Discrètement, François-Guillaume Lorrain a trouvé sa place dans les rayons des librairies, à la fois par l’originalité de ses sujets et la délicatesse de son écriture.Précisons avant tout que François-Guillaume Lorrain a deux passions dans la vie, la littérature, donc mais aussi le cinéma qu’il chronique chaque semaine dans le magazine Le Point. On ne s’étonnera donc pas que certains de ses romans aient pour cadre le 7ème art, comme « Les enfants du cinéma » ou ce roman publié en 2014 « L’année des...
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Philippe Chauveau : François-Guillaume Lorrain, bonjour. François-Guillaume Lorrain : Bonjour.Philippe Chauveau : Votre actualité chez Flammarion avec « Vends maison de famille », on va faire un peu plus connaissance, on connait le romancier, on connait l'écrivain, on connait le traducteur aussi, puisque vous traduisez des ouvrages italiens ou allemands, et puis le journaliste, journaliste notamment cinéma, et puis maintenant plus journaliste dans l'univers politique et de l'Histoire, si je vous demande de vous définir, qui...
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Philippe Chauveau : Dans ce nouveau titre François-Guillaume Lorrain, nous allons faire connaissance avec ce narrateur qui s'appelle Guillaume, c'est lui qui nous raconte, cette maison, cette maison de famille, cette maison de vacances entre guillemets, qui pour lui était surtout un enfer, puisque c'était la maison où il fallait passer tous les weekends, à jardiner, à bécher, avec l'image du père au dessus de tout ça, le père a disparu, que fait-on de la maison ? Est-ce qu'on la vend, est-ce qu'on la garde ? La narrateur...
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François-Guillaume Lorrain
Vends maison de famille
Présentation 2'03Discrètement, François-Guillaume Lorrain a trouvé sa place dans les rayons des librairies, à la fois par l’originalité de ses sujets et la délicatesse de son écriture.
Précisons avant tout que François-Guillaume Lorrain a deux passions dans la vie, la littérature, donc mais aussi le cinéma qu’il chronique chaque semaine dans le magazine Le Point. On ne s’étonnera donc pas que certains de ses romans aient pour cadre le 7ème art, comme « Les enfants du cinéma » ou ce roman publié en 2014 « L’année des volcans », dans lequel l’auteur racontait le trio amoureux et infernal entre Ingrid Bergman, Roberto Rossellini et Anna Magnani en 1948.
Dans son nouveau titre « Vends maison de famille », François-Guillaume Lorrain change de registre. Nous voici dans une veine plus intimiste. Le narrateur, âgé d’une quarantaine d’années, est partagé entre l’amour qu’il porte à sa mère et la maison familale, devenue une charge trop lourde à porter depuis la mort du père. Mais surtout, c’est l’histoire d’une famille qui nous est ici racontée, comment le jardin et les travaux de cette maison de campagne en Normandie, source de plaisir pour les parents étaient devenus un enfer pour les enfants. Des non-dits, des souvenirs, des brouilles, des incompréhensions et à l’heure des choix, quand la mort a frappé, que les générations se sont succédées, la possibilité d’enfin comprendre, de pardonner, d’accepter et peut-être de reconstruire.
Dans la campagne normande, entre grillons et potagers, François-Guillaume Lorrain nous entraine dans une histoire à la fois moderne et intemporelle, portée par une belle écriture, le sens du détail, la douce lenteur de la contemplation.
Un roman résumé par cette phrase « Je voulais bazarder cette maison, j’avais mes raisons, autrement dit, mes souvenirs ».
« Vends maison de famille » par François-Guillaume Lorrain est publié chez Flammarion.
François-Guillaume Lorrain
Vends maison de famille
Portrait 5'18Philippe Chauveau : François-Guillaume Lorrain, bonjour.
François-Guillaume Lorrain : Bonjour.
Philippe Chauveau : Votre actualité chez Flammarion avec « Vends maison de famille », on va faire un peu plus connaissance, on connait le romancier, on connait l'écrivain, on connait le traducteur aussi, puisque vous traduisez des ouvrages italiens ou allemands, et puis le journaliste, journaliste notamment cinéma, et puis maintenant plus journaliste dans l'univers politique et de l'Histoire, si je vous demande de vous définir, qui êtes-vous François-Guillaume Lorrain ?
Francois-Guillaume Lorrain : Grave question existentielle, je pense ce qui caractérise mon travail depuis 17 ans, c'est peut être la curiosité, c'est à dire que j'aime beaucoup enquêter sur le terrain, c'est voyager, rencontrer des gens et ramener le passé vers le présent, et faire se répondre le passé et le présent, c'est un peu tout ce qui structure mes livres si je regarde en arrière.
Philippe Chauveau : Voyager, rencontrer des gens faire un lien entre le passé et le présent, tout ça par l'écriture...
François-Guilllaume Lorrain : Oui, travailler sur les traces, travailler sur les vestiges, voir comment des petits bouts, des petits indices, parlent d'un événement passé sont encore... On peut les retrouver, les faire parler, les expliciter, et voir ce qu'elles nous disent pour le présent.
Philippe Chauveau : Pourquoi le choix de l'écriture ?
François-Guillaume Lorrain : En faite c'est pas un choix, c'est quelque chose qui s'impose. J'ai fait mes devoirs d'étudiants, j'ai fait les grandes écoles, j'ai fait normal sup, mais j'étais pas du tout fait pour l'écriture universitaire. Je me souviens, j'étais attaché à ma chaise, pour écrire ma maîtrise à l'époque, pour pouvoir passer la Greg, et j'étais pas du tout à l'aise sur l’idée de reprendre, les textes des autres. Il y avait déjà une petite voix qui perçait, et dès que je suis partis j'ai voyagé avant de me fixer à Paris, j'ai travaillé pour le Quai d'Orsay, et dès que je me suis retrouvée à Berlin à 20 ans, j'ai commencé à écrire un roman comme ça.
Et après pourquoi l'écriture, on le sait, on le devine après, au fur et à mesure des livres...
Philippe Chauveau : Alors ce qui est incroyable et vous l'expliquez, lorsque l'on suit votre parcours, à travers les livres que vous publiez que ce soit les romans ou les essais, on vous découvre en filigrane, le cinéma avec ce livre « Les enfants du cinéma », ou « L'année des volcans » qui avait été l'un de vos où vous nous parliez de Roberto Rossellini, d'Ingrid Bergmann ou d'Anna Magnani, il y a aussi « L'élève troublé » ou « L'homme de Lyon », aujourd'hui « Vends maison de famille », où vous vous racontez et ça derrière l'écriture romanesque, mais pourquoi ce besoin finalement ?
François-Guillaume Lorrain : Quand il y a des fractures, quand il y a des fêlures, quand il y a des silences immenses, quand il y a des non-dits, quand il y a des tensions, il y a un moment très tôt, une sorte de machine, à se fabriquer du sens, et donc à se fabriquer des histoires qui s'est mise en route tout simplement, au fil des ans elle s'élabore de plus en plus d manière complexe, et que ça donne lieux à des romans, bien sûr moi je pense, que même si das ce livre il est question d'un héritage, d'un lègue, en l'occurence une maison de campagne un peu particulière, je pense que ce que j'ai hérité véritablement ce sont des romans à écrire. Et c'est vrai que « Vends maison de famille » je clos une trilogie, vous avez parlé de « L'élève troublé », que j'ai écrit à 23-24 ans chez Fayard. Loin de moi l'idée de penser que j'écrirai deux livres qui suivraient 15 ans et 20 ans après, mais en tout cas « L'homme de Lyon » et celui là se répondent de manière très très consciente, c'est à dire, que quand j'avais terminé « L'homme de Lyon » qui est une enquête fictive sur l'enfance de mon père, c'est à dire que j'avais imaginé que mon père nous faisais remettre des lettres et des photos 10 ans après sa mort. Une fois l'écriture de ce roman, de cette enquête, pour essayer d'expliquer à la fois en résonance l'enfance de mon père et ma propre enfance, mais j'étais partis dans le passé et je me suis dit finalement, j'avais trouvé dans la fiction un résultat à l'enquête mais « and so what » et après qu'est ce que j'en faisais à la fin du roman, rien. Même si l’enquête avait été pour moi très amusante à faire. Et surtout j'avais un peu botté en touche, c'est à dire j'étais remonté dans le passé, pour pas variablement affronté, frontalement, l'enfance que nous avions eu avec ma sœur, donc j'étais allé chercher des explications.
Philippe Chauveau : Et votre actualité François-Guillaume Lorrain, c'est chez Flammarion, un nouveau roman « Vends maison de famille ».
François-Guillaume Lorrain
Vends maison de famille
Livre 5'46"Philippe Chauveau : Dans ce nouveau titre François-Guillaume Lorrain, nous allons faire connaissance avec ce narrateur qui s'appelle Guillaume, c'est lui qui nous raconte, cette maison, cette maison de famille, cette maison de vacances entre guillemets, qui pour lui était surtout un enfer, puisque c'était la maison où il fallait passer tous les weekends, à jardiner, à bécher, avec l'image du père au dessus de tout ça, le père a disparu, que fait-on de la maison ? Est-ce qu'on la vend, est-ce qu'on la garde ? La narrateur s'appelle Guillaume, on sent que vous êtes très présent dans cette écriture, c'est un roman mais il y a une part d'autobiographie, qu'avez-vous voulu nous dire dans cette histoire ?
François-Guillaume Lorrain : Sans doute, que même les mauvais souvenirs les très mauvais souvenirs, les souvenirs d'enfermement, de pressions, de terreur psychologique, presque d’esclavage, ces enfants sont réduits corps et âmes par les parents, mais sont quand même les bienvenus, s'ils resurgissent, si on imagine qu'ils peuvent à l'occasion... Non seulement par la mort du père et des années plus tard l'accident de la mère, donc plus personne peut s'occuper de cette maison, utopie agricole, donc ça va ressurgir ces mauvais souvenirs, ben voilà c'est avec ça qu'on vit qu'on se trimballe toute sa vie, donc il faut s'en accommoder, je sais pas s'il faut s'en arranger, mais en tout cas j'avais eu envie de creuser, de convoquer beaucoup d'images, et de souvenirs et de scènes qui émaillent et jalonnent l'histoire de cette maison, pouvoir peut être aussi confronter différentes mémoires à l'intérieur de cette famille, il y a la mémoire du fils, la mémoire de la sœur, et la mémoire de la mère, elle fait partis de cette grande aventure, puisque pour les parents ils ont acheté cette grande maison en 1970, c'est un hectare, il y avait rien.
Philippe Chauveau : On résume, la famille vit en région parisienne,...
Francois-Guillaume Lorrain : Oui c'est une famille, bourgeoise...
Philippe Chauveau : Et puis il y a cette acquisition de la maison en Normandie, c'est même moins tant la maison que l'on parle, le jardin qui prend toute sa place, avec le potager qu'il faut entretenir, et des moutons aussi, mais comme on vient que le week-end, ça veut dire qu'il y a du boulot à chaque fois.
Francois-Guillaume Lorrain : Oui, et uis tout est fait pour le travail c'est à dire qu'à l'intérieur de la maison, on ne peut pas rester, elle n'est pas équipée, il n'y a pas d'eau chaude, il n'y a pas de salle de bain, il n'y a pas de chauffage, donc c'est pour ça on est là pour travailler à l'air libre...
Philippe Chauveau : Et le père n'a même pas envie qu'on améliore les conditions...
Francois-Guillaume Lorrain : Non, non pour recréer une maison perdue, de même que son épouse, la mère, qui dans l'enfance a eu avec se parents, ses grands-parents, une maison perdue, et donc les enfants sont embarqués, les enfants ils ont 3 ans, 7 ans...
Philippe Chauveau : C'est ça qui est incroyable, ce que les parents essaient de reconstruire un souvenir mais ne se rendent pas compte qu'ils imposent quelque chose à leurs enfants qui ne leur plaît pas du tout.
Francois-Guillaume Lorrain : Oui parce qu'ils sont focalisés, plongés, dans leur but à atteindre, c'est comme tous le monde à des passions, vous collectionnez les papillons et vous consacrez toute votre vie aux papillons, peut être que l'épouse, les enfants, souffriront de cette passion pour les papillons, et donc là en l'occurence il y a des papillons dans cette maison, mais on les chasse pas trop, justement faut consacrer, puisque c'est la métaphore du bonheur, là il s'agit de bêcher, de produire, aussi les parents sont les enfants de la guerre, ils se trimballent, avec leur propre cicatrice, leur propre manque, et ils sont là pour construire quelque chose puisqu'il n'y a rien, bâtir une sorte de maison et jardin idéale, qui pourrait être un paradis, et qui va le devenir avec le temps, mais en l'occurence, là pendant les 20-30 dernières années on est au fond de la mine.
Philippe Chauveau : Un mot sur le titre vous auriez pu appeler votre roman, « A vendre maison de famille », « Maison de famille à vendre », pourquoi vends à la première personne ?
Francois-Guillaume Lorrain : Oui oui moi aussi je me pose cette question là, pourquoi ce itre là, pourquoi, finalement cette sorte de point sur la table cette annonce, passé dans les journaux, ..
Philippe Chauveau : Sous-entendu, débarrassez moi de cette maison de famille ?
Francois-Guillaume Lorrain : Oui, c'est un peu ça. A vendre, est un peu moins brutale, et en même temps est-ce que ça correspond véritablement à l'histoire ?
Philippe Chauveau : Ce livre clôt-il cette grande Histoire, cette relation avec votre père que vous nous avez raconté ?
Francois-Guillaume Lorrain : Je pense que oui il y a une page qui est tournée. D'après tous le projets que j'ai en tête oui.
Philippe Chauveau : En tout cas c'est un très beau roman, fort, puissant, sur l'enfance, sur nos enfances. Francois-Guillaume Lorrain, c'est votre actualité, vous publié chez Flammarion, « Vends maison de famille », merci beaucoup.