Est-il encore besoin de présenter Françoise Bourdin ? Toujours en bonne place en librairie, au rythme d'un livre par an, elle a su fidéliser un large public et redonner ses lettres de noblesse au roman populaire. Avec des personnages qui nous ressemblent, des histoires qui pourraient être les nôtres, des décors qui sont ceux de notre quotidien, Françoise Bourdin nous parlent de nous. Dans ces romans, l'amour, la trahison, la jalousie, la famille, l'amitié sont au rendez-vous. Et par sa plume, alerte, incisive, efficace, l'auteur...
Web TV Culture lui rend hommage de Françoise Bourdin - Présentation - Suite
Philippe : Bonjour Françoise Bourdin, bienvenue.Francoise : BonjourPhilippe : Le choix des autres, c'est votre nouveau titre, c'est votre actualité chez Belfond. Je fais un très rapide résumé, je survole votre carrière d'auteure. 1971 Les soleils mouillés, gros succès, ensuite vous vous mettez un peu en retrait pour construire votre vie personelle, et vous revenez en librairie au début des années 90 avec Mano a mano. Et puis ensuite, quasiment un titre par an avec un succès qui ne s'est jamais démenti. Lorsque vous repensez...
Web TV Culture lui rend hommage de Françoise Bourdin - Portrait - Suite
Philippe : Dans ce nouveau titre, Françoise Bourdin, Le choix des autres, et la couverture est très significative. Vous nous entraînez en pleine montagne. Nous sommes dans la région de Gap à la Joue du Loup, dans le massif du Dévoluy. Je le précise car ce décors va être important dans votre intrigue. Nous allons faire connaissance avec deux couples, il y a Virgile et Philippine qui vivent ensemble, et ils partagent un très grand chalêt, avec Clémence et Lucas qui ont aussi leurs deux petites filles. Tout ce petit monde vie en...
Web TV Culture lui rend hommage de Françoise Bourdin - Livre - Suite
Françoise Bourdin
Le choix des autres
Présentation 2'07Est-il encore besoin de présenter Françoise Bourdin ? Toujours en bonne place en librairie, au rythme d'un livre par an, elle a su fidéliser un large public et redonner ses lettres de noblesse au roman populaire. Avec des personnages qui nous ressemblent, des histoires qui pourraient être les nôtres, des décors qui sont ceux de notre quotidien, Françoise Bourdin nous parlent de nous. Dans ces romans, l'amour, la trahison, la jalousie, la famille, l'amitié sont au rendez-vous. Et par sa plume, alerte, incisive, efficace, l'auteur sait nous embarquer et nous surprendre à chaque nouveau titre.
Voici donc « Le choix des autres ». Nous sommes en pleine montagne, dans la Dévoluy, à la Joue du Loup précisément, non loin de Gap dans le département des Hautes Alpes. C'est là que vivent Lucas et Clémence et leurs deux petites filles. Ils partagent un grand chalet à 900m d'altitude avec un couple d'amis, Virgile et Philippine. L'une est coiffeuse, l'autre finit sa thèse. Quant aux garçons, l'un est chirurgien quand l'autre a ouvert une concession automobile. Et tout va pour le mieux dans cet univers de montagne où l'on fait de grandes balades avant de profiter d'un bon feu de cheminée. Mais un grain de sable vient enrayer ce joli quotidien. L'ancien mari de Clémence ressurgit et se fait menaçant. L'hiver est rude et les routes enneigées isole le chalet du reste du monde. Les tensions se font jour, la jalousie s'immisce. L'amitié des deux couples résistera-t-elle et l'amour sera-t-il le plus fort ?
Construisant un suspense habile lié aux protagonistes et aux lieux de l'action, jouant savamment avec nos nerfs et mettent sans cesse ses personnages sur le bord de l'abîme, Françoise Bourdin nous offre un nouveau titre qui se lit avec un véritable plaisir et à la dernière page, on quitte à regret ces héros du quotidien et ce décor de montagne.
« Le choix des autres » de Françoise Bourdin est publié chez Belfond.
Françoise Bourdin
Le choix des autres
Portrait 7'43Philippe : Bonjour Françoise Bourdin, bienvenue.
Francoise : Bonjour
Philippe : Le choix des autres, c'est votre nouveau titre, c'est votre actualité chez Belfond. Je fais un très rapide résumé, je survole votre carrière d'auteure. 1971 Les soleils mouillés, gros succès, ensuite vous vous mettez un peu en retrait pour construire votre vie personelle, et vous revenez en librairie au début des années 90 avec Mano a mano. Et puis ensuite, quasiment un titre par an avec un succès qui ne s'est jamais démenti. Lorsque vous repensez à ce beau parcours d'auteure, à la place que vous occupez dans les librairies, dans les bibliothèques, médiathèques... Est-ce qu'il y a des images qui reviennent ?
Francoise : Oui, des débuts, en effet, très jeune, très faciles qui me font plaisir mais qui quelque part ne m'interessent presque pas parce que c'est normal et parce que quand on a 20ans tout est normal... Retour à la publication un peu plus difficile, un petit peu plus hardue.. Beaucoup de refus, de frustratiion.. Et quand enfin Mano a mano est pris par Denoël (éditions), en même temps La Table Ronde (éditions) m'appelle pour me prendre un livre. En l'espace d'une semaine j'ai deux coup de telephone de deux éditeurs alors que ça fait des années que j'en cherche un seul ! Je me souviens d'un moment de grande joie. Et aujourd'hui, quand je me vois à la Fnac ou que je parle avec des lecteurs, je me dis que tout ce chemin parcouru m'épate moi-même !
Philippe : Vous pensez à la place de vos livres dans 20 ans, dans 40 ans, dans 50 ans ?..
Francoise : Alors je pense ques les romanciers n'ont pas forcément, après leur vie, une place évidente. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui écrivent très bien et qui prendront ma place comme moi j'ai pris la place de quelqu'un d'autre. Mais peu importe. Ce qui m'importe c'est le plaisir que je donne aujourd'hui, ce qui m'importe c'est de savoir qu'il y a des gens qui, au lieu d'éteindre leur lumière à 11h du soir, ne pourront l'éteindre qu'à 2h du matin, c'est ce qu'ils me disent. Et ça, ça me fait rêver.
Philippe : Lorsque vous écrivez, lorsque vous pensez à vos personnages, avez vous la sensation de donner ses lettres de noblesse à ce qu'on appelle le roman populaire et qui parfois est un peu décrié, est ce que c'est une forme de militantisme, de combat?
Francoise : Complètement, c'est une vocation. Le mot est juste, c'est un militantisme. Je revandique cette littérature que j'ai adoré jeune, cette littérature de nos romanciers français qui écrivaient des histoires de famille. On peut penser aux grandes familles de Maurice Druon, à tout ce qu'a pu écrire Troyat, Bazin, François Mauriac. Et c'était à ce moment la une littérature qu'on ne jugeait pas de manière péjorative. Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui cette littérature qui parle aux gens d'eux mêmes, de leurs histoires de familles, a une espèce de connotation un petit peu méprisante... On peut écrire des histoires de familles en les écrivant bien, et c'est pas de la littérature à l'eau de rose. Je revandique vraiment le fait que les gens aiment ça, les gens aiments s'identifier dans un livre, ils aiment retrouver des histoires de familles, et il n'y a vraiment rien de méprisable là dedans.
Philippe : Alors justement quelque chose m'intrigue, et c'est tout le charme de vos romans, à chaque fois vous nous parlez de nous, des histoires qui pouraient être les notres, et à chaque fois vous arrivez à nous surprendre. Comment faîtes vous pour trouver tous ces personnages, toutes ces histoires ? Vous êtes une fine observatrice ? Vous glanez dans les faits divers ?
Françoise : Je suis un peu comme Didier Decoin, il a écrit un très beau Dictionnaire amoureux des Faits divers. J'écoute. J'écoute beaucoup. Je peux écouter des conversations de comptoir, écouter les gens parler dans les transports en communs.. Toutes les histoires ont une résonnance chez moi. Avec des bribes de conversation entendues je peux monter tout un roman dans ma tête, je fais vraiment éponge. Quand je lis un article de journal, j'ai des idées de romans. Je considère que j'ai beaucoup de chance, mon imagination démarre au quart de tour.
Philippe : Avez vous conscience, Françoise Bourdin, lorsque vous écrivez, que vos romans peuvent aussi aider ? Puisque vous racontez des histoires qui pourraient être nos histoires, des personnages qui nous ressemblent. Et même si très souvent vos romans se terminent bien, ce n'est pas trahir un secret. Vos personnages sont souvent confrontés à des drames personnels, et vos romans peuvent aider justement à supporter les misères du quotidien. Vous en avez conscience quand vous écrivez ?
Françoise : Tout à fait, je sais qu'à travers les romans je donne une notion d'espoir, qu'on peut toujours s'en sortir. Ce n'est pas une volonté chez moi d'avoir un message, c'est juste en racontant une histoire de dire « oui il peut y avoir une issue heureuse ». Un roman n'est pas obligé de se terminer de manière noire ou dans un bain de sang. Bien sûr que dans la vie on peut aussi s'en sortir, trouver des chemins pour s'échapper. Et particulièrement, sans être une féministe le couteau entre les dents, je défends souvent les femmes en disant « vous pouvez vous en sortir », je pense que c'est important, c'est ce que je pense profondément en tant qu'individu, c'est normal que ça transparaisse à travers mes écrits.
Philippe : L'autre grande force de votre écriture, c'est qu'il y a vos personnages, et il y a aussi le décors qui est un personnage à part entière. Vous nous faites voyager. Cette fois ci vous nous emmenez en pleine montagne. Pourquoi mettez vous un point d'honneur à choisir des décors qui ont leurs importances dans l'intrigue.
Françoise : Je pense qu'une histoire qui se déroule en montagne ne pourrait pas se dérouler en plaine. L'angoisse que met l'altitude, la montagne, la neige, la sensation d'isolement, qui me permet à moi de mettre une dose de suspens ; je ne pourrais pas l'avoir dans un autre décors. Le décors pour moi est important, c'est l'une des premières choses que je choisis. Quand je pense au prochain roman, je pense au thème que j'ai envie de développer (ici c'est la jalousie) et le décors tout de suite après. Où ? Où ça se passe ? Quelle couleur je vais donner à mon livre en choisissant telle ou telle région pour ses caractéristiques propres. C'est très important pour moi le décors. Et là en effet dans Le Choix Des Autres, le chalêt est un personnage à part entière.
Philippe : Lorsque vous êtes à votre table de travail dans votre maison en Normandie, au milieu de votre campagne et de vous animaux, que ressentez vous, qu'éprouvez vous lorsque vous êtes comme ça, toute seule avec votre manuscrit et vos personnages ?
Francoise : Ce n'est pas un métier, c'est un bonheur ! Quand je déscend le matin dans mon bureau, et que je replonge dans mon histoire, je me dis « alors ? Où ils en étaient ? », c'est un grand bonheur ! Je vis leur histoire en fait, il y a un moment ou c'est eux qui conduisent l'histoire, il y a un moment où c'est moi, c'est toujours un plaisir, une jubilation renouvelée.
Philippe : Un bonheur que vous savez nous faire partager. Votre actualité, Le choix des autres, chez Belfond. Je voudrais aussi citer ce livre qui sort également chez Belfond, une réédition de deux romans que vous aviez publié en 2001, Le secret de Clara et L'héritage de Clara, que vous proposez dans cette belle édition reliée chez votre éditeur fétiche Belfond.
Françoise Bourdin
Le choix des autres
Livre 7'19Philippe : Dans ce nouveau titre, Françoise Bourdin, Le choix des autres, et la couverture est très significative. Vous nous entraînez en pleine montagne. Nous sommes dans la région de Gap à la Joue du Loup, dans le massif du Dévoluy. Je le précise car ce décors va être important dans votre intrigue. Nous allons faire connaissance avec deux couples, il y a Virgile et Philippine qui vivent ensemble, et ils partagent un très grand chalêt, avec Clémence et Lucas qui ont aussi leurs deux petites filles. Tout ce petit monde vie en bonne cohabitation, ça a été un choix de s'installer ensemble dans un chalêt à la montagne, et puis il va y avoir un petit grain de sable... Pourquoi la montagne tout d'abord ? Cette région précisemment.
Françoise Bourdin: Cette région là me plaisait beaucoup parce que c'est une région assez peu connue finalement. A Gap il y a un très grand centre hospitalier, et comme un de mes quatres héros est chirurgien il me fallait aussi un pôle hospitalier pas loin, il y a tout les accidents de ski, de montagne... Et c'est un endroit où les chalêts ne sont pas trop chers, ça pouvait rester plausible qu'ils aient acheté là un chalêt tout les quatre.
Philippe : Sachant que Virgile et Lucas sont amis d'enfance, et c'est comme ça qu'ils ont été amenés à découvrir la montagne, et à venir s'installer avec leurs compagnes respectives. Il y a plusieurs thématiques abordées, on va retrouver la famille, l'amitié et puis la jalousie. L'hiver est rude, le chalêt est en altitude, parfois isolé, des tensions vont apparaître entre les deux couples, et puis va apparaître Etienne, l'ancien mari de Clémence, qui elle a un salon de coiffure, et c'est ce grain de sable qui va faire dérailler cette belle machine.
Françoise Bourdin: Absolument, c'est celui qui surgit du passé, c'est l'ex mari, le divorce a été prononcé. Mais c'est quand même un pervers narcissique qui n'a pas réussi a oublier sa femme et qui a envie de la récupérer parce qu'il considère que c'est toujours sa femme. Et ce grand jaloux, qui lui a fait une vie d'enfer pense qu'il va pouvoir récupérer sa femme. Il se met à l'espionner, à la suivre et à la poursuivre. Ça devient un élément très angoissant de l'histoire, ça me permettait de mettre une touche de suspens et d'angoisse dans ce livre, et surtout de parler du fait qu'on peut ne jamais guérrir de l'amour qu'on a eu pour quelqu'un et considerer que c'est toujours sa propriété. Et cet aspect de la jalousie, cet aspect très négatif et dangereux de la jalousie j'avais envie d'en parler dans un roman.
Philippe : Il y a une double force parce que, certes, il y a ce côté thriller avec ce mari qui revient et qui se fait très menaçant, et puis on est aussi dans un sujet d'actualité par ce qu'on parle des violences faîtes au femmes, et ce harcèlement moral qu'Etienne fait subir à Clémence alors qu'ils sont divorcés depuis plusieurs années.
Françoise Bourdin: Tout à fait. Clémence est un personnage très gentil, presque éffacé. Et c'est pour ça qu'elle a subit pendant quelques années les violences de son mari avant d'avoir le courage de demander le divorce. Et dans l'ultime affrontement qu'elle va avoir avec son marin, on sent qu'elle a grandi, qu'elle va pouvoir lui tenir tête, pour moi cette scène était très importante, c'est une scène sur laquelle j'ai passé un certain temps. De voir pourquoi elle allait gagner, pourquoi elle allait pouvoir se débarasser définitivement de lui simplement parce qu'elle n'avait plus peur de lui. Et là je me suis dit que j'étais dans quelque chose de plus grave que d'habitude, même si ça fait parti de l'histoire, mais c'était important pour moi de la traîter.
Philippe : Clémence et Lucas, c'est un couple qui fonctionne bien, et puis il y a cet autre couple qui partage le chalêt c'est Virgile et Philippine, Virgile est un chirurgien réputé, Philippine est une femme plus libre, indépendante, qui surtout n'a peut être pas envie d'être mère de famille. Et là vous abordez un autre sujet, ces hommes qui sont en besoin de paternité.