« J'ai rêvé la nuit dernière que je revenais à Manderley »… C'est l'une des phrases les plus célèbres de la littérature internationale, celle prononcée par la timide Mme de Winter et qui ouvre le roman de Daphné du Maurier, « Rebecca ». Daphné du Maurier, auteur britannique aux racines françaises, est au coeur du nouveau livre de Tatiana de Rosnay qui après les nouvelles ou le roman s'essaie donc, et avec bonheur, à la biographie.Mais ce livre était une évidence pour Tatiana de Rosnay puisque c'est la lecture du...
Poussière blonde de Tatiana Rosnay (de) - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Tatiana de Rosnay, merci d'être avec nous. Vous le savez, généralement, dans notre émission, nous aimons bien parler d'abord du portrait de l'auteur puis du livre; mais ici, cela va se révéler compliqué.Parce que dans votre actualité « Manderley for ever » où vous retracez brillamment la vie, l'oeuvre de Daphné du Maurier, il y a un tel parallèle avec votre parcours d'auteur que c'est difficile de dissocier les deux.Si il n'y avait pas eu Daphné du Maurier, s'il n'y avait pas eu son roman...
Poussière blonde de Tatiana Rosnay (de) - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Tatiana de Rosnay, « Manderley for ever », le titre était une évidence. On rappelle qu'il s'agit d'une biographie de Daphné du Maurier à qui l'on doit ce fameux roman « Rebecca » et « Rebecca » c'est le manoir de Manderley, le titre s'est imposé tout de suite ?Tatiana de Rosnay :En fait, moi je voulais l'appeler « Manderley » avec cette photo de Daphné rebelle, et c'est mon éditeur qui m'a dit non, que c'était un peu sec. Ils m'ont proposé « Manderley for ever » et j'ai trouvé ça...
Poussière blonde de Tatiana Rosnay (de) - Le livre - Suite
Tatiana de Rosnay
Manderley for ever
Présentation 2'12« J'ai rêvé la nuit dernière que je revenais à Manderley »… C'est l'une des phrases les plus célèbres de la littérature internationale, celle prononcée par la timide Mme de Winter et qui ouvre le roman de Daphné du Maurier, « Rebecca ».
Daphné du Maurier, auteur britannique aux racines françaises, est au coeur du nouveau livre de Tatiana de Rosnay qui après les nouvelles ou le roman s'essaie donc, et avec bonheur, à la biographie.
Mais ce livre était une évidence pour Tatiana de Rosnay puisque c'est la lecture du chef d'oeuvre de Daphné du Maurier qui fut le point de départ de sa carrière.
C'est en 1992 que Tatiana de Rosnay publie son premier roman « L'appartement témoin » suivi de « Spirales », ou « Moka ».
Puis en 2007, c'est l'énorme succès de ce livre « Elle s'appelait Sarah » qui sera vendu à des millions d'exemplaires dans le monde entier et sera adapté au cinéma avec Kristin Scott Thomas.
Si les romans de Tatiana de Rosnay sont tous différents, on y retrouve une constante, le secret et l'importance des lieux ou plus exactement des maisons et des murs qui gardent la mémoire de leurs propriétaires. Et là encore, il y a une similitude troublante avec Daphné du Maurier.
Longtemps considérée comme une romancière sentimentale, Daphné du Maurier, née au début du XXème siècle, a toujours cherché à casser l'image dans laquelle on l'avait enfermé.
L'intérêt de cette biographie, objective, est de dévoiler la vraie personnalité de cette femme écrivain d'une étonnante modernité dans un univers britannique très conservateur.
A lire Tatiana de Rosnay, on découvre alors une femme passionnée, égotique parfois mais surtout attachante, parfois mélancolique, un vrai personnage de romans.
Et nul doute que la lecture de cette biographie vous donnera envie de découvrir ou redécouvrir quelques-uns des best-seller de Daphné du Maurier « L'auberge de la Jamaïque », « Le général du roi », « Les oiseaux »
sans oublier évidemment « Rebecca » qu'Albin Michel a la bonne idée de rééditer dans une nouvelle traduction.
« Manderley for ever » de Tatiana de Rosnay, la biographie de Daphné du Maurier, aux éditions Albin Michel / Héloïse d'Ormesson. Tatiana de Rosnay est sur WEBTVCULTURE.
« J'ai rêvé la nuit dernière que je revenais à Manderley »… C'est l'une des phrases les plus célèbres de la littérature internationale, celle prononcée par la timide Mme de Winter et qui ouvre le roman de Daphné du Maurier, « Rebecca ».
Daphné du Maurier, auteur britannique aux racines françaises, est au coeur du nouveau livre de Tatiana de Rosnay qui après les nouvelles ou le roman s'essaie donc, et avec bonheur, à la biographie.
Mais ce livre était une évidence pour Tatiana de Rosnay puisque c'est la lecture du chef d'oeuvre de Daphné du Maurier qui fut le point de départ de sa carrière.
C'est en 1992 que Tatiana de Rosnay publie son premier roman « L'appartement témoin » suivi de « Spirales », ou « Moka ».
Puis en 2007, c'est l'énorme succès de ce livre « Elle s'appelait Sarah » qui sera vendu à des millions d'exemplaires dans le monde entier et sera adapté au cinéma avec Kristin Scott Thomas.
Si les romans de Tatiana de Rosnay sont tous différents, on y retrouve une constante, le secret et l'importance des lieux ou plus exactement des maisons et des murs qui gardent la mémoire de leurs propriétaires. Et là encore, il y a une similitude troublante avec Daphné du Maurier.
Longtemps considérée comme une romancière sentimentale, Daphné du Maurier, née au début du XXème siècle, a toujours cherché à casser l'image dans laquelle on l'avait enfermé.
L'intérêt de cette biographie, objective, est de dévoiler la vraie personnalité de cette femme écrivain d'une étonnante modernité dans un univers britannique très conservateur.
A lire Tatiana de Rosnay, on découvre alors une femme passionnée, égotique parfois mais surtout attachante, parfois mélancolique, un vrai personnage de romans.
Et nul doute que la lecture de cette biographie vous donnera envie de découvrir ou redécouvrir quelques-uns des best-seller de Daphné du Maurier « L'auberge de la Jamaïque », « Le général du roi », « Les oiseaux »
sans oublier évidemment « Rebecca » qu'Albin Michel a la bonne idée de rééditer dans une nouvelle traduction.
« Manderley for ever » de Tatiana de Rosnay, la biographie de Daphné du Maurier, aux éditions Albin Michel / Héloïse d'Ormesson. Tatiana de Rosnay est sur WEBTVCULTURE.
Tatiana de Rosnay
Manderley for ever
Portrait 5'10Bonjour Tatiana de Rosnay, merci d'être avec nous. Vous le savez, généralement, dans notre émission, nous aimons bien parler d'abord du portrait de l'auteur puis du livre; mais ici, cela va se révéler compliqué.
Parce que dans votre actualité « Manderley for ever » où vous retracez brillamment la vie, l'oeuvre de Daphné du Maurier, il y a un tel parallèle avec votre parcours d'auteur que c'est difficile de dissocier les deux.
Si il n'y avait pas eu Daphné du Maurier, s'il n'y avait pas eu son roman « Rebecca », vous ne seriez peut-être jamais devenu auteur ?
C'est vrai, puisque j'ai découvert ce livre à l'âge de douze ans, on m'avait offert la version anglaise à Noël. Et je suis tombée sous le charme de ce livre, comme une espèce d'envoûtement. Ensuite, j'ai lu tout ce qu'elle avait écrit, et je me suis dit : « je veux faire ça ! Je veux écrire comme ça, avoir cette noirceur psychologique, et surtout ce suspense ». Mais ce n'est pas du polar, parce qu'elle n'écrit pas de romans policiers, ce sont des romans intimistes.
On vous offre ce roman à douze ans, ce qui est jeune pour lire Daphné du Maurier ?
Non puisque je lisais déjà « Lolita » de Nabokov ! J'allais chercher dans la bibliothèque de mes parents tout ce que je ne devais pas lire. Les livres de mon âge ne m'intéressaient pas beaucoup. Je cherchais les livres un peu inquiétants, angoissants ou carrément érotiques.
Quand vous étiez adolescente et plus tard jeune adulte, la lecture était-elle un refuge ?
Il y avait aussi l'écriture, parce que j'écrivais déjà. Je dirais que les deux étaient très liées, et mes lectures encourageaient et stimulaient ce que j'écrivais. J'ai aussi été très marquée par « Le journal d'Anne Frank », donc j'ai voulu moi aussi tenir un journal.
Vous avez envie, parfois, de brouiller les pistes, de casser l'image élégante de Tatiana de Rosnay tel que la presse vous présente souvent ?
Je pense que je l'ai pas mal froissée cette image avec « A l'encre russe » et « Le carnet rouge ». Je pense que les gens qui étaient persuadés que j'étais une Mater Dolorosa qui écrit des livres qui font pleurer, ont compris que non.
Je sais changer mon fusil d'épaule, et même si j'aborde des sujets noirs, il y a aussi une pointe d'humour. Je pense qu'un écrivain a besoin de se mettre en danger et de sortir de l'autoroute longue et banale pour aller à l'aventure.
Car si on ne fait pas cela, on finit par écrire toujours le même livre, et je ne le veux pas, et Daphné non plus ne le faisait pas.
Un autre parallèle avec Daphné du Maurier. Daphné du Maurier c'est « Rebecca », aujourd'hui Tatiana de Rosnay c'est « Elle s'appelait Sarah ». Est-ce difficile de passer à autre chose après un succès aussi important ?
Alors je sais que Daphné en a beaucoup souffert, puisque trente ans après, on venait encore lui parler de « Rebecca », elle n'en pouvait plus. Quant à moi, c'est encore un peu récent tout ça, le livre date de 2007.
C'est vrai qu'on me parle encore de Sarah, et je pense que toute ma vie je serai l'auteur de « Elle s'appelait Sarah ». Mais pour l'instant je le supporte encore assez bien même si j'espère qu'on continuera à lire mes autres livres.
Est-ce difficile en France notamment d'être une femme auteur ?
Pour moi, il n'y a pas de différence entre un livre qu'écrit une femme et un livre qu'écrit un homme, je me refuse à disséquer les deux genres. Je dirais simplement que par rapport à d'autres pays où les femmes n'ont pas le droit d'écrire, non ce n'est pas compliqué.
Vous écrivez des nouvelles, vous écrivez des romans, là il s'agit d'une biographie. Êtes-vous la même Tatiana de Rosnay quand vous travaillez sur ce genre de livre ? ?
C'est vrai que ce livre-là m'a demandé un travail que je n'avais jamais fait ; je n'ai rien inventé dans ce livre. Je suis resté complètement collée à sa vie. Je n'ai rien ajouté, rien modifié et ça, c'était nouveau, cela a été un travail assez dense.
J'ai trouvé ça tellement passionnant que ça m'a donné envie de recommencer et j'ai déjà une idée... mais je ne peux pas encore vous la révéler...
C'est pourtant ce que j'avais envie de vous poser comme question...
Tatiana de Rosnay, votre actualité, « Manderley for ever » une coédition avec Héloïse d'Ormesson à qui vous êtes fidèle et Albin Michel qui publie rappelons-le l'oeuvre de Daphné du Maurier.
Philippe Chauveau :
Bonjour Tatiana de Rosnay, merci d'être avec nous. Vous le savez, généralement, dans notre émission, nous aimons bien parler d'abord du portrait de l'auteur puis du livre; mais ici, cela va se révéler compliqué.
Parce que dans votre actualité « Manderley for ever » où vous retracez brillamment la vie, l'oeuvre de Daphné du Maurier, il y a un tel parallèle avec votre parcours d'auteur que c'est difficile de dissocier les deux.
Si il n'y avait pas eu Daphné du Maurier, s'il n'y avait pas eu son roman « Rebecca », vous ne seriez peut-être jamais devenu auteur ?
Tatiana de Rosnay :
C'est vrai, puisque j'ai découvert ce livre à l'âge de douze ans, on m'avait offert la version anglaise à Noël. Et je suis tombée sous le charme de ce livre, comme une espèce d'envoûtement. Ensuite, j'ai lu tout ce qu'elle avait écrit, et je me suis dit : « je veux faire ça ! Je veux écrire comme ça, avoir cette noirceur psychologique, et surtout ce suspense ». Mais ce n'est pas du polar, parce qu'elle n'écrit pas de romans policiers, ce sont des romans intimistes.
Philippe Chauveau :
On vous offre ce roman à douze ans, ce qui est jeune pour lire Daphné du Maurier ?
Tatiana de Rosnay :
Non puisque je lisais déjà « Lolita » de Nabokov ! J'allais chercher dans la bibliothèque de mes parents tout ce que je ne devais pas lire. Les livres soi-disant de mon âge ne m'intéressaient pas beaucoup. Je cherchais les livres un peu inquiétants, angoissants ou carrément érotiques.
Philippe Chauveau :
Quand vous étiez adolescente et plus tard jeune adulte, la lecture était-elle un refuge ?
Tatiana de Rosnay :
Il y avait aussi l'écriture, parce que j'écrivais déjà. Je dirais que les deux étaient très liées, et mes lectures encourageaient et stimulaient ce que j'écrivais. J'ai aussi été très marquée par « Le journal d'Anne Frank », donc j'ai voulu moi aussi tenir un journal.
Philippe Chauveau :
Vous avez envie, parfois, de brouiller les pistes, de casser l'image élégante de Tatiana de Rosnay tel que la presse vous présente souvent ?
Tatiana de Rosnay :
Je pense que je l'ai pas mal froissée cette image avec « A l'encre russe » et « Le carnet rouge ». Je pense que les gens qui étaient persuadés que j'étais une Mater Dolorosa qui écrit des livres qui font pleurer, ont compris que non.
Je sais changer mon fusil d'épaule, et même si j'aborde des sujets noirs, il y a aussi une pointe d'humour. Je pense qu'un écrivain a besoin de se mettre en danger et de sortir de l'autoroute longue et banale pour aller à l'aventure.
Car si on ne fait pas cela, on finit par écrire toujours le même livre, et je ne le veux pas, et Daphné non plus ne le faisait pas.
Philippe Chauveau :
Un autre parallèle avec Daphné du Maurier. Daphné du Maurier c'est « Rebecca », aujourd'hui Tatiana de Rosnay c'est « Elle s'appelait Sarah ». Est-ce difficile de passer à autre chose après un succès aussi important ?
Tatiana de Rosnay :
Alors je sais que Daphné en a beaucoup souffert, puisque trente ans après, on venait encore lui parler de « Rebecca », elle n'en pouvait plus. Quant à moi, c'est encore un peu récent tout ça, le livre date de 2007.
C'est vrai qu'on me parle encore de Sarah, et je pense que toute ma vie je serai l'auteur de « Elle s'appelait Sarah ». Mais pour l'instant je le supporte encore assez bien même si j'espère qu'on continuera à lire mes autres livres.
Philippe Chauveau :
Est-ce difficile en France notamment d'être une femme auteur ?
Tatiana de Rosnay :
Pour moi, il n'y a pas de différence entre un livre qu'écrit une femme et un livre qu'écrit un homme, je me refuse à disséquer les deux genres. Je dirais simplement que par rapport à d'autres pays où les femmes n'ont pas le droit d'écrire, non ce n'est pas compliqué.
Philippe Chauveau :
Vous écrivez des nouvelles, vous écrivez des romans, là il s'agit d'une biographie. Etes-vous la même Tatiana de Rosnay quand vous travaillez sur ce genre de livre ?
Tatiana de Rosnay :
C'est vrai que ce livre-là m'a demandé un travail que je n'avais jamais fait ; je n'ai rien inventé dans ce livre. Je suis resté complètement collée à sa vie. Je n'ai rien ajouté, rien modifié et ça, c'était nouveau, cela a été un travail assez dense.
J'ai trouvé ça tellement passionnant que ça m'a donné envie de recommencer et j'ai déjà une idée... mais je ne peux pas encore vous la révéler...
Philippe Chauveau :
C'est pourtant ce que j'avais envie de vous poser comme question...
Tatiana de Rosnay, votre actualité, « Manderley for ever » une coédition avec Héloïse d'Ormesson à qui vous êtes fidèle et Albin Michel qui publie rappelons-le l'oeuvre de Daphné du Maurier.
Tatiana de Rosnay
Manderley for ever
Le livre 5'42Tatiana de Rosnay, « Manderley for ever », le titre était une évidence. On rappelle qu'il s'agit d'une biographie de Daphné du Maurier à qui l'on doit ce fameux roman « Rebecca » et « Rebecca » c'est le manoir de Manderley, le titre s'est imposé tout de suite ?
En fait, moi je voulais l'appeler « Manderley » avec cette photo de Daphné rebelle, et c'est mon éditeur qui m'a dit non, que c'était un peu sec. Ils m'ont proposé « Manderley for ever » et j'ai trouvé ça extraordinaire, parce que c'est vraiment l'essence du livre.
Manderley, ce n'est pas seulement une maison, c'est l'imaginaire de Daphné donc j'ai adoré ce titre immédiatement.
J'aimerais aussi que l'on insiste sur la manière dont vous avez construit le livre, c'est une biographie chronologique mais vous nous présentez cela aussi comme une sorte d'enquête que vous avez menée en allant sur les lieux même de la vie de Rebecca...
C'est marrant vous avez dis « la vie de Rebecca »...
Lapsus révélateur... la vie de Daphné du Maurier...
En fait, je n'avais jamais écrit de biographie, donc quand j'ai été confrontée à toute cette masse de recherches, il fallait que je trouve mon chemin à moi. Et comme je suis une obsédée des lieux, à cause d'elle, je suis partie en Cornouailles,
pour me planter devant les maisons. Donc, je vous décris ces maisons telles qu'elles sont mais j'apparais vraiment très peu, puisque c'est le roman de la vie de Daphné, donc je ne voyais pas l'intérêt de me faire rentrer dans cette recherche.
Il y a les lieux, et il y a la famille, avec ce père comédien, cette mère qui s'occupe de la maison et deux sœurs, dont une qui essaiera d'écrire avec moins de succès.
Deux sœurs dans l'ombre, une sœur artiste peintre, Jeanne, la cadette et Angela l'ainée qui écrivait elle aussi. Le père acteur, qui était une espèce de grand provocateur. Daphné, quand elle a publié « Rebecca » en 1938, ça a été un grand ouragan.
Les autres du Maurier sont passés à la trappe, d'ailleurs aujourd'hui peu de gens en France savent qu'elle est la fille d'un acteur célèbre, et qu'elle avait une sœur romancière qui a publié dix romans.
Vais-je vous choquer si je vous dis que Daphné du Maurier avait un coté égotique ? Parce que, même quand elle est épouse et mère de famille, on sent que c'est elle et l'écriture avant tout.
Vous ne me choquez pas, on peut même dire qu'elle était égoïste. Mais si Daphné avait été un homme, est-ce qu'on aurait posé les mêmes questions ? Est-ce qu'on aurait dit « Ah, il a sacrifié sa vie de famille pour l'écriture » ? Non, on l'aurait jamais dit.
Donc quelques part, elle a été incroyablement moderne, elle rêvait d'être publiée pour gagner son indépendance financière, elle ne voulait pas être la femme de quelqu'un.
Dans l'enquête que vous avez menée, vous vous êtes penchée sur les racines françaises de Daphné du Maurier et vous êtes allée jusque dans la Sarthe d'où est issue la famille du Maurier. Qu'avez-vous ressentie quand vous étiez au cœur même de son passé ?
Alors, ce qui m'a le plus frappée, c'est quand je me suis retrouvée en face d'une toute petite fermette qui s'appelle la ferme Le Maurier. Son arrière arrière-grand-père est né là, il était souffleur de verre.
Son grand-père Georges leur avait toujours dit qu'ils descendaient d'une famille aristocratique, que tout avait brulé pendant la révolution. Et Daphné a donc voulu en savoir plus sur sa famille française dont elle était très fière.
Elle découvre alors qu'elle descend d'un Monsieur Busson né dans cette ferme, parti s'expatrier en Angleterre pendant la Révolution parce qu'il avait des problèmes d'argent. Evidemment, il a trouvé plus chic de se faire appeler Monsieur Busson du Maurier…
Avec cette biographie, vous aviez envie que l'on sorte Daphné du Maurier d'une catégorie dans laquelle on l'aurait enfermée en tant qu'auteur ?
Oui ! Il faut arrêter de croire que Daphné du Maurier écrit des romans à l'eau de rose ou des romans de gare d'ailleurs, c'était un excellent écrivain.
Il faut la découvrir et la relire, et je suis très heureuse de savoir que grâce à ce livre et à cette nouvelle édition de « Rebecca » des gens vont se replonger dans un univers qui était peut-être tombé un peu dans l'oubli.
Merci Tatiana de Rosnay, pour nous faire partager cette passion pour ce personnage incroyable qu'est Daphné du Maurier, « Manderley for ever », c'est votre actualité, une coédition Héloïse d'Ormesson et Albin Michel.
On pourra toujours revoir le film d'Hitchcock avec Laurence Olivier et Joan Fontaine et on pourra surtout se replonger avec bonheur dans la toute nouvelle traduction de « Rebecca », l'un des chefs d'oeuvre de Daphné du Maurier chez Albin michel..
Philippe Chauveau :
Tatiana de Rosnay, « Manderley for ever », le titre était une évidence. On rappelle qu'il s'agit d'une biographie de Daphné du Maurier à qui l'on doit ce fameux roman « Rebecca » et « Rebecca » c'est le manoir de Manderley, le titre s'est imposé tout de suite ?
Tatiana de Rosnay :
En fait, moi je voulais l'appeler « Manderley » avec cette photo de Daphné rebelle, et c'est mon éditeur qui m'a dit non, que c'était un peu sec. Ils m'ont proposé « Manderley for ever » et j'ai trouvé ça extraordinaire, parce que c'est vraiment l'essence du livre.
Manderley, ce n'est pas seulement une maison, c'est l'imaginaire de Daphné donc j'ai adoré ce titre immédiatement.
Philippe Chauveau :
J'aimerais aussi que l'on insiste sur la manière dont vous avez construit le livre, c'est une biographie chronologique mais vous nous présentez cela aussi comme une sorte d'enquête que vous avez menée en allant sur les lieux même de la vie de Rebecca...
Tatiana de Rosnay :
C'est marrant, vous avez dit « la vie de Rebecca »...
Philippe Chauveau :
lapsus révélateur… la vie de Daphné du Maurier...
Tatiana de Rosnay :
En fait, je n'avais jamais écrit de biographie, donc quand j'ai été confrontée à toute cette masse de recherches, il fallait que je trouve mon chemin à moi. Et comme je suis une obsédée des lieux, à cause d'elle, je suis partie en Cornouailles, pour me planter devant les maisons. Donc, je vous décris ces maisons telles qu'elles sont mais j'apparais vraiment très peu, puisque c'est le roman de la vie de Daphné, donc je ne voyais pas l'intérêt de me faire rentrer dans cette recherche.
Philippe Chauveau :
Il y a les lieux, et il y a la famille, avec ce père comédien, cette mère qui s'occupe de la maison et deux sœurs, dont une qui essaiera d'écrire avec moins de succès.
Tatiana de Rosnay :
Deux sœurs dans l'ombre, une sœur artiste peintre, Jeanne, la cadette et Angela l'ainée qui écrivait elle aussi. Le père acteur, qui était une espèce de grand provocateur. Daphné, quand elle a publié « Rebecca » en 1938, ça a été un grand ouragan.
Les autres du Maurier sont passés à la trappe, d'ailleurs aujourd'hui peu de gens en France savent qu'elle est la fille d'un acteur célèbre, et qu'elle avait une sœur romancière qui a publié dix romans.
Philippe Chauveau :
Vais-je vous choquer si je vous dis que Daphné du Maurier avait un coté égotique ? Parce que, même quand elle est épouse et mère de famille, on sent que c'est elle et l'écriture avant tout.
Tatiana de Rosnay :
Vous ne me choquez pas, on peut même dire qu'elle était égoïste. Mais si Daphné avait été un homme, est-ce qu'on aurait posé les mêmes questions ? Est-ce qu'on aurait dit « Ah, il a sacrifié sa vie de famille pour l'écriture » ? Non, on l'aurait jamais dit.
Donc quelques part, elle a été incroyablement moderne, elle rêvait d'être publiée pour gagner son indépendance financière, elle ne voulait pas être la femme de quelqu'un.
Philippe Chauveau :
Dans l'enquête que vous avez menée, vous vous êtes penchée sur les racines françaises de Daphné du Maurier et vous êtes allée jusque dans la Sarthe d'où est issue la famille du Maurier. Qu'avez-vous ressentie quand vous étiez au cœur même de son passé ?
Tatiana de Rosnay :
Alors, ce qui m'a le plus frappée, c'est quand je me suis retrouvée en face d'une toute petite fermette qui s'appelle la ferme Le Maurier. Son arrière arrière-grand-père est né là, il était souffleur de verre.
Son grand-père Georges leur avait toujours dit qu'ils descendaient d'une famille aristocratique, que tout avait brulé pendant la révolution. Et Daphné a donc voulu en savoir plus sur sa famille française dont elle était très fière.
Elle découvre alors qu'elle descend d'un Monsieur Busson né dans cette ferme, parti s'expatrier en Angleterre pendant la Révolution parce qu'il avait des problèmes d'argent. Evidemment, il a trouvé plus chic de se faire appeler Monsieur Busson du Maurier…
Philippe Chauveau :
Avec cette biographie, vous aviez envie que l'on sorte Daphné du Maurier d'une catégorie dans laquelle on l'aurait enfermée en tant qu'auteur ?
Tatiana de Rosnay :
Oui ! Il faut arrêter de croire que Daphné du Maurier écrit des romans à l'eau de rose ou des romans de gare d'ailleurs, c'était un excellent écrivain.
Il faut la découvrir et la relire, et je suis très heureuse de savoir que grâce à ce livre et à cette nouvelle édition de « Rebecca » des gens vont se replonger dans un univers qui était peut-être tombé un peu dans l'oubli.
Philippe Chauveau :
Merci Tatiana de Rosnay, pour nous faire partager cette passion pour ce personnage incroyable qu'est Daphné du Maurier, « Manderley for ever », c'est votre actualité, une coédition Héloïse d'Ormesson et Albin Michel.
On pourra toujours revoir le film d'Hitchcock avec Laurence Olivier et Joan Fontaine et on pourra surtout se replonger avec bonheur dans la toute nouvelle traduction de « Rebecca », l'un des chefs d'oeuvre de Daphné du Maurier chez Albin Michel.