Réalisateur et scénariste pour le cinéma, on doit notamment à Jean-Baptiste Andrea les films « Dead end » et « La confrérie des larmes » avec Jérémie Rénier et Audrey Fleurot, succès dans les salles en 2013. Chez Jean-Baptiste Andrea, l'envie d'écrire un roman était présente depuis longtemps jusqu'à ce qu'il s'autorise à franchir le pas. Et voici « Ma reine » qui est sans conteste l'un des romans les plus étonnants et les plus beaux de la rentrée littéraire 2017. Nous sommes en 1965 dans une station-service le long d'une départementale, dans la vallée de l'Asse en Provence. Shell a 12 ans, on l'appelle comme ça car c'est écrit sur son blouson. Il est un peu livré à lui-même, face à ses parents avec qui la communication n'existe pas. Sa sœur, elle, a déjà fui cet enfer familial. Shell lui, ne se plaint pas, content de son sort. Il sait bien qu'il est différent, on l'a enlevé de l'école où ses copains se moquaient de lui. Il sait bien que parfois il fait des bêtises qui exaspèrent ses parents, mais c'est toujours sans malice. Jusqu'au jour où Shell comprend que ses parents veulent le placer dans une institution pour les enfants comme lui. Shell s'enfuit et se réfugie sur les hauts plateaux. Cette rencontre avec la nature est bouleversée par l'arrivée de Viviane. Elle a le même âge que Shell, elle est jolie, pleine de vie, et propose au jeune garçon qu'il soit son chevalier servant, elle sera sa reine... Shell obéit, par jeu, par amour, par soif d'absolu.

Ce premier roman de Jean-Baptiste Andrea est un petit bijou de poésie, de tendresse, d'émotion. Ode à la liberté et à l'enfance enfuie, on se laisse embarquer dans ce conte initiatique où l'écriture de l'auteur nous bouleverse à chaque page. Loin de leurs familles, dans cette garrigue provençale battue par les vents, Viviane et Shell vivent l'aventure grisante de la solitude choisie et des bonheurs simples dans des paysages sublimés, personnages du roman à part entière. Différent aux yeux de la société, Shell peut enfin vivre tel qu'en lui-même. Les valeurs sont inversées, la différence est ailleurs. Il y a bien sûr de la souffrance aussi dans ce roman, il en va ainsi dans le monde des enfants mais ce court roman fait un bien fou tout en serrant le cœur.

Un coup de coeur donc ! « Ma reine » de Jean-Baptiste Andrea est publié aux éditions L'Iconoclaste.