Voilà un livre magnifique, lumineux, positif qui raconte pourtant les difficultés d’une vie et d’un déracinement.

Les parents de Mahir Guven ont fui la Turquie dans les années 80 pour raisons politiques et s’installent à Nantes. Son père paiera de sa vie son opposition au régime turc quelques années plus tard. Dès lors, comment grandir dans cette France où l’on se sent chez soi et où, pourtant, où vous rappelle sans cesse que vos origines sont ailleurs. De ce constat, Mahir Guven a fait une force. Et au fil des ans, suivant les préceptes de sa mère et de sa grand-mère, il a choisi de voir et de vivre l’émigration, ou plutôt l’intégration, avec positivité et enthousiasme.

Sans rien cacher des difficultés qu’il a pu subir, le livre évoque aussi les rencontres, les encouragements, les coups de pouce du destin qui lui ont permis de se faire un nom et d’évoluer dans ce monde du livre auquel il aspirait depuis toujours.

Journaliste, notamment aux côtés d’Eric Fottorino pour le « 1 », éditeur et découvreur de talents pour le label littéraire «La grenade », Mahir Guven est aussi romancier. En 2017, il publie « Grand frère », histoire sur la famille, les désillusions de la jeunesse, le fanatisme. Salué par la critique, le livre obtient notamment le Goncourt du 1er roman. En 2022, continuant dans cette veine mais avec une écriture moins grave, auscultant la jeunesse française, il sort « Les innocents » aux éditions Grasset.

Délaissant l’écriture romanesque pour se pencher sur sa propre histoire, dans ce nouveau livre sous forme d’essai, Mahir Guven nous raconte cette fois-ci sa propre famille devenue française, son expérience de l’intégration, sa découverte de la littérature et son amour des livres.

Un livre plein d’enthousiasme, de vie, de joies, d’humour aussi qui permet à l’auteur de nous interpeller et de nous inviter à réfléchir à des sujets qui agitent nos sociétés et notre actualité de façon souvent trop négative et réductrice.

Un livre essentiel par un auteur qui, au fil des publications, le devient lui-aussi.

« Rien de personnel » de Mahir Guven est publié chez JC Lattès.