La carrière artistique de Sophie Chauveau a commencé sur les planches, comédienne remarquée dans les année 70, elle a très vite compris qu'elle n'y était pas à sa place, malgré les suppliques des metteurs en scène.Sophie Chauveau n'aime pas la lumière n'y l'artifice et c'est dans l'écriture que finalement elle s'est accomplie. « Débandade » en 1982, « Mémoires d'Hélène » en 1988, ou « Les belles menteuses » en 1992 sont ses premiers romansDans lesquels elle laisse apparaître son militantisme pour la cause...
Le livre, cadeau idéal ? de Sophie Chauveau - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Sophie Chauveau. J'ai plaisir à vous accueillir, je le précise puisque nous avons déjà eu l'occasion de nous rencontrer pour vos précédents livres, nous ne sommes pas cousins ou alors à des degrés très éloignés.Mais en tout cas c'est toujours un plaisir de vous recevoir, parce que vos livres nous font voyager dans le temps. C'est le cas encore aujourd'hui avec votre actualité « Manet, le secret », aux éditions Télémaque.Mais avant de parler de l'ouvrage, on va parler de vous, même si je sais...
Le livre, cadeau idéal ? de Sophie Chauveau - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Vous avez choisi justement avec ce nouveau titre, Sophie Chauveau, de nous parler du peintre Manet, que l'on connait sans finalement le connaître. Est-ce pour cela que vous avez choisi de rajouter « Le secret » ?Sophie Chauveau :Non, ce n'est pas moi, c'est mon éditeur qui a eu l'idée en me lisant et effectivement ça tombe pile ! C'est à dire que Manet, ce ne sont que des secrets, donc c'est très étrange. Et je ne savais rien de tous les secrets qui le constitue. Philippe Chauveau :Pourquoi avoir eu envie...
Le livre, cadeau idéal ? de Sophie Chauveau - Le livre - Suite
Pascal PannetierBHV-Marais36, rue de la Verrerie75004 Pariswww.bhv.fr
Comme dans ses précédent roman, notamment « La passion Lippi » et « Le rêve Botticelli » que j'ai lu avec beaucoup de plaisir, Sophie Chauveau nous entraine dans les pas de cet enfant, Edouard Manet qui a peur de son père et ne veut pas lui ressembler.Avec cette écriture qui fait le charme de ses livre Sophie Chauveau nous dépeint cette vie de révolte qui commence en 1947 lorsqu'il entre dans la marine pour le Brésil. Sophie Chauveau nous...
Le livre, cadeau idéal ? de Sophie Chauveau - L'avis du libraire - Suite
Sophie Chauveau :A ton avis, pourquoi un tel scandale pour ce nu qui finalement est incroyablement académique et copié du Titien ?François Bardon :Je pense que ce n'est pas forcément la technique. C'est une femme nue, l'autre est à demi vêtue dans le bain, puisque ça s'appelait « Le bain » et deux hommes en train de discuter. Personne ne se regarde sauf le nu qui regarde le spectateur. Je crois que c'est surtout ça qui a choqué, qui a perturbé. C'est cette provocationSophie Chauveau :On ne peut pas se remettre à...
Le livre, cadeau idéal ? de Sophie Chauveau - Discussion entre 2 passionnés - Suite
Sophie Chauveau
Manet, le secret
Présentation 1'34La carrière artistique de Sophie Chauveau a commencé sur les planches, comédienne remarquée dans les année 70, elle a très vite compris qu'elle n'y était pas à sa place, malgré les suppliques des metteurs en scène.
Sophie Chauveau n'aime pas la lumière n'y l'artifice et c'est dans l'écriture que finalement elle s'est accomplie. « Débandade » en 1982, « Mémoires d'Hélène » en 1988, ou « Les belles menteuses » en 1992 sont ses premiers romans
Dans lesquels elle laisse apparaître son militantisme pour la cause féminine. Ses engagements citoyen sont aussi politiques et culturels et Sophie Chauveau n'oublie jamais qu'elle est issue de deux milieux opposés
Celui de la bourgeoisie parisienne et celui du monde ouvrier des mines du nord comme elle l'a raconté dans son roman « Noce de charbon » paru chez Gallimard en 2013, mais Sophie Chauveau est aussi connue en librairie
Pour sa grande série publiée chez Télémaque et consacrée aux peintres italien du Quattrocento, Lippi, Botticelli et Vinci ou encore sa biographie de Diderot l'encyclopédiste ou du peintre Fragonard salués par les critiques et spécialistes du siècle des lumières.
Sophie Chauveau n'a pas son pareil pour conjugué récit biographique et écriture romanesque, on le constate avec ce nouveau titre consacré au peintre Edouard Manet, artiste majeur de la fin du XIX ème siècle
Initiateur de la peinture moderne qu'il libéra de l'académisme, qui était vraiment Edouard Manet ? Sophie Chauveau nous brosse le portrait d'un homme complexe et la peinture d'une époque en mutation.
« Manet, le secret » de Sophie Chauveau, est publié aux éditions Télémaque et Sophie Chauveau est avec nous sur WEBTVCULTURE.
La carrière artistique de Sophie Chauveau a commencé sur les planches, comédienne remarquée dans les année 70, elle a très vite compris qu'elle n'y était pas à sa place, malgré les suppliques des metteurs en scène.
Sophie Chauveau n'aime pas la lumière n'y l'artifice et c'est dans l'écriture que finalement elle s'est accomplie. « Débandade » en 1982, « Mémoires d'Hélène » en 1988, ou « Les belles menteuses » en 1992 sont ses premiers romans
Dans lesquels elle laisse apparaître son militantisme pour la cause féminine. Ses engagements citoyen sont aussi politiques et culturels et Sophie Chauveau n'oublie jamais qu'elle est issue de deux milieux opposés
Celui de la bourgeoisie parisienne et celui du monde ouvrier des mines du nord comme elle l'a raconté dans son roman « Noce de charbon » paru chez Gallimard en 2013, mais Sophie Chauveau est aussi connue en librairie
Pour sa grande série publiée chez Télémaque et consacrée aux peintres italien du Quattrocento, Lippi, Botticelli et Vinci ou encore sa biographie de Diderot l'encyclopédiste ou du peintre Fragonard salués par les critiques et spécialistes du siècle des lumières.
Sophie Chauveau n'a pas son pareil pour conjugué récit biographique et écriture romanesque, on le constate avec ce nouveau titre consacré au peintre Edouard Manet, artiste majeur de la fin du XIXème siècle
Initiateur de la peinture moderne qu'il libéra de l'académisme, qui était vraiment Edouard Manet ? Sophie Chauveau nous brosse le portrait d'un homme complexe et la peinture d'une époque en mutation.
« Manet, le secret » de Sophie Chauveau, est publié aux éditions Télémaque et Sophie Chauveau est avec nous sur WEBTVCULTURE.
Sophie Chauveau
Manet, le secret
Portrait 5'19Bonjour Sophie Chauveau. J'ai plaisir à vous accueillir, je le précise puisque nous avons déjà eu l'occasion de nous rencontrer pour vos précédents livres, nous ne sommes pas cousins ou alors à des degrés très éloignés.
Mais en tout cas c'est toujours un plaisir de vous recevoir, parce que vos livres nous font voyager dans le temps. C'est le cas encore aujourd'hui avec votre actualité « Manet, le secret », aux éditions Télémaque.
Mais avant de parler de l'ouvrage, on va parler de vous, même si je sais que vous préférez l'ombre à la lumière. Vous l'avez prouvé lorsque vous avez arrêté votre carrière de comédienne. Vous aviez un beau succès sur scène,
les metteurs en scène aimaient travailler avec vous et puis, du jour au lendemain, vous avez arrêté, pourquoi ?
J'avais besoin d'être à l'initiative de ma vie et ne pas attendre qu'on me choisisse. Je voulais choisir et en écrivant c'est moi qui choisis mes sujets.
Mais vous aviez choisi de monter sur scène ?
Oui, mais je ne savais pas qu'il fallait dépendre du regard des autres pour exister, je m'en suis rendu compte en le faisant.
Le regard des autres vous fait peur ?
Je crois que j'étais très jeune et je n'avais pas envie d'être confrontée à ce jugement-là.
Qu'avez-vous trouvé dans l'écriture que vous ne trouviez pas sur scène ?
Une plus grande liberté ! Dans l'écriture on peut aller partout, que ce soit dans l'écriture de poèmes, de théâtre ou de romans. Alors que sur scène, on est cadré dans un personnage, c'est formidable parce qu'on sort de soi mais c'est un enfermement dans un autre.
Depuis vos premiers pas en écriture, il y a plusieurs romans qui se sont succédés, avec souvent des personnages féminins, puis on vous a connue avec des biographies de personnages masculins. Que ce soit Diderot, Fragonard, les peintres italiens et aujourd'hui Manet.
Pourquoi vous intéressez-vous tant à ces personnages masculins ? Pourquoi n'y a-t-il pas de femmes dans les biographies que vous faites ?
C'est une très bonne question, je me la pose aussi ! Je n'ai pas la réponse, j'aimerais beaucoup. En même temps j'ai l'impression d'aborder l'étranger avec les hommes, en générale dans la vie. La femme est plus proche de moi, je suis féministe, je me suis battue et je continue.
J'ai une proximité intellectuelle et presque sensitive avec les femmes que je n'ai pas du tout avec les hommes.
Comme je le disais, vous avez publié des romans puis des biographies, et vous êtes revenue récemment dans un roman où vous vous racontiez un peu, c'était « Noces de charbon ». Pourquoi aujourd'hui choisir la biographie plutôt que le roman pure ?
J'ai un plaisir énorme, vous l'avez dit, à être derrière ce que je fais, donc j'avance masqué sous ces personnages. Evidemment je trouve des passerelles, dès qu'on commence à écrire sur un artiste, vu qu'on l'est soi-même,
on trouve des points de reconnaissance, à commencer par la fraternité qui est la qualité qui me rapproche le plus de ces gens-là.
Ce que j'aime aussi dans vos biographies romancées, c'est qu'on découvre un personnage mais l'on découvre aussi le contexte et l'époque dans lesquelles ils vivaient. Et les époques sont différentes, avec Diderot ou Fragonard, c'était le siècle des lumières,
Il y a eu aussi les peintres italiens, aujourd'hui c'est la fin du XIX ème siècle, la fin du second Empire, la troisième République et vous aimez aussi dépeindre ces époques-là.
J'adore ça ! Parce que d'abord j'apprends tout, tout ce que j'ai caressé lointainement à l'école devient vivant. Je suis obligé de revivre par exemple la Commune, c'est incroyable la commune, le siège de Paris pendant la guerre de 70 mais c'est hallucinant.
Je ne savais pas tout ça dans le détail, puisque je suis obligée de passer par la description pour expliquer ce que ressent mon héros. Il faut que je m'en imprègne et là, je tombe des nues.
Je vais aller un petit peu plus loin, lorsque vous évoquez le Siècle des Lumières, l'Italie du Quattrocento, lorsque vous évoquez la troisième République ou le Second empire, c'est peut-être aussi une façon de ne pas parler de notre époque contemporaine ?
Ou le contraire, c'est de trouver les correspondances, parce qu'il y en a tout le temps, moi je les vois ! C'est à dire que je vis dans mon époque, j'écoute la radio le matin et on ne me donne pas les informations du Second empire
Et quand je vais à ma table de travail, je lis et je trouve plein de similitudes qui me saisissent et je me dis « comment ne voit-on pas que l'on reproduit la même chose ? ».
Avez-vous l'impression que, dans vos ouvrages, vous faites passer des messages militant, volontairement ?
Non, je ne crois pas. Je défends des femmes parce qu'elles sont formidables, ce n'est pas parce que je suis investis d'une mission.
Vous n'avez pas envie de brouiller les pistes, de mélanger les genres ?
Parce que je n'y arriverais pas ! L'écriture littéraire exige de moi une mise à distance que je n'ai pas quand je milite.
Que ressentez-vous lorsque vous êtes à votre table de travail et que vous écrivez ?
Un état que j'appellerais « état second » ou un hors de soi ! J'habite ailleurs quand j'écris et j'y suis beaucoup mieux.
Votre actualité Sophie Chauveau, « Manet, Le secret » aux éditions Télémaque.
Philippe Chauveau :
Bonjour Sophie Chauveau. J'ai plaisir à vous accueillir, je le précise puisque nous avons déjà eu l'occasion de nous rencontrer pour vos précédents livres, nous ne sommes pas cousins ou alors à des degrés très éloignés.
Mais en tout cas c'est toujours un plaisir de vous recevoir, parce que vos livres nous font voyager dans le temps. C'est le cas encore aujourd'hui avec votre actualité « Manet, le secret », aux éditions Télémaque.
Mais avant de parler de l'ouvrage, on va parler de vous, même si je sais que vous préférez l'ombre à la lumière. Vous l'avez prouvé lorsque vous avez arrêté votre carrière de comédienne. Vous aviez un beau succès sur scène,
les metteurs en scène aimaient travailler avec vous et puis, du jour au lendemain, vous avez arrêté, pourquoi ?
Sophie Chauveau :
J'avais besoin d'être à l'initiative de ma vie et ne pas attendre qu'on me choisisse. Je voulais choisir et en écrivant c'est moi qui choisis mes sujets.
Philippe Chauveau :
Mais vous aviez choisi de monter sur scène ?
Sophie Chauveau :
Oui, mais je ne savais pas qu'il fallait dépendre du regard des autres pour exister, je m'en suis rendu compte en le faisant.
Philippe Chauveau :
Le regard des autres vous fait peur ?
Sophie Chauveau :
Je crois que j'étais très jeune et je n'avais pas envie d'être confrontée à ce jugement-là.
Philippe Chauveau :
Qu'avez-vous trouvé dans l'écriture que vous ne trouviez pas sur scène ?
Sophie Chauveau :
Une plus grande liberté ! Dans l'écriture on peut aller partout, que ce soit dans l'écriture de poèmes, de théâtre ou de romans. Alors que sur scène, on est cadré dans un personnage, c'est formidable parce qu'on sort de soi mais c'est un enfermement dans un autre.
Philippe Chauveau :
Depuis vos premiers pas en écriture, il y a plusieurs romans qui se sont succédés, avec souvent des personnages féminins, puis on vous a connue avec des biographies de personnages masculins. Que ce soit Diderot, Fragonard, les peintres italiens et aujourd'hui Manet.
Pourquoi vous intéressez-vous tant à ces personnages masculins ? Pourquoi n'y a-t-il pas de femmes dans les biographies que vous faites ?
Sophie Chauveau :
C'est une très bonne question, je me la pose aussi ! Je n'ai pas la réponse, j'aimerais beaucoup. En même temps j'ai l'impression d'aborder l'étranger avec les hommes, en générale dans la vie. La femme est plus proche de moi, je suis féministe, je me suis battue et je continue.
J'ai une proximité intellectuelle et presque sensitive avec les femmes que je n'ai pas du tout avec les hommes.
Philippe Chauveau :
Comme je le disais, vous avez publié des romans puis des biographies, et vous êtes revenue récemment dans un roman où vous vous racontiez un peu, c'était « Noces de charbon ». Pourquoi aujourd'hui choisir la biographie plutôt que le roman pure ?
Sophie Chauveau :
J'ai un plaisir énorme, vous l'avez dit, à être derrière ce que je fais, donc j'avance masqué sous ces personnages. Évidemment je trouve des passerelles, dès qu'on commence à écrire sur un artiste, vu qu'on l'est soi-même,
on trouve des points de reconnaissance, à commencer par la fraternité qui est la qualité qui me rapproche le plus de ces gens-là.
Philippe Chauveau :
Ce que j'aime aussi dans vos biographies romancées, c'est qu'on découvre un personnage mais l'on découvre aussi le contexte et l'époque dans lesquelles ils vivaient. Et les époques sont différentes, avec Diderot ou Fragonard, c'était le siècle des lumières,
Il y a eu aussi les peintres italiens, aujourd'hui c'est la fin du XIX ème siècle, la fin du second Empire, la troisième République et vous aimez aussi dépeindre ces époques-là.
Sophie Chauveau :
J'adore ça ! Parce que d'abord j'apprends tout, tout ce que j'ai caressé lointainement à l'école devient vivant. Je suis obligé de revivre par exemple la Commune, c'est incroyable la commune, le siège de Paris pendant la guerre de 70 mais c'est hallucinant.
Je ne savais pas tout ça dans le détail, puisque je suis obligée de passer par la description pour expliquer ce que ressent mon héros. Il faut que je m'en imprègne et là, je tombe des nues.
Philippe Chauveau :
Je vais aller un petit peu plus loin, lorsque vous évoquez le Siècle des Lumières, l'Italie du Quattrocento, lorsque vous évoquez la troisième République ou le Second empire, c'est peut-être aussi une façon de ne pas parler de notre époque contemporaine ?
Sophie Chauveau :
Ou le contraire, c'est de trouver les correspondances, parce qu'il y en a tout le temps, moi je les vois ! C'est à dire que je vis dans mon époque, j'écoute la radio le matin et on ne me donne pas les informations du Second empire
Et quand je vais à ma table de travail, je lis et je trouve plein de similitudes qui me saisissent et je me dis « comment ne voit-on pas que l'on reproduit la même chose ? ».
Philippe Chauveau :
Avez-vous l'impression que, dans vos ouvrages, vous faites passer des messages militant, volontairement ?
Sophie Chauveau :
Non, je ne crois pas. Je défends des femmes parce qu'elles sont formidables, ce n'est pas parce que je suis investis d'une mission.
Philippe Chauveau :
Vous n'avez pas envie de brouiller les pistes, de mélanger les genres ?
Sophie Chauveau :
Parce que je n'y arriverais pas ! L'écriture littéraire exige de moi une mise à distance que je n'ai pas quand je milite.
Philippe Chauveau :
Que ressentez-vous lorsque vous êtes à votre table de travail et que vous écrivez ?
Sophie Chauveau :
Un état que j'appellerais « état second » ou un hors de soi ! J'habite ailleurs quand j'écris et j'y suis beaucoup mieux.
Philippe Chauveau :
Votre actualité Sophie Chauveau, « Manet, Le secret » aux éditions Télémaque.
Sophie Chauveau
Manet, le secret
Le livre 5'01Vous avez choisi justement avec ce nouveau titre, Sophie Chauveau, de nous parler du peintre Manet, que l'on connait sans finalement le connaître. Est-ce pour cela que vous avez choisi de rajouter « Le secret » ?
Non, ce n'est pas moi, c'est mon éditeur qui a eu l'idée en me lisant et effectivement ça tombe pile ! C'est à dire que Manet, ce ne sont que des secrets, donc c'est très étrange. Et je ne savais rien de tous les secrets qui le constitue.
Pourquoi avoir eu envie d'écrire un livre sur Manet ?
D'abord c'est un des plus grands peintres du monde, donc c'est facile d'aimer Manet. D'autre part c'est une clé pour entrer dans le XXème siècle, c'est vraiment l'introduction à l'Impressionnisme. Picasso dit « Je ne serais pas peintre sans Manet ».
Alors Manet, bonne famille, en rébellion avec son père qui veut qu'il fasse du Droit. Manet n'a pas du tout envie, il va partir au Brésil et il y a l'art qui s'impose à lui. Est-ce un rebelle ?
Oui c'est un « rebelle redingote » comme dit quelqu'un très intelligemment. Par ailleurs, c'est un peu une posture qu'on lui fait prendre un peu trop longtemps. Certes, son père l'envoie sur un bateau, comme Baudelaire il va faire pilotin et pendant huit mois,
il va faire Le Havre-Rio et retour. Après, le père va être de son côté je trouve. Quand il se fait engueuler par son prof, son père lui dit de s'excuser mais après quand son prof le critique, il est du côté de son fils.
La notoriété va-t-elle venir assez vite ?
Non, le scandale vient, mais pas la notoriété picturale. Déjà, il détruit tous ses tableaux avant 30 ans, donc, on ne voit pas ce qu'il y a avant. Après, il fait des tableaux qui sont systématiquement des scandales et refusés aux salons officiels.
Mais indépendamment de cela, à ce jour on est absolument incapable de comprendre pourquoi le vert « du Balcon » fait scandale, pourquoi le bleu « d'Argenteuil » fait un scandale comme Andy Warhol en aurait rêvé. C'est incroyable !
Alors justement si l'on parle de « l'exécution de Maximilien », « d'Olympia » ou du « balcon », qu'est-ce qui vous touche dans le travail de Manet.
La précision et la sincérité. Il y a le rapport à l'époque car il faut se resituer. On est encore sous l'école de David, avec ce côté grandes batailles très très ennuyeux, les immenses fresques mythologiques.
Et les premiers Courbet, les premiers Delacroix, les premiers réalistes et romantiques et quelques barbizoniens qui commencent à peine à émerger et tout d'un coup ce type arrive et il peint ce qu'il voit et là c'est inacceptable.
Et ce qu'il voit nous parle encore aujourd'hui. Quand vous allez dans un musée, il y a plein de tableaux et tout d'un coup le Manet au bout du couloir, il vibre encore, il bouge. C'est inouï.
Ce qui est passionnant dans votre roman, c'est que vous parlez de l'oeuvre de Manet mais vous retracez son époque, vous nous parlez de ses relations avec les grands noms comme Baudelaire.
Surtout c'est le peintre des écrivains, ses trois meilleurs amis, Baudelaire les dix premières années, Zola les dix suivantes et enfin Mallarmé. C'est quand même assez extraordinaire.
Vous qui avez écrit sur Fragonard, Lippi, Botticelli, Vinci, y-a-t-il des points communs ? Ce sont des peintres de différentes époques, quels sont leurs points communs ?
Il y en a un, et c'est pour ça que je les aime tous et c'est pour ça qu'il y a des peintres que je ne ferais jamais car ils n'ont pas ce point commun, c'est la camaraderie, la fraternité, l'amitié, le sens du partage.
Ils l'ont tous, et c'est pour ça que je vais vers eux d'abord. Je pense aussi qu'il y a une capacité de transgresser sans le savoir, ils y vont parce que c'est là qu'ils doivent aller.
Pourquoi aimez-vous écrire sur les peintres ?
Je pense que c'est parce que la peinture me parle comme rien au monde ne me parle donc j'essaie de transposer ce que je ressens là.
En écrivant avec les mots, avez-vous l'impression d'être une artiste, de peindre à votre façon ?
J'essaie, j'aimerais y arriver.
Merci beaucoup Sophie Chauveau, votre actualité « Manet, le secret » avec une superbe couverture, félicitations à votre éditeur qui a choisi une couverture comme une toile de tableau, c'est splendide.
Vous êtes publiée chez Télémaque, merci beaucoup.
Philippe Chauveau :
Vous avez choisi justement avec ce nouveau titre, Sophie Chauveau, de nous parler du peintre Manet, que l'on connait sans finalement le connaître. Est-ce pour cela que vous avez choisi de rajouter « Le secret » ?
Sophie Chauveau :
Non, ce n'est pas moi, c'est mon éditeur qui a eu l'idée en me lisant et effectivement ça tombe pile ! C'est à dire que Manet, ce ne sont que des secrets, donc c'est très étrange. Et je ne savais rien de tous les secrets qui le constitue.
Philippe Chauveau :
Pourquoi avoir eu envie d'écrire un livre sur Manet ?
Sophie Chauveau :
D'abord c'est un des plus grands peintres du monde, donc c'est facile d'aimer Manet. D'autre part c'est une clé pour entrer dans le XXème siècle, c'est vraiment l'introduction à l'Impressionnisme. Picasso dit « Je ne serais pas peintre sans Manet ».
Philippe Chauveau :
Alors Manet, bonne famille, en rébellion avec son père qui veut qu'il fasse du Droit. Manet n'a pas du tout envie, il va partir au Brésil et il y a l'art qui s'impose à lui. Est-ce un rebelle ?
Sophie Chauveau :
Oui c'est un « rebelle redingote » comme dit quelqu'un très intelligemment. Par ailleurs, c'est un peu une posture qu'on lui fait prendre un peu trop longtemps. Certes, son père l'envoie sur un bateau, comme Baudelaire il va faire pilotin et pendant huit mois,
il va faire Le Havre-Rio et retour. Après, le père va être de son côté je trouve. Quand il se fait engueuler par son prof, son père lui dit de s'excuser mais après quand son prof le critique, il est du côté de son fils.
Philippe Chauveau :
La notoriété va-t-elle venir assez vite ?
Sophie Chauveau :
Non, le scandale vient, mais pas la notoriété picturale. Déjà, il détruit tous ses tableaux avant 30 ans, donc, on ne voit pas ce qu'il y a avant. Après, il fait des tableaux qui sont systématiquement des scandales et refusés aux salons officiels.
Mais indépendamment de cela, à ce jour on est absolument incapable de comprendre pourquoi le vert « du Balcon » fait scandale, pourquoi le bleu « d'Argenteuil » fait un scandale comme Andy Warhol en aurait rêvé. C'est incroyable !
Philippe Chauveau :
Alors justement si l'on parle de « l'exécution de Maximilien », « d'Olympia » ou du « balcon », qu'est-ce qui vous touche dans le travail de Manet.
Sophie Chauveau :
La précision et la sincérité. Il y a le rapport à l'époque car il faut se resituer. On est encore sous l'école de David, avec ce côté grandes batailles très très ennuyeux, les immenses fresques mythologiques.
Et les premiers Courbet, les premiers Delacroix, les premiers réalistes et romantiques et quelques barbizoniens qui commencent à peine à émerger et tout d'un coup ce type arrive et il peint ce qu'il voit et là c'est inacceptable.
Et ce qu'il voit nous parle encore aujourd'hui. Quand vous allez dans un musée, il y a plein de tableaux et tout d'un coup le Manet au bout du couloir, il vibre encore, il bouge. C'est inouï.
Philippe Chauveau :
Ce qui est passionnant dans votre roman, c'est que vous parlez de l'oeuvre de Manet mais vous retracez son époque, vous nous parlez de ses relations avec les grands noms comme Baudelaire.
Sophie Chauveau :
Surtout c'est le peintre des écrivains, ses trois meilleurs amis, Baudelaire les dix premières années, Zola les dix suivantes et enfin Mallarmé. C'est quand même assez extraordinaire.
Philippe Chauveau :
Vous qui avez écrit sur Fragonard, Lippi, Botticelli, Vinci, y-a-t-il des points communs ? Ce sont des peintres de différentes époques, quels sont leurs points communs ?
Sophie Chauveau :
Il y en a un, et c'est pour ça que je les aime tous et c'est pour ça qu'il y a des peintres que je ne ferais jamais car ils n'ont pas ce point commun, c'est la camaraderie, la fraternité, l'amitié, le sens du partage.
Ils l'ont tous, et c'est pour ça que je vais vers eux d'abord. Je pense aussi qu'il y a une capacité de transgresser sans le savoir, ils y vont parce que c'est là qu'ils doivent aller.
Philippe Chauveau :
Pourquoi aimez-vous écrire sur les peintres ?
Sophie Chauveau :
Je pense que c'est parce que la peinture me parle comme rien au monde ne me parle donc j'essaie de transposer ce que je ressens là.
Philippe Chauveau :
En écrivant avec les mots, avez-vous l'impression d'être une artiste, de peindre à votre façon ?
Sophie Chauveau :
J'essaie, j'aimerais y arriver.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Sophie Chauveau, votre actualité « Manet, le secret » avec une superbe couverture, félicitations à votre éditeur qui a choisi une couverture comme une toile de tableau, c'est splendide.
Vous êtes publiée chez Télémaque, merci beaucoup.
Sophie Chauveau
Manet, le secret
L'avis du libraire 1'13Comme dans ses précédent roman, notamment « La passion Lippi » et « Le rêve Botticelli » que j'ai lu avec beaucoup de plaisir, Sophie Chauveau nous entraine dans les pas de cet enfant, Edouard Manet qui a peur de son père et ne veut pas lui ressembler.
Avec cette écriture qui fait le charme de ses livre Sophie Chauveau nous dépeint cette vie de révolte qui commence en 1947 lorsqu'il entre dans la marine pour le Brésil. Sophie Chauveau nous déroule cette vie de dandy, cet homme drôle et sensible.
Sous les mots de Sophie Chauveau, le lecteur ressent cet amour, reste sans voix devant Manet qui recopie les vénitien, le Tintaret puis les hollandais, Rembrandt, et les espagnols, Vélasquez.
La librairie BHV/MARAIS vous invite à découvrir la naissance de l'impressionnisme et le secret d'Edouard Manet sous la plume sensible de Sophie Chauveau, « Manet, le secret » le dernier roman de Sophie Chauveau aux éditions Télémaque.
Pascal Pannetier
BHV-Marais
36, rue de la Verrerie
75004 Paris
www.bhv.fr
Comme dans ses précédent roman, notamment « La passion Lippi » et « Le rêve Botticelli » que j'ai lu avec beaucoup de plaisir, Sophie Chauveau nous entraine dans les pas de cet enfant, Edouard Manet qui a peur de son père et ne veut pas lui ressembler.
Avec cette écriture qui fait le charme de ses livre Sophie Chauveau nous dépeint cette vie de révolte qui commence en 1947 lorsqu'il entre dans la marine pour le Brésil. Sophie Chauveau nous déroule cette vie de dandy, cet homme drôle et sensible.
Sous les mots de Sophie Chauveau, le lecteur ressent cet amour, reste sans voix devant Manet qui recopie les vénitien, le Tintaret puis les hollandais, Rembrandt, et les espagnols, Vélasquez.
La librairie BHV/MARAIS vous invite à découvrir la naissance de l'impressionnisme et le secret d'Edouard Manet sous la plume sensible de Sophie Chauveau, « Manet, le secret » le dernier roman de Sophie Chauveau aux éditions Télémaque.
Sophie Chauveau
Manet, le secret
Discussion entre 2 passionnés 17'59A ton avis, pourquoi un tel scandale pour ce nu qui finalement est incroyablement académique et copié du Titien ?
Je pense que ce n'est pas forcément la technique. C'est une femme nue, l'autre est à demi vêtue dans le bain, puisque ça s'appelait « Le bain » et deux hommes en train de discuter et personne ne se regarde sauf le nu qui regarde le spectateur.
Je crois que c'est surtout ça qui a choqué, qui a perturbé. C'est cette provocation
On ne peut pas se remettre à l'époque de Manet mais les nus de Goya ou du Titien nous regardent aussi…
Oui, mais ce n'est pas la même époque.
Oui, ils ne font pas scandale et entreront au musée alors que lui !
Ce n'est pas la même époque. Excusez-moi du terme mais le cul était complètement toléré au moment de Goya ou même de Vélasquez. Il n'y avait pas cette pudibonderie qui est l'image même du XIXème siècle.
La bourgeoisie a pris le pouvoir et pour avoir le pouvoir, il faut être sérieux, de noir vêtu, comme nous d'ailleurs ! C'est donc une provocation, ce mélange nu et habillé, cette décontraction, les copains qui se partagent les filles.
C'est la cocotte, qui normalement, avant ou après son bain, ne reste pas à poil…
On a beaucoup dit aussi que c'était à cause des vêtements éparpillés autour, donc on l'a vue se déshabiller. C'est le côté vivant de la chose comme le fait que les hommes portent des costumes contemporains.
Le public porte les mêmes. Cela aussi est insupportable. S'ils étaient habillés en empereur romain, ça irait très bien ! Voyant le scandale, il ne va pas oser montrer la toile qui vient juste après « Olympia », qu'il fait avec la même héroïne, le même modèle.
Ce fut un choc incroyable pour l'homme Manet d'être reçu comme un chien dans un jeu de quilles, d'être pourfendu comme le type qui avait fait la pire horreur qu'on ait jamais faite en peinture.
D'autant plus, sans raison apparente
Lui, il ne comprend pas et du coup, il ne va pas oser montrer « Olympia », il va le garder au moins deux ans à la maison parce que le scandale du « Déjeuner » est trop terrible
Là, moi, je voudrais poser une question à l'artiste. Parle-moi des blancs d'Olympia. On parle toujours de la grande servante noire ou du bouquet de fleurs mais parle-moi des blancs parce que cela me fascine
Oui, c'est une toile bicolore. Il y a des contrastes énormes sauf entre le lit, la servante et Olympia. Cette femme, son lieu de travail, c'est le pageot (lit)
C'est ça !!! Mais alors, c'est normal que cela scandalise le monde entier…
Oui, c'est son lieu de travail. Il a mis la servante qui introduit ces messieurs et qui amènent le bouquet en cadeau, en remerciements, et elle, elle est sur et dans son outil de travail.
Alors toi, tu dis ça !!! Moi, j'ai une analyse beaucoup plus élaborée, plus littéraire. Je pense qu'à travers le regard désabusé de cette femme qui fait « boutique mon cul », les hommes se sentent méprisés. Elle s'en fout et le dit
Parce que ce n'est qu'un outil ! Mais c'est un peu le même regard que pour « Le déjeuner ». Le regard du « Déjeuner » est même pire car c'est un désintérêt complet pour la conversation des deux mecs.
En même temps, dans de nombreux tableaux qu'on ne verra pas ici, les gens ne se parlent pas. Il a adopté ce principe depuis « Le déjeuner » et c'est flagrant dans « Olympia », il n'y a aucune communication entre ses personnages, ses héros, ses modèles.
C'est bien de la peinture. C'est une façon de rejeter l'anecdote et à partir de là, on sait qu'il n'y aura plus jamais d'anecdote en peinture.
Alors Berthe Morisot. Je sais que tu préfères la Berthe esquintée de la fin, qu'il peint lorsqu'il sait qu'il ne la verra plus jamais…
Non, j'aime beaucoup ce portrait qui est apparemment très classique, très « goyesque » parce qu'alors qu'il y a travaillé pendant des heures, on a l'impression qu'il a été fait en une journée.
Il est très sophistiqué parce qu'il n'y a rien et en fait, il y a une vie incroyable dans ce tableau, une intensité, une tension.
Cela me fait penser aux tableaux que Fragonard se vantait d'avoir peint en mineur, des portraits surtout, qui sont peints très vite. Et je me souviens que Berthe Morisot est la descendante de Fragonard. C'est amusant comme coïncidence…
Très grand peintre Berthe Morisot. C'est un très beau portrait où il y a une réserve et une tension.
Entre « Le balcon » et le dernier, que tu adores et qui est affreux, il y a eu onze tableaux qui sont une déclinaison d'une beauté et d'un amour somptueux.
Même le dernier est un cri d'amour
Et de chagrin…
Mais des portraits du XVIème siècle jusqu'à nos jours, je le mets dans le Top10 !
Je n'ai pas connu Mallarmé mais avec ce tableau, j'ai l'impression de l'avoir approché. C'est incroyable cette intimité. Comment rend-on cette intimité en peinture ?
C'est surtout un travail sur la vérité même si c'est un grand mot, sur cette connivence presque visuelle, pas intellectuelle en fait, une connivence de sentiments entre ces deux hommes.
On a l'impression que le peintre n'est pas dans le tableau mais il est là. Ils sont en train de boire, de fumer, de parler ensemble. C'est comme si on les entendait penser ensemble. Moi, ça me fascine…
Il y a une grande naturalité avec le cigare, le papier qui est l'outil préféré de Mallarmé, la main dans la poche. Il y a une espèce de tranquillité sereine entre deux copains.
Quelle belle amitié ! Cela me plait chez Manet cette capacité d'avoir des amis.
Alors que Manet est peintre intellectuel et émotionnel. C'est un peintre classique et c'est pour cela qu'il ne comprenait pas pourquoi il était sans cesse refusé car c'est un peintre classique comme on en voyait depuis des siècles.
Il ne dépare pas, il est frère de tous ceux-là. Et là, avec Mallarmé, c'est un moment de tranquillité entre ces deux hommes agités et novateurs.
C'est le mystère de la peinture. Il n'y a rien et il y a tout ! C'est très narratif alors que ça ne l'est pas du tout et on est dans l'émotion sans l'être.
C'est précis, vivant ! Tu vois ce tableau, on a l'impression qu'il vient d'être fait !
Ce que j'aime chez Manet, c'est que c'est un « mal assis ».
L'éditeur de Baudelaire s'appelait Poulet-Mallassis !...
Manet est mal assis socialement et picturalement. Il ne sait pas où il est. Il le sait quand il peint mais après, il ne sait plus où il est. Il ne comprend plus pourquoi.
Pourquoi est-il refusé ? Pourquoi est-il adulé par les jeunes nouveaux, même par Degas qui est pourtant une salope. Il est adulé mais il ne comprend pas non plus pourquoi !
Et il ne veut pas ! Il ne veut pas être aussi haï ni aussi aimé. C'est pas normal.
Là, on ne dit pas que c'est un tableau impressionniste parce qu'à l'époque cela ne se dit pas. On dit un tableau « pleinairiste ». C'est l'un des rares tableau qu'il peint directement en plein air. Il vient avec les copains.
Il y a Manet, Renoir, ils sont tous là et passent des vacances à Gennevilliers et Argenteuil de chaque côté de la Seine et Manet qui a fait profession de peindre sincèrement ce qu'il voit, voit la Seine bleue.
Et alors qu'il commence à devenir un peintre acceptable, cela va faire un tohu-bohu encore pire que les nus qui étaient effectivement un peu provocateurs.
Là, il n'y a rien pour provoquer et ça fait un drame. On dit que la Seine ne peut pas être bleue. Qu'en penses-tu ?
Je crois que ce n'est pas exactement ça. En même temps c'est une toile très intimiste avec un admirateur et une femme qui n'en a rien à faire de cette admiration et surtout ce bleu est invraisemblable par rapport à l'ambiance générale du tableau.
Donc, les classiques trouvent intolérables que la Seine ne soit pas de la même couleur que la Seine. Et c'est ce bleu qui vient en premier plan.
Il fait du Yves Klein avant la lettre ! Ce bleu dépasse tout, on ne voit pas les visages, même en clignant de l'œil. On ne voit que des silhouettes ou presque, j'exagère un peu mais ce bleu est omniprésent.
Deux choses. La première, c'est que pour la première fois Manet veut faire en montrant du sentiment. Il demande donc à son beau-frère Rudolf Lehnhoff, le frère de sa femme, d'aller place Pigalle choisir un modèle pour l'emmener
trois semaines en vacances et pour avoir une aventure avec elle car c'est un homme à femmes. Il faut vraiment qu'il est du désir pour elle car il veut peindre le désir. C'est amusant car il n'a jamais fait ça.
L'autre chose, c'est que pour l'excuser d'avoir fait ce bleu, ces copains vont dire que c'est par contraste, c'est par rapport aux autres. Si vous mettez une orange sur du papier bleu, elle va être plus orange que si vous la mettez sur du papier rouge.
Ils disent cela parce que le scandale est tellement fort…
Et justement, il n'y a pas d'orange ! Tout est gris, on ne voit que ce bleu qui est comme un cri. C'est d'une audace !
Alors toi, tu comprends le scandale ?
Oui, complètement. Je parle de ces vieux pontes qui tiennent l'académie. Picturalement, tu n'as pas le droit de mettre un bleu comme ça, presqu'au milieu du tableau et qui te bouffe ces deux visages que l'on voie sans les voir
Alors, ils disent que c'est un mauvais peintre, un barbouilleur !
« Les asperges » de Manet sont très célèbres à cause d'une ravissante anecdote. Le collectionneur Ephrussi lui achète cette botte en lui demandant le prix. Manet dit 800, Ephrussi lui donne 1000.
Manet veut rendre la monnaie et Ephrussi refuse. Manet se sent presqu'offensé. Il rentre rapidement à l'atelier et peint une asperge, unique, qu'il fait porter à Ephrussi avec ces mots « C'était l'asperge qu'il manquait à votre botte ».
Donc, on a deux tableaux pour le prix d'un ! C'est un geste d'une incroyable élégance, d'une délicatesse formidable, ce qui n'explique pourtant pas la puissance picturale de ces asperges.
Je voudrais que tu m'expliques puisque toi aussi, tu fais des asperges, comme Manet !
C'est le plus petit tableau de Manet. Et moi, pourquoi les asperges ? J'ai un ami, le chef Yves Candeborde qui m'avait commandé
des asperges sur son torchon car il cuisine beaucoup d'asperges. Je lui ai fait ça et il était ravi.
Et son successeur m'a aussi demandé des asperges, donc elles me poursuivent… J'adore ce tableau et en l'honneur de mon amie Sophie Chauveau, j'ai eu envie de faire une ou deux toiles et là, je crois que je suis parti pour une série.
Il n'y a rien de plus bête dans la forme mais la botte, c'est de la peinture et c'est d'une audace folle parce que c'est invraisemblable de peindre sur un tableau une botte d'asperges.
Elles peuvent servir dans une nature morte mais là, il n'y a qu'une botte d'asperges et une espèce de salade. C'est incompréhensible, une non vérité tout en étant d'une justesse et d'une technique magnifique.
Pour moi, c'est l'un des plus grands tableaux, comme les « Ménines » de Vélasquez…
La simplicité tranquille des choses qui est la traduction littérale de la nature morte en hollandais.
Je trouve qu'il y a quelque chose de très fort là-dedans… C'est Chardin !
C'est plus proche de Chardin que des hollandais ! Il a fait plus dur mais pas cette tendresse et cette rigueur tendre
En tous cas, cela donne à tes asperges un élan…
Moi, quand je suis parti sur une toile, il faut que je fasse une série. Je ne suis jamais content de ce que j'ai fait donc, il faut que j'essaie de m'améliorer…
Sophie Chauveau :
A ton avis, pourquoi un tel scandale pour ce nu qui finalement est incroyablement académique et copié du Titien ?
François Bardon :
Je pense que ce n'est pas forcément la technique. C'est une femme nue, l'autre est à demi vêtue dans le bain, puisque ça s'appelait « Le bain » et deux hommes en train de discuter. Personne ne se regarde sauf le nu qui regarde le spectateur. Je crois que c'est surtout ça qui a choqué, qui a perturbé. C'est cette provocation
Sophie Chauveau :
On ne peut pas se remettre à l'époque de Manet mais les nus de Goya ou du Titien nous regardent aussi…
François Bardon :
Oui, mais ce n'est pas la même époque.
Sophie Chauveau :
Oui, ils ne font pas scandale et entreront au musée alors que lui !
François Bardon :
Ce n'est pas la même époque. Excusez-moi du terme mais le cul était complètement toléré au moment de Goya ou même de Vélasquez. Il n'y avait pas cette pudibonderie qui est l'image même du XIXème siècle. La bourgeoisie a pris le pouvoir et pour avoir le pouvoir, il faut être sérieux, de noir vêtu, comme nous d'ailleurs ! C'est donc une provocation, ce mélange nu et habillé, cette décontraction, les copains qui se partagent les filles. C'est la cocotte, qui normalement, avant ou après son bain, ne reste pas à poil…
Sophie Chauveau :
On a beaucoup dit aussi que c'était à cause des vêtements éparpillés autour, donc on l'a vue se déshabiller. C'est le côté vivant de la chose comme le fait que les hommes portent des costumes contemporains. Le public porte les mêmes. Cela aussi est insupportable. S'ils étaient habillés en empereur romain, ça irait très bien ! Voyant le scandale, il ne va pas oser montrer la toile qui vient juste après « Olympia », qu'il fait avec la même héroïne, le même modèle. Ce fut un choc incroyable pour l'homme Manet d'être reçu comme un chien dans un jeu de quilles, d'être pourfendu comme le type qui avait fait la pire horreur qu'on ait jamais faite en peinture.
François Bardon :
D'autant plus, sans raison apparente
Sophie Chauveau :
Lui, il ne comprend pas et du coup, il ne va pas oser montrer « Olympia », il va le garder au moins deux ans à la maison parce que le scandale du « Déjeuner » est trop terrible
Sophie Chauveau :
Là, moi, je voudrais poser une question à l'artiste. Parle-moi des blancs d'Olympia. On parle toujours de la grande servante noire ou du bouquet de fleurs mais parle-moi des blancs parce que cela me fascine
François Bardon :
Oui, c'est une toile bicolore. Il y a des contrastes énormes sauf entre le lit, la servante et Olympia. Cette femme, son lieu de travail, c'est le pageot (lit)
Sophie Chauveau :
C'est ça !!! Mais alors, c'est normal que cela scandalise le monde entier…
François Bardon :
Oui, c'est son lieu de travail. Il a mis la servante qui introduit ces messieurs et qui amènent le bouquet en cadeau, en remerciements, et elle, elle est sur et dans son outil de travail.
Sophie Chauveau :
Alors toi, tu dis ça !!! Moi, j'ai une analyse beaucoup plus élaborée, plus littéraire. Je pense qu'à travers le regard désabusé de cette femme qui fait « boutique mon cul », les hommes se sentent méprisés. Elle s'en fout et le dit
François Bardon :
Parce que ce n'est qu'un outil ! Mais c'est un peu le même regard que pour « Le déjeuner ». Le regard du « Déjeuner » est même pire car c'est un désintérêt complet pour la conversation des deux mecs.
Sophie Chauveau :
En même temps, dans de nombreux tableaux qu'on ne verra pas ici, les gens ne se parlent pas. Il a adopté ce principe depuis « Le déjeuner » et c'est flagrant dans « Olympia », il n'y a aucune communication entre ses personnages, ses héros, ses modèles. C'est bien de la peinture. C'est une façon de rejeter l'anecdote et à partir de là, on sait qu'il n'y aura plus jamais d'anecdote en peinture.
Sophie Chauveau :
Alors Berthe Morisot. Je sais que tu préfères la Berthe esquintée de la fin, qu'il peint lorsqu'il sait qu'il ne la verra plus jamais…
François Bardon :
Non, j'aime beaucoup ce portrait qui est apparemment très classique, très « goyesque » parce qu'alors qu'il y a travaillé pendant des heures, on a l'impression qu'il a été fait en une journée. Il est très sophistiqué parce qu'il n'y a rien et en fait, il y a une vie incroyable dans ce tableau, une intensité, une tension.
Sophie Chauveau :
Cela me fait penser aux tableaux que Fragonard se vantait d'avoir peint en mineur, des portraits surtout, qui sont peints très vite. Et je me souviens que Berthe Morisot est la descendante de Fragonard. C'est amusant comme coïncidence…
François Bardon :
Très grand peintre Berthe Morisot. C'est un très beau portrait où il y a une réserve et une tension.
Sophie Chauveau :
Entre « Le balcon » et le dernier, que tu adores et qui est affreux, il y a eu onze tableaux qui sont une déclinaison d'une beauté et d'un amour somptueux.
François Bardon :
Même le dernier est un cri d'amour
Sophie Chauveau :
Et de chagrin…
François Bardon :
Mais des portraits du XVIème siècle jusqu'à nos jours, je le mets dans le Top10 !
Sophie Chauveau :
Je n'ai pas connu Mallarmé mais avec ce tableau, j'ai l'impression de l'avoir approché. C'est incroyable cette intimité. Comment rend-on cette intimité en peinture ?
François Bardon :
C'est surtout un travail sur la vérité même si c'est un grand mot, sur cette connivence presque visuelle, pas intellectuelle en fait, une connivence de sentiments entre ces deux hommes.
Sophie Chauveau :
On a l'impression que le peintre n'est pas dans le tableau mais il est là. Ils sont en train de boire, de fumer, de parler ensemble. C'est comme si on les entendait penser ensemble. Moi, ça me fascine…
François Bardon :
Il y a une grande naturalité avec le cigare, le papier qui est l'outil préféré de Mallarmé, la main dans la poche. Il y a une espèce de tranquillité sereine entre deux copains.
Sophie Chauveau :
Quelle belle amitié ! Cela me plait chez Manet cette capacité d'avoir des amis.
François Bardon :
Alors que Manet est peintre intellectuel et émotionnel. C'est un peintre classique et c'est pour cela qu'il ne comprenait pas pourquoi il était sans cesse refusé car c'est un peintre classique comme on en voyait depuis des siècles. Il ne dépare pas, il est frère de tous ceux-là. Et là, avec Mallarmé, c'est un moment de tranquillité entre ces deux hommes agités et novateurs. C'est le mystère de la peinture. Il n'y a rien et il y a tout ! C'est très narratif alors que ça ne l'est pas du tout et on est dans l'émotion sans l'être.
Sophie Chauveau :
C'est précis, vivant ! Tu vois ce tableau, on a l'impression qu'il vient d'être fait !
François Bardon :
Ce que j'aime chez Manet, c'est que c'est un « mal assis ».
Sophie Chauveau :
L'éditeur de Baudelaire s'appelait Poulet-Mallassis !...
François Bardon :
Manet est mal assis socialement et picturalement. Il ne sait pas où il est. Il le sait quand il peint mais après, il ne sait plus où il est. Il ne comprend plus pourquoi. Pourquoi est-il refusé ? Pourquoi est-il adulé par les jeunes nouveaux, même par Degas qui est pourtant une salope. Il est adulé mais il ne comprend pas non plus pourquoi !
Sophie Chauveau :
Et il ne veut pas ! Il ne veut pas être aussi haï ni aussi aimé. C'est pas normal.
Sophie Chauveau :
Là, on ne dit pas que c'est un tableau impressionniste parce qu'à l'époque cela ne se dit pas. On dit un tableau « pleinairiste ». C'est l'un des rares tableau qu'il peint directement en plein air. Il vient avec les copains. Il y a Manet, Renoir, ils sont tous là et passent des vacances à Gennevilliers et Argenteuil de chaque côté de la Seine et Manet qui a fait profession de peindre sincèrement ce qu'il voit, voit la Seine bleue. Et alors qu'il commence à devenir un peintre acceptable, cela va faire un tohu-bohu encore pire que les nus qui étaient effectivement un peu provocateurs. Là, il n'y a rien pour provoquer et ça fait un drame. On dit que la Seine ne peut pas être bleue. Qu'en penses-tu ?
François Bardon :
Je crois que ce n'est pas exactement ça. En même temps c'est une toile très intimiste avec un admirateur et une femme qui n'en a rien à faire de cette admiration et surtout ce bleu est invraisemblable par rapport à l'ambiance générale du tableau. Donc, les classiques trouvent intolérables que la Seine ne soit pas de la même couleur que la Seine. Et c'est ce bleu qui vient en premier plan. Il fait du Yves Klein avant la lettre ! Ce bleu dépasse tout, on ne voit pas les visages, même en clignant de l'œil. On ne voit que des silhouettes ou presque, j'exagère un peu mais ce bleu est omniprésent.
Sophie Chauveau :
Deux choses. La première, c'est que pour la première fois Manet veut faire en montrant du sentiment. Il demande donc à son beau-frère Rudolf Lehnhoff, le frère de sa femme, d'aller place Pigalle choisir un modèle pour l'emmener trois semaines en vacances et pour avoir une aventure avec elle car c'est un homme à femmes. Il faut vraiment qu'il est du désir pour elle car il veut peindre le désir. C'est amusant car il n'a jamais fait ça. L'autre chose, c'est que pour l'excuser d'avoir fait ce bleu, ces copains vont dire que c'est par contraste, c'est par rapport aux autres. Si vous mettez une orange sur du papier bleu, elle va être plus orange que si vous la mettez sur du papier rouge. Ils disent cela parce que le scandale est tellement fort…
François Bardon :
Et justement, il n'y a pas d'orange ! Tout est gris, on ne voit que ce bleu qui est comme un cri. C'est d'une audace !
Sophie Chauveau :
Alors toi, tu comprends le scandale ?
François Bardon :
Oui, complètement. Je parle de ces vieux pontes qui tiennent l'académie. Picturalement, tu n'as pas le droit de mettre un bleu comme ça, presqu'au milieu du tableau et qui te bouffe ces deux visages que l'on voie sans les voir Alors, ils disent que c'est un mauvais peintre, un barbouilleur !
Sophie Chauveau :
« Les asperges » de Manet sont très célèbres à cause d'une ravissante anecdote. Le collectionneur Ephrussi lui achète cette botte en lui demandant le prix. Manet dit 800, Ephrussi lui donne 1000. Manet veut rendre la monnaie et Ephrussi refuse. Manet se sent presqu'offensé. Il rentre rapidement à l'atelier et peint une asperge, unique, qu'il fait porter à Ephrussi avec ces mots « C'était l'asperge qu'il manquait à votre botte ». Donc, on a deux tableaux pour le prix d'un ! C'est un geste d'une incroyable élégance, d'une délicatesse formidable, ce qui n'explique pourtant pas la puissance picturale de ces asperges. Je voudrais que tu m'expliques puisque toi aussi, tu fais des asperges, comme Manet !
François Bardon :
C'est le plus petit tableau de Manet. Et moi, pourquoi les asperges ? J'ai un ami, le chef Yves Candeborde qui m'avait commandé des asperges sur son torchon car il cuisine beaucoup d'asperges. Je lui ai fait ça et il était ravi. Et son successeur m'a aussi demandé des asperges, donc elles me poursuivent… J'adore ce tableau et en l'honneur de mon amie Sophie Chauveau, j'ai eu envie de faire une ou deux toiles et là, je crois que je suis parti pour une série. Il n'y a rien de plus bête dans la forme mais la botte, c'est de la peinture et c'est d'une audace folle parce que c'est invraisemblable de peindre sur un tableau une botte d'asperges. Elles peuvent servir dans une nature morte mais là, il n'y a qu'une botte d'asperges et une espèce de salade. C'est incompréhensible, une non vérité tout en étant d'une justesse et d'une technique magnifique. Pour moi, c'est l'un des plus grands tableaux, comme les « Ménines » de Vélasquez…
Sophie Chauveau :
La simplicité tranquille des choses qui est la traduction littérale de la nature morte en hollandais. Je trouve qu'il y a quelque chose de très fort là-dedans… C'est Chardin !
François Bardon :
C'est plus proche de Chardin que des hollandais ! Il a fait plus dur mais pas cette tendresse et cette rigueur tendre
Sophie Chauveau :
En tous cas, cela donne à tes asperges un élan…
François Bardon :
Moi, quand je suis parti sur une toile, il faut que je fasse une série. Je ne suis jamais content de ce que j'ai fait donc, il faut que j'essaie de m'améliorer….