Voilà une auteur discrète mais qui, doucement, se fait un nom. Dominique Barbéris a publié son 1er roman en 1996 et au fil de ses livres, elle tisse ce que l’on peut appeler une œuvre. « L’heure exquise », « Les kangourous », « Ce qui s’enfuit » ou plus récemment « La vie en marge » sont quelques-uns de ses titres. A chaque fois, des personnages à la psychologie ciselée, au bord d’un abîme, en butte avec des souvenirs et toujours, des paysages, des sensations, la description d’émotions subtiles et...
Dominique Barbéris de Dominique Barbéris - Présentation - Suite
Philippe Chauveau : Bonjour Dominique Barbéris, merci d'être avec nous.
Dominique Barbéris : Bonjour.
Philippe Chauveau : Votre actualité, « L'année de l'Éducation sentimentale », aux éditions Gallimard. Vous tracez votre sillon dans l'univers littéraire. Pourquoi ce goût de l'écrit dans votre vie? Dominique Barbéris : Pour beaucoup de raisons ! J'ai fait des études de lettre, j'enseigne, d'ailleurs. Depuis toujours cela m'accompagne, cette idée d'écrire. J'ai mis du temps avant de proposer quelque chose et du temps...
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Philippe Chauveau : Dans ce nouveau roman, nous sommes au mois d'août, et nous avons Muriel qui, sur un quai de gare de province, attend deux amies de jeunesse, Anne et Florence. Elles viennent passer quelques jours chez cette amie, on va ensuite les retrouver dans le jardin de la maison à la campagne. C'est le point de départ de votre joli et mélancolique roman. Qui sont ces trois femmes?
Dominique Barbéris : Ce sont des amies de fac qui ont une cinquantaine d'années, qui se sont perdues de vues et qui, invitées par Muriel, vont...
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Dominique Barbéris
L'année de l'Éducation sentimentale
Présentation 2'08"Voilà une auteur discrète mais qui, doucement, se fait un nom. Dominique Barbéris a publié son 1er roman en 1996 et au fil de ses livres, elle tisse ce que l’on peut appeler une œuvre. « L’heure exquise », « Les kangourous », « Ce qui s’enfuit » ou plus récemment « La vie en marge » sont quelques-uns de ses titres. A chaque fois, des personnages à la psychologie ciselée, au bord d’un abîme, en butte avec des souvenirs et toujours, des paysages, des sensations, la description d’émotions subtiles et fugaces. Voilà le travail d’écriture de Dominique Barbéris. Un travail qui est une passion et une passion qu’elle sait partager en donnant des cours à la Sorbonne et en animant des ateliers d’écriture. Avec ce nouveau titre « L’année de l’Education sentimentale », nous rencontrons trois femmes. Muriel, Anne et Florence. Elles étaient étudiantes au début des années 80, plus ou moins amoureuses de leur prof de littérature, en fac, qui leur fit lire le roman de Flaubert. Les années ont passé, elles ont gardé le contact sans se voir très souvent et les voilà réunis un après-midi d’été dans la maison de campagne de l’une d’elles. Mais le temps a fait son œuvre. Passée la joie des retrouvailles, qu’ont-elles à se dire, iront-elles au-delà de propos banals et futiles ? Au fil des heures, les sourires se font plus las, les petites rivalités de jeunesse ressurgissent et vient le moment des bilans. La vie a passé bien vite, qu’en ont-elles fait ? Un paysage de campagne écrasé de chaleur, le bruit des grillons, le souffle du vieux chien de la famille, la poire qui tombe sur l’herbe, le pied nu qui cherche un peu de fraîcheur sur la dalle de pierre. Autant de petits riens qui forment le décor de ce huis-clos de plein air, empreint de mélancolie. Nos trois femmes qui se veulent amies se perdent dans leurs souvenirs et dans leur solitude. Et déjà, alors que la nuit tombe, le vent dans les arbres annoncent l’orage. « L’année de l’Education sentimentale », de Dominique Barbéris est publié chez Gallimard.
Voilà une auteur discrète mais qui, doucement, se fait un nom. Dominique Barbéris a publié son 1er roman en 1996 et au fil de ses livres, elle tisse ce que l’on peut appeler une œuvre. « L’heure exquise », « Les kangourous », « Ce qui s’enfuit » ou plus récemment « La vie en marge » sont quelques-uns de ses titres. A chaque fois, des personnages à la psychologie ciselée, au bord d’un abîme, en butte avec des souvenirs et toujours, des paysages, des sensations, la description d’émotions subtiles et fugaces. Voilà le travail d’écriture de Dominique Barbéris. Un travail qui est une passion et une passion qu’elle sait partager en donnant des cours à la Sorbonne et en animant des ateliers d’écriture. Avec ce nouveau titre « L’année de l’Education sentimentale », nous rencontrons trois femmes. Muriel, Anne et Florence. Elles étaient étudiantes au début des années 80, plus ou moins amoureuses de leur prof de littérature, en fac, qui leur fit lire le roman de Flaubert. Les années ont passé, elles ont gardé le contact sans se voir très souvent et les voilà réunis un après-midi d’été dans la maison de campagne de l’une d’elles. Mais le temps a fait son œuvre. Passée la joie des retrouvailles, qu’ont-elles à se dire, iront-elles au-delà de propos banals et futiles ? Au fil des heures, les sourires se font plus las, les petites rivalités de jeunesse ressurgissent et vient le moment des bilans. La vie a passé bien vite, qu’en ont-elles fait ? Un paysage de campagne écrasé de chaleur, le bruit des grillons, le souffle du vieux chien de la famille, la poire qui tombe sur l’herbe, le pied nu qui cherche un peu de fraîcheur sur la dalle de pierre. Autant de petits riens qui forment le décor de ce huis-clos de plein air, empreint de mélancolie. Nos trois femmes qui se veulent amies se perdent dans leurs souvenirs et dans leur solitude. Et déjà, alors que la nuit tombe, le vent dans les arbres annoncent l’orage. « L’année de l’Education sentimentale », de Dominique Barbéris est publié chez Gallimard.
Dominique Barbéris
L'année de l'Éducation sentimentale
Portrait 6'44"Philippe Chauveau : Bonjour Dominique Barbéris, merci d'être avec nous.
Dominique Barbéris : Bonjour.
Philippe Chauveau : Votre actualité, « L'année de l'Éducation sentimentale », aux éditions Gallimard. Vous tracez votre sillon dans l'univers littéraire. Pourquoi ce goût de l'écrit dans votre vie? Dominique Barbéris : Pour beaucoup de raisons ! J'ai fait des études de lettre, j'enseigne, d'ailleurs. Depuis toujours cela m'accompagne, cette idée d'écrire. J'ai mis du temps avant de proposer quelque chose et du temps avant d'être publiée aussi. Je crois que j'ai senti qu'il fallait du temps pour mettre au point l'instrument, pour être capable d'arriver à exprimer ce que je voulais à travers la langue, ce qui est quand même au centre de mon travail, cette recherche d'une puissance.
Philippe Chauveau : Avant l'écriture, il y a la lecture, peut-être des auteurs vous ont-ils incitée, vous ont donné envie?
Dominique Barbéris : Naturellement. Oui beaucoup. Flaubert, qui m'accompagne depuis toujours. Beaucoup d'auteurs du XIXe siècle, beaucoup d'auteurs anglais, je suis une grande lectrice de la littérature anglaise.
Philippe Chauveau : Vous avez vous même travaillé sur des auteurs étrangers?
Dominique Barbéris : Oui, j'ai moi-même travaillé là-dessus, j'ai un peu hésité à faire des études d'anglais. J'aime beaucoup les romanciers du XIXe siècle. Quand j'étais jeune, j'ai eu une passion pour Fromentin, un auteur complètement oublié, l'auteur de « Dominique », un livre dans lequel je me reconnaissais.
Philippe Chauveau : Justement, quand on parle des auteurs classiques, entre autres ceux du XIXe, vous avez travaillé sur ces auteurs, vous avez collaboré à des ouvrages, vous avez travaillé sur des préfaces.
Dominique Barbéris : Oui, j'ai préfacé les « Voyages » de Flaubert. Mais finalement j'ai fait d'avantage de préfaces sur la littérature anglaise. Je ne me suis pas spécialisée dans ma profession parce que quand j'ai terminé mes études, le goût des lettres n'appelait pas chez moi le goût de la recherche.
Philippe Chauveau : Et lorsque vous préfacez des ouvrages sur des auteurs classiques c'est aussi l'envie du partage, de faire découvrir tel ou tel auteur?
Dominique Barbéris : Il y a des hasards, on m'a proposé des préfaces. J'ai préfacé « Le Grand Meaulnes », « Jane Eyre » de Charlotte Brontë. La préface est un exercice très libre. On parle d'un roman et en même temps on est très libre, c'est un exercice d'admiration et d'écriture, une espèce d'ouverture d'un livre, cela me correspond assez bien.
Philippe Chauveau : A quel moment le déclic arrive-t-il? Lorsque vous publiez « La ville » chez Arléa ?
Dominique Barbéris : J'ai commencé à écrire assez tôt, après mes études. J'ai eu un refus qui m'a beaucoup déstabilisé, après j'ai un peu tâtonné dans ma carrière; j'ai voulu quitté l'enseignement, j'ai travaillé dans un groupe d'assurances dont j'ai rapporté un peu plus tard un roman qui s'appelle « Les Kangourous ». J'ai eu des années où je n'avais pas de disponibilité pour écrire et je m’y suis remise quand j'étais dans l'assurance, parce que tous les ponts étaient coupés avec la littérature et je n'avais que ce moyen là de la retrouver. Je ne me sentais pas à ma place, je faisais de la communication, et je me suis remise à écrire. A ce moment là j'ai avancé, j'ai proposé quelque chose qui a fait le tour des maisons d'édition et qui a été accepté. A partir de ce moment là je me suis dit « ce sera ta carrière réelle ».
Philippe Chauveau : Il est important de rappeler que vous enseignez, vous proposez des ateliers d'écriture. Là encore, le goût du partage?
Dominique Barbéris : Oui, ça fait un moment déjà, on a ouvert des ateliers à la Sorbonne et je me suis dit que j'avais une certaine légitimité. Comme j'avais déjà publié, je me suis proposée, et depuis, une bonne partie de mon enseignement est dédié à ces ateliers. Des ateliers intégrés à une licence qui permettent d'avoir une relation que je trouve très agréable avec les étudiants, à qui je peux dire des choses sur l'écriture, qui sont très réceptifs ; on publie des textes de nos ateliers. Par rapport à des cours, la relation n'est pas la même.
Philippe Chauveau : « L'année de l'Éducation sentimentale » est déjà votre neuvième roman. Il y a une sorte de fil rouge, c'est la psychologie des personnages, ce sont les paysages qui sont très importants, parfois vous glissez une intrigue ou quelques meurtres mais qui sont toujours en toile de fond. La psychologie des personnages et le paysage sont pour vous l'essentiel?
Dominique Barbéris : Oui et je commencerais peut-être par le paysage. A chaque fois je pars de paysages dans lesquels je voyais une ombre, et le roman naît de ces questions que vous posent ces paysages. Les personnages qui se développent dans un paysage ressemblent à ce paysage.
Philippe Chauveau : Ce sont surtout des émotions que vous avez envie de transcrire sous la plume romanesque?
Dominique Barbéris : Oui probablement, des émotions et des choses qui sont sensibles à la vue. Aussi, à travers ces paysages, il y a un autre sujet qui me préoccupe et qui va passer dans la psychologie des personnages c'est le temps, la conscience du temps. Au fond la plupart de mes romans sont situés à des moments charnières.
Philippe Chauveau : Votre actualité Dominique Barbéris, votre 9e roman : « L'année de l'Éducation sentimentale » chez Gallimard.
Dominique Barbéris
L'année de l'Éducation sentimentale
Livre 5'01"Philippe Chauveau : Dans ce nouveau roman, nous sommes au mois d'août, et nous avons Muriel qui, sur un quai de gare de province, attend deux amies de jeunesse, Anne et Florence. Elles viennent passer quelques jours chez cette amie, on va ensuite les retrouver dans le jardin de la maison à la campagne. C'est le point de départ de votre joli et mélancolique roman. Qui sont ces trois femmes?
Dominique Barbéris : Ce sont des amies de fac qui ont une cinquantaine d'années, qui se sont perdues de vues et qui, invitées par Muriel, vont trouver l'occasion de se revoir et d'échanger, de se rappeler quelques souvenirs.
Philippe Chauveau : Ce sont ces amis que l'on a gardé en mémoire, que l'on est heureux de retrouver mais très vite on n'a plus grand chose à se dire parce que le temps a passé, les souvenirs ne sont plus les mêmes, parfois il y a même quelques rivalités qui resurgissent. Il y a ces vacances en Italie, ce professeur de fac un peu trop séduisant face à ces jeunes filles et il y a aussi parfois des souvenirs douloureux qui refont surface.
Dominique Barbéris : C'est vrai qu'elles évoquent avec beaucoup de nostalgie un voyage en Italie, des cours qu'elles ont suivis et notamment un cours sur « L’Education sentimentale » qui donne son titre au roman. Très vite apparaissent toutes sortes de petites choses qui les ont opposées, qui les ont rendues rivales, et tout cela va ressurgir dans la conversation au point qu'elles s'aperçoivent qu'elles n'ont plus grand chose à se dire ou qu'elles n'arrivent pas à se dire beaucoup de choses.
Philippe Chauveau : Il y a beaucoup de non-dits entre ces trois femmes
Dominique Barbéris : Voilà, beaucoup de non-dits. Il n'y a pas beaucoup d'intersections entre notre monde et celui des autres, en tout cas la conversation fait surgir toutes sortes de petites failles et d'incompréhensions. Avec ces trois femmes, il y a le fils de l’une d'entre elles, Hugo, qui est un jeune homme charmant ; il représente pour elles la jeunesse qu'elles ont perdue. Elles sont heureuses d'être avec lui.
Philippe Chauveau : A la lecture de ce roman j'ai retrouvé l'esprit des films de Claude Sautet. Avec ces personnages qui ont des psychologies très fouillées, détaillées. C'est ce que vous aimez faire, aller dans la psychologie de vos héros?
Dominique Barbéris : C'est vrai, il ne se passe pas grand-chose, tout tient dans la conversation, dans ce dialogue qui fait mesurer le passage du temps.
Philippe Chauveau : Comme dans chacun de vos romans, l'ambiance est importante, nous sommes dans une maison à la campagne avec des prés, des champs, une forêt tout autour, la météo aussi a une importance dans l'intrigue. Et vous aimez nous raconter des ambiances, des détails, les premières gouttes de cette pluie chaude d'été, cette poire qui tombe dans l'herbe... Comment travaillez-vous ces petits détails du quotidien qui font votre roman?
Dominique Barbéris : Je travaille beaucoup la sensation. Il s'agit de faire ressentir pleinement cette nuit d'été, il y a cette présence de la nature qui est très difficile à dire et qui est au coeur de mon travail, c'est vrai.
Philippe Chauveau : Lorsque vous évoquez Flaubert, « L'éducation sentimentale », il y a ce professeur de faculté qui dit du roman de Flaubert : « un roman dans lequel rien ne se passe. Rien n'arrive... Pas de sujet. Rien de décisif, la vie, n'est-ce pas, la vie... » Est-ce que votre roman ce n'est pas aussi un peu ça?
Dominique Barbéris : Oui c'est un peu une manière de parler de mon roman même si je n'ai pas réécrit « L'éducation sentimentale », je n'ai pas du tout cette ambition là. Mais c'est très exactement ce que je cherche, cerner la vie dans ce qu'elle a de plus ordinaire, d'amener à ces points névralgiques où quelque chose de ce que nous sommes, de ce que nous vivons, devient sensible.
Philippe Chauveau : Une beauté mélancolique, ce serait une bonne définition de votre roman?
Dominique Barbéris : J'aimerais bien oui.
Philippe Chauveau : Alors on va dire ça, c'est ainsi que je l'ai lu. C'est à la fois beau et mélancolique, « L'année de l'Éducation sentimentale », chez Gallimard. Merci beaucoup.
Dominique Barbéris : Merci.