Philippe Chauveau :

Attention, cet homme est dangereux, il aime nous faire peur et vient hanter nos nuits. Mais finalement, on aime ça !

Franck Thilliez est de retour donc, et avec lui, son couple de flics, devenus des incontournables de la littérature noire, Franck Sharko et Lucie Hennebelle.

S'il est devenu l'un des maîtres du thriller, Franck Thilliez ne le doit qu'à son talent et son imagination débordante, voire glaçante. Il s'est construit tout seul et le succès ne l'a pas changé. Il est resté discret, simple et accessible, ce à quoi ses lecteurs sont sensibles. S'il se fait remarquer dès son deuxième titre « Train d'enfer pour ange rouge » en 2004, c'est avec « La chambre des morts » l'année suivante qu'il remporte son premier gros succès public. Le livre sera adapté au cinéma et Franck Thilliez quittera son poste d'ingénieur en nouvelles technologies pour se consacrer entièrement à l'écriture. Dès lors, il fédère autour de lui un lectorat toujours plus large, avide de sensations fortes. « Le syndrome E », « Gataca », « L'anneau de Moebius », « Atomka » ou « Angor » font partie de ses titres dans plusieurs desquels, Franck Thilliez nous invite à suivre un couple de jeunes policiers, Lucie Hennebelle et Franck Sharko, passionnés par leur métier et qui tentent, malgré les horreurs auxquelles ils sont confrontés de surmonter les épreuves et de construire leur vie de couple et de famille. Et le talent de Franck Thilliez est de savoir donner une vraie psychologie à ses personnages. Quant aux sujets abordés, ils ont toujours une résonance avec l'actualité pour interpeller le lecteur qui se pose toujours cette question « Et si c'était vrai ? ». L'auteur est d’ailleurs très attentif à la véracité des éléments qu'il utilise pour faire avancer son intrigue.

Dans son nouveau titre « Pandemia », tout commence avec trois cygnes retrouvés morts sur un étang, puis un premier malade humain. Très vite, la panique s’installe et science est impuissante. Et si tout cela n’était pas simplement l’œuvre de la nature mais celle d’un esprit malade ? Et si la fin du monde venait de l’infiniment petit ?

Prêt à frémir ? Alors précipitez-vous sur le nouveau roman de Franck Thilliez « Pandemia » chez Fleuve Editions.

Franck Thilliez qui est avec nous sur WTC.

Philippe Chauveau

Bonjour Franck Thilliez, je suis ravi de vous accueillir à l'occasion de la sortie chez Fleuve noir de « Pandemia » c'est votre nouveau titre. J'ai envie de dire que vous êtes un grand malade, pourquoi avoir envie de faire peur à vos lecteurs ?

Franck Thilliez

J'adore faire peur à mes lecteurs, parce que moi-même j'ai eu peur quand j'étais plus jeune et je trouvais que c'était une sensation assez agréable finalement. J'ai eu envie de transmettre à mon tour cette peur.

Je me rends compte que les gens adorent, adhèrent et plus ça fait peur plus ils aiment ça ! J'aime aussi raconter des histoires où j'emmène mon public là où ils n'iraient pas eux-mêmes, c'est à dire découvrir certaines facettes de notre monde qui ne sont pas forcément les plus belles.

Philippe Chauveau

Avant de parler du Franck Thilliez d'aujourd'hui, je reviens dans votre enfance. Est-ce que vous avez un souvenir particulier d'une lecture où vous avez eu votre premier frisson, votre première peur ?

Franck Thilliez :

Oui, je pense qu'il y a eu plusieurs étapes. Il y a une nouvelle qui m'a fait très peur quand j'étais au collège, c'était « Le Horla » de Maupassant. Cette présence fantomatique qui arrive la nuit m'avait effrayé.

Bizarrement les thèmes autour des esprits, des rêves, des cauchemars m'ont toujours perturbé. Après j'ai eu très peur en lisant les livres de Stephen King et puis le cinéma m'a beaucoup marqué, puisqu'il y avait les images en plus.

Il y a un film qui m'avait particulièrement terrorisé parmi tant d'autres c'est « L'exorciste » et aujourd'hui encore il me fait très peur. Mais tout ça m'a nourri et quand je me suis mis à écrire ce sont ces peurs là que j'ai mis sur papier.

Philippe Chauveau

Lorsqu'on est soi-même un maitre du thriller, est-ce qu'on est tenté de lire ses petits camarades que ce soit les auteurs français ou étrangers ?

Franck Thilliez

Oui, alors en phase d'écriture et de recherches je lis très peu mais comme tout le monde j'ai des périodes de vacances et de repos où effectivement je reste dans le genre, je vais lire les histoires dont j'entends parler dans l'année. Quand il y a des succès je me dis « si ça marche, ça m'intéresse de savoir pourquoi ».

Philippe Chauveau

Avez-vous l'impression d'être enfermé dans un style ? Parce que la critique a toujours reconnu qu'il y avait un style Thilliez et vous pourriez avoir envie de partir dans un autre genre ?

Franck Thilliez

Oui peut-être avec le temps ça m'intéressera, mais pour l'instant je prends vraiment du plaisir à écrire ces histoires-là.

Alors c'est vrai que j'écris du thriller mais j'ai quand même une liberté dans ce genre puisque j'écris des histoires très policières et puis j'ai un univers avec des aspects plus psychologique, le huis-clos, le suspense.

Philippe Chauveau

Vous vous faites peur parfois lorsque vous vous rendez compte que vous êtes capable d'écrire des choses comme ça ?

Franck Thilliez

Oui je me fais peur mais finalement c'est notre monde que je décris. Evidemment ce sont les failles qui m'intéresse. Je vais prendre une faille, la décortiquer puis la creuser. Donc ça me fait peur mais c'est surtout notre monde qui me fait peur.

Philippe Chauveau

Votre actualité Franck Thilliez, c'est aux éditions Fleuve noir, le roman se nomme « Pandemia ».

Philippe Chauveau

Avant de parler de l'intrigue de ce nouveau roman, il est important de souligner que nous allons retrouver deux personnages qui sont emblématiques, c'est Franck Sharko et Lucie Hennebelle. On les avait d'abord connus séparément, depuis plusieurs romans ils avancent dans la vie, c'est un couple, ils ont une vie de famille. Ces deux personnages, que représentent-ils pour vous en tant qu’auteur ?

Franck Thilliez

Aujourd'hui ils font partie de ma famille, j'ai l'impression qu'ils existent. Je suis capable de parler d'eux comme de parler de personnes qui existent, ça fait des années qu'ils m'accompagnent.

Quand on n’est pas romancier, on peut avoir du mal à comprendre mais ce sont vraiment des personnages qu'on a créé et qu'on voit évoluer.

Philippe Chauveau

Dans « Pandemia », le point de départ ce sont trois cygnes retrouvés morts dans un étang, il y a parallèlement un homme et son chien qui sont également retrouvés morts. Très vite, on se rend compte qu'il y a un virus qui traine.

C'est un sujet qui vous tenait à cœur, vous aviez envie de parler de ces virus que l'on ne sait pas maitriser ?

Franck Thilliez

Oui, ça fait vraiment partie des grands thèmes que j'avais envie de traiter un jour, autant que la mémoire, la psychiatrie. Les virus m'ont toujours fait peur.

La seule difficulté était que je ne savais pas comment raconter l'histoire, il existe beaucoup d'histoires avec les virus qui globalement commencent toujours pareil, c'est à dire on vole un virus dans un laboratoire aux États-Unis et puis on le répand.

Et moi je ne voulais pas ça, déjà je voulais qu'elle se déroule en France et aussi démarrer différemment et j'ai fait des recherches. Je me suis rendu compte que quand on découvrait des cygnes morts, il y avait tout un système de sécurité qui se mettait en place.

Et je me suis dit « Pourquoi ? Ce ne sont que des cygnes qui sont morts ». Et là on commence à m'expliquer à l'Institut Pasteur que peut-être ces cygnes sont porteurs de virus inconnus.

Philippe Chauveau

Ce qu'il est important de souligner aussi, c'est que vous tenez à ce que les informations que vous donnez dans vos ouvrages soit de qualité. En l'occurrence, vous avez travaillé avec l'Institut Pasteur de Lille. Comment avez-vous travaillé avec les chercheurs ?

Franck Thilliez

C'est une des histoires les plus extraordinaires que j'ai vécues, car il s'est noué une relation très forte entre les chercheurs et moi-même en tant que romancier. Au début ils étaient méfiants parce qu'ils se disaient « il va se prendre pour les experts, il ne va pas comprendre notre métier ».

Donc, je leur pose des questions, et ces questions les surprennent parce que c'est lié à leur personnalité, à leur métier et leur quotidien et très vite ils ont pris confiance en moi et une vrai relation s'est créée.

Philippe Chauveau

Par rapport à la thématique que vous abordez ici, et par rapport à tout ce qui se passe dans « Pandemia », j'ai l'impression qu'il y aura un avant et un après « Pandemia ».

Franck Thilliez

Oui, « Pandemia » c'est un peu la clôture d'une grosse histoire qui a débuté il y a quelques années avec ces personnages-là. L'impression d'un fil directeur qu'on suit sans le voir que je résous dans ce roman, c'est la conclusion de quelque chose.

Alors ces personnages reviendront, parce que j'ai envie de les faire évoluer dans d'autres histoires, mais peut-être que les histoires seront différentes, cette poursuite du mal sera peut-être différente aussi.

Philippe Chauveau

Continuez à nous faire peur, parce que finalement on aime ça ! Vous qui aimez frissonner, vous allez adorer, c'est le nouvel opus de Franck Thilliez, « Pandemia », publié chez Fleuve noir, merci !

Franck Brunet

L'écriture de Franck Thilliez est très rapide, dans ce livre il nous emmène sur cette pandémie, nous sommes sur une trame d'eugénisme. Comment le mal pourrait détruire l'humanité avec une peste, où une pandémie de grippe aviaire.

Nous sommes réellement plongés dans l'atmosphère du thriller mais il y est aussi question de la fragilité de l'être humain, puisqu'un virus, donc un grain de sable peut faire vaciller l'humanité. La nature est plus forte que l'homme, notre existence peut être très courte et que la peste qu'on a connu au Moyen-âge peut revenir.

Franck Thilliez ça fait longtemps que je le suit puisqu'il vient du nord, on le connait aussi très bien grâce aux salons, ils vient souvent dans notre librairie faire les dédicaces.

Quand on le connait bien, on a du mal a imaginer ses interrogations pour le mal et ses plongées dans la douleur, je pense que c'est aussi lié à ses recherches. On sent qu'il a passé beaucoup de temps à l'Institut Pasteur pour approfondir.

C'est pas un simple policier, il y a vraiment une trame , une vrai construction vers un dénouement et les trente dernières pages sont vraiment jouissives.