-ils ces trois personnages, tous un peu cabossés par la vie. Qui sont Philippe Christophe et Mickaël ?
Jean-Claude Lalumière : Effectivement, ce sont trois personnages cabossés, trois coeurs brisés, un peu en quête de reconstruction. Il y a cet étudiant qui se rapproche symboliquement de sa copine qui est partie étudier le sol de Saint-Pierre-et-Miquelon, qui fait des études de géologie qui étudie l'isthme. Cette bande de terre qui relie les deux îles de Saint-Pierre-et-Miquelon
Philippe Chauveau : Lui, de façon très romantique, s'est dit qu'en étant à Oléron, il limitait les kilomètres entre elle et lui
Jean-Claude Lalumière : Exactement, il trace un trait sur la carte. Il arrive de Lyon et il a tracé une ligne à l'horizontale sur la carte de France qui l’a méné directement à Oléron. C'est le plus jeune donc, un étudiant en histoire qui en débarquant du bus rencontre Christophe, un quadragénaire qui vient de se séparer quelques mois plus tôt de sa compagne et qui est venu se réfugier sur l'île d'Oléron, dans sa maison de vacances héritée de sa grand-mère, Mémé Henriette. Et dans la maison voisine habite un vieux monsieur de 83 ans qui est un instituteur à la retraite. Il vit là avec sa femme accidentée qui se déplace difficilement en fauteuil roulant ou en déambulateur. Ces trois hommes vont se retrouver, se rassembler par l'épreuve et se reconstruire.
Philippe Chauveau : Petit à petit, ils vont s'apprivoiser et apprendre à se connaître et puis ils vont oser se dévoiler. Ce n'est jamais facile, entre hommes, d'oser se dire ce que l'on a au plus profond de son cœur. Je reviens sur Christophe qui vient de se séparer de sa compagne Valérie. Il a quand même un peu d'aigreur, il vit mal cette séparation et là, il y a le petit clin d'oeil du romancier vis à vis de la littérature car, pour se venger du départ inopiné de sa compagne, il s'amuse à détruire les livres qu'elle a laissés dans la bibliothèque qui sont souvent des livres un peu à l'eau de rose. Il les déchire, il les met au feu, il se venge comme ça.
Jean-Claude Lalumière : C'est un exercice qu'il a développé pour effectivement se soulager des tensions qu'il peut éprouver suite au départ de Valérie.
Philippe Chauveau : Mais vous n'allez pas me dire que le romancier que vous êtes a imaginé ça de façon tout à fait inattendue ! C'est un petit clin d'oeil derrière tout cela ?
Jean-Claude Lalumière : Mais rien n'est inventé ! Bien sûr, tout est réel, rapporté. Bien sûr…
Philippe Chauveau : Vous nous parlez d'une histoire d'amitié masculine. Le temps passe un peu au ralenti sur cette île d'Oléron qui est aussi un personnage à part entière, où on va rester pendant plusieurs semaines pour suivre ces trois personnages. Le temps passe au ralenti mais il se passe quand même beaucoup de choses dans la vie de ces trois personnages. On ne va pas rentrer trop dans l'intrigue mais jusqu'où vont-ils aller ces trois ces trois bonshommes ? il y a aussi la construction que vous avez choisie qui est tout à fait remarquable. Effectivement, à un moment, on s'échange des SMS et des textos, un autre moment, c’est le narrateur qui s’exprime. Le troisième va nous confier son journal intime. Donc, il y a trois types d'écritures au fil des ans, au fil des chapitres. Comment avez-vous construit cette histoire ?
Jean-Claude Lalumière : En fait, je voulais que le roman soit construit à l'image de l'état intérieur dans lequel étaient les trois personnages c'est à dire cassés en morceaux. Donc, effectivement, c'est un assemblage de trois narrations différentes avec ces échanges par email, ces extraits du journal du plus âgé et puis une narration classique à la première personne du quadragénaire. Tout cela vient, petit à petit, prendre forme et au fur et à mesure que l'histoire avance, l'histoire prend sa continuité évidemment. Mais nos personnages se reconstruisent aussi. Donc. Tout prend forme en même temps que les personnages se retrouvent.
Philippe Chauveau : On parle d'amitié mais on parle aussi d'amour parce que nos trois hommes, Christophe, Mickaël et Philippe, sont tous les trois amoureux à des degrés divers, amoureux transis, parfois un peu abandonnés, mais en tout cas amoureux. Et puis, on parle aussi de l'absence parce que les trois femmes de leurs coeurs sont toutes absentes, d'une façon ou d'une autre. Pourquoi était ce important que ces trois hommes soient amoureux mais seuls ?
Jean-Claude Lalumière : C'est toujours la question que l'on se pose ! Mais de quoi parlent les hommes quand ils se retrouvent entre eux ? Souvent de rien… Effectivement, le roman a pour sujet ces femmes et leur absence mais ils en parlent très peu. Finalement, le sujet qui les anime, c'est l'absence de leurs femmes mais il n’est qu’effleuré entre eux. Ils en parlent avec beaucoup de pudeur, presque en creux.
Philippe Chauveau : Voilà trois personnages qui ne laissent pas indifférents et qui nous interpellent parce qu'il y a sans doute un peu, ou beaucoup de nous dans Philippe, Christophe et Michael. « Reprise des activités de plein air », c'est votre actualité Jean-Claude Lalumière. Vous êtes publié aux éditions du Rocher. Merci beaucoup.