Après ses deux premiers romans, Autoportrait en Noir et Blanc et Biographie d'un inconnu, Fabrice Humbert a connu une large médiatisation avec L'origine de la violence, sorti en janvier 2009. Récompensé notamment par le le prix Orange du livre, L'origine de la violence était un aller-retour entre aujourd'hui et les années 1940, l'histoire d'un homme découvrant son passé lors d'une visite dans un camp de concentration.
Tout en poursuivant l'enseignement au lycée, Fabrice Humbert, s'est rapidement attelé à l'écriture de son...
Le monde n'existe pas de Fabrice Humbert - Présentation - Suite
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Bonjour Fabrice Humbert
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Bonjour
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Merci de nous recevoir, un nouveau livre, le 4ème, la fortune de Sila, publié aux éditions du Passage. C'est déjà le 4ème livre, on se souvient de L'origine de la violence qui avait été un très beau succès de librairie, récompensé par plusieurs prix, notamment le prix Orange du Livre. Quand vous repensez à cette aventure, déjà quatre romans. Quelles sont les images qui viennent à l'esprit ?...
Le monde n'existe pas de Fabrice Humbert - Portrait - Suite
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Fabrice Humbert, un nouveau roman, le 4ème, aux éditions du Passage, La fortune de Sila. Sila c'est un jeune homme, un jeune noir qui est serveur dans un grand restaurant parisien. Nous sommes en juin 1995, et puis un jour, un client irascible lui casse la figure, et c'est le départ de votre roman. Pourquoi cette idée, et cette scène surprenante ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Cet élément déclencheur, je l'ai eu dans un restaurant. Alors que j'étais en train de manger, j'ai imaginé d'un...
Le monde n'existe pas de Fabrice Humbert - Le livre - Suite
Olivier L'Hostis
L'Esperluète – Chartres
« La fortune de Sila comme L'origine de la violence, ce sont nos coups de coeurs, nous les portons, ils sont sur la table des coups de coeurs. La fortune de Sila, c'est un livre très rapide. C'est un livre qui commence très très fort, le prologue, les trois ou quatre premières pages sont des pages percutantes, au sens propre comme au sens figuré.
On est dans la jungle avec Fabrice Humbert, dans la jungle humaine dans tout ce qu'elle a de plus cru. C'est une écriture très directe, très...
Le monde n'existe pas de Fabrice Humbert - L'avis du libraire - Suite
Fabrice Humbert
La fortune de Sila
Présentation 1'24Tout en poursuivant l'enseignement au lycée, Fabrice Humbert, s'est rapidement attelé à l'écriture de son nouveau roman, l'un des évènements de cette fin d'année 2010. La fortune de Sila est résolument ancrée dans notre époque. Fabrice Humbert dénoue les fils d'une intrigue, réunissant plusieurs personnages, avec comme point de départ, une scène d'anthologie : un serveur noir agressé physiquement par un client irascible dans un restaurant huppé. Entre lâcheté, cynisme, mépris, les réactions des autres clients interpellent le lecteur. Et nous que ferions nous ?
Au fil des pages, ce moment clé bouleversera le destin des protagonistes enlisés dans un monde façonné par l'argent.
Avec une écriture pertinente saluée par la critique, Fabrice Humbert signe là, une fresque contemporaine de nos société mondialisées. La fortune de Sila, publié aux éditions du Passage, Fabrice Humbert qui nous reçoit chez lui à Boulogne-Billancourt pour Webtvculture.
Tout en poursuivant l'enseignement au lycée, Fabrice Humbert, s'est rapidement attelé à l'écriture de son nouveau roman, l'un des évènements de cette fin d'année 2010. La fortune de Sila est résolument ancrée dans notre époque. Fabrice Humbert dénoue les fils d'une intrigue, réunissant plusieurs personnages, avec comme point de départ, une scène d'anthologie : un serveur noir agressé physiquement par un client irascible dans un restaurant huppé. Entre lâcheté, cynisme, mépris, les réactions des autres clients interpellent le lecteur. Et nous que ferions nous ?
Au fil des pages, ce moment clé bouleversera le destin des protagonistes enlisés dans un monde façonné par l'argent.
Avec une écriture pertinente saluée par la critique, Fabrice Humbert signe là, une fresque contemporaine de nos société mondialisées. La fortune de Sila, publié aux éditions du Passage, Fabrice Humbert qui nous reçoit chez lui à Boulogne-Billancourt pour Webtvculture.
Fabrice Humbert
La fortune de Sila
Portrait 4'09Bonjour Fabrice Humbert
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Bonjour
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Merci de nous recevoir, un nouveau livre, le 4ème, la fortune de Sila, publié aux éditions du Passage. C'est déjà le 4ème livre, on se souvient de L'origine de la violence qui avait été un très beau succès de librairie, récompensé par plusieurs prix, notamment le prix Orange du Livre. Quand vous repensez à cette aventure, déjà quatre romans. Quelles sont les images qui viennent à l'esprit ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Deux premiers romans qui n'ont pas eu grand succès, qui ont eu l'accueil d'estime des premiers romans, et puis L'origine de la violence qui est arrivé, et qui a été très apprécié.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Vous êtes toujours enseignant à Buc au lycée franco-allemand. C'est une sorte d'équilibre chez vous ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Oui c'est un bon équilibre, c'est-à-dire que parfois c'est dur. Par exemple, lorsque j'ai fait un week-end en librairie ou en salon, et que le lundi matin, je dois faire cours, là, c'est dur. Mais en même temps, l'intérêt de l'enseignement, c'est que ça vide complétement l'esprit. Lorsqu'on enseigne, on est vraiment à cent pour cent dessus, et c'est impossible d'être autrement; et donc tout ce à quoi on peut penser lors de la sortie d'un livre par exemple, l'inquiétude devant l'accueil, s'efface parce qu'on pense à autre chose, et puis les élèves ont une exigence, ce qui est normal. A l'instant T, les cours doivent commencer, doivent être prêts et en réalité, ça me donne vraiment un rythme.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
On sait que vous fréquentez assez souvent les librairies pour des dédicaces, les salons. Ca représente quoi cette relation avec le lecteur ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
En fait je suis très intéressé par l'ensemble de l'économie littéraire, toute la chaîne du livre m'intéresse, et j'aime beaucoup rencontrer les gens. Alors, je rencontre les gens de cette chaîne du livre en rencontrant les libraires, j'apprécie beaucoup ça, et puis j'apprécie aussi évidemment de rencontrer les lecteurs à ces occasions. J'apprécie pour deux raisons. J'apprécie pour les lecteurs qui me connaissent et qui viennent me voir, mais aussi pour les lecteurs qui ne me connaissent pas et qui me découvrent.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Lorsque vous êtes à votre table de travail, vous écrivez, quel est le ressenti ? Quel est le sentiment qui est en vous ? Qu'est-ce qui vous passe par la tête à ce moment-là ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Quand je suis en phase d'écriture avancée, et que j'ai confiance dans le livre que j'écris, là, pour le coup, il y a une certaine euphorie. C'est parfois difficile, parce que je n'ai pas tout le temps qu'il me faudrait. Idéalement, j'aurais besoin de travailler tous les matins, ce n'est absolument pas le cas puisque j'enseigne à côté. Mais si ça se passe bien, il y a vraiment une phase euphorique où on sait pourquoi on existe.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Notre époque contemporaine est-elle un bon terreau pour l'auteur, pour l'écrivain que vous êtes ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Il y a une espèce d 'accumulation énorme des choses dans notre monde. Accumulation de biens, mais aussi d'informations, d'hommes, il y a une espèce d'outrance, d'excès qui est complétement passionnante, et qui est bien sur, répugnante. On est submergé par des images atroces, par des récits atroces, bref par tout ce qui a fait toujours la diversité de l'homme; donc il y a forcément un matériau qui est complètement incroyable dans notre époque.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Ce qui veut dire que pour la suite, ça vous laisse encore plein d'histoires à inventer ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Oui, j'ai plein d'histoires à inventer parce que je regarde le monde en permanence, parce que je suis passionné par le monde autour de nous, et en même temps je suis aussi passionné par l'histoire. J'ai depuis longtemps le projet de mêler différentes époques, parce que je crois qu'il y a des vérités qui surgissent dans le choc des différentes périodes historiques.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
On va suivre votre parcours de près. Merci Fabrice Humbert, votre nouveau roman aux éditions du Passage, La fortune de Sila.
Bonjour Fabrice Humbert
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Bonjour
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Merci de nous recevoir, un nouveau livre, le 4ème, la fortune de Sila, publié aux éditions du Passage. C'est déjà le 4ème livre, on se souvient de L'origine de la violence qui avait été un très beau succès de librairie, récompensé par plusieurs prix, notamment le prix Orange du Livre. Quand vous repensez à cette aventure, déjà quatre romans. Quelles sont les images qui viennent à l'esprit ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Deux premiers romans qui n'ont pas eu grand succès, qui ont eu l'accueil d'estime des premiers romans, et puis L'origine de la violence qui est arrivé, et qui a été très apprécié.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Vous êtes toujours enseignant à Buc au lycée franco-allemand. C'est une sorte d'équilibre chez vous ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Oui c'est un bon équilibre, c'est-à-dire que parfois c'est dur. Par exemple, lorsque j'ai fait un week-end en librairie ou en salon, et que le lundi matin, je dois faire cours, là, c'est dur. Mais en même temps, l'intérêt de l'enseignement, c'est que ça vide complétement l'esprit. Lorsqu'on enseigne, on est vraiment à cent pour cent dessus, et c'est impossible d'être autrement; et donc tout ce à quoi on peut penser lors de la sortie d'un livre par exemple, l'inquiétude devant l'accueil, s'efface parce qu'on pense à autre chose, et puis les élèves ont une exigence, ce qui est normal. A l'instant T, les cours doivent commencer, doivent être prêts et en réalité, ça me donne vraiment un rythme.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
On sait que vous fréquentez assez souvent les librairies pour des dédicaces, les salons. Ca représente quoi cette relation avec le lecteur ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
En fait je suis très intéressé par l'ensemble de l'économie littéraire, toute la chaîne du livre m'intéresse, et j'aime beaucoup rencontrer les gens. Alors, je rencontre les gens de cette chaîne du livre en rencontrant les libraires, j'apprécie beaucoup ça, et puis j'apprécie aussi évidemment de rencontrer les lecteurs à ces occasions. J'apprécie pour deux raisons. J'apprécie pour les lecteurs qui me connaissent et qui viennent me voir, mais aussi pour les lecteurs qui ne me connaissent pas et qui me découvrent.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Lorsque vous êtes à votre table de travail, vous écrivez, quel est le ressenti ? Quel est le sentiment qui est en vous ? Qu'est-ce qui vous passe par la tête à ce moment-là ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Quand je suis en phase d'écriture avancée, et que j'ai confiance dans le livre que j'écris, là, pour le coup, il y a une certaine euphorie. C'est parfois difficile, parce que je n'ai pas tout le temps qu'il me faudrait. Idéalement, j'aurais besoin de travailler tous les matins, ce n'est absolument pas le cas puisque j'enseigne à côté. Mais si ça se passe bien, il y a vraiment une phase euphorique où on sait pourquoi on existe.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Notre époque contemporaine est-elle un bon terreau pour l'auteur, pour l'écrivain que vous êtes ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Il y a une espèce d 'accumulation énorme des choses dans notre monde. Accumulation de biens, mais aussi d'informations, d'hommes, il y a une espèce d'outrance, d'excès qui est complétement passionnante, et qui est bien sur, répugnante. On est submergé par des images atroces, par des récits atroces, bref par tout ce qui a fait toujours la diversité de l'homme; donc il y a forcément un matériau qui est complètement incroyable dans notre époque.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Ce qui veut dire que pour la suite, ça vous laisse encore plein d'histoires à inventer ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Oui, j'ai plein d'histoires à inventer parce que je regarde le monde en permanence, parce que je suis passionné par le monde autour de nous, et en même temps je suis aussi passionné par l'histoire. J'ai depuis longtemps le projet de mêler différentes époques, parce que je crois qu'il y a des vérités qui surgissent dans le choc des différentes périodes historiques.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
On va suivre votre parcours de près. Merci Fabrice Humbert, votre nouveau roman aux éditions du Passage, La fortune de Sila.
Fabrice Humbert
La fortune de Sila
Le livre 4'49Fabrice Humbert, un nouveau roman, le 4ème, aux éditions du Passage, La fortune de Sila. Sila c'est un jeune homme, un jeune noir qui est serveur dans un grand restaurant parisien. Nous sommes en juin 1995, et puis un jour, un client irascible lui casse la figure, et c'est le départ de votre roman. Pourquoi cette idée, et cette scène surprenante ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Cet élément déclencheur, je l'ai eu dans un restaurant. Alors que j'étais en train de manger, j'ai imaginé d'un coup la scène inaugurale de ce livre, et c'est ça qui m'a permis d'écrire le livre. Et par ailleurs je ne saurais pas dire s'il s'agit vraiment d'imagination, ou d'un fait divers qui me serait revenu à la mémoire puisque cette même scène m'a été rapportée depuis que le livre est sorti, exactement dans les même termes, à l'intérieur d'un hôtel restaurant, avec un client irascible qui a frappé un serveur, simplement parce que ce serveur avait dit à son fils de revenir à table. Mais je suis assez content de cela, car que se soit dans l'une ou dans l'autre, de toute façon, c'est l'entrée dans le réel que je cherchais. C'est-à-dire un fait vrai, et totalement symbolique, puisque c'est une scène de dominations sociale pure, et d'indifférence en plus -parce que c'est important- des clients.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Ce jeune Sila, il a quitté son pays d'Afrique de façon clandestine, et il a eu la chance de faire une bonne rencontre, celle d'un grand chef cuisiner restaurateur qui l'a engagé. Donc, il a plutôt bien réussi jusqu'à ce que cette violence surgisse à nouveau dans sa vie. Et dans les personnes qui assistent à la scène, dans cette salle de restaurant très feutrée, tous finalement vont être dépassés par leur lâcheté, puisque personne ne va intervenir.
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Oui, ils sont dépassés par leur lâcheté, et aussi par leur indifférence, puisque effectivement un des traders français voudrait intervenir et n'ose pas. Mais l'oligarque russe, Lev Kravchenko, est totalement indifférent, ce qui signe son déclin moral. Une petite scène comme celle-ci, au fonds, une anecdote, peut être extrêmement révélatrice d'un abandon plus vaste. Ces micros-abandons sont le prélude de défaites beaucoup plus importantes pour ces personnages, mais aussi pour notre époque.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Les personnages sont donc aux prises avec les évènements internationaux, mais évidemment pour chacun des personnages, leur parcours, leur caractère, leur psychologie, jouent un rôle déterminant dans leur façon de se comporter, de réagir.
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Ca, c'est la force du roman. Il y a des livres d'histoire, des livres d'économie pour parler de cette période mais la force du roman, c'est de ne pas faire de choses globales, mais de s'intéresser à des personnages, à des itinéraires particuliers. Même lorsqu'ils nous semblent antipathiques, ce qui est par exemple le cas du client irascible au début, il y a néanmoins des choses qui l'explique, il y a des éléments par lesquels il nous ressemble. Ils ne doivent jamais être d'un seul bloc.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
C'est un regard désabusé sur notre époque que vous portez dans ce roman La fortune de Sila ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Alors disons que la période dont je parle est particulière parce qu'elle va de 1989, la chute du mur de Berlin, jusqu'à la crise financière de 2008, donc un moment particulier d'un triomphe de l'Occident et du capitalisme occidental, qui se finira par cet énorme ébranlement de la crise financière de 2008. Donc, ce ne sont pas non plus des évènements qui provoquent l'optimisme le plus total, le fait que les gouvernements, et donc les contribuables, aient été obligés de dépenser des centaines de milliards pour les banques, ce ne sont pas des faits qui inclinent à croire qu'il y ait la moindre justice en ce bas monde.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Le titre, La fortune de Sila, finalement, tout est dans le titre.
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
J'ai beaucoup hésité pour le titre. La fortune de Sila, c'est la fortune au sens argent, mais évidemment, c'est la fortune au sens antique du terme, fortuna, le destin de Sila.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Merci beaucoup Fabrice Humbert, c'est donc votre nouveau roman, le 4ème aux éditions du Passage, la fortune de Sila.
Fabrice Humbert, un nouveau roman, le 4ème, aux éditions du Passage, La fortune de Sila. Sila c'est un jeune homme, un jeune noir qui est serveur dans un grand restaurant parisien. Nous sommes en juin 1995, et puis un jour, un client irascible lui casse la figure, et c'est le départ de votre roman. Pourquoi cette idée, et cette scène surprenante ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Cet élément déclencheur, je l'ai eu dans un restaurant. Alors que j'étais en train de manger, j'ai imaginé d'un coup la scène inaugurale de ce livre, et c'est ça qui m'a permis d'écrire le livre. Et par ailleurs je ne saurais pas dire s'il s'agit vraiment d'imagination, ou d'un fait divers qui me serait revenu à la mémoire puisque cette même scène m'a été rapportée depuis que le livre est sorti, exactement dans les même termes, à l'intérieur d'un hôtel restaurant, avec un client irascible qui a frappé un serveur, simplement parce que ce serveur avait dit à son fils de revenir à table. Mais je suis assez content de cela, car que se soit dans l'une ou dans l'autre, de toute façon, c'est l'entrée dans le réel que je cherchais. C'est-à-dire un fait vrai, et totalement symbolique, puisque c'est une scène de dominations sociale pure, et d'indifférence en plus -parce que c'est important- des clients.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Ce jeune Sila, il a quitté son pays d'Afrique de façon clandestine, et il a eu la chance de faire une bonne rencontre, celle d'un grand chef cuisiner restaurateur qui l'a engagé. Donc, il a plutôt bien réussi jusqu'à ce que cette violence surgisse à nouveau dans sa vie. Et dans les personnes qui assistent à la scène, dans cette salle de restaurant très feutrée, tous finalement vont être dépassés par leur lâcheté, puisque personne ne va intervenir.
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Oui, ils sont dépassés par leur lâcheté, et aussi par leur indifférence, puisque effectivement un des traders français voudrait intervenir et n'ose pas. Mais l'oligarque russe, Lev Kravchenko, est totalement indifférent, ce qui signe son déclin moral. Une petite scène comme celle-ci, au fonds, une anecdote, peut être extrêmement révélatrice d'un abandon plus vaste. Ces micros-abandons sont le prélude de défaites beaucoup plus importantes pour ces personnages, mais aussi pour notre époque.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Les personnages sont donc aux prises avec les évènements internationaux, mais évidemment pour chacun des personnages, leur parcours, leur caractère, leur psychologie, jouent un rôle déterminant dans leur façon de se comporter, de réagir.
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Ca, c'est la force du roman. Il y a des livres d'histoire, des livres d'économie pour parler de cette période mais la force du roman, c'est de ne pas faire de choses globales, mais de s'intéresser à des personnages, à des itinéraires particuliers. Même lorsqu'ils nous semblent antipathiques, ce qui est par exemple le cas du client irascible au début, il y a néanmoins des choses qui l'explique, il y a des éléments par lesquels il nous ressemble. Ils ne doivent jamais être d'un seul bloc.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
C'est un regard désabusé sur notre époque que vous portez dans ce roman La fortune de Sila ?
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
Alors disons que la période dont je parle est particulière parce qu'elle va de 1989, la chute du mur de Berlin, jusqu'à la crise financière de 2008, donc un moment particulier d'un triomphe de l'Occident et du capitalisme occidental, qui se finira par cet énorme ébranlement de la crise financière de 2008. Donc, ce ne sont pas non plus des évènements qui provoquent l'optimisme le plus total, le fait que les gouvernements, et donc les contribuables, aient été obligés de dépenser des centaines de milliards pour les banques, ce ne sont pas des faits qui inclinent à croire qu'il y ait la moindre justice en ce bas monde.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Le titre, La fortune de Sila, finalement, tout est dans le titre.
Fabrice Humbert (La fortune de Sila)
J'ai beaucoup hésité pour le titre. La fortune de Sila, c'est la fortune au sens argent, mais évidemment, c'est la fortune au sens antique du terme, fortuna, le destin de Sila.
Philipe Chauveau (Webtvculture)
Merci beaucoup Fabrice Humbert, c'est donc votre nouveau roman, le 4ème aux éditions du Passage, la fortune de Sila.
Fabrice Humbert
La fortune de Sila
L'avis du libraire 1'41L'Esperluète – Chartres
« La fortune de Sila comme L'origine de la violence, ce sont nos coups de coeurs, nous les portons, ils sont sur la table des coups de coeurs. La fortune de Sila, c'est un livre très rapide. C'est un livre qui commence très très fort, le prologue, les trois ou quatre premières pages sont des pages percutantes, au sens propre comme au sens figuré.
On est dans la jungle avec Fabrice Humbert, dans la jungle humaine dans tout ce qu'elle a de plus cru. C'est une écriture très directe, très pulsionnelle parce qu'en plus il y a un vrai style. C'est quand même un très belle écriture, à la fois très construite, très classique et en même temps extrêmement énergique, on pourrait comparer à l'écriture Américaine souvent. C'est-à-dire cette manière d'éliminer tout pathos, de passer par les faits, de passer non pas par une démonstration qui pourrait être un peu lourde, mais par une façon de montrer très très directement les choses, voilà c'est ce qu'il fait d'emblée.
Pour nous c'est d'abord et avant tout de l'excellente littérature, donc tout le problème de qualifier par un genre, c'est qu'on risque d'enfermer un livre. C'est un livre qui mérite plus que ça, qui mérite beaucoup plus que d'être enfermé. Il y a une exigence d'écriture donc il y a une exigence pour le lecteur mais il est quand même suffisamment haletant et il raconte suffisamment bien l'histoire pour être proposé à un très grand nombre de personnes ».
L'Esperluète – Chartres
« La fortune de Sila comme L'origine de la violence, ce sont nos coups de coeurs, nous les portons, ils sont sur la table des coups de coeurs. La fortune de Sila, c'est un livre très rapide. C'est un livre qui commence très très fort, le prologue, les trois ou quatre premières pages sont des pages percutantes, au sens propre comme au sens figuré.
On est dans la jungle avec Fabrice Humbert, dans la jungle humaine dans tout ce qu'elle a de plus cru. C'est une écriture très directe, très pulsionnelle parce qu'en plus il y a un vrai style. C'est quand même un très belle écriture, à la fois très construite, très classique et en même temps extrêmement énergique, on pourrait comparer à l'écriture Américaine souvent. C'est-à-dire cette manière d'éliminer tout pathos, de passer par les faits, de passer non pas par une démonstration qui pourrait être un peu lourde, mais par une façon de montrer très très directement les choses, voilà c'est ce qu'il fait d'emblée.
Pour nous c'est d'abord et avant tout de l'excellente littérature, donc tout le problème de qualifier par un genre, c'est qu'on risque d'enfermer un livre. C'est un livre qui mérite plus que ça, qui mérite beaucoup plus que d'être enfermé. Il y a une exigence d'écriture donc il y a une exigence pour le lecteur mais il est quand même suffisamment haletant et il raconte suffisamment bien l'histoire pour être proposé à un très grand nombre de personnes ».