Nantais d’origine, formé à l’image, coréalisateur de plusieurs courts-métrages et participant à l’écriture de scenarii, Victor Jestin a été révélé en 2019 avec son premier roman « La chaleur », une histoire d’adolescence et de drame sous le soleil de l’Atlantique. Salué par la critique, le livre a aussi largement séduit les lecteurs, touchés par la sensibilité et l’originalité de l’écriture du jeune homme. Le roman a reçu notamment le prix Ouest, le prix de la Vocation et le prix Femina des lycéens.
Autant dire que le nouveau roman de Victor Jestin était attendu. Et l’auteur de concrétiser les espoirs placés en lui.
« La plage », c’est une boite de nuit, dans une petite ville des bords de Loire, non loin de Nantes. « La plage », c’est ce lieu qu’Arthur va découvrir un peu par hasard, par bravade aussi. Il est ado dans les années 90. Arthur n’est pas bien dans sa peau, ne sait pas être à l’aise avec les autres, avec lui-même non plus. Et finalement, dans ce lieu où les décibels évitent les discussions, où la pénombre cache les corps, où les spots embellissent les visages, il trouve ici un refuge. Et la découverte de la danse sera aussi pour lui une révélation, lui qui est si mal dans son corps.
Au gré de ses tentatives d’échanges, de ses amitiés factices, de ses amours avortées, de son manque d’assurance, de sa vie sociale foireuse, nous allons suivre Arthur sur près de quarante années, dans cette boîte de nuit où la fête a souvent un goût d’inachevé, de mensonges, d’amertume.
Chaque chapitre porte une date et prénom, liée à une rencontre, de celle qui pourrait ou aurait pu tout changer au destin d’Arthur, anti-héros à la fois pathétique et touchant qui n’a trouvé que la piste de danse pour exister… un peu.
Derrière cette histoire d’aujourd’hui, entre spleen et fragilité, on retrouve avec un vrai plaisir l’écriture subtile, douce et violente à la fois, de Victor Jestin. Les personnages sont là, proches de nous, les ambiances nous parlent, les lieux se dessinent à nos yeux. Et le lecteur d’accompagner Arthur, personnage central de ce roman, comme on voudrait, en vain, tendre la main à un ami qui souffre. Formidable histoire sur la solitude, la difficulté de faire sa place en société, l’intimité de l’être, le nouveau roman de Victor Jestin prouve que nous avons là un écrivain qui n’a pas fini de nous surprendre et de nous émouvoir.
« L’homme qui danse » de Victor Jestin est publié chez Flammarion.

00:00:05:14 - 00:00:29:04

Philippe Chauveau

Bonjour Victor Jestin. L'homme qui danse, c'est aux éditions Flammarion. L'homme qui danse, c'est un peu vous parce que tout se passe plutôt pas mal. C'est le deuxième roman. Il y a vu la chaleur il y a trois ans maintenant, avec plusieurs récompenses le prix de la vocation, le prix Fémina des lycéens, le prix Ouest, le deuxième roman. On a tendance à dire que pour un auteur, c'est toujours un passage, un petit peu, un petit peu compliqué, qu'il y a de l'appréhension.

00:00:29:09 - 00:00:33:02

Philippe Chauveau

Ça a été votre votre cas. Comment avez vous appréhendé justement ce deuxième roman ?

00:00:34:03 - 00:00:54:18

Victor Jestin

Oui, je trouve ça vraiment déjà dans l'écriture. L'écriture du premier, j'étais vierge de toute expérience littéraire avant, donc je n'avais aucun élément de comparaison. Et là, je me retrouve en effet en deuxième, a sans cesse me rappeler de comment j'ai écrit le premier. Ça, c'était déjà un peu difficile. Et puis la sortie, on m'avait prévenu aussi qu'on était plus nouveau et qu'on n'était pas encore ancien.

00:00:55:03 - 00:01:04:11

Victor Jestin

C'est dans une zone un peu trouble ou il serait peut être plus difficile de donner vie au livre que de le faire exister. Mais il y a quand même de bonnes nouvelles qui sont tombées, donc ça va. Je suis content.

00:01:04:19 - 00:01:19:21

Philippe Chauveau

Parce qu'effectivement l'homme qui dansait est sélectionné sur sur plusieurs prix. Mais néanmoins, vous vous sentez ? Je vais employer des mots qui sont peut être un peu un peu crus. Mais vous vous sentez un peu attendu au tournant par rapport au succès de la chaleur du premier titre ou c'est plutôt bienveillant ?

00:01:21:01 - 00:01:29:19

Victor Jestin

C'est bien, mais là ou je me rends compte qu'on m'attend au tournant, c'est simplement des gens qui ont lu premier et qui sont curieux du deuxième. J'ai que j'ai ressenti aucune malveillance.

00:01:30:12 - 00:01:49:12

Philippe Chauveau

Donc ça, c'est déjà. C'est déjà un point positif. Justement, avec la chaleur, vous avez eu l'occasion d'aller beaucoup en salon, en médiathèque, en librairie. Vous n'avez pas boudé votre plaisir dans la rencontre avec le lecteur ? Ça vous a apporté quoi ? Puisqu'on le sait ? L'auteur est quand même souvent un peu solitaire. Seul face à face à sa page blanche.

00:01:49:22 - 00:01:52:21

Philippe Chauveau

Ça vous a enrichi cette cette rencontre avec le lectorat ?

00:01:53:13 - 00:02:09:01

Victor Jestin

Oui, ça m'a permis de réfléchir à mon travail. Il y a un curieux phénomène que je comprends, ce que j'ai écrit tardivement, en en parlant, en essayant d'en parler, de me déplacer. À ce propos, je joue. Finalement, je le comprends. Ce que j'ai écrit bien longtemps après l'avoir écrit et les rencontres avec des gens, notamment avec des lycéens.

00:02:09:05 - 00:02:18:03

Victor Jestin

C'est ce que je retiens, surtout avec des gens qui n'ont aucun filtre, qui posent des questions parfois violentes ou crues et finalement très pertinentes. Ça me permet de comprendre ce que je fais.

00:02:18:21 - 00:02:24:03

Philippe Chauveau

Ça veut dire que ça vous fait mûrir. Et votre écriture et ça vous fait gagner vous aussi en maturité ?

00:02:24:21 - 00:02:37:23

Victor Jestin

Oui, alors déjà humainement, de croiser plein de gens, d'aller dans plein de vie, ça, c'est très riche. Alors que je pense que le quotidien d'un écrivain est plutôt très pauvre humainement puisqu'on est seul au même endroit. Et puis sur l'écriture, oui, bien sûr, ça me fait réfléchir et réfléchir à mon travail.

00:02:38:13 - 00:02:54:09

Philippe Chauveau

Est ce que votre regard sur sur la société et sur l'univers littéraire a changé ? J'imagine que oui. Alors en quoi justement votre regard a t il pu changer ? Entre le Victor Jestin juste avant la publication du premier roman et Victor Jestin Maintenant avec ça, l'auteur de ce second roman.

00:02:55:04 - 00:03:12:21

Victor Jestin

Regard sur le monde. J'espère qu'il s'est juste affuté avec les années, avec un petit peu d'expérience en regard sur le monde littéraire. Ça, je l'ai découvert, je ne connaissais vraiment rien. Tout ce qu'on m'annonçait, je découvrais il y a trois ans. Maintenant, j'ai un peu plus de repères, juste un peu plus. Et ça, je pense, c'est plutôt désagréable.

00:03:12:22 - 00:03:29:24

Victor Jestin

Je préférerais ne pas savoir enfin ne pas savoir comment ça fonctionnait. L'articulation entre la presse, les libraires, les prix. Enfin, j'aimais bien cet état de naïveté que j'avais il y a trois ans. Il faudrait le retrouver tout oublié, ou alors juste ne pas y penser et écrire. Et voilà, c'est ça qu'il y a à faire.

00:03:30:18 - 00:03:46:21

Philippe Chauveau

Une vision très très honnête du monde de la littérature. Alors justement, on parle aussi du cinéma parce que ça aussi, c'est un monde qui n'est pas forcément facile. On sait que vous avez fait des études de sciences sur les images, sur l'image. Vous avez réalisé des courts métrages, co-réalisé aussi des courts métrages et participé à des à des scénarii.

00:03:47:02 - 00:03:53:16

Philippe Chauveau

Le cinéma fait il encore partie de votre parcours de vie ou bien avez vous laissé un petit peu de côté pour vous consacrer à l'écriture romanesque ?

00:03:54:00 - 00:04:13:17

Victor Jestin

Il en fait partie. En tant que scénariste, je coécrit des scénarios de longs métrages, essentiellement avec des gens que j'aime, des amis, des proches. J'essaie de faire ça maintenant. Si je pouvais dans ma vie me consacrer uniquement au livre, je le ferais. C'est une question financière. Il y a un équilibre que je tiens entre scénario et roman. Le scénario m'intéresse quand même beaucoup moins puisque précisément il est question d'image et c'est pas du tout ma culture.

00:04:13:18 - 00:04:29:24

Victor Jestin

Moi, ce que j'aime, c'est les mots. D'ailleurs, quand j'écris, je visualise rien. Il n'y a pas d'images. Pour moi, dans la littérature, c'est autre chose. Donc le scénario qui on doit sans cesse écrire ce qui sera à l'écran, c'est que ça fait un travail qui n'est pas du tout littéraire et qui m'intéresse quand même beaucoup moins.

00:04:30:20 - 00:04:45:23

Philippe Chauveau

Sur l'écriture de ce deuxième roman. Avez vous l'impression que vous avez travaillé de la même façon pour le premier ? Avez vous commencé à prendre des habitudes d'auteur ou vous laissez vous porter un petit peu ? Par. Par l'humeur ? Par. Par le temps ? Par le quotidien ? Quelles sont vos pratiques d'écriture ?

00:04:46:23 - 00:05:05:22

Intervenant 2

Je suis quand même assez réglé, en gros. Concrètement, j'écris le matin de 10 à 14 à peu près, puis après je fais autre

chose. Ça, ça peut bouger. J'ai besoin de sa stabilité. Je dirais qu'il y a une chose qui a changé, c'est qu'il y a trois ans, j'arrive pas à lire de roman. Quand j'écrivais, je, ça s'éteignait sur moi et ça restait un peu comme des taches de café.

00:05:06:03 - 00:05:19:08

Victor Jestin

Sur le texte, on reconnaissait les livres que j'avais lu à tel ou tel moment là. Maintenant, j'arrive à le faire. J'arrive à peu près à me détacher. Ce qui, peut être, veut dire que je suis un peu plus serein sur ma propre écriture, que je suis moins influençable. Je pense que c'est ça.

00:05:19:13 - 00:05:33:21

Philippe Chauveau

Et l'écriture aujourd'hui que vous procure t elle ? Elle vous apaise, elle, vous ? Elle vous permet de vous révolter. Qu'avez vous envie de transmettre ? Et finalement, vous même, en tant qu'individu, que vous procure t elle du plaisir ?

00:05:34:09 - 00:05:50:08

Victor Jestin

Non, c'est vraiment pour ça qu'on écrit. J'aime le monde, j'écris, je suis bien. Après, ça peut être compliqué évidemment. Mais globalement, je suis bien, un peu comme un enfant qui joue. Je compare ça. La notion du temps. Quand on écrit, elle est très vague, on perd un peu ses repères. Et cet état qui est un état du jeu d'un enfant qui triture chez Lego.

00:05:50:21 - 00:06:13:09

Victor Jestin

Ça, moi, j'aime beaucoup ça. Donc, pour être honnête, j'écris quasiment que pour ça, parce que j'aime ça. Après, j'aimerais bien, je veux être publié. Je veux que ça marche un peu pour pouvoir ne faire que ça précisément pour que ce soit rentable. On va dire après moi. Autre chose, évidemment que j'aimerais, c'est acquérir une sorte de puissance suffisante pour faire porter la voix sur d'autres choses, par exemple.

00:06:13:10 - 00:06:24:03

Victor Jestin

Politiquement, moi, ça me plairait un jour d'écrire dans les journaux, par exemple dans une chronique, de donner mon avis, de se peser un peu sur les choses que je veux, pas juste mon plaisir.

00:06:24:20 - 00:06:30:24

Philippe Chauveau

C'est votre vision de l'écrivain, son rôle dans la société, c'est c'est ça aussi, c'est poser sur le débat public ?

00:06:30:24 - 00:06:48:18

Victor Jestin

Non, pas forcement. Il y en a plusieurs, je pense, sur des écrivains qui sont des écrivains de l'intime, qui nous éclairent, sur d'autres sont très politisés, d'autres encore autre chose. On est là juste pour nous donner, nous tendons nous faire rire. Je pense que je devais dire un rôle d'écrivain. C'est juste faire de bons chiffres. En fait, c'est tout.

00:06:48:22 - 00:06:51:14

Victor Jestin

Il y a plein de bons livres différents.

00:06:51:20 - 00:07:01:04

Philippe Chauveau

On peut faire des bons livres. Je pense que vous en prenez en tout cas le chemin pour être un écrivain qui va faire sa place. L'homme qui danse, c'est votre actualité. Et vous êtes publié aux éditions Flammarion.

00:00:05:14 - 00:00:29:04

Philippe Chauveau

Bonjour Victor Jestin. L'homme qui danse, c'est aux éditions Flammarion. L'homme qui danse, c'est un peu vous parce que tout se passe plutôt pas mal. C'est le deuxième roman. Il y a vu la chaleur il y a trois ans maintenant, avec plusieurs récompenses le prix de la vocation, le prix Fémina des lycéens, le prix Ouest, le deuxième roman. On a tendance à dire que pour un auteur, c'est toujours un passage, un petit peu, un petit peu compliqué, qu'il y a de l'appréhension.

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Philippe Chauveau

Ça a été votre votre cas. Comment avez vous appréhendé justement ce deuxième roman ?

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Victor Jestin

Oui, je trouve ça vraiment déjà dans l'écriture. L'écriture du premier, j'étais vierge de toute expérience littéraire avant, donc je n'avais aucun élément de comparaison. Et là, je me retrouve en effet en deuxième, a sans cesse me rappeler de comment j'ai écrit le premier. Ça, c'était déjà un peu difficile. Et puis la sortie, on m'avait prévenu aussi qu'on était plus nouveau et qu'on n'était pas encore ancien.

00:00:55:03 - 00:01:04:11

Victor Jestin

C'est dans une zone un peu trouble ou il serait peut être plus difficile de donner vie au livre que de le faire exister. Mais il y a quand même de bonnes nouvelles qui sont tombées, donc ça va. Je suis content.

00:01:04:19 - 00:01:19:21

Philippe Chauveau

Parce qu'effectivement l'homme qui dansait est sélectionné sur sur plusieurs prix. Mais néanmoins, vous vous sentez ? Je vais employer des mots qui sont peut être un peu un peu crus. Mais vous vous sentez un peu attendu au tournant par rapport au succès de la chaleur du premier titre ou c'est plutôt bienveillant ?

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Victor Jestin

C'est bien, mais là ou je me rends compte qu'on m'attend au tournant, c'est simplement des gens qui ont lu premier et qui sont curieux du deuxième. J'ai que j'ai ressenti aucune malveillance.

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Philippe Chauveau

Donc ça, c'est déjà. C'est déjà un point positif. Justement, avec la chaleur, vous avez eu l'occasion d'aller beaucoup en salon, en médiathèque, en librairie. Vous n'avez pas boudé votre plaisir dans la rencontre avec le lecteur ? Ça vous a apporté quoi ? Puisqu'on le sait ? L'auteur est quand même souvent un peu solitaire. Seul face à face à sa page blanche.

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Philippe Chauveau

Ça vous a enrichi cette cette rencontre avec le lectorat ?

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Victor Jestin

Oui, ça m'a permis de réfléchir à mon travail. Il y a un curieux phénomène que je comprends, ce que j'ai écrit tardivement, en en parlant, en essayant d'en parler, de me déplacer. À ce propos, je joue. Finalement, je le comprends. Ce que j'ai écrit bien longtemps après l'avoir écrit et les rencontres avec des gens, notamment avec des lycéens.

00:02:09:05 - 00:02:18:03

Victor Jestin

C'est ce que je retiens, surtout avec des gens qui n'ont aucun filtre, qui posent des questions parfois violentes ou crues et finalement très pertinentes. Ça me permet de comprendre ce que je fais.

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Philippe Chauveau

Ça veut dire que ça vous fait mûrir. Et votre écriture et ça vous fait gagner vous aussi en maturité ?

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Victor Jestin

Oui, alors déjà humainement, de croiser plein de gens, d'aller dans plein de vie, ça, c'est très riche. Alors que je pense que le quotidien d'un écrivain est plutôt très pauvre humainement puisqu'on est seul au même endroit. Et puis sur l'écriture, oui, bien sûr, ça me fait réfléchir et réfléchir à mon travail.

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Philippe Chauveau

Est ce que votre regard sur sur la société et sur l'univers littéraire a changé ? J'imagine que oui. Alors en quoi justement votre regard a t il pu changer ? Entre le Victor Jestin juste avant la publication du premier roman et Victor Jestin Maintenant avec ça, l'auteur de ce second roman.

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Victor Jestin

Regard sur le monde. J'espère qu'il s'est juste affuté avec les années, avec un petit peu d'expérience en regard sur le monde littéraire. Ça, je l'ai découvert, je ne connaissais vraiment rien. Tout ce qu'on m'annonçait, je découvrais il y a trois ans. Maintenant, j'ai un peu plus de repères, juste un peu plus. Et ça, je pense, c'est plutôt désagréable.

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Victor Jestin

Je préférerais ne pas savoir enfin ne pas savoir comment ça fonctionnait. L'articulation entre la presse, les libraires, les prix. Enfin, j'aimais bien cet état de naïveté que j'avais il y a trois ans. Il faudrait le retrouver tout oublié, ou alors juste ne pas y penser et écrire. Et voilà, c'est ça qu'il y a à faire.

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Philippe Chauveau

Une vision très très honnête du monde de la littérature. Alors justement, on parle aussi du cinéma parce que ça aussi, c'est un monde qui n'est pas forcément facile. On sait que vous avez fait des études de sciences sur les images, sur l'image. Vous avez réalisé des courts métrages, co-réalisé aussi des courts métrages et participé à des à des scénarii.

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Philippe Chauveau

Le cinéma fait il encore partie de votre parcours de vie ou bien avez vous laissé un petit peu de côté pour vous consacrer à l'écriture romanesque ?

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Victor Jestin

Il en fait partie. En tant que scénariste, je coécrit des scénarios de longs métrages, essentiellement avec des gens que j'aime, des amis, des proches. J'essaie de faire ça maintenant. Si je pouvais dans ma vie me consacrer uniquement au livre, je le ferais. C'est une question financière. Il y a un équilibre que je tiens entre scénario et roman. Le scénario m'intéresse quand même beaucoup moins puisque précisément il est question d'image et c'est pas du tout ma culture.

00:04:13:18 - 00:04:29:24

Victor Jestin

Moi, ce que j'aime, c'est les mots. D'ailleurs, quand j'écris, je visualise rien. Il n'y a pas d'images. Pour moi, dans la littérature, c'est autre chose. Donc le scénario qui on doit sans cesse écrire ce qui sera à l'écran, c'est que ça fait un travail qui n'est pas du tout littéraire et qui m'intéresse quand même beaucoup moins.

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Philippe Chauveau

Sur l'écriture de ce deuxième roman. Avez vous l'impression que vous avez travaillé de la même façon pour le premier ? Avez vous commencé à prendre des habitudes d'auteur ou vous laissez vous porter un petit peu ? Par. Par l'humeur ? Par. Par le temps ? Par le quotidien ? Quelles sont vos pratiques d'écriture ?

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Intervenant 2

Je suis quand même assez réglé, en gros. Concrètement, j'écris le matin de 10 à 14 à peu près, puis après je fais autre

chose. Ça, ça peut bouger. J'ai besoin de sa stabilité. Je dirais qu'il y a une chose qui a changé, c'est qu'il y a trois ans, j'arrive pas à lire de roman. Quand j'écrivais, je, ça s'éteignait sur moi et ça restait un peu comme des taches de café.

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Victor Jestin

Sur le texte, on reconnaissait les livres que j'avais lu à tel ou tel moment là. Maintenant, j'arrive à le faire. J'arrive à peu près à me détacher. Ce qui, peut être, veut dire que je suis un peu plus serein sur ma propre écriture, que je suis moins influençable. Je pense que c'est ça.

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Philippe Chauveau

Et l'écriture aujourd'hui que vous procure t elle ? Elle vous apaise, elle, vous ? Elle vous permet de vous révolter. Qu'avez vous envie de transmettre ? Et finalement, vous même, en tant qu'individu, que vous procure t elle du plaisir ?

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Victor Jestin

Non, c'est vraiment pour ça qu'on écrit. J'aime le monde, j'écris, je suis bien. Après, ça peut être compliqué évidemment. Mais globalement, je suis bien, un peu comme un enfant qui joue. Je compare ça. La notion du temps. Quand on écrit, elle est très vague, on perd un peu ses repères. Et cet état qui est un état du jeu d'un enfant qui triture chez Lego.

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Victor Jestin

Ça, moi, j'aime beaucoup ça. Donc, pour être honnête, j'écris quasiment que pour ça, parce que j'aime ça. Après, j'aimerais bien, je veux être publié. Je veux que ça marche un peu pour pouvoir ne faire que ça précisément pour que ce soit rentable. On va dire après moi. Autre chose, évidemment que j'aimerais, c'est acquérir une sorte de puissance suffisante pour faire porter la voix sur d'autres choses, par exemple.

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Victor Jestin

Politiquement, moi, ça me plairait un jour d'écrire dans les journaux, par exemple dans une chronique, de donner mon avis, de se peser un peu sur les choses que je veux, pas juste mon plaisir.

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Philippe Chauveau

C'est votre vision de l'écrivain, son rôle dans la société, c'est c'est ça aussi, c'est poser sur le débat public ?

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Victor Jestin

Non, pas forcement. Il y en a plusieurs, je pense, sur des écrivains qui sont des écrivains de l'intime, qui nous éclairent, sur d'autres sont très politisés, d'autres encore autre chose. On est là juste pour nous donner, nous tendons nous faire rire. Je pense que je devais dire un rôle d'écrivain. C'est juste faire de bons chiffres. En fait, c'est tout.

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Victor Jestin

Il y a plein de bons livres différents.

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Philippe Chauveau

On peut faire des bons livres. Je pense que vous en prenez en tout cas le chemin pour être un écrivain qui va faire sa place. L'homme qui danse, c'est votre actualité. Et vous êtes publié aux éditions Flammarion.