Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Né en France, Mathieu Belezi a vécu en Inde, en Louisiane avant de rejoindre l'Italie. L'auteur a t-il des racines ou s'adapte t-il aux pays où il pose ses valises. Le déracinement, l'exil, l'appartenance à une terre, il en est, en tout cas, fortement question dans le nouveau roman de Mathieu Belezi, publié aux éditions Albin Michel, « C'était notre terre ». Un domaine immense au cœur de l'Algérie des années 50, une famille emportée dans les méandres de l'histoire et au final un...
C'était notre terre de Mathieu Belezi - Présentation - Suite
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Mathieu Belezi, Limoges, ça c'était votre naissance et puis il y a eu la Louisiane, l'Inde, aujourd'hui il y a l'Italie, d'abord les Pouilles et aujourd'hui Rome. Pourquoi ce besoin de changer de décor, d'univers ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Moi, j'ai un tempérament nomade donc j'aime bien bouger. Au bout de 2 ans dans un endroit, je m'ennuie. Donc voilà, je voyage et j'ai besoin de ça pour écrire. J'ai besoin de me retrouver avec un nouveau lieu, une nouvelle...
C'était notre terre de Mathieu Belezi - Portrait - Suite
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Mathieu Belezi, merci d'être avec nous sur Web TV Culture à l'occasion de la sortie chez Albin Michel de votre nouveau roman « C'était notre terre ». Nous sommes en pleine guerre d'Algérie, qu'est ce qui vous a donné envie d'écrire sur cette période ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Je pense que c'est une période importante dans l'histoire de la France, et je trouve que la littérature s'en est peu occupée, donc j'avais envie de m'y atteler mais bon, avec beaucoup d'humilité...
C'était notre terre de Mathieu Belezi - Le livre - Suite
Philippe Leconte
Librairie « Le livre écarlate »
31 rue du moulin vert
75014 Paris
01 45 42 75 30
lelivreecarlate@wanadoo.fr
C’est surtout quelqu’un qui travaille pour l’écriture. C’est quelqu’un qui, pour ce, a accepté de tout sacrifier. Il écrit parce que c’est une nécessité, je crois même que c’est une obligation, une force, quelque chose qui le pousse et qui fait qu’il vit dans le sud de l’Italie, il vit en dehors du monde, il vit pour l’écriture.
J’ai toujours connu dans son œil une...
C'était notre terre de Mathieu Belezi - L'avis du libraire - Suite
Mathieu Belezi
C'était notre terre
Présentation 00'53"Mathieu Belezi
C'était notre terre
Portrait 4'02Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Moi, j'ai un tempérament nomade donc j'aime bien bouger. Au bout de 2 ans dans un endroit, je m'ennuie. Donc voilà, je voyage et j'ai besoin de ça pour écrire. J'ai besoin de me retrouver avec un nouveau lieu, une nouvelle liberté.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Est ce que cela signifie que finalement il n'y a pas de racines pour vous, que l'on construit ses racines là où l'on passe ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Oui, c'est vrai que je n'ai jamais senti trop de racines. Mais je sens en Méditerranée un territoire pour moi, un territoire littéraire certainement.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Finalement est ce que ce sont les livres qui vous attachent, est ce que ce sont les auteurs que vous emmenez avec vous dans vos malles qui sont le lien entre tous ces univers ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Sans doute parce que quand je change de région j'ai toujours une malle de livres avec les même auteurs : Faulkner, Malcolm Lowry, des gens comme ça. Ce sont eux mes racines, je crois. L'écrivain qui m'a vraiment donné envie d'écrire c'est incontestablement Faulkner. A un moment je me suis dis : « il faut que je m'essaye. Que j'essaye de voir si je suis capable d'en faire autant ».
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Quel lecteur êtes - vous finalement lorsque vous prenez un livre d'un autre auteur ? Que recherchez-vous dans la lecture ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Un style d'abord, évidemment. Je crois qu'on peut raconter n'importe quelle histoire, ça n'a pas une très grande importance, c'est la façon dont on la raconte qui fait l'écrivain. Donc souvent j'ouvre un livre, je lis les deux ou trois premières pages et je sais si j'ai à faire à un écrivain, par rapport au style qui est là présent ou pas présent dans ces premières pages.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : On dit que vous avez une écriture très musicale, est-ce finalement un adjectif que vous revendiquez ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Tout à fait, oui. J'ai besoin, absolument, de cette musicalité là. Une fois que le livre a été terminé, je l'ai relu 3 ou 4 fois, à haute voix, parce que c'est à haute voix que l'on peut au mieux se rendre compte de la musicalité de la phrase. On va voir s'il y a un adjectif en trop, une phrase bancale… J'ai absolument besoin de cette précision là.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Lorsque vous terminez un livre, est-ce une délivrance ? Un déchirement ? Un contentement ? Vous le vivez comment ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Il y a une sorte de contentement quand même parce qu'on a été au bout de quelque chose, là c'était un roman de 480 pages, j'ai mis à peu prés 5 ans à l'écrire. Et je ne savais pas si j'irais au bout parce que c'était un sujet plutôt délicat, l'Algérie coloniale. J'ai longtemps hésité à me lancer là-dedans parce que c'est quand même un domaine risqué. Et puis je me suis lancé, je me suis dit : « Tans pis, on verra ». Il faut prendre ce risque. En tant qu'écrivain, je crois que de temps en temps il faut marcher sur la corde raide.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : on reparlera plus précisément de votre livre dans la 2e partie de notre entretien, avez-vous besoin d'un certain laps de temps entre la fin d'un livre et le début de l'écriture du prochain ? O u est ce que vous arrivez à mener plusieurs projets de front ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : J'en écris un autre que j'ai commencé très rapidement, toujours sur l'Algérie coloniale. J'avais un autre projet qui était là, qui était démarré en plus. Sinon rester dans le vide d'un livre qui paraît sans savoir ce que l'on va faire derrière c'est un peu angoissant. Donc j'ai besoin d'avoir les bases, plus que les bases même d'un autre livre au moment où je fais la promotion de l'ancien.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Mathieu Belezi, « C'était notre terre », chez Albin Michel.
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Moi, j'ai un tempérament nomade donc j'aime bien bouger. Au bout de 2 ans dans un endroit, je m'ennuie. Donc voilà, je voyage et j'ai besoin de ça pour écrire. J'ai besoin de me retrouver avec un nouveau lieu, une nouvelle liberté.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Est ce que cela signifie que finalement il n'y a pas de racines pour vous, que l'on construit ses racines là où l'on passe ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Oui, c'est vrai que je n'ai jamais senti trop de racines. Mais je sens en Méditerranée un territoire pour moi, un territoire littéraire certainement.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Finalement est ce que ce sont les livres qui vous attachent, est ce que ce sont les auteurs que vous emmenez avec vous dans vos malles qui sont le lien entre tous ces univers ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Sans doute parce que quand je change de région j'ai toujours une malle de livres avec les même auteurs : Faulkner, Malcolm Lowry, des gens comme ça. Ce sont eux mes racines, je crois. L'écrivain qui m'a vraiment donné envie d'écrire c'est incontestablement Faulkner. A un moment je me suis dis : « il faut que je m'essaye. Que j'essaye de voir si je suis capable d'en faire autant ».
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Quel lecteur êtes - vous finalement lorsque vous prenez un livre d'un autre auteur ? Que recherchez-vous dans la lecture ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Un style d'abord, évidemment. Je crois qu'on peut raconter n'importe quelle histoire, ça n'a pas une très grande importance, c'est la façon dont on la raconte qui fait l'écrivain. Donc souvent j'ouvre un livre, je lis les deux ou trois premières pages et je sais si j'ai à faire à un écrivain, par rapport au style qui est là présent ou pas présent dans ces premières pages.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : On dit que vous avez une écriture très musicale, est-ce finalement un adjectif que vous revendiquez ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Tout à fait, oui. J'ai besoin, absolument, de cette musicalité là. Une fois que le livre a été terminé, je l'ai relu 3 ou 4 fois, à haute voix, parce que c'est à haute voix que l'on peut au mieux se rendre compte de la musicalité de la phrase. On va voir s'il y a un adjectif en trop, une phrase bancale… J'ai absolument besoin de cette précision là.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Lorsque vous terminez un livre, est-ce une délivrance ? Un déchirement ? Un contentement ? Vous le vivez comment ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Il y a une sorte de contentement quand même parce qu'on a été au bout de quelque chose, là c'était un roman de 480 pages, j'ai mis à peu prés 5 ans à l'écrire. Et je ne savais pas si j'irais au bout parce que c'était un sujet plutôt délicat, l'Algérie coloniale. J'ai longtemps hésité à me lancer là-dedans parce que c'est quand même un domaine risqué. Et puis je me suis lancé, je me suis dit : « Tans pis, on verra ». Il faut prendre ce risque. En tant qu'écrivain, je crois que de temps en temps il faut marcher sur la corde raide.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : on reparlera plus précisément de votre livre dans la 2e partie de notre entretien, avez-vous besoin d'un certain laps de temps entre la fin d'un livre et le début de l'écriture du prochain ? O u est ce que vous arrivez à mener plusieurs projets de front ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : J'en écris un autre que j'ai commencé très rapidement, toujours sur l'Algérie coloniale. J'avais un autre projet qui était là, qui était démarré en plus. Sinon rester dans le vide d'un livre qui paraît sans savoir ce que l'on va faire derrière c'est un peu angoissant. Donc j'ai besoin d'avoir les bases, plus que les bases même d'un autre livre au moment où je fais la promotion de l'ancien.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Mathieu Belezi, « C'était notre terre », chez Albin Michel.
Mathieu Belezi
C'était notre terre
Le livre 5'00Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Je pense que c'est une période importante dans l'histoire de la France, et je trouve que la littérature s'en est peu occupée, donc j'avais envie de m'y atteler mais bon, avec beaucoup d'humilité en même temps. Je me disais :« Est ce que t'en es capable ? », c'est quand même un sujet extrêmement sensible. Je suis resté plusieurs années comme ça, à tourner autour de cette idée sans oser me décider. Et puis à un moment donné, quand j'ai senti quelques personnages en moi qui étaient en train de prendre corps, chair et sang, je me suis dit : « Bon tu vas essayer d'y aller, donne leur la parole et lance toi ! ». Pour cela j'ai quitté la France, j'avais besoin d'une grande distance, je suis parti dans le sud de l'Italie et j'ai commencé à écrire ce texte avec cette liberté physique et une liberté intellectuelle en même temps.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : « C'était notre terre » : une famille, une famille de colons installée sur un immense domaine de 653 hectares, un domaine qui a un nom bien particulier « Montaigne ». Cette famille va être emporté dans le tourbillon de l'histoire, obligée de s'exiler, pourquoi avoir choisit ce nom de Montaigne ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Le livre se passe dans une région qui s'appelle le Dahra. Le Dahra est une région de plateau entre Alger et Oran. Je m'étais aperçu, en regardant les cartes de l'époque, qu'il y avait beaucoup de villages qui avaient des noms d'écrivains français, il y avait Victor Hugo, Lamartine, un autre qui s'appelait Rabelais. Je me suis dit que ça serait bien de l'appeler Montaigne. Alors j'ai choisi Montaigne. Et puis c'était la culture française qui arrivait là et qui s'imposait sur une terre qui n'était pas la sienne.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Cette famille que nous allons suivre sur 3 générations, vous vouliez donner quoi, une impression de déchirement dans la famille ? De déchirement par rapport à la terre ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : D'incompréhension. Ce sont des gens qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ils développent une espèce de démesure, de colère… C'est difficile à expliquer parce qu'au départ j'avais ces personnages mais je me disais : « Est ce que le style que tu vas employer va convenir à leurs mémoires torturées, à leur déchirement, à leur colère ? »
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : C'est comme ça qu'est née cette envie de les faire intervenir les uns après les autres sous forme finalement de monologues qui s'enchaînent. C'est pour ça que vous appelez ce roman un roman choral ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : J'aime bien toujours, dans un roman, faire parler plusieurs personnages, donc là, j'avais la possibilité de faire parler toute une famille. Ça me permettait d'avoir des points de vue différents : de gens plus âgées, de gens plus jeunes… Je voulais que ça reste un roman mystère, moi j'en dis le minimum, ce sont eux qui parlent. Et à travers leurs caractères, leurs emportements, on peut deviner plein de choses. Mais moi je ne voulais pratiquement pas prendre la parole, j'étais une sorte de chef d'orchestre. En fait chaque personnage est profondément seul et souffre d'ailleurs de cette solitude et de l'incompréhension de l'autre. Le fils, par exemple, sait très bien qu'il est incompris de sa mère et son père parce qu'il s'est mis dans un autre camp. De même pour une des filles, parce qu'elle est homosexuelle et totalement incomprise aussi. Effectivement, il y a beaucoup de solitude je crois dans ces personnages.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Vous nous le disiez en préambule, les événements d'Algérie, la guerre d'Algérie pour citer son nom, ce sont des événements qu'on a peut-être un peu tendance à occulter. Vous souhaitez qu'avec ce roman, le lecteur s'interroge d'avantage sur ce conflit, sur ses raisons, sur ses aboutissements ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Je l'espère, parce que moi-même j'ai trouvé assez peu de documents avant d'écrire le livre. Je m'étais dit : « Bon, je vais lire une histoire de l'Algérie en 7 ou 8 volumes qui couvrira toute la période 1830-1962. Et je n'ai rien trouvé du tout. C'est quand même 130 ans qui ont compté dans l'histoire de la France. Alors on parle de la guerre d'Algérie vers 1954-1962, mais toute cette période de l'Algérie coloniale, je crois qu'il y a beaucoup à faire.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Finalement, est ce que vous êtes sorti indemne de cette écriture ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Je ne crois pas ! C'est pour ça que j'en écris un autre d'ailleurs sur le même sujet.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Mathieu Belezi, « C'était notre terre » publié chez Albin Michel. Merci beaucoup.
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Je pense que c'est une période importante dans l'histoire de la France, et je trouve que la littérature s'en est peu occupée, donc j'avais envie de m'y atteler mais bon, avec beaucoup d'humilité en même temps. Je me disais :« Est ce que t'en es capable ? », c'est quand même un sujet extrêmement sensible. Je suis resté plusieurs années comme ça, à tourner autour de cette idée sans oser me décider. Et puis à un moment donné, quand j'ai senti quelques personnages en moi qui étaient en train de prendre corps, chair et sang, je me suis dit : « Bon tu vas essayer d'y aller, donne leur la parole et lance toi ! ». Pour cela j'ai quitté la France, j'avais besoin d'une grande distance, je suis parti dans le sud de l'Italie et j'ai commencé à écrire ce texte avec cette liberté physique et une liberté intellectuelle en même temps.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : « C'était notre terre » : une famille, une famille de colons installée sur un immense domaine de 653 hectares, un domaine qui a un nom bien particulier « Montaigne ». Cette famille va être emporté dans le tourbillon de l'histoire, obligée de s'exiler, pourquoi avoir choisit ce nom de Montaigne ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Le livre se passe dans une région qui s'appelle le Dahra. Le Dahra est une région de plateau entre Alger et Oran. Je m'étais aperçu, en regardant les cartes de l'époque, qu'il y avait beaucoup de villages qui avaient des noms d'écrivains français, il y avait Victor Hugo, Lamartine, un autre qui s'appelait Rabelais. Je me suis dit que ça serait bien de l'appeler Montaigne. Alors j'ai choisi Montaigne. Et puis c'était la culture française qui arrivait là et qui s'imposait sur une terre qui n'était pas la sienne.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Cette famille que nous allons suivre sur 3 générations, vous vouliez donner quoi, une impression de déchirement dans la famille ? De déchirement par rapport à la terre ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : D'incompréhension. Ce sont des gens qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ils développent une espèce de démesure, de colère… C'est difficile à expliquer parce qu'au départ j'avais ces personnages mais je me disais : « Est ce que le style que tu vas employer va convenir à leurs mémoires torturées, à leur déchirement, à leur colère ? »
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : C'est comme ça qu'est née cette envie de les faire intervenir les uns après les autres sous forme finalement de monologues qui s'enchaînent. C'est pour ça que vous appelez ce roman un roman choral ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : J'aime bien toujours, dans un roman, faire parler plusieurs personnages, donc là, j'avais la possibilité de faire parler toute une famille. Ça me permettait d'avoir des points de vue différents : de gens plus âgées, de gens plus jeunes… Je voulais que ça reste un roman mystère, moi j'en dis le minimum, ce sont eux qui parlent. Et à travers leurs caractères, leurs emportements, on peut deviner plein de choses. Mais moi je ne voulais pratiquement pas prendre la parole, j'étais une sorte de chef d'orchestre. En fait chaque personnage est profondément seul et souffre d'ailleurs de cette solitude et de l'incompréhension de l'autre. Le fils, par exemple, sait très bien qu'il est incompris de sa mère et son père parce qu'il s'est mis dans un autre camp. De même pour une des filles, parce qu'elle est homosexuelle et totalement incomprise aussi. Effectivement, il y a beaucoup de solitude je crois dans ces personnages.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Vous nous le disiez en préambule, les événements d'Algérie, la guerre d'Algérie pour citer son nom, ce sont des événements qu'on a peut-être un peu tendance à occulter. Vous souhaitez qu'avec ce roman, le lecteur s'interroge d'avantage sur ce conflit, sur ses raisons, sur ses aboutissements ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Je l'espère, parce que moi-même j'ai trouvé assez peu de documents avant d'écrire le livre. Je m'étais dit : « Bon, je vais lire une histoire de l'Algérie en 7 ou 8 volumes qui couvrira toute la période 1830-1962. Et je n'ai rien trouvé du tout. C'est quand même 130 ans qui ont compté dans l'histoire de la France. Alors on parle de la guerre d'Algérie vers 1954-1962, mais toute cette période de l'Algérie coloniale, je crois qu'il y a beaucoup à faire.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Finalement, est ce que vous êtes sorti indemne de cette écriture ?
Mathieu BELEZI (« C'était notre terre ») : Je ne crois pas ! C'est pour ça que j'en écris un autre d'ailleurs sur le même sujet.
Philippe CHAUVEAU (Web TV Culture) : Mathieu Belezi, « C'était notre terre » publié chez Albin Michel. Merci beaucoup.
Mathieu Belezi
C'était notre terre
L'avis du libraire 1'44Librairie « Le livre écarlate »
31 rue du moulin vert
75014 Paris
01 45 42 75 30
lelivreecarlate@wanadoo.fr
C’est surtout quelqu’un qui travaille pour l’écriture. C’est quelqu’un qui, pour ce, a accepté de tout sacrifier. Il écrit parce que c’est une nécessité, je crois même que c’est une obligation, une force, quelque chose qui le pousse et qui fait qu’il vit dans le sud de l’Italie, il vit en dehors du monde, il vit pour l’écriture.
J’ai toujours connu dans son œil une intensité,une force , un engagement, quelqu’un qui ne veut pas faire de compromis, et qui n’en fait pas à mon avis.Discret, puissant, concentré, moralement intègre.
L’un des plus grands souvenirs qu’on ait de lui c’est un livre qui s’appelle le petit roi. C’est un livre déjà très touchant, très émouvant, très fort dans la relation à la nature, à la mémoire et à la relation familiale.
Mathieu Belezi, à ce que je sais, n’a aucun rapport avec l’Algérie. Il parle de cette terre avec la texture de la conquête, c’est-à-dire le sang, les pleurs, la douleur, la souffrance. Et cette douleur est propagée à la fois par l’histoire du domaine mais aussi par l’histoire ces participants, de ces 5 membres de la même famille, qui sont le père, la mère et les 3 enfants. Et vous avez une voix centrale qui est la voix de la servante et qui va donner, elle, la voix de l’Algérie plus profonde.
C’est peut-être le livre le plus fort, le plus dense que j’ai trouvé depuis des années. J’avoue que j’ai été subjugué par la façon de traiter un roman familial, un roman historique et un roman de la douleur, de la souffrance.
C’est un roman très dense, très fort et qui ne peut pas vous laisser indifférent.
Librairie « Le livre écarlate »
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C’est surtout quelqu’un qui travaille pour l’écriture. C’est quelqu’un qui, pour ce, a accepté de tout sacrifier. Il écrit parce que c’est une nécessité, je crois même que c’est une obligation, une force, quelque chose qui le pousse et qui fait qu’il vit dans le sud de l’Italie, il vit en dehors du monde, il vit pour l’écriture.
J’ai toujours connu dans son œil une intensité,une force , un engagement, quelqu’un qui ne veut pas faire de compromis, et qui n’en fait pas à mon avis.Discret, puissant, concentré, moralement intègre.
L’un des plus grands souvenirs qu’on ait de lui c’est un livre qui s’appelle le petit roi. C’est un livre déjà très touchant, très émouvant, très fort dans la relation à la nature, à la mémoire et à la relation familiale.
Mathieu Belezi, à ce que je sais, n’a aucun rapport avec l’Algérie. Il parle de cette terre avec la texture de la conquête, c’est-à-dire le sang, les pleurs, la douleur, la souffrance. Et cette douleur est propagée à la fois par l’histoire du domaine mais aussi par l’histoire ces participants, de ces 5 membres de la même famille, qui sont le père, la mère et les 3 enfants. Et vous avez une voix centrale qui est la voix de la servante et qui va donner, elle, la voix de l’Algérie plus profonde.
C’est peut-être le livre le plus fort, le plus dense que j’ai trouvé depuis des années. J’avoue que j’ai été subjugué par la façon de traiter un roman familial, un roman historique et un roman de la douleur, de la souffrance.
C’est un roman très dense, très fort et qui ne peut pas vous laisser indifférent.