C’est en 2000 que Véronique Ovaldé publie son premier roman « Le sommeil des poissons ». L’élégance et l’originalité de sa plume la font rapidement remarquer et les titres suivants lui amènent un public fidèle. En 2009, avec son 7ème titre, « Ce que je sais de Vera Candida », elle obtient notamment le prix Renaudot des lycéens et le prix Roman France Télévisions. Parallèlement, Véronique Ovaldé est aussi éditrice et écrit aussi pour la jeunesse.Cherchant à oublier le quotidien d’une enfance un peu triste,...
Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Véronique Ovaldé, votre actualité chez Flammarion « Personne n'a peur des gens qui sourient ». Voilà une belle aventure qui se poursuit. Une aventure en tant que romancière qui a démarré en 2000 avec votre premier titre. Mais il faut rappeler que, parallèlement, vous êtes aussi éditrice. Travailler dans le monde de l'écriture, de la littérature, cela a toujours été une envie, un rêve de gosse ?
Véronique Ovaldé :Finalement pas du tout. ! En fait, j'ai toujours voulu être écrivain mais...
Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Je me permets de reprendre cette phrase d'un scénariste au sujet de votre écriture : « Une bombe entourée d'un ruban ». C'est, peut-être, aussi une phrase qui correspond bien à Gloria, cette jeune femme que vous nous présentez dans votre nouveau roman « Personne n’a peur des gens qui sourient ». Gloria semble être une femme assez fragile, qui cache pas mal de failles. C’est elle que nous allons découvrir au fil des pages. Tout démarre un soir de début d'été, au mois de juin. C'est la fin de...
Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé - Livre - Suite
Véronique Ovaldé
Personne n'a peur des gens qui sourient
Présentation 00'02'12"C’est en 2000 que Véronique Ovaldé publie son premier roman « Le sommeil des poissons ». L’élégance et l’originalité de sa plume la font rapidement remarquer et les titres suivants lui amènent un public fidèle. En 2009, avec son 7ème titre, « Ce que je sais de Vera Candida », elle obtient notamment le prix Renaudot des lycéens et le prix Roman France Télévisions. Parallèlement, Véronique Ovaldé est aussi éditrice et écrit aussi pour la jeunesse.
Cherchant à oublier le quotidien d’une enfance un peu triste, Véronique Ovaldé a toujours aimé raconter et se raconter des histoires avec des personnages fantasques, un peu bancals évoluant dans des univers baroques et imaginaires. Un fil rouge que l’on retrouve dans plusieurs de ses romans comme « Et mon cœur transparent » ou « Des vies d’oiseaux ». A cela s’ajoute des personnages féminins souvent en lutte qui tiennent le premier rôle.
Voici le nouveau titre de Véronique Ovaldé, « Personne n’a peur des gens qui sourient ». Installée dans une petite ville de la Côte d’Azur, Gloria fuit la Méditerranée avec ses deux filles, Stella et Loulou. Toutes trois trouvent refuge dans une petite maison de famille, en Alsace, dans une forêt près d’un lac, « trop froid, trop vert, trop profond »…. Que fuit-elle ? Et quel rôle ont joué les hommes dans la vie de Gloria, Samuel, Tonton Gio et l’avocat Santini aux méthodes douteuses ? Et Gloria est-elle uniquement la jeune femme apeurée et fragile qu’on voudrait nous faire croire ? Entre polar fantastique et conte initiatique, entre le soleil écrasant du Sud et la pénombre de la forêt alsacienne, fuite éperdue d’aller-retours entre deux époques, le nouveau roman de Véronique Ovaldé est un formidable portrait de femme prête à tout pour sauver ses filles. On aime aussi l’écriture inventive de Véronique Ovaldé, son aisance à créer une ambiance, ses incises discrètes, interpellant le lecteur comme le ferait une conteuse face à des gamins fascinés. Jusqu’à la dernière page, Gloria va vous surprendre…
« Personne n’a peur des gens qui sourient » de Véronique Ovaldé est publié chez Flammarion.
Véronique Ovaldé
Personne n'a peur des gens qui sourient
Portrait 00'06'08"Philippe Chauveau :
Bonjour Véronique Ovaldé, votre actualité chez Flammarion « Personne n'a peur des gens qui sourient ». Voilà une belle aventure qui se poursuit. Une aventure en tant que romancière qui a démarré en 2000 avec votre premier titre. Mais il faut rappeler que, parallèlement, vous êtes aussi éditrice. Travailler dans le monde de l'écriture, de la littérature, cela a toujours été une envie, un rêve de gosse ?
Véronique Ovaldé :
Finalement pas du tout. ! En fait, j'ai toujours voulu être écrivain mais pour moi qui était une petite fille à la fois très pragmatique et un peu bizarre je me suis dit que pour pouvoir publier mes livres, il fallait que je passe par la case édition, il fallait que je rentre à l'intérieur des maisons d'édition. C'est comme ça que j'ai commencé à travailler l'édition, il y a 28 ans, avec la ferme intention de faire publier mes livres.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous dites que vous étiez une petite fille bizarre, que vous vous sentiez différente. Est-ce le regard des autres qui vous donnait cette impression de ne pas évoluer de la même façon ?
Véronique Ovaldé :
Oui, c'est ça en général qui fait que vous vous sentez bizarre. Mais quand vous vous sentez bizarre lorsque vous êtes enfant, c'est aussi une forme d'arrogance. Vous êtes différent des autres donc il va vous arriver des choses exceptionnelles. Et qu'est ce qui peut vous faire plus plaisir quand vous êtes enfant que l'idée de vivre des choses un peu plus exceptionnelles que les autres.
Philippe Chauveau :
D’où l'envie de raconter des histoires ?
Véronique Ovaldé :
Moi, j'adorais raconter des histoires. J'adorais me raconter des histoires.
Je faisais partie en effet des petits enfants qui sont encombrés par leur imaginaire. Mais j'aimais aussi lire énormément, Donc, les deux étant liés, le fait d'aimer raconter des histoires et le fait de lire, avec ce rapport à la langue qui était très important pour moi, presque nécessairement, pour moi, il était évident que la suite des événements c'était que j'allais écrire et publier mes livres.
Philippe Chauveau :
Une enfance fantasque, une adolescence rebelle ou pas ?
Véronique Ovaldé :
Je n'avais pas une enfance fantasque, ce n'est pas vraiment le bon terme. Je dirais une enfance plutôt imaginative donc un peu enfermée dans mon monde personnel et singulier. Adolescente rebelle ? Oui, bien sûr mais avec discrétion.
J'ai longtemps feint d'être apprivoisée.
Philippe Chauveau :
Vous êtes toujours une adolescente rebelle ?
Véronique Ovaldé :
Non, je ne suis plus du tout une adolescente rebelle mais j'ai toujours un pied dans la marge.
Philippe Chauveau :
Vous nous le disiez, les livres ont très vite fait partie de votre univers. Quels sont les titres et les auteurs qui vous ont accompagnée, qui vous font grandir ?
Véronique Ovaldé :
La grande révélation fut pour moi toute une partie de la littérature américaine que je trouvais à la bibliothèque municipale de la ville où j'habitais, cette littérature classique américaine de Melville à Hémingway en passant par Faulkner. Et un grand moment d’éblouissement en découvrant le théâtre de Tennessee Williams que je lisais. J'étais très amoureuse de ce monde là.
Philippe Chauveau :
Si vous deviez donner une définition de ce que représente pour vous la littérature dans votre vie, que diriez-vous ?
Véronique Ovaldé :
La littérature, c'est mon fil à plomb. Ce qui me permet de me tenir droite, depuis longtemps.
Philippe Chauveau :
Comment fait-on pour conjuguer ces deux casquettes que sont l'édition et la vie d'auteur ?
Véronique Ovaldé :
Alors, je le disais, je travaille depuis longtemps dans l'édition, depuis 28 ans, mais j'ai fait plein de métiers différents en édition. J'ai été chef de fabrication j'ai j'étais correctrice, j'ai fait des couvertures, j'ai fait plein de choses différentes. Et puis, je suis devenue éditrice il y a une dizaine d'années, ce qui veut dire accompagner des auteurs. Après, pendant sept ans, j'ai été directrice de collection, une collection de poésie, puis une collection qui s’appelle « Signature » qui réédite des livres oubliés ou épuisés. C'est assez stimulant et fructueux de découvrir toutes ces facettes, ce travail autour du livre.
Philippe Chauveau :
Cette casquette d'éditrice n'empiète pas parfois sur votre imaginaire de romancière ?
Véronique Ovaldé :
Sur mon imaginaire, non. Sur mon temps de romancière. Oui ! Mais cela a toujours été le cas dans ma vie, j'ai toujours eu une organisation un peu serrée…
Philippe Chauveau :
On vous le dit, jimagine, assez souvent. Depuis le début de votre travail de romancière, on apprécie chez vous à la fois le travail de l'écriture, la syntaxe et puis aussi votre univers bien particulier, parfois fantasque. Je reprends volontairement ce terme. Est-ce une sorte de jardin secret dont vous entrouvrez la porte de temps en temps pour faire entrer vos lecteurs. Serait-ce une bonne définition de ce que vous avez envie de nous transmettre à travers vos histoires ?
Véronique Ovaldé :
Je ne sais pas si on pourrait dire un jardin secret. Je dirais plutôt une jungle secrète. C'est plu plaisant non ? C'est un peu plus foisonnant et dangereux qu'un jardin qui me semble un endroit plus policé.
Philippe Chauveau :
Une sorte de rébellion ?
Véronique Ovaldé :
Rébellion, peut être… Cela me rappelle la phrase d’André Breton quand il parlait de Frida Kahlo. Il disait qu’elle était comme une bombe entourée d'un ruban ». Un scénariste a dit ça un jour de mon travail et j'aime bien cette définition.
Philippe Chauveau :
Votre actualité, Véronique Ovaldé. « Personne n'a peur des gens qui sourient » publie chez Flammarion.
Véronique Ovaldé
Personne n'a peur des gens qui sourient
Livre 00'06'31"Philippe Chauveau :
Je me permets de reprendre cette phrase d'un scénariste au sujet de votre écriture : « Une bombe entourée d'un ruban ». C'est, peut-être, aussi une phrase qui correspond bien à Gloria, cette jeune femme que vous nous présentez dans votre nouveau roman « Personne n’a peur des gens qui sourient ». Gloria semble être une femme assez fragile, qui cache pas mal de failles. C’est elle que nous allons découvrir au fil des pages. Tout démarre un soir de début d'été, au mois de juin. C'est la fin de l'année scolaire. Gloria va aller récupérer précipitamment ses deux filles, la toute petite Loulou et l’ado boudeuse, Stella.
Elle les emmène très loin de cette ville du bord de Méditerranée où elles vivent. Elles vont aller se réfugier en Alsace, dans une petite maison de famille, pour fuir quelque chose ou quelqu'un. On va le découvrir au fil des pages. Présentez-nous Gloria ? Qui est cette femme sans doute un peu fracassée par la vie ?
Véronique Ovaldé :
Je dirais que Gloria est une femme finalement assez normale mais les événements vont faire qu'elle va qu'elle va se déployer et elle va se servir de ce qu'il y avait de plus sauvage en elle. Pour moi, c’est une héroïne. C'est une femme qui va aller contre les fatalités, qui va lutter contre les fatalités.
Philippe Chauveau :
Elle a ses propres fêlures, avec une mère qui n'a pas été très aimante, pas très attentive, un père qui est parti, ce qui a fait d'elle une rentière. Elle a d’ailleurs un avocat qui s'occupe de ses biens. Il y aussi Tonton Gio qui est une sorte de parrain. Je parle volontairement de parrain parce qu'il y a la Corse aussi qui est très présente. Ils sont d’ailleurs tous corses d’origine même si l'action se passe en Alsace. C'est surtout un beau portrait de femme et un beau portrait de mère. Il y a une vraie connivence entre Gloria et ses deux filles Loulou et Stella, même si Stella joue un peu les ados rebelles, ce qui est normal à cet âge. Mais il y a une vraie osmose entre ces trois femmes.
Véronique Ovaldé :
Oui. La figure de la mère est quelque chose que je trouve captivant parce qu'il y a quelque chose à démystifier dans la figure maternelle, dans la figure et de la femme en général, dans le corps féminin même et dans la maternité justement. C'est très intéressant de ne pas ne pas la voir que d'un que d'un seul regard, que sur un seul plan. Ce personnage de Gloria est à la fois une mère tendre, aimante et attentive. Mais elle peut être terrible aussi, un peu comme une louve. comme tigresse. Elle a un côté ultra protectrice.
Philippe Chauveau :
Gloria, c'est donc un beau portrait de femme et un beau portrait de mère. Mais votre roman, et c'est là toute sa force et sa puissance, va bien au-delà. Gloria cache quelque chose. On l'a dit, un jour, elle décide de quitter les bords de la Méditerranée pour rejoindre précipitamment l'Alsace. On a parlé de Gloria et de ses filles mais il y a aussi des personnages masculins. Il y a Samuel avec qui elle a été mariée pendant un temps et qui est mort. Il y a l'avocat Santini qui protège les biens de Gloria. Et puis il y a aussi Tonton Gio qui est une sorte de parrain, de père de substitution, et on va se rendre compte que finalement Gloria n'est peut-être pas aussi lisse que l’on pourrait le croire. Et même si on s'attache à elle, parfois, on se pose beaucoup de questions sur son personnage. Il y a une énigme dans votre roman.
Véronique Ovaldé :
Oui il y a une énigme. Il y a des secrets qui vont peu à peu se dévoiler. Ce qui m'intéresse dans un personnage comme Gloria, c'est son ambiguïté, c'est son ambivalence. Ce qui est intéressant dans la littérature, ce sont les points d'incohérence. On peut se permettre beaucoup dans les livres ! Gloria est à la fois une femme adorable et vulnérable comme vous le disiez, mais elle est aussi, comme je l’écris dans le livre, l'ancienne petite fille à la hache !
Philippe Chauveau :
Elle est pleine de contradictions Gloria. « Gloria n'aurait jamais imaginé devenir l'une de ces personnes qui regardent leurs enfants et pensent « le temps passe si vite ».
Elle est pleine d’ambivalences, elle n'est sans doute pas la femme qu'elle aurait voulu être. Peut-être parce que les hommes n'ont pas forcément été tendres avec elle ? Mais peut-être qu’elle-même n'a pas été tendre avec les hommes qui ont croisé sa route ?
Véronique Ovaldé :
Je ne crois pas que ce soit vraiment la difficulté pour elle. Je dirais que globalement, ce sont les rigueurs du monde qui l’a éprouvée. Sa mère est partie quand elle était enfant, son père est mort, son bien-aimé est mort aussi, donc, effectivement, elle a été éprouvée. Mais au-delà de ça, c'est un personnage qui a une forme de vitalité.
Philippe Chauveau :
Je ne veux pas aller plus loin dans l'intrigue parce qu'il y a des rebondissements et une fin à laquelle on ne s'attend pas du tout. Mais j'aimerais qu'on parle de votre construction. Il y a toute la finesse de votre écriture. Il y a des ambiances aussi, que ce soit les bords de la Méditerranée ou la forêt alsacienne, que ce soit cet univers que reconstitue Gloria pour ses deux filles. Et puis il y a aussi la construction que vous avez choisie avec deux périodes : la période de l'histoire et les flashback qui nous racontent Gloria avant, avec les différents hommes qui ont croisé son chemin. Comment avez-vous conçu ce livre ? Saviez-vous dès le départ qu’il serait tel qu'il est maintenant ?
Véronique Ovaldé :
Oui, j'avais en tout cas cette idée de l'alternance qui permet de comprendre ce qui se passe dans la réalité, entre le passé et le présent de Gloria et de ses filles. Je voulais un texte très serré temporellement. C’est un texte qui se passe sur trois ou quatre mois, ça commence au début de l'été et ça finit au début de l'automne. Parallèlement, on a une alternance avec ce qui s'est passé dans la jeunesse et l'enfance de Gloria. Et, peu à peu, on va découvrir qui elle est réellement, qui sont les gens qui l'entourent, par quoi et par qui elle est vraiment menacée. On va découvrir ce qui est dangereux finalement… ou ce qui ne l'est pas.
Philippe Chauveau :
Faut-il avoir peur de Gloria ? Faut-il se méfier d’elle ? Est-ce une femme qui sourit et dont il faut se méfier
Véronique Ovaldé :
Non, il ne faut pas se méfier de Gloria. Si elle estime que vous êtes quelqu'un de bien, elle vous fera aucun mal...
Philippe Chauveau :
« Personne n'a peur des gens qui sourient », c'est votre actualité Véronique Valdés et c'est une réussite ! Vous êtes publié chez Flammarion. Merci beaucoup.