Rencontrer Hélène Tierchant, c’est croiser le chemin d’une femme passionnée qui a vécu mille vies en une.Après le lycée Fénelon, la Sorbonne, hypokhâgne et khâgne, la voilà qui enseigne le français et le latin. Mais l’enthousiasme n’y est pas. Non, en cette fin des années 60, bouillonnantes et excitantes, ce qui fait rêver Hélène Tierchant, c’est le cinéma. Après avoir suivi les cours de l’Idhec, l’institut des hautes études cinématographiques, la voilà dans cet univers où elle accompagne de nombreux...
Sarah Bernhardt, scandaleuse et indomptable de Hélène Tierchant - Présentation - Suite
PhilippeBonjour Hélène Tierchant.
Hélène TierchantBonjour Philippe.
PhilippeVous publiez aux éditions Tallandier ce nouveau livre : "Sarah Bernard, Scandaleuse et indomptable". On va parler de cet ouvrage, mais on va aussi faire un peu plus connaissance parce que vous n'êtes pas à votre coup d'essai. Des livres, il y en a beaucoup. Vous avez une bibliographie conséquente. Peut-être êtes-vous aussi, enfin je ne sais pas si vous êtes scandaleuse, mais peut-être êtes-vous aussi indomptable comme le fut Sarah Bernard. En tout...
Sarah Bernhardt, scandaleuse et indomptable de Hélène Tierchant - Portrait - Suite
PhilippeHélène Tierchant, en 2009, vous aviez déjà consacré un livre à "Sarah Bernard, Madame quand même". C'était aux Editions Télémaque. Et puis vous revoici aujourd'hui avec "Sarah Bernard, scandaleuse et indomptable" chez Tallandier. Sachant que c'est un centenaire, le centenaire de la mort de Sarah Bernhardt. Mais pour vous, ç'a été une évidence parce qu'en 2009, vous n'aviez pas toutes les informations dont vous avez pu disposer pour écrire ce nouveau livre. C'est bien ça, finalement ?
Hélène TierchantAbsolument....
Sarah Bernhardt, scandaleuse et indomptable de Hélène Tierchant - Livre - Suite
Hélène Tierchant
Sarah Bernhardt, scandaleuse et indomptable
Présentation 00'02'39"Rencontrer Hélène Tierchant, c’est croiser le chemin d’une femme passionnée qui a vécu mille vies en une.
Après le lycée Fénelon, la Sorbonne, hypokhâgne et khâgne, la voilà qui enseigne le français et le latin. Mais l’enthousiasme n’y est pas. Non, en cette fin des années 60, bouillonnantes et excitantes, ce qui fait rêver Hélène Tierchant, c’est le cinéma. Après avoir suivi les cours de l’Idhec, l’institut des hautes études cinématographiques, la voilà dans cet univers où elle accompagne de nombreux projets notamment dans la réalisation de documentaires et l’écriture de scénarios.
Mais la vie étant une suite de hasards et de rencontres, on la retrouve plus tard en librairie pour des biographies historiques puis quelques romans dont « La fiancée de décembre » par lequel elle renoue avec ses racines russes.
Aujourd’hui, parce que les cartes ont encore été rebattues, c’est avant tout en tant que spécialiste du théâtre français qu’Hélène Tierchant est reconnue, notamment à la suite de la publication en 2011, chez Télémaque, de ce formidable ouvrage, « La grande histoire de la Comédie française » qui fait désormais référence. L’histoire de la grande maison, de Molière à aujourd’hui.
Et parmi toutes les comédiennes qui ont foulé les planches de la salle Richelieu, l’une reste internationalement connue. Sarah Bernhardt.
Hélène Tierchant avait déjà consacré un livre à Sarah Bernhardt en 2009. Mais par la découverte de documents inédits, elle a décidé de réécrire un nouvel ouvrage sur la Divine dont 2023 marque le centenaire de la disparition.
Hélène Tierchant a choisi en sous-titre de son livre, scandaleuse et indomptable. Voilà deux adjectifs qui caractérisent bien celle qui fut non seulement une comédienne géniale mais aussi une croqueuse d’hommes, une féministe avant l’heure, une artiste multifacette, peintre et sculptrice de talent méconnue et aussi une redoutable femme d’affaires dotée d’un esprit brillant à la réplique souvent cinglante.
Avec enthousiasme, humour et légèreté mais aussi précision et rigueur, Hélène Tierchant nous raconte non seulement un destin de femme dont la vraie vie était sur scène mais aussi une époque au tournant du XXème siècle.
Frappons les trois coups. Place à « Sarah Bernhardt, scandaleuse et indomptable ». Le nouveau livre d’Hélène Tierchant est publié aux éditions Tallandier.
Hélène Tierchant
Sarah Bernhardt, scandaleuse et indomptable
Portrait 00'06'55"Philippe
Bonjour Hélène Tierchant.
Hélène Tierchant
Bonjour Philippe.
Philippe
Vous publiez aux éditions Tallandier ce nouveau livre : "Sarah Bernard, Scandaleuse et indomptable". On va parler de cet ouvrage, mais on va aussi faire un peu plus connaissance parce que vous n'êtes pas à votre coup d'essai. Des livres, il y en a beaucoup. Vous avez une bibliographie conséquente. Peut-être êtes-vous aussi, enfin je ne sais pas si vous êtes scandaleuse, mais peut-être êtes-vous aussi indomptable comme le fut Sarah Bernard. En tout cas, vous avez 1000 vies en une. Si je me permets de résumer : khâgne, hypokhâgne, vous commencez un peu dans l'enseignement, notamment du latin et du français. Mais parce qu'il faut bien gagner sa vie. Mais ce n'est pas vraiment une passion, c'est vraiment le cinéma au départ qui vous a fascinée. Vous avez fait une école, l'IDHEC, et vous avez eu une carrière dans le cinéma. Pourquoi le cinéma est-il aussi présent dans votre vie ? Qu'est ce qui vous plaît dans le cinéma ?
Hélène Tierchant
Je crois que c'est depuis toute petite. j'ai toujours vu. J'ai été abonnée aux bibliothèques de lycée et de l'école. Mais chaque fois, je voyais les textes que je lisais en images et je me suis toujours passionnée pour tout ce qui bougeait. J'ai eu la chance d'avoir une petite caméra. À l'époque, c'était des toutes petites caméras de poupées et je faisais déjà de la mise en scène avec cette caméra. Quand j'étais petite, j'inventais des histoires et je les mettais en scène avec le chat, avec le chien, avec la poupée ou avec les voisins.
Philippe
Ce qui veut dire que très tôt, vous allez vous intéresser au cinéma, à l'image et puis aussi à l'histoire du cinéma. Vous allez vous même participer à de nombreux projets cinématographiques, beaucoup dans le documentaire, entre autres. Et puis après, il va y avoir le théâtre. Est- ce qu'il y a vraiment un parallèle entre le cinéma et le théâtre ? Ou finalement, sont-ce deux mondes complètement différent selon vous ?
Hélène Tierchant
Pour moi, c'est deux mondes complètement différents. L'un, vous pouvez vous répéter, l'autre vous n'avez pas la chance de répéter. Le théâtre pour moi est quelque chose qui m'émeut profondément. Parce que chaque jour ou chaque sur la scène, les acteurs jouent leur vie et jouent leur carrière chaque soir. Et pour moi, c'est ce qui me paraît. Je regarde une pièce de théâtre, je suis à leur place. Si vous voulez, je joue, j'ai le trac pour eux, j'ai peur pour eux. Et je suis très heureuse quand la scène est réussie. Le cinéma, ce n'est pas pareil, vous pouvez le revoir. Vous pouvez décrocher, vous pouvez acheter un DVD, vous pouvez. Le théâtre, c'est un art vivant.
Philippe
Le théâtre, c'est la vie.
Hélène Tierchant
C'est la vie.
Philippe
Alors le théâtre, on va en reparler puisque vous vous intéressez à Sarah Bernhardt, mais pas que. Vous êtes aujourd'hui considérée comme l'une des spécialistes du théâtre, de l'histoire du théâtre français. Le cinéma, on l'a vu et je le disais, 1000 vies en une. Vous êtes aussi auteur, écrivain, écrivaine, auteure, autrice. Vous choisissez le terme qui vous convient le mieux, mais en tout cas, vous publiez de nombreux ouvrages. Il y a des biographies, que ce soit le "Duc d'Épernon", que ce soit "Mademoiselle Georges", entre autres. Et puis il y a aussi des romans. Il y a une partie roman, roman historique entre autres avec "La Fiancée de décembre" ou encore "Femme Flamme." Pourquoi cette envie de la littérature et de l'écriture romanesque à un moment de votre parcours ?
Hélène Tierchant
Parce que "La fiancée de décembre", c'est quelque chose qui me m'attire. Mon père était russe, je n'ai jamais pu aller en URSS quand j'étais petite parce que il était russe-blanc ukrainien. Alors vous voyez, toute ma vie, ça a été ma généalogie française. Elle remonte au XVIIᵉ siècle, la généalogie russe, il n'y a personne, donc j'ai écrit. Je me suis toujours intéressée à l'histoire russe. Quand j'ai pu aller après la perestroïka, j'y suis allée 20 ou 30 fois. Je courais là-bas et je me suis intéressée à l'histoire russe. Et j'ai trouvé qu'il y avait une femme qui. Il y a toujours eu des rapports entre les Français et les Russes. Et il y a eu une Française qui était partie sous Napoléon faire de la couture. C'était la mode à l'époque.
Philippe
Et qui tombe amoureuse d'un officier russe.
Hélène Tierchant
Et cet homme est un libéral. Le tsar Nicolas Iᵉʳ l'envoie au bagne et elle a passé 25 ans dans les bagnes de Sibérie et elle a écrit un journal qui est manuscrit qui est à la Bibliothèque nationale. J'étais tombée dessus il y a une vingtaine d'années. J'ai lu ça, j'ai dit voilà. J'ai contacté ces descendants qui n'ont pas voulu que je mette le nom. Donc j'ai changé le nom en disant c'est elle d'après le journal de cette personne.
Philippe
Que vous a apporté l'écriture romanesque ? Que vous apporte peut-être pas le cinéma ou le théâtre ou l'écriture de biographies. Pourquoi l'envie du roman ?
Hélène Tierchant
La liberté parce que quand j'écris un roman, je peux inventer. Je peux laisser court à mon imagination, je suis libre. Je me rappelle quand j'ai fait la biographie du duc d'Épernon, à un moment, j'ai dit : "J'aimerais que Henri IV meure une année avant". On ne peut pas. Quand vous faites une biographie, vous êtes ligotée. Vous avez des critères historiques, vous avez des dates, vous avez des choses à respecter. Le roman, vous pouvez inventer et vous pouvez créer votre univers. Et c'est ça qui me plaît.
Philippe
Je l'ai dit. Vous êtes aussi aujourd'hui considérée comme l'une des spécialistes de l'histoire du théâtre. En 2011, vous publiez une sorte d'anthologie. Vous racontez l'histoire de la Comédie-Française. C'est un livre référence aujourd'hui publié aux éditions Télémaque. Vous plongez dans l'histoire du théâtre. Qu'avez vous ressenti ?
Hélène Tierchant
J'aurais aimé faire partie de cette histoire parce que, comme je vous l'ai dit, le théâtre, pour moi, c'est la vie. Et chaque fois que; Bon, j'ai fait l'histoire de la Comédie-Française et il y a un certain nombre de portraits des grands sociétaire de la Comédie-Française et j'avoue que chaque fois j'aurais aimé être Sarah Bernard. J'aurais aimé être Mademoiselle Georges et c'est pour ça qu'un jour j'ai écrit les biographies de ces personnages. Je me suis intéressée à ce qui pouvait, à leur vraie vie, avec leur complexité, avec leurs défauts, avec leurs plus, leurs moins. C'est pour ça que j'ai écrit des biographies.
Philippe
Et c'est aussi pour ça qu'il y a ce livre sur Sarah Bernhardt. Il y en avait eu un précédemment et là, c'est un tout autre livre. C'est ce que nous allons découvrir. Voilà donc pourquoi il y a ce livre aujourd'hui consacré à "Sarah Bernhardt, scandaleuse et indomptable". C'est votre actualité, Hélène Sergent, vous êtes publié chez Tallandier.
Hélène Tierchant
Sarah Bernhardt, scandaleuse et indomptable
Livre 00'08'48"Philippe
Hélène Tierchant, en 2009, vous aviez déjà consacré un livre à "Sarah Bernard, Madame quand même". C'était aux Editions Télémaque. Et puis vous revoici aujourd'hui avec "Sarah Bernard, scandaleuse et indomptable" chez Tallandier. Sachant que c'est un centenaire, le centenaire de la mort de Sarah Bernhardt. Mais pour vous, ç'a été une évidence parce qu'en 2009, vous n'aviez pas toutes les informations dont vous avez pu disposer pour écrire ce nouveau livre. C'est bien ça, finalement ?
Hélène Tierchant
Absolument. Parce que d'abord, vous savez que quand des personnes meurent, il y a un certain délai pour avoir accès aux lettres et à certains documents personnels, donc c'est 70 ans, plus les périodes de guerre et surtout, on a redécouvert son œuvre de sculptrice et d'artiste de peintre. Elle est maintenant exposée même à Washington, au musée, au nouveau musée national international des femmes artistes. Et aussi on a accès, grâce à Internet, à toute la presse, la presse brésilienne, la presse russe, - je lis le russe, je ne lis pas le brésilien, mais j'ai fait traduire de portugais - la presse d'Australie. Donc cette biographie, je suis tombée sur une mine et c'était tellement riche. Et ça apportait, ça illustrait tellement ce personnage que j'ai eu envie d'écrire ça. En plus, quand on écrit une biographie, on l'écrit avec l'œil avec votre œil d'actualité, on s'intéresse à un personnage d'une époque, mais elle a des résonances. Et mon livre avait 17 ans ou quinze ans. Et l'œil du biographe a changé un petit peu.
Philippe
Donc, précisons le, il ne s'agit pas d'une réédition, mais bien d'un livre entièrement nouveau, avec de nouvelles recherches et de nouvelles informations, de nouveaux documents. Alors, Sarah Bernard. On a dit tellement de choses sur Sarah Bernard. C'est incontestablement peut-être l'un des plus grands noms du théâtre français, du théâtre français de contemporains. Va-t-on dire scandaleuse et indomptable ? Ce sous-titre est venue inévitablement ?
Hélène Tierchant
Scandaleuse, ce n'est pas seulement pour sa vie. Si on a pris cet adjectif, ce n'est pas seulement pour sa vie sentimentale très agitée. C'est aussi parce que, à l'époque, quand elle était jeune, elle ne pouvait pas être artiste. l'École des Beaux-Arts était fermée. Donc, quand elle a commencé à peindre ou à sculpter, la caricature et les opposants l'ont traitée de scandaleuse. On dit c'est un scandale. Gustave Moreau disait : "C'est le jour ou les femmes vont prendre leurs pinceaux et ne plus faire des petites fleurs ou des pastels, ça va être terrible". Donc c'est faire des œuvres et faire comme elle a fait des œuvres comme La Pietà, son œuvre magistrale qui est à Washington, ç'a été un scandale pour ses contemporains.
Philippe
Elle casse les codes.
Hélène Tierchant
Elle casse les codes, tout. Et c'est Zola qui l'a défendu et qui a dit mais pourquoi l'empêcher de faire de la sculpture si elle est génial sur scène. Elle peut aussi faire de la sculpture. Elle peut aussi peindre. Elle peut aussi y écrire et autant la mettre en prison que de l'empêcher.
Philippe
Alors elle casse les codes dans sa vie de femme, elle casse les codes en devenant artiste multifacette. Et puis elle casse aussi un peu les codes en montant sur scène parce qu'elle a un jeu qui n'appartient qu'à elle. Qu'est ce qui fait que Sarah Bernhardt sur scène, alors qu'au début, finalement, peut-être que la carrière démarrait assez mal. Qu'est ce qui fait qu'elle est devenue celle qu'elle est devenue ensuite ?
Hélène Tierchant
Il faut savoir que Sarah Bernhardt avait un physique tout à fait atypique.
Philippe
Très longiligne.
Hélène Tierchant
Longiligne, elle avait un mètre 65. Elle était grande, elle était très maigre et elle avait des cheveux très, très frisés. On lui donnait le surnom de "négresse blonde" et elle a joué de cela. Après avoir eu des problèmes d'ego parce qu'elle était très maigre, elle a joué de ce physique. Elle ne portait pas de corset et sur scène, elle avait toujours des robes très, très moulantes et elle attirait. Elle séduisait son public. Freud ou Dietsch Laurence disait qu'elle faisait l'amour avec les spectateurs. Elle avait un corps de tzigane. On ne voyait pas... Les femmes étaient généralement engoncées avec des costumes très classiques. Sarah Bernard dessinait ses robes et mettait en valeur son côté asocial, son côté différent et aussi, elle a cassé les codes parce qu'elle a voulu jouer des personnages d'hommes à cause de ce physique androgyne. Son premier succès, c'est dans "Le passant". Voilà, elle joue le rôle d'un petit troubadour. Elle a tellement de succès que tout le monde la sculpte. Mathieu Menier fait une sculpture. Elle va jouer Hamlet. Elle va jouer Lorenzaccio et, à 56 ans, L'Aiglon, un personnage de 20 ans où elle se fait couper les cheveux. Paul Poiret lui dessine un costume de colonel. Elle apprend l'escrime et Stanislavski dira : "Mais on dirait qu'elle a été un colonel toute sa vie".
Philippe
Ce qui est passionnant dans votre livre, c'est que vous nous racontez Sarah Bernard. Puis vous racontez aussi une époque qui est en pleine mutation. On sort du XIXᵉ siècle, on rentre dans dans le XXᵉ siècle. Il y aura la Première Guerre mondiale dans laquelle aussi Sarah Bernhardt s'illustrera. Donc, vous racontez cette période et puis vous nous montrez une femme indomptable, certes très businesswoman, qui sait très bien gérer sa carrière. Peut-on parler de féminisme de la part de Sarah Bernhardt ?
Hélène Tierchant
Oui. Alors elle ne l'a pas été tout de suite. Mais elle avait une grande amie féministe qui était Séverine, la journaliste libertaire. Elle a été aussi grande amie avec Louise Michel. Ça, on le sait peu. Sarah Bernhardt, au moment 1870, a été frappée par. Elle était à l'époque au théâtre de l'Odéon. Elle a ouvert une ambulance pour les blessés et elle a rencontré les femmes de la commune qui mouraient de faim, qui faisaient la queue. Elle a rencontré Louise Michel. Quand Louise Michel est revenue du bagne de Nouvelle-Calédonie. Louise Michel, indomptable elle aussi, a été obligée - elle a fait un petit peu de prison - elle a été obligée de s'exiler en Angleterre. Et Sarah Bernhardt, chaque fois qu'elle faisait une tournée, allait voir Louise Michel, lui donnait de l'argent, lui donnait des places de théâtre, et Louise Michel a écrit une pièce pour Sarah Bernhardt : "Prométhée". elle, ne doutait de rien. Elle lui disait : "Vous serez la fiancée de ce Prométhée avec une peau de tigre et ça sera très beau". Elle l'a écrit en vers Louise Michel.
Philippe
Justement, cette femme qui avait peut être besoin d'embellir sa vie, de construire elle-même sa légende. Cette femme qui a eu une multitude d'amants, cette femme qui avait du caractère. Pensez-vous qu'elle fut une femme heureuse ?
Hélène Tierchant
Elle a eu. Elle a été très malheureuse dans son enfance. Sa mère ne l'aimait pas. Sa mère était courtisane, l'a abandonnée. Et Sarah Bernard a vécu quatre ans en Bretagne, de 1 à 4 ans. Elle n'a jamais parlé le français. Elle parlait breton et femme heureuse : non, je ne pense pas. Son seul bonheur, c'était le théâtre. Créer quelque chose, se lancer un défi. Quand elle avait joué un rôle de tragique, elle voulait un rôle dramatique. À chaque fois, c'était de jouer quelque chose de nouveau. Et son fils, un fils, Maurice, qu'elle a eu à 20 ans avec le prince de Ligne - qui n'a pas voulu le reconnaître - et lui a dit : "Mademoiselle, quand on s'assoit sur un fagot d'épines, on ne sait pas laquelle vous pique". Ce qui était très agréable, c'était vraiment très élégant. Quand elle a été très célèbre, il a voulu reconnaître ce fils. 25 ans après. Et le fils lui a dit : "Le nom de Sarah Bernard vaut mieux que celui de Prince de Ligne. Elle a été honnête et ça, c'était son amour. Elle a tout fait pour son fils.
Philippe
Si Sarah Bernard entrait dans ce studio, qu'auriez-vous envie de lui dire ?
Hélène Tierchant
Qu'elle n'est pas morte.
Philippe
C'est votre actualité à l'occasion du centenaire de la disparition de Sarah Bernard. Un livre passionnant. On se régale et puis vous faites revivre toute cette époque incroyable. "Sarah Bernhardt, scandaleuse et indomptable". Et ce livre est publié aux éditions Tallandier. Merci beaucoup.
Hélène Tierchant
Merci.