Sorj Chalandon a deux casquettes, il est à la fois journaliste et romancier. Et pourtant, c'est bien le même homme. Et c'est bien la même motivation qui l'anime, rendre compte par les mots, transmettre, combattre pour ce qui lui semble juste. S'engager à travers l'écriture, qu'elle soit journalistique ou romanesqueIntégrant la rédaction de Libération en 1974, il y restera jusqu'en 2007, glanant au passage le prix Albert Londres pour ses reportages sur le procès Klaus Barbie. Sillonnant le monde, il restera plusieurs mois en...
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Philippe Chauveau :
Bonjour Sorj Chalandon, vous êtes dans l'actualité littéraire avec ce nouveau roman chez Grasset « Le jour d'avant », vous avez aujourd'hui un nom qui compte en librairie, mais vous aviez aussi un nom qui comptais dans le journalisme, ça a été une vocation le journalisme, un sacerdoce ?
Sorj Chalandon :
Alors pas du tout, à l'origine je n'ai pas le bagage universitaire pour être dans un journal normal, je suis rentré à Libération à 21 ans et en tant que militant de gauche. Et à...
Par le Prix Patrimoines Louvre Banque Privée de Sorj Chalandon - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Dans ce nouveau titre Sorj Chalandon, nous allons revenir sur un événement qui a marqué la France. Nous sommes en décembre 1974, il y a un drame à Liévin dans cette mine où 42 mineurs vont perdre la vie. C'est la toile de fond de votre roman et nous allons découvrir Michel, qui va vouloir venger son frère victime de cette catastrophe. Pourquoi avoir voulu traiter ce sujet ?
Sorj Chalandon :
Paradoxalement c'est le livre ou je peux le moins prétendre à la part auto-biographique, je peux le...
Par le Prix Patrimoines Louvre Banque Privée de Sorj Chalandon - Livre - Suite
Sorj Chalandon
Le jour d'avant
Presentation 2'35Sorj Chalandon a deux casquettes, il est à la fois journaliste et romancier. Et pourtant, c'est bien le même homme. Et c'est bien la même motivation qui l'anime, rendre compte par les mots, transmettre, combattre pour ce qui lui semble juste. S'engager à travers l'écriture, qu'elle soit journalistique ou romanesque
Intégrant la rédaction de Libération en 1974, il y restera jusqu'en 2007, glanant au passage le prix Albert Londres pour ses reportages sur le procès Klaus Barbie. Sillonnant le monde, il restera plusieurs mois en Grande-Bretagne et en Irlande, suivant les combats de l'IRA et la grève des mineurs face à Margaret Tatcher. Ecrivant désormais pour « Le canard enchainé », Sorj Chalandon est animé d'une passion intacte pour l'écriture.
Se romans lui permettent d'évoquer des thèmes personnels, comme « Le petit bonzi », son premier roman, l'histoire de ce gamin bègue qui ressemble fort à l'enfant qu'il fut.
Ses expériences en tant que journaliste sont aussi parfois le point de départ de certains de ses romans comme dans « Mon traitre » ou « retour à Killybegs » qui obtint le Grand Prix de l'académie française en 2013.
Avec son nouveau titre « Le jour d'avant », Sorj Chalandon revient sur la catastrophe minière de Liévin qui fit 42 morts le 27 décembre 1974. Ce drame avait fortement marqué le jeune journaliste que l'auteur était alors et il savait que tôt ou tard, ce sujet deviendrait pour lui la base d'un roman. Voici donc Michel. Il a une cinquantaine d'années. Il est chauffeur routier en région parisienne. Sa femme vient de mourir d'un cancer. Plus rien ne le retient sauf ses souvenirs, et notamment la mort de son frère en décembre 1974, qui descendait chaque matin dans cette fichue mine. Son frère aîné Jojo, le héros du jeune Michel. « Venge-nous de la mine » lui avait alors dit leur père. 40 ans plus tard, Michel revient à Liévin, là où son frère est mort. Il fera payer ceux qui l'ont tué.
Au-delà de l'intrigue, le nouveau roman de Sorj Chalandon est un hommage aux victimes de ce drame de 1974 mais plus largement un hommage à tous ces mineurs de France ou d'ailleurs, à leurs proches, à leurs familles.
On retrouve toute la finesse de l'écriture de Sorj Chalandon, la violence de ses intrigues, la sensibilité de ses mots.
Au-delà d'une intrigue et d'un suspense haletant, voilà un roman sur la vengeance, un roman sur la culpabilité, un livre est tout simplement bouleversant.
« Le jour d'avant » de Sorj Chalandon est publié chez Grasset
Sorj Chalandon
Le jour d'avant
Portrait 7'19Philippe Chauveau :
Bonjour Sorj Chalandon, vous êtes dans l'actualité littéraire avec ce nouveau roman chez Grasset « Le jour d'avant », vous avez aujourd'hui un nom qui compte en librairie, mais vous aviez aussi un nom qui comptais dans le journalisme, ça a été une vocation le journalisme, un sacerdoce ?
Sorj Chalandon :
Alors pas du tout, à l'origine je n'ai pas le bagage universitaire pour être dans un journal normal, je suis rentré à Libération à 21 ans et en tant que militant de gauche. Et à l'époque on trouvait ue rien nous ressemblait, ni les journée, les télévisions, ni les radios donc l'idée c'était de faire un journal qui parlait différemment des choses.
Philippe Chauveau :
Aujourd'hui selon vous qu'est-ce qu'être un bon journaliste et quelle est votre vision du journalisme aujourd'hui en France ?
Sorj Chalandon :
Le problème pour répondre c'est que j'étais reporter et un jour quelqu’un m'a dit qu'il y avait le journalisme du savoir et celui du regard, donc moi je suis un journaliste du regards et ça me va parfaitement. Je ne suis pas un éditorialiste, je ne vais pas commenter l'actualité aux quatre coins du monde avec légèreté. Moi j'écoute les autres et je rapporte ce que ces gens disent.
Philippe Chauveau :
Vous qui avez eu le prix Albert Londres, la France reste t-elle un grand pays du journalisme ?
Sorj Chalandon :
Oui je pense, ça me fait toujours rire quand on parle avec respect du journalisme anglo-saxons, quand j'ai vu à quel point il leur était facile de mentir sur la situation de l'Irlande du nord. Et le reporter français ne fait pas dans le « spectaculaire » et c'est un journalisme qui me plait.
Philippe Chauveau :
En 2005, vous publiez un premier roman «Le petit Bonzi », pourquoi être passé du journalisme au roman ?
Sorj Chalandon :
L'écriture du roman m'a permis de faire une chose que je ne peux pas me permettre dans le journalisme : c'est d'utiliser le « je ». Et j'ai ainsi pu décrire ce que j'ai ressentie dans les différents endroits du monde que j'ai vu alors que dans mon travail journalistique je devais dire ce que je voyais et non ce que je ressentais.
Philippe Chauveau :C'est votre actualité Sorj Chalandon, « Le jour d'avant » chez Grasset.
Sorj Chalandon
Le jour d'avant
Livre 8'27Philippe Chauveau :
Dans ce nouveau titre Sorj Chalandon, nous allons revenir sur un événement qui a marqué la France. Nous sommes en décembre 1974, il y a un drame à Liévin dans cette mine où 42 mineurs vont perdre la vie. C'est la toile de fond de votre roman et nous allons découvrir Michel, qui va vouloir venger son frère victime de cette catastrophe. Pourquoi avoir voulu traiter ce sujet ?
Sorj Chalandon :
Paradoxalement c'est le livre ou je peux le moins prétendre à la part auto-biographique, je peux le prétendre pour l'Irlande, pour mon père encore plus mais cette catastrophe je ne l'ai même pas couverte sur le terrains. Mais elle a créé chez moi pour la première fois une colère de proximité. Ce n'était pas une colère par rapport à ce qui pouvais se passer au Chili par exemple avec Pinochet, c'était vraiment quelque chose de proche, le constat qu'on pouvait mourir en France en allant simplement travailler.
Philippe Chauveau :
Surtout qu'on apprends très vite que ce n'est pas la fatalité et qu'il y a eu un enchainement de faits.
Sorj Chalandon :
Oui bien sûr, le mot qui ressort dans les journaux à l'époque est la fatalité et ça va renforcer ma colère. On va voir les rapports de police, les enquêtes et très vite va ressortir le fait que rien n'avait été fait pour protéger ces mineurs du grisou.
Philippe Chauveau :
Vous nous avez dit que ce personnage de mineur était en vous depuis un petit moment, maintenant que l'histoire est là ce mineur à repris sa liberté ?
Sorj Chalandon :
Non il est toujours avec moi. C'est étrange parce qu’à chaque roman je me pose la question une fois qu'il est terminé de l'après. Comment passé au roman suivant ? Là pas du tout, j'ai l'impression que je dois accompagner ces 42 mineurs et Michel et il faut qu'ils m'accompagnent. Il faut que je les défende, il faut que j'en parle et je vais bientôt aller dans le nord sur leurs terres à Liévin. Je ne peux pas aborder les futurs rencontres avec une autre idée en tête et donc là je ne travaille sur rien, je suis avec Michel.
Philippe Chauveau :
C'est un roman qui chamboule le lecteur et ces 42 mineurs et Michel on les garde très longtemps avec nous. « Le jour d'avant » c'est votre actualité Sorj Chalandon, vous êtes publié chez grasset.
Merci beaucoup.
Sorj Chalandon :Merci à vous.
Sorj Chalandon
Le jour d'avant
L'avis du libraire 1'41